Cet article a pour sujet les nouvelles découvertes du télescope spatial James Webb qui montrent des galaxies lointaines massives et parvenues à maturité, contrairement aux prédictions de la théorie du Big Bang.

Traduit par Paulin Bédard

Le télescope spatial James Webb : Premières découvertes et leurs implications

  1. Une brève histoire de l’histoire galactique
  2. L’évolution des galaxies
  3. Observer ce qui est attendu
  4. Observer l’inattendu
  5. James Webb : de meilleures images des mêmes régions
  6. Aller là où aucun télescope n’est allé auparavant
  7. Les galaxies les plus lointaines jamais observées
  8. Des galaxies qui n’étaient pas censées exister
  9. Pas de panique (même pas à la discothèque)
  10. Galaxies arrivées à maturité : même pas le pire des problèmes
  11. Conclusion

Le télescope spatial James Webb est le plus grand télescope optique de l’espace. Bien qu’il ne soit opérationnel que depuis quelques mois, il fait déjà régulièrement la une des journaux pour les images à couper le souffle qu’il diffuse.

Voici un exemple :

La nébuleuse de la Tarentule
Crédit photo : NASA, ESA, ASC, STScI, équipe de production du Webb ERO

Vous avez peut-être aussi vu des articles affirmant que ses découvertes contredisent le modèle du big bang. Un article d’Eric Lerner en particulier1 a été très populaire sur les médias sociaux.

Lerner a fait des déclarations provocantes, telles que :

« L’existence de ces galaxies démontre que le big bang n’a pas eu lieu. »
« Les nouvelles données font paniquer les théoriciens du big bang. »

Alors, qu’est-ce qui se passe? Quelles sont ces nouvelles découvertes? Réfutent-elles le modèle du big bang? Les théoriciens du big bang sont-ils vraiment en train de paniquer?

Nous aborderons plus loin les allégations de « panique ». Tout d’abord, parlons des nouvelles découvertes et de leur conformité ou non avec les prédictions des scientifiques qui croient au modèle du big bang.

1. Une brève histoire de l’histoire galactique

Certains concepts en astronomie existent depuis l’Antiquité. D’autres sont plus récents.

Beaucoup de gens ne savent pas que la croyance en l’existence d’autres galaxies en dehors de notre Voie lactée est en fait assez récente. Seules quelques galaxies sont visibles à l’œil nu. Et même lorsqu’on en observe une à travers un télescope, une galaxie typique n’apparaît que comme une faible tache.

Ainsi, même au 20e siècle, la plupart des astronomes pensaient que ces objets n’étaient que des nébuleuses (nuages de gaz) au sein de la Voie lactée. L’opinion courante était que notre galaxie était la seule qui existait.

En 1920, un célèbre débat2 a eu lieu sur cette question. Plus tard dans la même décennie, Edwin Hubble a montré que la galaxie d’Andromède devait se trouver en dehors de la Voie lactée.

La galaxie d’Andromède
Crédit photo : Kees Scherer

Au fil du temps, de plus en plus d’astronomes ont admis que ces « univers insulaires » (comme on les appelait souvent à l’époque) étaient extragalactiques, c’est-à-dire en dehors de notre propre galaxie.

Les astronomes savaient que les galaxies se présentent sous une variété de formes différentes. Dès le milieu des années 1920, Hubble avait commencé à classer les galaxies selon un schéma aujourd’hui appelé « séquence de Hubble ». Une galaxie peut être classée comme elliptique, spirale ou irrégulière.

La séquence de Hubble, également connue sous le nom de « diapason de Hubble » ou « fourchette de Hubble »
Crédit photo : Cosmogoblin

Les elliptiques se trouvent à gauche de la séquence. Elles sont grandes et rondes; leur forme varie de sphérique à ovoïde.

Galaxie elliptique NGC 3610
Crédit photo : ESA/Hubble & NASA, Remerciements : Judy Schmidt (Geckzilla)

Les galaxies spirales se trouvent à droite de la séquence. Elles ont une forme de disque aplati avec des bras en spirale et des renflements centraux.

