Cet article sur la question 75 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet la sainte Cène qui est un rappel (mémorial) et une assurance (certitude) de notre relation avec Dieu par le sang du Christ.

Source: Certitude et réconfort. 5 pages.

La sainte cène - un rappel et une assurance de ma relation avec Dieu

Comment la sainte Cène te rappelle-t-elle et t’assure-t-elle que tu as part à l’unique sacrifice du Christ sur la croix et à tous ses bienfaits?

Le Christ m’a ordonné, comme à tous les fidèles, de manger de ce pain rompu et de boire de cette coupe en mémoire de lui1, avec la promesse suivante2 : d’abord que, pour moi, son corps a été offert et rompu sur la croix et son sang versé, aussi certainement que je vois de mes yeux que, pour moi, le pain du Seigneur est rompu et la coupe est donnée; et ensuite, qu’il veut nourrir et désaltérer mon âme pour la vie éternelle de son corps crucifié et de son sang répandu, aussi certainement que je reçois de la main de l’officiant et goûte corporellement le pain et la coupe du Seigneur, qui me sont donnés comme signes certains du corps et du sang du Christ lui-même.

1. Mt 26.26-28; Mc 14.22-24; Lc 22.19-20; 1 Co 11.23-25.
2. 1 Co 10.16-17.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 75

Où en êtes-vous dans votre relation personnelle avec Dieu? C’est une question que nous entendons parfois et qui peut nous faire sentir coupables. Notre relation avec Dieu n’est pas toujours ce qu’elle devrait être. Nous devrions prier davantage. Nous devrions lire sa Parole plus souvent. Nous devrions être plus zélés pour Dieu. Ne nous arrive-t-il pas de sentir une distance entre Dieu et nous? Nous nous disons : Je devrais faire plus; je devrais faire mieux pour me rapprocher de lui. Il est bon et utile de se poser cette question, mais Dieu a une autre question pour nous : Quelle relation Dieu a-t-il avec nous? L’Évangile est une bonne nouvelle qui nous révèle quelle relation Dieu entretient avec nous. Dieu lui-même nous le dit dans sa Parole. Il nous le dit aussi par les sacrements. Le Seigneur Jésus-Christ a institué la sainte cène pour nous donner une grande et belle assurance, l’assurance que Dieu a établi une communion intime entre lui et nous. Le Saint-Esprit utilise cet outil dans son atelier pour nous fortifier dans la certitude de l’amour et de la grâce de Dieu en Jésus-Christ.

« Comment la sainte Cène te rappelle-t-elle et t’assure-t-elle que tu as part à l’unique sacrifice du Christ sur la croix et à tous ses bienfaits? » (Q&R 75). La sainte cène n’est pas seulement un symbole commémoratif, le pain représentant le corps meurtri du Christ et le vin représentant son sang versé en mémoire de lui. Dieu me dit également par ce repas que j’ai réellement part à l’unique sacrifice du Christ sur la croix et à tous ses bienfaits. Il confirme le lien personnel qui existe entre lui et moi. La cène me rappelle et m’assure de cette réalité. Elle rafraîchit ma mémoire et me donne une certitude.

1. Un mémorial🔗

Paul dit :

« Le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain et, après avoir rendu grâce, le rompit et dit : “Ceci est mon corps, qui est pour vous; faites ceci en mémoire de moi.” De même après avoir soupé il prit la coupe et dit : “Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang : faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois que vous en boirez.” » (1 Co 11.23-24).

C’est pourquoi nous confessons : « Le Christ m’a ordonné, comme à tous les fidèles, de manger de ce pain rompu et de boire de cette coupe en mémoire de lui » (Q&R 75). La sainte cène m’est donnée pour m’aider à me rappeler ce que Jésus a fait pour moi.

