Cet article a pour sujet John Newton (1725-1807), marchand d'esclaves en Afrique sauvé par grâce. Devenu pasteur, il a composé des hymnes et a travaillé à l'abolition de l'esclavage dans l'Empire britannique aux côtés de William Wilberforce.

Source: Trial and Triumph, 1999. 3 pages. Traduit par Claire Bédard

John Newton - Marchand d'esclaves sauvé par grâce 1725 – 1807

Une terrible tempête agitait frénétiquement les eaux glaciales de l’Atlantique Nord. Des vents de 130 km/h et des vagues de dix mètres frappaient le navire marchand anglais Greyhound, qui risquait de sombrer. Les voiles et les mâts étaient détruits. L’eau déferlait sur le pont chaque fois que les sommets des vagues venaient s’y écraser, projetant plusieurs hommes à la mer. Les marins s’esquintaient désespérément aux pompes, pour boucher les fuites.

John Newton, marin de vingt-deux ans, détrempé et frissonnant, attaché à la barre, faisait tout ce qu’il pouvait pour que le navire garde le cap. La peur de la mort le poussa à faire le point sur sa vie. Les souvenirs de sa rébellion contre Dieu le remplissaient de désespoir, car il s’était moqué de Dieu et l’avait maudit pendant des années. « Je sombre, se disait-il en lui-même, sous tout le poids de mes péchés, dans l’océan et dans l’éternité. »

La vie de John Newton avait commencé dans le grand bonheur et s’annonçait prometteuse. Son père, capitaine au long cours, était souvent au loin, mais sa mère le couvrait d’amour. Elle était une chrétienne marchant fidèlement avec Dieu et elle remplissait le jeune esprit de John d’histoires bibliques, de versets des Écritures et des chants et des hymnes d’Isaac Watts. Elle lui disait souvent : « Quand tu seras grand, tu seras un pasteur fidèle, au service de Dieu. »

Cependant, quand il avait sept ans, la mère de Newton est morte, le privant ainsi des soins spirituels qu’elle lui prodiguait. Peu après, son père s’est remarié. La belle-mère de Newton s’intéressait peu à lui ou au Seigneur. La lumière chrétienne du foyer disparut. John Newton, souvent laissé à lui-même, se lia avec les pires vauriens du voisinage, troquant la foi de sa mère contre les blasphèmes et les mensonges de ses amis. Newton détestait sa vie à la maison et à l’école, il supplia alors son père de l’emmener en mer. À l’âge de onze ans, John Newton commença à travailler comme mousse sur le bateau de son père et s’adapta rapidement à la vie en mer ainsi qu’aux comportements pécheurs des marins. Après quelques années, il quitta le navire de son père et travailla sur d’autres vaisseaux pour finalement aboutir sur un navire de marchands d’esclaves.

Sans la moindre pensée pour ces pauvres hommes, femmes et enfants africains dont les vies étaient détruites par le commerce des esclaves, Newton les mettait aux fers et les entassait comme des sardines, dans les étages inférieurs, sous le pont, où beaucoup d’entre eux mouraient avant même d’atteindre les rives du Nouveau Monde, à cause des conditions hygiéniques exécrables et de la maladie. Il les considérait comme les autres marins les considéraient : juste une autre forme de cargaison, telle que la canne à sucre ou la cire d’abeille.

Au cours des ans, Newton devint un marin d’expérience et un fauteur de troubles grossier. Méprisant ceux qui avaient autorité sur lui, Newton composait des chants vulgaires qui ridiculisaient le capitaine et le navire. Les membres de l’équipage remplissaient l’air de ces chants abjects. Newton admit plus tard : « Non seulement ai-je péché énormément moi-même, mais je m’assurais de ne jamais rater une occasion de tenter les autres. »

Les capitaines le détestaient. À cause de son comportement, il fut fouetté publiquement à plusieurs reprises. Le dos de Newton était mis à nu et ses mains et ses pieds étaient attachés à une grille en bois. Une douzaine de coups ou plus déchiraient la chair de son dos, jusqu’à ce qu’il s’écrase inconscient. À un certain moment, Newton quitta le navire en Afrique pour échapper à un capitaine particulièrement cruel. Il alla travailler pour un marchand d’esclaves qui finit par faire de lui aussi un esclave. Quand il ne travaillait pas, Newton était enfermé et ne recevait qu’une petite ration de riz et de poisson cru pour sa survie. Il craignait de finir sa vie en tant que misérable esclave sur la côte africaine.

