Cet article a pour sujet le wokisme et la montée du mouvement woke, en particulier au Canada, et comment l'Église doit réagir, se préparer à ce qui s'en vient et vivre de véritables relations personnelles.

5 pages. Traduit par Paulin Bédard

Le monde est devenu woke

Voici un aperçu de « World Gone Woke », l’épisode 75 du balado Real Talk de Lucas Holtvlüwer et Tyler Vanderwoude. Real Talk est un balado bihebdomadaire de Reformed Perspective qui propose de grandes conversations sur tous les sujets, sur RealTalkPodcast.ca.

  1. Être « woke » semble une bonne chose
  2. Comment devons-nous réagir au mouvement « woke » dans l’Église?
  3. Ce qui s’en vient et comment s’y préparer
  4. Vivre de véritables relations
  5. Quelques conclusions

Que signifie être « woke »? Quels défis le monde « woke » pose-t-il à l’Église, et en particulier aux jeunes membres du corps du Christ? Lucas Holtvlüwer, de Real Talk, s’est récemment entretenu avec le pasteur Greg Bylsma pour parler du « monde devenu woke » et d’autres défis pour les chrétiens d’aujourd’hui.

Le pasteur Bylsma a développé une passion pour l’évangélisation dès l’adolescence, en étudiant la missiologie au Redeemer College (Ontario, Canada), avant de devenir étudiant en théologie au Mid-America Reformed Seminary (Dyer, Indiana, États-Unis). Depuis treize ans, il est au service de l’Église réformée unie (URC) Living Water à Brantford, en Ontario.

1. Être « woke » semble une bonne chose🔗

En termes généraux, le pasteur Bylsma a défini la culture « woke » comme étant l’idée de s’éveiller à tous les préjugés et à toutes les discriminations qui existent dans le monde, et de s’alerter des effets de ces préjugés sur les plus démunis.

« Lorsque l’on devient “woke” (“éveillé”), on commence à voir toutes les agressions et “microagressions” (contre les groupes minoritaires, les identités sexuelles non traditionnelles ou les points de vue différents). »

Et lorsqu’on est « woke », on se consacre à la lutte contre cette oppression, qui existe, que les autres autour de nous soient ou non suffisamment éveillés pour la voir. Le mouvement « woke » parle de « racisme systémique », c’est-à-dire de préjugés à l’encontre d’autres croyances et races qui imprègnent toutes nos structures sociétales et gouvernementales. Plus on est éveillé, plus on se consacre à la destruction de ces structures et à la reconstruction d’un monde nouveau sans préjugés ni oppression.

Lucas Holtvlüwer a fait remarquer qu’à première vue, cela peut sembler une bonne chose, et le pasteur Bylsma a acquiescé : bien sûr, en tant que chrétiens, nous voulons lutter contre l’oppression et les préjugés, et nous devons être opposés à tout racisme.

Cependant, le diable est dans les détails : lorsque Satan et le monde utilisent ce qui semble être une cause juste pour détruire les fondements judéo-chrétiens d’une société, il en résulte un chaos où « chacun fait ce qui est bon à ses propres yeux ».

2. Comment devons-nous réagir au mouvement « woke » dans l’Église?🔗

Le pasteur Bylsma a recommandé aux chrétiens d’être très attentifs à la signification sous-jacente des slogans utilisés par le mouvement « woke » : « L’expression “l’amour, c’est l’amour” n’est pas une déclaration que nous pouvons soutenir en raison de ce qu’elle a fini par signifier. » Cela signifie que tous les types d’amour sexuel sont acceptables et doivent être autorisés, ce qui est bien sûr contraire à l’enseignement biblique.

« Nous ne pouvons pas arborer le drapeau de la fierté gay, car il symbolise l’acceptation de l’homosexualité comme n’étant pas un péché », a-t-il fait remarquer. L’un des outils recommandés par le pasteur Bylsma est le Nouveau Catéchisme de la Réformation sur la sexualité humaine écrit par le pasteur Chris Gordon, qui dissipe une grande partie de la confusion autour de la sexualité et du genre, en s’appuyant sur des instructions bibliques claires.

