Cet article a pour sujet George Whitefield (1714-1770), prédicateur anglais que Dieu a puissamment utilisé pour susciter un grand Réveil en Grande-Bretagne et aux États-Unis et amener beaucoup de gens à Jésus-Christ.

Source: Trial and Triumph, 1999. 4 pages. Traduit par Claire Bédard

George Whitefield - Prédicateur du grand Réveil 1714 – 1770

Vers la fin de l’hiver 1734, un directeur d’études dans un collège conduisit un homme transportant un sac noir jusqu’à une petite chambre du troisième étage.

« Son corps dépérit, docteur », dit le directeur d’études. Ouvrant doucement la porte, il chuchota : « Je crains qu’il ait perdu la raison. » Là, cherchant son souffle, était étendu George Whitefield, un étudiant d’Oxford de vingt et un ans, la peau pâle à faire peur, une main décolorée par une grande tache noire causée par une engelure, les yeux creux et injectés de sang, son corps mince trempé de sueur.

« Jeune homme », dit le médecin, « votre santé est ruinée; on croirait que vous n’avez pas mangé depuis des semaines. Comment avez-vous pu vous retrouver dans un tel état? » D’une voix tremblante, Whitefield expliqua qu’il avait cherché à sauver son âme à travers l’abnégation. Il avait été encouragé à cela par le Saint Club, une société religieuse d’Oxford dirigée par John et Charles Wesley, dont les membres observaient un régime strict de prière et de jeûne. Whitefield surpassa rapidement ses amis dans la pratique de l’abnégation. Vêtu d’habits en loques, il passait plusieurs heures en prière dehors chaque matin, avant le lever du soleil, souvent dans des températures glaciales. Il survivait en avalant une petite ration quotidienne de pain et de tisane de sauge. Des étudiants moqueurs le traitaient de « fou » et lui lançaient des mottes de terre. Le maître du collège avait menacé de le renvoyer. Même les membres du Saint Club disaient à Whitefield qu’il était allé trop loin. Malgré tout ce qu’il faisait, la culpabilité due à son péché demeurait toujours; il ne se sentait pas plus près de Dieu.

Whitefield dit au médecin : « Ce matin, j’étais rendu si faible que c’est à peine si j’ai pu monter l’escalier pour me rendre à ma chambre. »

Le médecin lui ordonna fermement : « M. Whitefield, je vous ordonne de garder le lit. Vous allez mourir si votre corps ne reçoit pas une nourriture adéquate et ne prend pas de repos. » Pendant des semaines, il resta au lit, essayant de retrouver ses forces, déprimé et doutant que ses péchés puissent un jour être pardonnés. C’est alors qu’il tomba sur un petit livre intitulé The Life of God in the Soul of Man (« La Vie de Dieu dans l’âme de l’homme »). Ce livre renversa toutes ses idées au sujet de Dieu et du pardon, car Whitefield avait cru jusque là que les hommes gagnaient la faveur de Dieu au moyen de leurs bonnes œuvres. « Dieu m’a montré », dit-il, « que je dois naître de nouveau ou être maudit! J’ai appris qu’un homme peut aller à l’Église, dire ses prières, recevoir le sacrement et malgré tout ne pas être chrétien ». Tenant le livre dans ses mains, Whitefield tomba à genoux et pria : « Seigneur, si je ne suis pas chrétien ou si je ne suis pas un chrétien sincère, montre-moi ce qu’est le vrai christianisme afin qu’enfin je ne sois plus condamné! »

Peu de jours après, ayant pris conscience qu’il ne pouvait rien faire pour gagner son salut et que seule la miséricorde de Dieu pouvait le sauver, il mit sa foi en Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés. « Une joie indescriptible a rempli mon âme quand le poids de mon péché est tombé et que l’amour de Dieu qui pardonne s’est répandu dans mon âme troublée », dit Whitefield. « Ma joie était comme une marée du printemps inondant les rives. Je sentais que Christ vivait en moi et moi en lui. »

L’étude de la Bible devint sa passion et l’objet de ses délices. « J’ai commencé à lire les Saintes Écritures à genoux, priant au sujet de chaque phrase, de chaque mot », dit-il.