Que veut dire le mot « se souvenir » dans la Bible? Prenons par exemple la fête de la Pâque dans l’Ancien Testament (Ex 13.1-16). Quand Jésus a institué la sainte cène, il a d’abord célébré la Pâque. Dieu avait donné à Israël la fête de la Pâque essentiellement pour qu’ils se souviennent. Ils devaient se souvenir de leur esclavage en Égypte sous le cruel pharaon et de leur sortie miraculeuse d’Égypte. Dieu, par sa main puissante, les avait délivrés! Le repas de la Pâque, incluant l’agneau, le pain sans levain et les herbes amères, était mangé pour que le peuple racheté se souvienne de sa délivrance. Ils avaient réussi à sortir de l’esclavage, non par leur propre force, mais par l’action puissante et bienveillante de Dieu. Voilà ce dont ils devaient se souvenir pour célébrer avec reconnaissance cette œuvre merveilleuse de leur Rédempteur!

Cette fête soulignait-elle seulement un événement passé qui n’avait plus rien à voir avec le présent? Non, car cet événement passé avait de grandes incidences pour eux dans le présent. Il leur montrait combien ils étaient privilégiés d’avoir maintenant cette liberté. Leur délivrance passée les aidait également à mettre leur confiance en Dieu pour l’avenir, quand surviendraient d’autres difficultés dans leur vie. Le rappel du passé leur donnait l’assurance que Dieu marchait encore avec eux. Dieu était plein d’amour et de miséricorde pour eux. C’était là le sens de cette fête. « Se souvenir » signifiait reconnaître qu’ils avaient été autrefois dans la misère et apprécier les immenses privilèges dont ils avaient bénéficié ensuite.

Quand Jésus a dit « Faites ceci en mémoire de moi », il a institué un nouveau repas qui a remplacé la Pâque. Ce repas n’est plus là pour que nous nous souvenions de la sortie d’Égypte. Il nous est donné pour que nous nous souvenions de Jésus-Christ et de ce qu’il a fait pour nous. Le pain rompu et le vin versé attirent notre attention sur son corps sacrifié pour nous et sur son sang versé pour nous. Le repas du Seigneur n’est pas un vieux souvenir d’événements lointains qui n’ont rien à voir avec nous aujourd’hui! Ce repas me rappelle la misère dans laquelle j’étais prisonnier et la délivrance que le sacrifice de Jésus-Christ m’a procurée. « Ceci est mon corps qui est donné pour vous » (Lc 22.19). L’œuvre passée du Seigneur Jésus me procure de grands bienfaits actuels! Ce mémorial est une célébration des privilèges que j’ai aujourd’hui en lui. Il me permet d’apprécier ma liberté nouvelle, la paix que j’ai avec Dieu, la joie de savoir qu’il marche tous les jours avec moi. La sainte cène me donne un grand encouragement quand je vis des difficultés et quand je suis encore empêtré dans le péché. Elle m’aide à me souvenir de ma délivrance en Jésus-Christ. Elle me donne confiance que mes péchés commis aujourd’hui sont pardonnés et que la force de son Esprit continuera de me faire grandir dans la foi et l’obéissance.

2. Une certitude🔗

La cène ne fait cependant pas que rafraîchir notre mémoire. Elle nous donne une certitude. De quelle façon? D’abord parce que le Christ nous a donné un commandement : « Prenez et mangez […], buvez-en tous » (Mt 26.26-27). C’est un commandement donné aux apôtres, mais qui visait l’Église de tous les temps. Ce n’est pas nous qui avons eu l’idée de participer à ce repas, c’est Jésus-Christ lui-même qui a institué ce repas et qui nous demande de participer régulièrement à sa table jusqu’à ce qu’il vienne dans sa gloire. Si Jésus-Christ nous a commandé d’y participer, c’est pour nous montrer que nous avons une relation étroite, une communion intime avec lui.

Dans sa lettre aux Corinthiens, Paul compare la sainte cène à ceux qui participent à un repas dans un temple païen consacré aux idoles. Si un chrétien participe à un tel repas, cela indique un lien, une communion avec ces idoles. Il n’est pas possible pour un chrétien d’être en communion avec Jésus-Christ et en même temps de participer à la table d’une idole païenne. « Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur et la coupe des démons; vous ne pouvez avoir part à la table du Seigneur et à la table des démons » (1 Co 10.21). À l’inverse, si nous participons à la table du Seigneur, nous recevons le gage de notre communion avec lui.