Galaxie spirale NGC 3147
Crédit
photo : ESA/Hubble et NASA, A. Riess et al.

Certaines d’entre elles sont des « spirales barrées », dont chacune possède une barre entre le bulbe et les bras. On pense que notre Voie lactée est une spirale barrée.

Galaxie spirale barrée NGC 1300
Crédit photo : NASA, ESA, et The Hubble Heritage Team (STScI/AURA)

Certains astronomes considèrent également les galaxies lenticulaires comme une catégorie à part. Celles-ci se situent au milieu de la séquence; elles présentent de gros bulbes et des disques aplatis, mais pas de bras spiraux.

Enfin, les galaxies irrégulières sont celles qui n’entrent pas dans les autres catégories. Elles ont tendance à être asymétriques, et elles sont (comme leur nom l’indique) de forme plutôt irrégulière.

Galaxie irrégulière NGC 1427A
Crédit photo : NASA, ESA, et The Hubble Heritage Team (STScI/AURA); Remerciements : M. Gregg (Univ. Calif.-Davis et Inst. for Geophysics and Planetary Physics, Lawrence Livermore National Laboratory)

2. L’évolution des galaxies

On pourrait penser que la séquence de Hubble est censée suggérer une progression dans le temps, c’est-à-dire que, selon les astronomes séculiers, les galaxies évoluent des formes indiquées à gauche vers les formes indiquées à droite.

C’est faux (Hubble lui-même a noté que ce n’était pas le cas). Aujourd’hui, la plupart des astronomes séculiers croient en fait que :

  • Les petites galaxies irrégulières se sont formées en premier.
  • Elles ont ensuite fusionné pour former des galaxies à disque.
  • Puis au fil du temps, les galaxies à disque ont fusionné et se sont transformées en elliptiques.

Une autre idée fausse courante est que ce processus serait le résultat du big bang. En fait, selon le modèle du big bang, les étoiles (et donc les galaxies) n’ont pas été formées par le big bang. Ces objets se seraient formés plus tard.

Par conséquent, si l’histoire générale du big bang est vraie, lorsque l’univers s’est lui-même créé, aucune galaxie n’existait. Cette situation aurait duré un certain temps. (Nous reviendrons sur ce point dans un instant.)

Ensuite, il y aurait eu une époque où les galaxies ont commencé à se former, et finalement, au fil du temps, elles auraient évolué vers les galaxies que nous voyons aujourd’hui.

Par conséquent, si nous pouvions remonter dans le temps, nous verrions l’univers tel qu’il était, de plus en plus loin dans le passé. Pendant la majeure partie de l’histoire du cosmos, nous verrions des galaxies qui sont arrivées à maturité, telles qu’elles existent aujourd’hui... mais si nous continuions à regarder de plus en plus loin en arrière, nous finirions par voir l’époque où les toutes premières galaxies se formaient.

En d’autres termes, si le modèle du big bang était vrai, et si nous pouvions remonter suffisamment loin dans le temps, nous verrions un univers dominé par des galaxies « immatures » qui, selon les normes actuelles, auraient un aspect particulier et irrégulier.

Et en effet, il devrait être possible de faire exactement cela.

3. Observer ce qui est attendu

Avec l’amélioration des télescopes, nous pouvons regarder de plus en plus loin dans l’espace. Du point de vue du big bang, cela signifie que nous regardons essentiellement dans le passé.

Par exemple, voici une célèbre photographie appelée le champ profond extrême de Hubble :

Le champ profond extrême de Hubble
Crédit photo : NASA, ESA, G. Illingworth, D. Magee et P. Oesch (Université de Californie, Santa Cruz), R. Bouwens (Université de Leiden) et l’équipe HUDF09

Sur cette photo, il y a des galaxies qui sont si éloignées que leur « temps de regard vers le passé » est estimé à 13,2 milliards d’années. En d’autres termes, la lumière aurait mis 13,2 milliards d’années pour nous parvenir.

