Cet article a pour sujet le pardon. Dieu désire nous pardonner à condition que nous soyons repentants. Nous devrions désirer pardonner aux autres s'ils se repentent. Cette repentance est nécessaire pour assurer la réconciliation.

5 pages. Traduit par RC

Résolus à pardonner Le Vendredi saint annonce le pardon des péchés

  1. Le pardon que Dieu nous accorde
  2. Le pardon que nous accordons aux autres
  3. Imiter Dieu
  4. La repentance est bénéfique pour notre prochain
  5. Un Sauveur résolu
  6. Désireux de pardonner

« Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23.34). Cette parole figure parmi les premières prononcées par le Seigneur Jésus alors qu’il était suspendu à la croix le Vendredi saint. Cette phrase est souvent l’une des premières que les gens vous citent, lorsque vous êtes en lutte pour confronter quelqu’un qui a péché contre vous. « Tu dois lui pardonner, tu sais. C’est ce que Jésus a fait. Il a même pardonné aux gens qui l’ont crucifié! »

Mais leur a-t-il vraiment pardonné? Nous est-il simplement demandé de pardonner aux autres, quel que soit l’état de leur cœur ou quoi qu’ils pensent de leurs actions?

1. Le pardon que Dieu nous accorde🔗

Il va de soi que le Vendredi saint est lié au pardon des péchés. Lors de chaque célébration de la sainte Cène, nous nous souvenons qu’à Golgotha le corps de notre Seigneur a été brisé et son sang versé pour le pardon complet de tous nos péchés et c’est là ce que nous célébrons. Le pardon est le miracle de l’Évangile dont on ne peut plus se passer une fois qu’on y a goûté. Quoi de plus grand que l’annulation de nos dettes grâce au paiement définitif et complet effectué par Jésus!

Mais il doit y avoir repentance. Le pardon lui-même est un don gratuit de la grâce de Dieu. Celui-ci ne nous demande aucun paiement; il nous faut seulement accepter son pardon dans la foi et la repentance. Se repentir signifie se détourner de notre péché, le chagrin au cœur, désolé devant le Seigneur de l’avoir offensé. Tel est le message de Dieu annoncé déjà clairement dans l’Ancien Testament, par exemple, au Psaume 51 ou en Ézéchiel 18.30-32 :

« Revenez et détournez-vous de tous vos crimes, afin que votre faute ne soit pas une pierre d’achoppement. Rejetez loin de vous tous les crimes qui vous ont rendus criminels; faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau. Pourquoi devriez-vous mourir, maison d’Israël? Car je ne désire pas la mort de celui qui meurt, oracle du Seigneur, l’Éternel. Convertissez-vous donc et vivez! »

Le pardon est merveilleux, car il signifie que le poids de la colère de Dieu ne pèse plus sur nous. Cette colère est alors remplacée par la paix de Dieu qui remplit nos cœurs. Cependant, si nous ne nous détournons pas du péché, s’il n’y a pas de changement de cœur, si nous ne nous repentons pas, il n’y a pas de pardon. Le Seigneur Jésus lui-même, dès le début de son ministère terrestre, a aussi enseigné cette vérité lorsqu’il prêchait : « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Mt 3.2). Il a souligné la nécessité de cette condition, alors qu’il s’adressait à la foule des Israélites : « Mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de même! » (Lc 13.3). Nous n’avons qu’à lire la lettre que le Seigneur, monté aux cieux, a adressée à l’Église de Thyatire, en Apocalypse 2, pour nous rendre compte de son inflexibilité quant à notre besoin de repentance pour être pardonnés par Dieu.

2. Le pardon que nous accordons aux autres🔗

Mais quelle attitude avons-nous envers notre prochain? Qu’est-ce que Dieu attend de nous lorsque notre prochain commet un péché contre notre propre personne? Quelqu’un m’a peut-être volé beaucoup d’argent, ou m’a blessé en me mentant, ou encore a sali ma réputation avec des ragots. La transgression a peut-être été plus grave encore : violence corporelle, abus sexuel, adultère ou viol. Dois-je pardonner à de telles personnes même si elles ne se repentent pas? Est-ce à cela que m’oblige l’œuvre du Christ sur la croix le Vendredi saint?

