Cet article sur la question 42 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet la mort du chrétien qui n'est pas une punition, mais une mise à mort définitive du péché, une glorification complète et une entrée dans la vie éternelle.

Source: Certitude et réconfort. 4 pages.

Pourquoi devons-nous mourir?

Mais puisque le Christ est mort pour nous, comment se fait-il que nous devions aussi mourir?

Notre mort n’est pas un paiement pour nos péchés, mais seulement une mise à mort du péché et une entrée dans la vie éternelle1.

1. Jn 5.24; Rm 7.24-25; Ph 1.21-23; 1 Th 5.9-10.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 42

  1. Le salaire du péché
  2. La mort n’est plus une punition
  3. La mise à mort du péché
  4. Une entrée dans la vie éternelle
  5. Conclusion

En général, nous ne prenons pas beaucoup de temps pour réfléchir à la mort. Lorsque nous sommes jeunes surtout, ce n’est pas le sujet qui nous préoccupe le plus. Il en est très bien ainsi. Il ne faut pas devenir morbide ou obsédé par la mort. Cependant, nous devons tous nous préparer au grand passage, car tôt ou tard la mort vient faucher toute personne, les grands comme les petits.

Dieu a jugé bon de nous révéler des choses importantes au sujet de la mort. C’est notre responsabilité et notre privilège de connaître ce qu’il nous dit à ce sujet, d’autant plus lorsque nous voyons ce qu’en pense notre culture. D’un côté, elle prend la mort à la légère. Les gens font des blagues à son sujet, ils essaient de l’amadouer en suspendant des squelettes à l’Halloween ou encore en arborant des images de mort sur leurs gilets. L’avortement est encouragé et légalisé, de même que l’euthanasie dans un certain nombre de pays. D’un autre côté, notre société a une peur terrible de la mort et cherche par tous les moyens à combattre la mort et la repousser aussi longtemps que possible, ce qui dévoile un profond malaise devant cette réalité.

1. Le salaire du péché🔗

Que nous enseigne la Bible au sujet de la mort? Nous savons que « le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 6.23). La mort physique, c’est la séparation du corps d’avec l’âme, qui symbolise la séparation d’avec Dieu. La mort est une punition de Dieu contre le péché. On peut comprendre alors que la mort soit terrifiante. On peut comprendre que les gens essaient de calmer leurs peurs en faisant des blagues à son sujet.

Le salaire du péché, c’est la mort. Jésus, lui, n’a pas péché; pourtant, il est mort. Pourquoi donc? Parce qu’il a porté à notre place la punition que nous méritions. Il a subi la malédiction qui devait nous frapper à cause de nos transgressions. « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit soi quiconque est pendu au bois » (Ga 3.13). La mort du Christ a satisfait la justice de Dieu. Alors, nous sommes acquittés, affranchis, libérés! Dans ce cas, pourquoi nous faut-il encore mourir? Si nous comprenons bien la raison pour laquelle Jésus est mort, cette question ne peut que surgir tout naturellement. « Mais puisque le Christ est mort pour nous, comment se fait-il que nous devions aussi mourir? » La réponse donnée à cette question est magnifique : « Notre mort n’est pas un paiement pour nos péchés, mais seulement une mise à mort du péché et une entrée dans la vie éternelle » (Q&R 42). Autrement dit, pour le croyant, la mort a complètement changé de signification.

Trois éléments seront considérés : premièrement, pour le chrétien, la mort n’est plus une punition; deuxièmement, la mort est une mise à mort du péché; troisièmement, la mort est la porte d’entrée dans la vie éternelle.