En même temps, nous voulons reconnaître que tous les pécheurs sont appelés à la repentance, et que les personnes qui vivent un mode de vie homosexuel sont des pécheurs que nous devrions vouloir voir sauvés et renouvelés en Christ. « Nous devrions accueillir les personnes LGBTQ, nous devrions vouloir leur prêcher l’Évangile. [] Cependant, nous ne pouvons pas prétendre que le péché est acceptable », a expliqué le pasteur.

« La Bible fait la différence entre un pécheur qui n’est pas croyant et un croyant qui continue à pécher », a poursuivi le pasteur Bylsma. Il s’est référé en particulier à 1 Corinthiens 5, où Paul fait la différence entre les gens sexuellement immoraux, les cupides et les escrocs qui sont du monde, et ceux qui continuent à pécher tout en prétendant être chrétiens, ceux qui portent le nom de frères.

« Nous ne devons pas nous associer à ceux qui prétendent être chrétiens et qui persistent dans le péché en disant que c’est acceptable. Nous pouvons et devons nous éloigner de ceux qui persistent dans le péché et qui prétendent appartenir au Christ. »

Le pasteur Bylsma a également noté que Paul met l’immoralité sexuelle sur le même plan que la cupidité et l’escroquerie — ce n’est donc pas le grand péché; c’est juste comme la cupidité, c’est juste comme l’escroquerie. C’est un péché comme les autres.

Cependant, les chrétiens qui insistent sur le fait qu’être un homosexuel pratiquant est acceptable, ou que changer de sexe est acceptable, ne peuvent pas être traités de la même manière que ceux qui ne connaissent pas la Bible.

« Si vous avez affaire à quelqu’un dans votre groupe d’amis qui prétend être gay, ou à une fille qui prétend être un garçon, et qui dit être chrétien, et qu’il n’y a rien de mal à ce qu’il fait, […] la Bible nous dit dans 1 Corinthiens 5 que nous ne devrions rien avoir à faire avec cette personne. Tout d’abord, nous suivons la règle de Matthieu 18, mais si la personne refuse d’accepter la réprimande, si elle refuse d’accepter que ce soit un péché, alors nous ne devons plus avoir de relation avec cette personne. »

Ce n’est pas la même chose qu’une personne qui s’interroge sur sa sexualité ou sur son genre.

« Si cette personne est confrontée à ces questions et qu’il s’agit d’un ami, nous continuons à parler avec elle. [Nous devons l’orienter] vers de bons conseils (un pasteur, un parent, un conseiller chrétien). […] Ne fuyez pas une telle personne; gardez-la dans vos relations. Soyez un ami! Il n’est pas nécessaire d’être un conseiller chrétien. Les jeunes, en particulier, ne doivent pas penser qu’ils doivent être eux-mêmes des conseillers… »

Reconnaissons que nous avons tous des domaines dans lesquels nous luttons contre le péché, en particulier la tentation sexuelle. Nous ne devons pas excuser nos propres tendances au péché. Nous avons tous besoin du Christ, nous avons tous besoin du même Sauveur.

3. Ce qui s’en vient et comment s’y préparer🔗

M. Holtvlüwer s’est interrogé sur l’avenir du mouvement « woke » et sur la manière de s’y préparer.

« Je ne sais pas ce qui nous attend », a répondu le pasteur Bylsma.

« Cependant, le Canada avance très vite avec l’idéologie woke. Plus vite que l’Europe, par exemple. Des amis hollandais m’ont récemment dit : “Nous n’arrivons pas à croire à quel point le Canada est woke! Aux États-Unis, il y a une forte opposition au programme ‘woke’, mais cette opposition n’existe pas au Canada.”
Il se peut que nous entrions dans une période de persécution plus importante, où nous pourrons voir l’Église sanctifiée et purifiée. L’Église sera tentée de faire des compromis sur ce que l’on appelle “les choses non essentielles”. L’Église ne peut pas faire cela, nous devons nous en tenir à la Parole de Dieu. Si cela signifie que nous devons fermer nos portes, nous réunir clandestinement, célébrer le culte dans les champs, nous devons le faire. Il se peut que l’Église se divise en raison de sa position en faveur de la vérité scripturaire. Des entreprises pourraient perdre du travail, des emplois, des revenus, parce qu’elles ne soutiennent pas les programmes LGBTQ, parce qu’elles n’affichent pas les drapeaux gays. D’un autre côté, nous pourrions assister à un mouvement inverse lorsque les gens verront ce qui se prépare et jusqu’où ce mouvement est rendu (par exemple, des drag queens faisant la lecture aux enfants). »

Dieu peut envoyer la persécution ou accorder un sursis temporaire, mais dans tous les cas, la réponse de l’Église doit être une allégeance sans compromis à l’Évangile, ainsi qu’une diligence et une vigilance pour faire connaître le Christ et appeler les nations à le suivre.