Pour défendre cette idée, certains mentionnent des textes comme la cinquième requête du Notre Père que l’on trouve en Matthieu 6.12 : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » Le commentaire que le Seigneur ajoute au verset 14 semble indiquer qu’il s’agit d’une parole catégorique. « Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi, mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes. » « Voilà!, disent-ils, la repentance n’est pas mentionnée, et encore moins exigée comme prérequis. C’est pourquoi il nous est demandé de pardonner aux autres inconditionnellement, aussi difficile cela puisse être. »

Un instant! Remarquez que le Notre Père ne précise pas non plus la nécessité de notre repentance avant que Dieu nous pardonne. Pourtant, nous savons que Jésus enseignait cette vérité. Il semble que le Seigneur présume que certaines conditions sont déjà remplies avant même que ces requêtes ne soient présentées. Dans cette prière courte et compacte, l’une de ces conditions sous-entendues est que nous ne pouvons pas nous attendre à ce que Dieu pardonne nos fautes si nous ne nous repentons pas.

De même, le Seigneur Jésus présume certainement que notre prochain s’est repenti de son péché contre nous et qu’il désire être pardonné. Le Christ souligne clairement cette nécessité en Luc 17.3-4 :

« Prenez garde à vous-mêmes. Si ton frère a péché, reprends-le, et, s’il se repent, pardonne-lui. Et s’il pèche contre toi sept fois dans un jour et que sept fois il revienne à toi en disant “Je me repens”, tu lui pardonneras. »

Jésus spécifie ici que la repentance est tout aussi nécessaire pour qu’il y ait pardon entre humains. Si la repentance n’était pas nécessaire, le Seigneur n’aurait pas pu faire de telles déclarations.

3. Imiter Dieu🔗

De notre côté, nous devons avoir la volonté de pardonner, même la détermination de faire tout ce qui est nécessaire pour amener une personne à la repentance et à la réconciliation. Telle est l’attitude de Dieu envers nous qui sommes pécheurs et il veut absolument que nous ayons la même attitude envers les autres pécheurs si nous voulons être ses enfants. Paul nous presse dans cette direction en Éphésiens 4.32 :

« Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, faites-vous grâce réciproquement, comme Dieu vous a fait grâce en Christ. Soyez donc les imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés. »

Le Seigneur Jésus enseigne exactement la même chose en Matthieu 18.15-18, dans ce passage bien connu concernant la discipline dans l’Église. Une situation ne devient un problème public de discipline ecclésiastique que lorsque la transgression contre la personne offensée n’a pas été résolue dans la repentance : « Si ton frère a péché, va et reprends-le seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. » Jésus nous enseigne à rechercher la repentance de notre prochain ainsi que la réconciliation qui découle de sa repentance (c’est-à-dire « s’il t’écoute »). Si Jésus avait voulu que nous pardonnions les transgressions de notre prochain contre nous sans qu’il se repente, il ne nous aurait pas demandé de chercher à amener cette personne à la repentance.

Par ailleurs, ne serait-il pas étrange de pardonner personnellement à une personne qui a péché contre nous, tout en continuant la démarche disciplinaire du fait qu’elle ne s’est pas repentie? Ne serait-il pas étrange dans ce contexte d’aller la rencontrer avec des témoins, puis même de le dire à l’Église, alors que nous lui avons déjà pardonné? Quel message cela enverrait-il : « Je t’ai pardonné, mais personne d’autre ne l’a fait »?

4. La repentance est bénéfique pour notre prochain🔗

Considérons la question sous un autre angle. Serait-il utile et spirituellement profitable à notre prochain chrétien que nous lui disions « Frère, je te pardonne! » après qu’il ait péché contre nous, mais sans se repentir? Premièrement, la personne ne l’accepterait pas, car dans son esprit elle n’a commis aucune faute. Nous sommes encore loin de la réconciliation. Mais, pire encore, la culpabilité de cette personne serait-elle maintenant effacée devant Dieu simplement parce que nous lui aurions pardonné personnellement?

Pas du tout. Les péchés contre notre prochain sont toujours, d’abord et avant tout, des péchés contre Dieu (deuxième Table de la Loi!). David l’a reconnu autrefois, comme il l’exprime au Psaume 51.6 après avoir commis l’adultère avec Bath-Chéba et assassiné son mari : « J’ai péché contre toi, contre toi seul, et j’ai fait le mal à tes yeux. » Pardonner à quelqu’un sans qu’il se repente peut nous donner bonne conscience pour un temps, mais cela ne lui est d’aucune utilité devant Dieu. Tant qu’une personne ne prend pas conscience, le cœur contrit, que c’est le Seigneur qu’elle a d’abord offensé, elle ne peut être réconciliée ni avec Dieu ni avec son prochain. Le pardon qui ne conduit pas à la réconciliation n’est pas vraiment le pardon. La dette demeure et Dieu en tiendra compte le jour venu.