Note : les calculs séculiers pour les grands temps de regard vers le passé sont contestés par les astronomes créationnistes, qui proposent d’autres relations entre la distance et les temps de parcours de la lumière. En d’autres termes, la lumière des étoiles lointaines n’exige pas nécessairement que l’univers ait des milliards d’années. Ce sera le sujet du volume IV de ma série de vidéos sur l’astronomie, qui est (enfin!) en préproduction3.

Toutefois, dans cet article, j’aborde les galaxies du point de vue de la vision séculière du big bang. Selon ce point de vue, lorsque nous regardons une galaxie lointaine aujourd’hui, nous la voyons telle qu’elle apparaissait dans un passé lointain.

Selon cette perspective, nous regardons, en quelque sorte, en arrière dans le temps. Nous voyons ces objets tels qu’ils étaient auparavant.

Or, il s’avère qu’en regardant de plus en plus loin dans le cosmos, et donc de plus en plus loin dans l’histoire cosmique, nous avons découvert de plus en plus de galaxies irrégulières et particulières.

Pendant des années, cela semblait correspondre aux attentes séculières concernant l’évolution galactique.

Mais tout n’était pas rose.

4. Observer l’inattendu

Au fil des ans, les astronomes séculiers ont élaboré des modèles détaillés sur la façon dont les galaxies ont pu se former et évoluer au fil du temps.

Au début des années 2000, on a compris que les galaxies avaient besoin de trois à six milliards d’années pour se former. Par conséquent, si nos télescopes pouvaient regarder assez profondément dans le cosmos, il devrait être possible (si le modèle du big bang était correct) de voir la lumière des premières galaxies.

En d’autres termes, nous devrions être en mesure de voir ces galaxies telles qu’elles apparaissaient au moment de leur formation.

Mais pour pouvoir le faire, jusqu’où devrions-nous regarder dans le lointain passé?

Selon le modèle du big bang, l’univers a presque 14 milliards d’années. Donc, si nous pouvions observer des galaxies à une distance qui représente un temps de regard vers le passé de 8 à 11 milliards d’années, nous verrions l’univers tel qu’il était lorsqu’il n’avait que 3 à 6 milliards d’années.

Ce n’est pas facile d’y arriver, mais c’est tout à fait possible avec les équipements modernes. Au début des années 2000, les astronomes observaient régulièrement des objets à ces distances.

Cependant, les astronomes ont-ils observé un univers où les galaxies commençaient tout juste à se former? Non.

Au contraire, alors que les astronomes regardaient de plus en plus loin, des galaxies massives ont été découvertes à des distances de plus en plus grandes. Il s’agit de galaxies arrivées à maturité qui, selon les modèles séculiers, ne devraient pas être là, car (selon les modèles séculiers) il n’y a pas eu assez de temps pour qu’elles se forment. Pourtant, ces galaxies existent quand même.

Comme je l’ai dit dans le volume II de ma série de vidéos sur l’astronomie4, cette tendance se poursuit depuis environ deux décennies maintenant.

Par exemple, en 2004, une étude a été publiée par le Gemini Deep Deep Survey (GDDS). L’un des principaux co-auteurs a fait le commentaire suivant :

« Nous nous attendions à trouver essentiellement zéro galaxie massive au-delà d’environ 9 milliards d’années, car les modèles théoriques prévoient que les galaxies massives se forment en dernier. Au lieu de cela, nous avons trouvé des galaxies très développées qui n’auraient pas dû être là, mais qui le sont.5 »

Une étude réalisée en 2005 a utilisé le télescope spatial Spitzer, et l’un des chercheurs a déclaré :

« Nous détectons des galaxies que nous ne nous attendions pas à trouver, ayant un large éventail de propriétés que nous ne nous attendions pas à voir. »

Un autre a dit :

« Nous sommes vraiment stupéfaits — ce sont les galaxies les plus anciennes et les plus précoces découvertes à ce jour. Leur existence n’était pas prévue par la théorie.6 »

Permettez-moi d’insister sur un point. Les galaxies massives « n’auraient pas dû être là » au-delà d’il y a environ neuf milliards d’années, selon les modèles séculiers. Cela ne fait « que » cinq milliards d’années environ après le prétendu big bang, et les galaxies auraient eu besoin de six milliards d’années pour se former. Cependant, des galaxies massives ont quand même été découvertes dans cette région.