« C’était une véritable nourriture et une véritable boisson pour mon âme. J’ai acquis davantage de connaissances en lisant le Livre de Dieu en un mois que jamais je n’aurais pu en acquérir en lisant tous les écrits des hommes. »

À mesure que sa santé revenait, il consacrait plusieurs heures par jour à visiter les prisonniers, les pauvres et les personnes âgées. Avec des mots simples, il leur parlait de l’amour de Dieu pour les pécheurs. Plusieurs crurent en Jésus-Christ. Quand Whitefield obtint son diplôme d’études, il devint pasteur dans l’Église d’Angleterre.

Dès le début de son ministère, le Seigneur bénit son travail de manière remarquable. Des Églises qui avaient été pratiquement vides pendant des décennies débordaient maintenant de gens, partout où il prêchait en Angleterre. À certains moments, il y avait davantage de gens qui se voyaient refuser l’entrée que de gens qui trouvaient une place.

« C’était merveilleux, dit Whitefield, de voir les gens se suspendre aux rampes de la tribune d’orgue ou grimper partout où ils le pouvaient dans l’Église, réchauffant tellement l’Église de leur souffle que la vapeur redevenue liquide retombait des piliers comme des gouttes de pluie. Souvent, j’avais beaucoup de difficulté à me frayer un chemin à travers la foule pour me rendre jusqu’à la chaire. »

Des milliers se tournèrent vers Jésus-Christ pour le pardon de leurs péchés. Du lever du soleil jusqu’à minuit, des gens anxieux, en recherche, faisaient la queue pour parler avec lui. Ses sermons imprimés se vendaient dès qu’ils sortaient des presses. Des groupes d’étude biblique et de prière surgissaient partout dans les villes, petites et grandes, où il prêchait. On n’avait jamais rien vu de tel en Angleterre. Cependant, pas tout le monde se réjouissait du ministère de Whitefield. Des dirigeants d’Église, jaloux de sa popularité auprès du peuple, le traitaient de fomentateur de troubles. Des pasteurs se plaignaient que les membres de leur Église ne pouvaient trouver de sièges lorsque Whitefield venait prêcher et que de si grandes foules abîmaient les bancs d’église. Plusieurs ministres de la Parole lui fermaient les portes de leur église.

Comme il lui était de plus en plus difficile de trouver des églises prêtes à l’accueillir, Whitefield décida de prêcher à l’extérieur, au grand air. C’était une idée audacieuse, car les dirigeants d’Église considéraient que ce n’était pas approprié, que c’était même péché, croyant que la prédication dans les champs pouvait susciter l’agitation des foules et mener au désordre et à la violence. En prêchant à l’extérieur, Whitefield risquait la confrontation avec les dirigeants de l’Église d’Angleterre, mais il était déterminé à prêcher l’Évangile, quelles qu’en soient les conséquences.

Il prêcha pour la première fois au grand air à Kingswood, une grande région minière près de Bristol. Whitefield désirait y prêcher depuis qu’on lui avait dit : « Pas besoin d’aller en Amérique pour trouver des païens; il y a suffisamment de païens à Kingswood. » Des milliers de mineurs habitaient à Kingswood : tous ces hommes, ces femmes et ces enfants qui travaillaient dans les mines sombres et dangereuses. Ils vivaient dans l’ignorance et la pauvreté. Les étrangers évitaient Kingswood, lieu de violence, car ils craignaient pour leur vie. Aucune église ou école n’y avaient jamais été construites. La société anglaise ne se souciait aucunement des mineurs. Cependant, Whitefield pensait autrement. « Mon cœur saigne pour ces pauvres mineurs; ils sont comme des brebis sans berger », dit-il.