2. La mort n’est plus une punition🔗

Le croyant n’a pas à craindre de paraître devant le Juge du ciel et de la terre, car il sait qu’il a déjà été accepté par Dieu. « Celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m’a envoyé a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jn 5.24). Nous n’avons plus besoin d’avoir peur de mourir. La mort est terrifiante quand elle est une punition de Dieu, mais pour les enfants de Dieu, elle « n’est pas un paiement pour nos péchés » (Q&R 42)! La dette de nos péchés a déjà été entièrement remboursée. Le lien entre le péché et la mort n’existe plus pour le chrétien! Jésus a changé la raison pour laquelle nous mourons. Ce changement est illustré par Hénoc dans Genèse 5. Hénoc n’est pas mort, il a été enlevé; Dieu l’a pris avec lui. Entrer dans la présence glorieuse de Dieu, voilà la raison pour laquelle les croyants meurent maintenant. Tous les hommes meurent, oui, mais Dieu a épargné à Hénoc l’humiliation de la mort. Il a ainsi montré au monde entier qu’en Jésus-Christ le lien entre le péché et la mort n’existe plus. Voilà toute une bonne nouvelle!

Mais alors, si la mort n’est pas une punition pour nos péchés, pourquoi devons-nous mourir? Pourquoi Dieu ne nous laisse-t-il pas vivre indéfiniment? Ou pourquoi ne nous fait-il pas monter au ciel comme Hénoc? Pourquoi les chrétiens ne sont-ils pas transportés au ciel dans un chariot de feu comme Élie?

3. La mise à mort du péché🔗

La vie sur terre est une vallée de larmes. Nous l’avons déjà tous expérimenté, que ce soit à cause de la maladie, des déceptions, des soucis familiaux, du rejet de la foi autour de nous, des faiblesses dans l’Église. Plus nous avançons en âge et plus nous devenons conscients de nos propres faiblesses et de nos propres péchés. Devrions-nous continuer à vivre ainsi indéfiniment? Non, Dieu dans sa grâce vient soulager son peuple. Il nous donne un travail à faire sur terre : le servir dans les différentes responsabilités qu’il nous a confiées, que ce soit au travail, à la maison, dans l’éducation de nos enfants, à l’Église, dans notre entourage, etc. Lorsque le travail qu’il nous a confié est achevé, il vient nous retirer de cette vallée de larmes. La mort du chrétien est le moyen par lequel Dieu « met à mort notre péché » de manière définitive.

Paul exprime douloureusement la lutte perpétuelle du croyant avec le péché : « Je ne fais pas le bien que je veux, mais je pratique le mal que je ne veux pas » (Rm 7.19). Puis il ajoute : « Malheureux que je suis! Qui me délivrera de ce corps de mort? Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur! » (Rm 7.24-25). La mort du chrétien est un remède, le remède ultime. Notre plus grand problème, c’est que nous péchons encore. La mort met fin à cela. En mourant, Dieu nous guérit entièrement de nos péchés! À l’instant même où le croyant meurt, il devient entièrement pur et sans aucun péché!

4. Une entrée dans la vie éternelle🔗

Dieu ne se sert pas de la mort seulement pour mettre à mort le péché. La mort n’est pas une entrée dans le vide où toute souffrance serait absente, mais où nous n’aurions conscience de rien. La mort, pour le chrétien, est « une entrée dans la vie éternelle » (Q&R 42). La vie ne se limite pas à la vie biologique; la vie, c’est aussi la communion avec Dieu. Déjà aujourd’hui, nous avons le privilège de vivre en communion avec Dieu. Cette vie avec Dieu n’aura jamais de fin. Même la mort ne peut nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ (Rm 8.38-39).

Cependant, durant notre vie ici-bas, nous ne voyons pas Dieu face à face. Il reste encore une distance entre Dieu et nous. Comment passons-nous de cette vallée de larmes en la présence glorieuse de Dieu? Nous y avons accès par la mort, qui est la porte d’entrée. Dieu utilise la mort pour nous faire entrer en présence de Jésus! Dans sa sagesse, il lui a plu de faire entrer Hénoc et Élie directement en sa présence, sans qu’ils aient à mourir. Par cette même sagesse, il lui plaît de nous faire entrer dans sa gloire par la porte étroite de la mort.

Nous aimerions peut-être que les choses soient différentes. La mort reste quelque chose d’humiliant et souvent de douloureux. C’est encore un rappel que nous sommes pécheurs et que nous avons tant besoin de notre Sauveur. Cependant, le poids de gloire qui nous attend surpasse infiniment l’épreuve de la mort qu’il nous faut traverser.