Toutefois, malgré tout cela, les penseurs séculiers pouvaient encore trouver un réconfort potentiel. Comme je l’ai mentionné précédemment, il y a aussi beaucoup de galaxies irrégulières à ces distances. En fait, à ces distances lointaines, un pourcentage élevé de galaxies sont irrégulières.

Ainsi, même si les galaxies massives ne devraient pas être là, le grand nombre de galaxies irrégulières et particulières semble correspondre aux attentes séculières.

Puis, fin 2021, le télescope spatial James Webb a été lancé. Et là, tout a changé.

5. James Webb : de meilleures images des mêmes régions

Avec ses 6,5 mètres, le miroir du télescope James Webb est environ six fois plus grand que celui du télescope Hubble. Son optique est donc bien meilleure.

Certaines de ses premières missions ont consisté à observer des objets et des régions qui avaient déjà été photographiés auparavant. En voici un exemple :

Amas de galaxies SMACS 0723
La photo de gauche (de la NASA, de l’ESA, de l’ASC et du STScI) provient de Hubble.
La photo de droite (de la NASA, de l’ESA, de l’ASC et de STScI) provient de JWST.

L’image de gauche a été prise par le télescope spatial Hubble, tandis que celle de droite provient du télescope James Webb. Il est clair que le JW produit des résultats supérieurs.

Notez que le JW ne produit pas seulement plus de détails, il révèle également des objets qui n’étaient pas du tout visibles auparavant. Il s’avère que beaucoup de ces régions contiennent beaucoup plus de galaxies que ce que l’on connaissait auparavant.

Elles étaient trop faibles pour être vues avec d’autres télescopes, mais elles sont visibles avec le JW. Sur les images ci-dessus, il y a de nombreux exemples de cela. Voyez toutes les galaxies sur la photo du JW qui ne sont pas visibles sur la photo Hubble.

Un nombre surprenant de ces galaxies nouvellement découvertes ne sont pas irrégulières ou particulières. Ce sont des galaxies à disque.

De plus, certaines des galaxies que l’on pensait être irrégulières sont maintenant (grâce à de meilleures images) observées comme des disques.

En fait, selon une étude7 d’une région précédemment étudiée (SMACS 0723, illustrée ci-dessus), il y a dix fois plus de galaxies à disque que ce que l’on pensait auparavant. Environ la moitié des galaxies observées sont des disques.

Souvenez-vous, on pensait que les irrégulières et les particulières dominaient les populations de galaxies à ces distances. Ces régions étaient censées être des preuves des premiers stades de la formation des galaxies.

Cependant, le JW a montré que ce n’est pas le cas. Apparemment, à ces distances, les galaxies particulières et irrégulières sont beaucoup moins importantes (en proportion de la population globale) qu’on ne le pensait auparavant.

Nous savons maintenant que ces régions contiennent beaucoup de galaxies qui étaient déjà arrivées à maturité, même si nous regardons (selon le point de vue séculier) très loin dans le temps — bien avant l’époque la plus ancienne où les galaxies étaient censées être possibles.

6. Aller là où aucun télescope n’est allé auparavant

Nous constatons alors que les images du JW de régions qui avaient déjà été étudiées, à des distances que nous avions déjà pu atteindre, ont bouleversé les idées précédentes.

Cependant, en plus de son optique supérieure, le JW a également été conçu pour observer dans la partie infrarouge du spectre, et donc pour regarder beaucoup plus profondément8 dans le cosmos que les autres télescopes.

Par conséquent, d’un point de vue séculier, le JW peut voir des objets tels qu’ils étaient bien plus loin dans le temps que ce qui était possible auparavant. En effet, il peut remonter bien plus loin dans le temps jusque tout près du big bang.

Alors, voici une question. Dans ses observations les plus profondes, c’est-à-dire dans ses observations de régions lointaines qui nous étaient auparavant inaccessibles, le JW a-t-il finalement révélé un stade de l’univers où celui-ci était rempli de galaxies immatures, encore en formation, comme l’attendaient les cosmologistes séculiers?