Par un samedi très froid de février, il s’engagea dans les allées étroites de Kingswood. Les mineurs, bouche bée et les yeux écarquillés, n’en revenaient pas de voir parmi eux un ministre de la Parole instruit et bien habillé. « Bonjour », dit Whitefield, tendant la main à un mineur. L’homme, couvert de poussière de charbon de la tête aux pieds, tendit son bras avec hésitation et serra la main de Whitefield, noircissant sa paume et ses doigts d’une mince couche de poussière de charbon. Whitefield sourit et lui dit : « À deux heures, aujourd’hui, je vais prêcher sur la colline à Rose Wood et je serais honoré de votre présence dans l’assemblée. »

Il répandait la nouvelle dans les rues, frappait aux portes et se tenait à l’entrée des mines, invitant tout le monde à venir. À l’heure fixée, plus de deux cents mineurs attendaient devant le monticule couvert d’herbe où Whitefield prit place. Quand il commença à prêcher dans l’air froid, des nuages de condensation grisâtres se formèrent devant sa bouche.

« Chers amis, leur dit-il, il y a bien longtemps, le Seigneur s’est tenu sur une colline au milieu d’une foule comme aujourd’hui. Et Jésus les a enseignés en disant : “Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux!” (Mt 5.3). »

Son message fit fondre le cœur de plusieurs. Pour la première fois, ils prenaient conscience que Jésus-Christ les aimait et ils sentaient que Whitefield les aimait aussi véritablement. Whitefield les quitta le cœur réjoui, leur promettant de revenir quelques jours plus tard. « Béni soit Dieu », dit-il.

« Je crois que je n’ai jamais été aussi agréable à mon Maître que lorsque je me tenais au grand air devant ces auditeurs pour les enseigner. Certains me critiqueront peut-être, mais si j’essayais de plaire aux hommes, je ne serais pas un serviteur du Christ. »

Le mercredi après-midi suivant, il était à nouveau sur la colline à Kingswood, cette fois sous un soleil brillant. Près de deux mille mineurs étaient rassemblés, attendant dans un parfait silence. De sa voix forte que tous pouvaient facilement entendre, Whitefield proclama : « Je vous dis la vérité : personne ne peut voir le royaume de Dieu s’il ne naît de nouveau. » Pendant une heure, il leur prêcha l’amour du Christ et les merveilles de sa mort sur la croix.

« Et pensez-vous qu’après tout cela, leur dit-il, le Seigneur renverrait les pauvres pécheurs qui viennent à lui? Non! Loin de nous de telles pensées déshonorantes! Abandonnez vos péchés pour lesquels il est mort et entendez ce qu’il dit : “Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige; s’ils sont rouges comme l’écarlate, ils deviendront comme de la laine” (És 1.18). »

À la fin de son sermon, des centaines de mineurs pleuraient, leurs joues noircies par le charbon, rayées de blanc par la trace des larmes qui coulaient. Par la suite, pendant de nombreuses semaines, des dizaines de milliers de personnes vinrent entendre Whitefield prêcher à Kingswood. Plusieurs crurent en Jésus-Christ et la ville fut merveilleusement transformée par la puissance de Dieu. Les problèmes d’ébriété, les jeux d’argent et la violence disparurent presque complètement. Des rencontres de prière commencèrent dans tous les quartiers. Une école fut établie.

Whitefield prêcha au grand air dans bien des endroits en Grande-Bretagne et en Amérique, déclenchant un grand réveil de la foi en Jésus-Christ. Il encouragea d’autres pasteurs à prêcher dans les champs, y compris ses amis de longue date, Charles et John Wesley, qui eux aussi indiquèrent le chemin qui conduit à Jésus-Christ à des milliers d’auditeurs. Avant de mourir à l’âge de cinquante-cinq ans, Whitefield avait prêché plus de 18 000 sermons à des millions d’auditeurs à travers l’Angleterre, l’Écosse, le pays de Galles et l’Amérique. Pas surprenant que George Whitefield ait été qualifié de plus grand évangéliste depuis l’apôtre Paul.