4. Vivre de véritables relations🔗

Le pasteur Bylsma s’inquiète du fait que tant de personnes, en particulier les jeunes, sont fortement influencées par les médias sociaux et les « amis électroniques » plutôt que par de vraies amitiés, en chair et en os.

« L’Évangile concerne des personnes réelles, des voisins réels; le ministère de l’Évangile s’adresse à des personnes réelles. Il nous appelle à apprendre à connaître ses voisins, à parler aux gens, à savoir où ils en sont. Le monde de l’Internet détruit ces liens. Nous devons apprendre à nos enfants à avoir de vraies relations avec de vraies personnes. Loin de l’intelligence artificielle, loin des relations virtuelles, sans suivre des professeurs à distance sur YouTube. »

M. Holtvlüwer souligne que de nombreux jeunes qui se posent des questions sur leur identité sexuelle passent également du temps seuls, font des recherches en ligne et passent beaucoup de temps sous l’influence de non-chrétiens. Des amitiés positives et concrètes avec d’autres croyants peuvent grandement aider à rester ancré dans les fondements qui nous ont été enseignés à l’Église, à l’école et à la maison.

5. Quelques conclusions🔗

Lucas Holtvlüwer et le pasteur Bylsma ont également abordé d’autres sujets, notamment la question de savoir si l’Église doit se retirer du monde en réponse à la culture antichrétienne qui nous entoure. Ils ont également abordé la question de la joie de souffrir pour le nom du Christ.

En fin de compte, le pasteur Bylsma estime que les réponses au mouvement « woke » et à un monde de plus en plus hostile sont les mêmes que celles qui ont toujours été données aux chrétiens :

« Les réponses sont peut-être plus fondamentales et plus difficiles que nous ne le pensons. Comment se préparer à ce qui s’en vient? En aimant le Seigneur, en aimant sa Parole, en aimant son Église, en aimant les perdus. Quelle que soit la forme que prend le diable, la réponse est toujours le Christ. […]
Comment traverser cette épreuve? Réfléchissez à 2 Timothée 3 : “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute œuvre bonne.” Cela est encore vrai aujourd’hui! Aimez la Parole de Dieu, étudiez-la honnêtement, prenez le temps d’être avec le Seigneur, prenez le temps de prier, amenez vos enfants à Dieu dans la prière, amenez à Dieu dans la prière vos voisins perdus, efforcez-vous d’être fidèles en permettant à l’Esprit de parler à votre cœur et de vous convaincre de votre péché lorsque vous tombez. Priez la prière de David (tirée du Psaume 139) : “Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon cœur! Éprouve-moi, et connais mes préoccupations! Regarde si je suis sur une mauvaise voie, et conduis-moi sur la voie de l’éternité!” »

Le pasteur Byslsma a conclu :

« Le Christ est toujours le Vainqueur, il est toujours le Roi, il ne perdra jamais une brebis de sa main. Approchez-vous de lui, aimez-le, aimez sa Parole. Vous n’avez pas besoin d’écouter un millier de balados, vous n’avez pas besoin de lire un millier de livres. Sondez les Écritures, abordez le sujet honnêtement, posez des questions. […] Le fer aiguisera le fer, et le Seigneur bénira.
Satan est un monstre effrayant, mais le Christ a mis son pied sur le cou du diable et il est sur le point de frapper à mort. Souvenez-vous de Romains 16 : “Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds.” Soyez humbles, dédiés à la prière, courageux et audacieux comme un lion, car le diable s’enfuit lorsque nous lui résistons. […] Tenez-vous-en à l’essentiel et allez de l’avant! »