Eh non.

7. Les galaxies les plus lointaines jamais observées

Dans les images les plus profondes du JW, des galaxies massives et arrivées à maturité sont encore visibles. En d’autres termes, il existe des galaxies arrivées à maturité très tôt dans l’histoire cosmique.

Combien tôt? On signale maintenant des galaxies arrivées à maturité qui (selon les modèles séculiers) s’étaient déjà formées 230 millions d’années seulement après le big bang.

8. Des galaxies qui n’étaient pas censées exister

Il est difficile de surestimer l’écart entre les attentes séculières et les observations du JW. Rappelez-vous, il y a seulement quelques années, les astronomes pensaient que les galaxies avaient besoin d’au moins trois milliards d’années (et peut-être jusqu’à six milliards d’années) pour se former.

Les astronomes séculiers avaient déjà été secoués par la découverte de galaxies massives et arrivées à maturité lorsque l’univers était censé avoir cinq milliards d’années. Ils doivent maintenant faire face aux observations du JW nous montrant des galaxies qui (selon leur vision du monde) existaient déjà 230 millions d’années seulement après le big bang.

C’est moins d’un quart d’un milliard d’années (et c’est seulement huit pour cent de trois milliards d’années).

En d’autres termes, le JW montre des galaxies qui (d’un point de vue séculier) existaient déjà plus de 2,75 milliards d’années avant qu’elles ne soient censées être possibles.

Et même si, d’un point de vue séculier, cela est bouleversant par sa précocité, le problème est en fait encore pire que cela. Ces galaxies n’étaient pas en train de se former à cette époque, elles étaient déjà formées.

Cela signifie que le processus de formation proprement dit doit avoir eu lieu encore plus tôt. Peut-être même beaucoup plus tôt.

Nous le constatons de diverses manières :

  • Comme nous l’avons déjà mentionné, le JW observe des galaxies massives à ces distances. Si de petites galaxies irrégulières se sont formées en premier et ont ensuite fusionné en galaxies plus massives (comme le croient les astronomes séculiers), alors il faut que cela se soit déjà produit dans les régions observées par le JW.
  • Il existe également des preuves d’une structure à plus grande échelle. Certaines des galaxies ont le même décalage approximatif vers le rouge, ce qui indique qu’elles font partie d’un « groupe ou proto-amas9 ». Selon les modèles, cette structure ne devrait pas immédiatement exister, il lui faudrait du temps pour se former. Cependant, sur ces images, elle semble déjà exister.
  • De nombreuses galaxies lointaines sont assez brillantes. Quelques-unes sont comparables à notre Voie lactée, voire plus brillantes qu’elle.
  • Beaucoup de ces galaxies sont assez denses. Comme le note une étude déjà citée10, dans certaines régions, la densité de la masse stellaire est « trois ordres de grandeur plus élevés que prévu ». En d’autres termes, certaines de ces galaxies ont une densité d’étoiles qui est plus de 1000 fois supérieure à la valeur attendue.
  • Elles sont chimiquement arrivées à maturité. Par exemple, on y trouve une « richesse surprenante11 » d’éléments tels que l’oxygène. Mais si le modèle du big bang était vrai, il faudrait qu’au moins deux générations d’étoiles se soient déjà formées pour que cela soit possible12.

Cependant, ces objets arrivés à maturité et déjà formés, observés par le JW, sont censés être très proches dans le temps du big bang. Et il y a peu de temps disponible pour que tout cela se produise.

Nous voyons alors que, de multiples façons…, les images du JW montrent des galaxies qui ne correspondent pas du tout à ce que les astronomes séculiers avaient prévu.

Et n’oubliez pas que le JW n’est opérationnel que depuis quelques mois. Nous ne voyons que les résultats des premières études. Nous ne voyons donc qu’un petit échantillon de ce qui sera découvert et publié dans les mois et les années à venir.

Cela signifie qu’il est tout à fait possible de trouver des galaxies arrivées à maturité à des distances encore plus grandes. En fait, il est raisonnable de s’y attendre.