« La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion au sang du Christ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion au corps du Christ? » (1 Co 10.16).

Le commandement que notre Seigneur nous a donné est donc une preuve, une confirmation de notre relation avec lui par son sang. Nous sommes unis à lui par la foi. Évidemment, il peut y avoir des hypocrites qui participent indignement et illégitimement à ce repas. Cela n’enlève toutefois rien au commandement du Seigneur pour ceux qui ont la foi. « Le Christ m’a ordonné, comme à tous les fidèles, de manger de ce pain rompu et de boire de cette coupe en mémoire de lui » (Q&R 75).

Ce commandement s’accompagne d’une promesse. Notre Sauveur a dit : « Ceci est mon corps qui est donné pour vous. […] Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous » (Lc 22.19-20). Jésus attire notre attention sur les bienfaits personnels de son sacrifice pour chacun de nous. « Pour vous », dit-il. Ce repas me parle de la mort de Jésus-Christ pour moi! Il a donné son corps et versé son sang pour me sauver de la colère de Dieu. Si Jésus me convie à participer à sa table, ce n’est pas seulement pour me permettre de manger et de boire un symbole. C’est pour me donner l’assurance que j’appartiens à Jésus-Christ et que je suis dans une relation d’alliance avec lui. Je participe à la coupe de communion avec lui. « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang. » Le Seigneur lui-même a établi un lien étroit entre la coupe et l’alliance, entre le signe et la réalité signifiée.

Encore une fois, il ne faut pas confondre les deux, comme le font les catholiques romains. D’après eux, le pain et le vin seraient transsubstantiés en corps matériel de Jésus-Christ. La transsubstantiation signifie que le pain n’est plus du pain et que le vin n’est plus du vin. C’est le corps physique du Christ que nous croquons; c’est son sang matériel que nous ingurgitons, disent-ils. Le symbole et la réalité sont malheureusement confondus. Par ailleurs, bon nombre d’évangéliques croient que le repas du Seigneur est uniquement un symbole. Pour nous, nous croyons que ce repas est plus qu’un symbole; il est aussi un gage. Le pain que je mange et le vin que je bois sont une attestation de ma relation avec Jésus-Christ. C’est un repas spirituel. Le Seigneur me donne par ces signes l’assurance du pardon de mes péchés. J’ai la promesse suivante :

« Pour moi, son corps a été offert et rompu sur la croix et son sang versé, aussi certainement que je vois de mes yeux que, pour moi, le pain du Seigneur est rompu et la coupe est donnée » (Q&R 75).

Le Seigneur, par ce repas, me donne encore une autre garantie. Il m’assure qu’il agit en moi aujourd’hui par son Saint-Esprit, qu’il « veut nourrir et désaltérer mon âme pour la vie éternelle » (Q&R 75). Il y a là un mystère qui dépasse notre intelligence, mais qui vient fortifier notre foi. Si je n’ai pas la foi, le pain et le vin ne produiront aucun effet magique en moi. C’est seulement par la foi que ce repas prend tout son sens et qu’il me permet d’être fortifié. Nous avons besoin de nourriture et de breuvage matériels pour notre corps. De même, nous avons besoin de nourriture et de breuvage spirituels pour notre âme. Chaque fois que nous participons au repas du Seigneur, nous pouvons avoir l’assurance de notre pleine participation à Jésus-Christ et à tous ses bienfaits. Cela nous donnera des forces nouvelles, des forces dont nous avons absolument besoin et que le Seigneur nous accorde dans sa bonté.

Notre relation avec Dieu est malheureusement souvent bien faible et bien pauvre. Nous ressentons profondément notre indignité et reconnaissons avoir beaucoup de progrès à faire. Le Seigneur vient nous annoncer qu’il entretient avec nous une relation proche et intime. La sainte cène m’annonce la bonne nouvelle de l’Évangile de Jésus-Christ. Elle me permet de me souvenir de ce qu’il a fait pour moi et me donne la certitude de son amour et de sa grâce envers moi.