Ce que Paul a dit aux Philippiens est extraordinaire et plein de fraîcheur. Paul a dit que, pour lui, la mort était un gain. Il voyait l’importance de vivre sur terre, car Dieu lui avait confié un travail; il était utile aux autres. L’important pour lui était de pouvoir glorifier Dieu, que ce soit par sa vie ou par sa mort. Il a cependant ajouté que la mort était un gain. « Car pour moi, Christ est ma vie et la mort m’est un gain. » (Ph 1.21). Son travail sur terre était important. Il disait aux Philippiens : « À cause de vous, il est plus nécessaire que je demeure dans la chair. » Cependant, il estimait « qu’être avec Christ est de beaucoup le meilleur » (Ph 1.23-24). Il espérait le jour où il n’y aurait plus de souffrances, plus de larmes, plus de péché, seulement la gloire de Dieu, seulement la richesse d’être dans la joie du Seigneur.

5. Conclusion🔗

Que choisir entre le « meilleur » et le « nécessaire »? Heureusement, il ne nous appartient pas de choisir. Nous n’avons pas le droit de nous enlever la vie ni de hâter notre mort. Nous devons combattre cette « culture de mort » dans laquelle nous vivons. Nos temps et nos destinées sont dans la main du Seigneur (Ps 31.16). C’est lui qui sait et qui décide quand notre travail est terminé. Même une personne atteinte d’une maladie incurable lui infligeant de dures souffrances morales ou physiques a encore une mission sur cette terre auprès de son entourage, mission qu’elle pourra humblement accomplir par la force et le courage que le Seigneur lui donnera en communion avec Jésus-Christ.

Nous ne souhaitons pas la mort. Nous ne nous réjouissons pas de la mort. La mort n’est pas une amie, c’est une ennemie, nous dit Paul en 1 Corinthiens 15. Dieu a plusieurs ennemis et la mort est le dernier sur sa liste. Dieu détruira la mort. Il n’y aura plus de mort dans la nouvelle création. Jésus l’a déjà vaincue. Il a remporté la victoire sur la mort. C’est pourquoi il est en mesure de se servir de ses ennemis, même de ce dernier ennemi, pour nous amener en sa présence. Dieu est puissant pour transformer le mal en bien!

D’un autre côté, faut-il prolonger la vie à tout prix? La médecine a bien entendu pour rôle de chercher toutes sortes de moyens pour soulager et guérir, si possible, les diverses formes de maladies, mais le cœur de la réponse à cette question ne se situe pas sur le plan médical. Si nos péchés ne sont pas purifiés par le sang de Jésus, si nous avons toujours à payer la dette de nos péchés, ce désir de prolonger la vie à tout prix se comprend fort bien. Comment oser nous présenter devant Dieu les mains vides? Toutefois, si nos péchés sont pardonnés, quelle crainte avons-nous? Oui, la vie est précieuse et devrait toujours être appréciée. C’est un don de Dieu pour lequel nous devrions être reconnaissants. Mais, combattre la mort à tout prix? Nos yeux devraient s’élever pour regarder avec foi au-delà de la mort. Le Seigneur accordera à ses enfants la couronne de gloire promise!

Un jour, nous mourrons. Ce jour sera-t-il pour nous « le roi des épouvantements », comme Bildad l’a dit à Job? (Jb 18.14). Ou bien sera-t-il un gain, comme Paul l’a dit? Une fois mort, il sera trop tard pour passer de l’un à l’autre. C’est pourquoi il est tellement important de nous préparer à la mort dès aujourd’hui. Que signifie pour moi que le Christ est mort et qu’il a vaincu la mort? Ai-je reçu les promesses de Dieu en Jésus-Christ? Si oui, je n’ai plus rien à craindre de la mort! Mon unique assurance, c’est que j’appartiens à Jésus-Christ dans la vie comme dans la mort!