Comme nous l’avons vu précédemment, si le modèle du big bang était vrai, alors il y a dû y avoir une époque de formation des galaxies il y a longtemps — une époque où les galaxies immatures et les galaxies particulières commençaient tout juste à se former, et où les galaxies parvenues à maturité n’existaient pas encore.

Toutefois, même si le JW a observé de plus en plus profondément dans le cosmos, aucun indice de cette époque n’a été trouvé.

Comme le note une étude :

« Nous n’avons pas atteint la limite de l’endroit où les premières elliptiques et sphéroïdes se sont formées. Nous devrons sonder des décalages vers le rouge encore plus élevés pour trouver quand il n’y a pas et s’il n’y a pas de sphéroïdes ou de galaxies à disque.13 »

Cependant, les scientifiques commencent à manquer de temps pour rechercher cette période présumée de formation des galaxies. À mesure que le JW s’enfonce dans l’espace, et donc (d’un point de vue séculier) de plus en plus loin dans le temps, il y a de moins en moins de « temps après le big bang » disponible pour la formation des premières galaxies.

Cette crise des « galaxies arrivées à maturité » s’est développée depuis le milieu des années 2000, mais aujourd’hui, le JW jette de l’huile sur le feu. Dans le mouvement créationniste, beaucoup d’entre nous s’attendaient à des découvertes comme celles-ci, mais le JW a produit des résultats encore meilleurs que ceux que nous aurions pu prévoir.

(C’est un grand moment pour être un créationniste!)

Alors… est-ce le dernier clou dans le cercueil pour le modèle du big bang? Cela signifie-t-il que les astronomes séculiers paniquent, comme certains articles l’ont prétendu?

Les nouvelles observations créent certainement une certaine confusion dans la communauté scientifique séculière. Et peut-être pourrions-nous dire que les théoriciens séculiers devraient paniquer.

Mais malgré les articles que l’on a pu voir sur les médias sociaux, ce n’est pas le cas.

Et ce n’est pas vraiment surprenant. Voici pourquoi.

9. Pas de panique (même pas à la discothèque)

Tout d’abord, il y a bien eu un article récent dont le titre commençait par « Panic! At the disks » [Panique! Sur les disques]. Toutefois, ce titre n’avait pas pour but de décrire les émotions des auteurs, mais il s’agissait plutôt d’une blague.

(Le titre était censé être un jeu de mots, et faisait référence à un groupe rock américain nommé « Panic! at the Disco » [Panique! À la discothèque]. Oui, même les articles scientifiques contiennent parfois de mauvais jeux de mots).

Il est également vrai que les astronomes sont surpris par ces nouvelles observations. Les médias ont publié des citations comme celles-ci :

« Les modèles ne prévoient tout simplement pas cela… Comment peut-on faire cela dans l’univers à une époque aussi précoce? Comment peut-on former autant d’étoiles si rapidement? » – Garth Illingworth, Université de Californie à Santa Cruz14.
« La réalité est en train de nous époustoufler » — Jeyhan Kartaltepe, Institut de technologie Rochester à New York15.
« Personne ne s’attendait à quelque chose comme ça » — Michael Boylan-Kolchin, Université du Texas à Austin16.
« C’est très loin de ce que les modèles prévoyaient » — Garth Illingworth, Université de Californie à Santa Cruz17.
« En ce moment, je me retrouve réveillée à trois heures du matin, à me demander si tout ce que j’ai fait est mal » – Allison Kirkpatrick, Université du Kansas à Lawrence18.

Toutefois, ces citations signifient seulement que ces astronomes ne comprennent pas comment leurs modèles de formation des galaxies pourraient tenir compte des nouvelles observations.

Les citations ne signifient pas qu’ils remettent en question le contexte général du modèle du big bang.

Certains scientifiques le soulignent même. Par exemple, Eric Lerner, dans son article The Big Bang Never Happened [Le big bang n’a jamais eu lieu], reproduit la citation de Mme Kirkpatrick (« je me retrouve réveillée à trois heures du matin… »), et laisse entendre qu’elle doute du modèle du big bang. Elle a répondu en changeant son nom d’utilisatrice Twitter en « Allison le big bang s’est produit Kirkpatrick19 ».