5. Un Sauveur résolu🔗

Au lieu de cela, nous devons apprendre de notre Sauveur la grâce d’être pleinement résolus à pardonner. C’est là l’attitude de notre Père céleste envers nous, telle que décrite dans la parabole du fils prodigue. Tout au long de la parabole, le père attend que son fils se repente. Il est impatient. Il veut pardonner. Il cherche une occasion de le faire. Il le montre en gardant chaque jour l’œil sur le chemin, espérant que son fils revienne. Étant donné la façon dont son fils était parti, le fait même qu’il revienne montrerait qu’il s’est humilié dans la repentance et son père n’attend que cela. Ainsi, dès qu’il aperçoit son fils « comme il était encore loin », il est rempli de compassion pour lui, court vers lui — passant outre les protocoles culturels —, passe ses bras autour de lui et l’embrasse (Lc 15.20)!

Tel Père, tel Fils, comme l’a démontré le Seigneur Jésus le Vendredi saint : « Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Il s’agit d’une prière émouvante pour le pardon des foules et des soldats qui, dans leur ignorance, ont exigé sa crucifixion. Bien qu’ils auraient dû le savoir, ils ignoraient sa véritable identité. Les foules n’avaient compris ni son œuvre ni son message. Poussé par les chefs juifs remplis de haine, le peuple a demandé sa crucifixion et a contribué à influencer Pilate à proclamer l’effroyable sentence de mort.

Christ veut qu’il leur soit pardonné, mais avez-vous remarqué qu’il ne leur pardonne pas lui-même? Il aurait pu le faire, si cela avait été approprié. Plus d’une fois, pendant son ministère, il avait proclamé le pardon des péchés de certaines personnes. Il a montré qu’il avait le pouvoir de pardonner les péchés sur la terre (Mc 2.9-10). Toutefois, ici, il n’accorde pas ce pardon. Au lieu de cela, il demande à son Père de les conduire au pardon. Il prie pour que son Père les mène à la repentance, afin qu’ils puissent être pardonnés, car c’est pour cela qu’il est venu! Jésus avait pour mission de chercher et de sauver les pécheurs perdus, comme cette foule, comme vous et moi. Il a toujours vivement désiré pardonner!

Il a également toujours été résolu à faire en sorte que cela devienne une réalité. Moins de deux mois plus tard, ce même Jésus, alors monté à la droite de son Père en tant que Seigneur, a envoyé un prédicateur à ces mêmes foules de Jérusalem. Remplissant Pierre de son Esprit, le Christ a fait retentir l’appel de l’Évangile avec force dans leurs cœurs : « Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié. […] Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés » (Ac 2.36,38). Comment ont-ils répondu? « Ils eurent le cœur vivement touché » — 3000 personnes se sont repenties et ont été ajoutées à l’Église ce jour-là! La prière du Vendredi saint a été répondue le dimanche de la Pentecôte par la repentance que l’Esprit de Dieu a produite dans les cœurs!

6. Désireux de pardonner🔗

Voilà l’approche que nous devons adopter encore aujourd’hui envers notre prochain! En tant que chrétiens, nous devons poursuivre la mission du Christ, prêcher la bonne nouvelle du pardon des péchés au moyen de la foi et de la repentance. Nous devons espérer et prier avec le vif désir de voir cette repentance se produire dans le cœur de tous nos prochains, même de ceux qui pèchent contre nous. Cela peut être très difficile, surtout lorsque nous avons été blessés très profondément et que la douleur est vive. Gardons cependant à l’esprit que nos péchés contre Dieu sont un million de fois plus douloureux pour lui dans sa sainteté que tout ce que nous avons pu subir. Pourtant, il demeure prêt à tout nous pardonner et il est désireux de le faire. Voilà quelle devrait être notre attitude dès à présent. Nous devrions être disposés à lâcher prise, désireux d’annuler la dette, avides de nous réconcilier et de restaurer la paix.

Parfois, certaines personnes ne veulent pas être pardonnées. Elles refusent de se repentir, malgré nos demandes et nos avertissements. Que faire alors? Bien sûr, dans le contexte de l’Église, la procédure de Matthieu 18 entre en jeu. Cependant, de notre côté, sur le plan personnel, nous sommes appelés à vivre en paix avec tous les hommes, autant que cela dépend de nous (Rm 12.18). Notre attitude devrait être la même que celle de Jésus-Christ. Ne pas entretenir d’amertume, mais nous soucier de l’autre. Ne pas endurcir notre cœur, mais avoir un esprit qui désire pardonner. Ne pas rendre le mal pour le mal, mais pratiquer le bien et faire de bonnes choses, même à ceux qui nous haïssent. Prier également pour ceux qui ont péché contre nous, tout comme le Seigneur l’a fait, afin que le Père puisse les amener dans la joie du pardon du Vendredi saint, par la voie de la repentance.