Le père de Newton, inquiet au sujet de son fils, demanda aux capitaines de navire qui quittaient l’Angleterre de le rechercher. Le Greyhound, qui longeait la côte ouest-africaine, rencontra Newton. Le capitaine lui dit : « Votre père se fait du souci pour votre bien-être. Vous êtes bienvenu de vous joindre à nous et de retourner en Angleterre. » Newton embarqua et entreprit le voyage vers le nord, mais, peu avant d’arriver, des vents violents se levèrent et la mer devint grosse.

C’est ainsi que Newton se retrouva attaché à la barre du Greyhound sur le point de sombrer. Il se sentait aussi brisé que le navire ballotté par la tempête. C’est là que ses pensées se tournèrent vers le Christ pour la première fois depuis bien des années. Il se demandait :

« Christ est mort pour des pécheurs, mais pourrait-il pardonner mes péchés qui sont si nombreux et si terribles? J’ai rejeté la vérité de Dieu que m’a enseignée ma mère; peut-il me pardonner cela? »

Quand son quart à la barre fut terminé et que la tempête se fut un peu calmée, il trouva un Nouveau Testament et commença à lire. Luc 11.13 l’inspira à mettre sa vie dans les mains du Seigneur : « Si donc, vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent. » Newton se disait en lui-même : « Si ce livre est vrai, la promesse dans ce passage est vraie elle aussi. Dieu promet ici de donner l’Esprit à ceux qui le lui demandent. Je dois, par conséquent, prier et si c’est de Dieu, il accomplira sa Parole. » En larmes, il pria pour demander pardon et obtenir la vie nouvelle.

Le navire réussit à rester à flot et quand John Newton atteignit de nouveau la terre ferme, il était un homme transformé. Il se joignit immédiatement à l’Église, reçut la sainte Cène et fit le vœu de servir Dieu. Newton étudia la Bible sérieusement, lut les meilleurs livres chrétiens qu’il put trouver et développa des amitiés intimes avec George Whitefield et d’autres dirigeants chrétiens.

Il ne fallut pas beaucoup de temps avant que Newton, encouragé par ses amis, perçoive l’appel de Dieu au ministère pastoral. Il passa les examens en vue de l’ordination de l’Église d’Angleterre et commença à œuvrer comme pasteur à Olney, une ville pauvre au nord de Londres. Il disait : « Le Seigneur m’a envoyé ici, non pas pour que je devienne un grand orateur, mais pour gagner des âmes pour le Christ. »

Ses soins remplis d’amour, ses prières, ses visites au chevet des gens gagnèrent le cœur des gens de Olney. Il commença une rencontre de prière hebdomadaire au milieu de la semaine ainsi que des rassemblements le dimanche soir chez lui. Bien que lui et sa femme furent sans enfants, Newton aimait beaucoup les enfants. « Je veux leur parler et leur expliquer les Écritures à leur niveau », disait-il. C’est ainsi qu’il commença des rencontres pour les enfants. Ceux-ci aimaient énormément ses histoires passionnantes et les modèles réduits de bateaux qu’il fabriquait avec du papier. Bientôt, plus de deux cents enfants se rassemblaient autour de lui chaque semaine pour apprendre les choses de Dieu.

Newton avait des talents de poète. Il les mit à l’œuvre et composa des hymnes, des centaines d’hymnes. À certains moments, il écrivait un nouvel hymne pour chaque rencontre de prière hebdomadaire. « Grâce infinie », « Des choses glorieuses sont dites de toi » et « Combien doux est le nom de Jésus à l’oreille du croyant » sont les plus aimés.

Il écrivit l’histoire de sa conversion à Jésus-Christ qui devint un livre à succès en Angleterre et aux États-Unis. Newton travailla sans relâche à l’abolition de l’esclavage dans l’Empire britannique, écrivant des tracts, témoignant devant le Parlement et inspirant des hommes d’État tel que William Wilberforce à utiliser leur pouvoir pour mettre un terme au commerce des esclaves. Sa notoriété et son influence grandirent, mais il ne perdit jamais de vue qu’il était un pécheur sauvé par grâce. Sur son lit de mort, il dit à un de ses amis : « Je n’ai presque plus de mémoire, mais je me souviens de deux choses : que je suis un grand pécheur et que Jésus-Christ est un grand Sauveur. » Il écrivit ces paroles qui furent gravées plus tard sur sa pierre tombale :

« John Newton, autrefois infidèle et libertin, marchand d’esclaves en Afrique, fut, par la grande miséricorde de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, préservé, restauré, pardonné et désigné pour prêcher la foi qu’il avait si longtemps cherché à détruire. »

John Newton est mort à l’âge de quatre-vingt-deux ans. Sa vie remarquablement transformée et ses hymnes de louange sont toujours aujourd’hui un témoignage de la grâce stupéfiante de Jésus-Christ.