Il peut sembler étrange que les astronomes séculiers ne réagissent pas plus fortement que cela. Les observations du JW sont tellement incompatibles avec les attentes séculières qu’il semble logique de remettre en question le modèle plus large qui a produit ces attentes.

Cependant, cela reviendrait à ne tenir aucun compte du contexte général. À quelques exceptions près, la communauté astronomique séculière accepte le modèle du big bang comme un fait. Les scientifiques séculiers ne remettent pas en question ce modèle, parce qu’il ne leur vient même pas à l’esprit de le faire.

Les observations du JW obligeront-elles la communauté séculière à réévaluer ses modèles de formation des galaxies, de formation précoce des étoiles, etc. Oui, certainement. En fait, ce processus a déjà commencé.

Toutefois, l’idée générale du big bang est exemptée de ce processus.

10. Galaxies arrivées à maturité : même pas le pire des problèmes

L’histoire nous dit que les nouvelles observations du JW ne suffiront probablement pas à renverser la cosmologie du big bang.

Des découvertes antérieures avaient déjà falsifié le modèle, mais cela n’a rien changé. Les astronomes séculiers tiennent à garder ce modèle de toute façon. Il n’y a donc aucune raison que les découvertes du JW réussissent mieux.

Voyons quelques exemples.

Le modèle du big bang viole les lois de la physique. Il souffre d’un problème que j’appelle le dilemme séculier20. Soit quelque chose est né du néant (ce qui viole les lois de la physique d’une certaine manière), soit il y a toujours eu quelque chose (ce qui viole les lois de la physique d’une autre manière). Dans tous les cas, le big bang est incompatible avec les lois de la science. Le seul modèle cosmologique qui explique notre univers et qui est également compatible avec la physique est celui d’un Créateur surnaturel qui en est responsable.

Le big bang nécessite une inflation cosmique : c’est une histoire inventée de toutes pièces à propos d’un « inflaton ». Il s’agit d’une particule artificielle, totalement étrangère à la physique, qui a été inventée uniquement pour sauver le modèle de preuves qui lui seraient fatales autrement.

Elle nécessite également un multivers (un nombre infini d’univers). Cette idée n’est pas seulement non scientifique, elle est anti-scientifique21, mais la communauté séculière l’adopte quand même, parce que le modèle du big bang en a besoin (afin d’expliquer la quantité écrasante de réglages fins et l’apparente conception du cosmos).

Le modèle nécessite l’énergie sombre, une mystérieuse force anti-gravité (et encore une fois, complètement en dehors de la physique connue), qui a été inventée pour empêcher qu’une hypothèse séculière fondamentale22 soit réfutée par les données.

Et ainsi de suite.

Bien que les découvertes du JW soient radicalement incompatibles avec les prédictions séculières sur la formation des galaxies, ces prédictions seront simplement bientôt modifiées pour en tenir compte. Comparé à tous les autres problèmes fatals que présente le modèle du big bang — et à toutes les contorsions auxquelles la communauté séculière s’est livrée pour le protéger — créer de nouvelles prédictions sur la formation accélérée des galaxies sera un jeu d’enfant.

La survie du modèle du big bang — malgré une longue liste de découvertes qui auraient dû être fatales pour lui — nous montre qu’il ne s’agit pas d’un modèle scientifique après tout. Les modèles scientifiques sont rejetés lorsque les preuves s’accumulent à leur encontre, mais le big bang a été immunisé contre un tel rejet.

La raison est que ce n’est pas vraiment un modèle scientifique. C’est une idéologie. C’est une croyance incontestée et incontestable de la communauté séculière.

11. Conclusion

Le télescope spatial James Webb a été conçu pour nous montrer davantage de choses de l’univers. Même s’il n’en est qu’à ses premiers mois, il le fait déjà.

Par la même occasion, il révèle également autre chose.

Le nouveau télescope illustre également la vacuité de la cosmologie séculière moderne. Nous constatons l’échec d’un plus grand nombre de ses prédictions. Nous constatons davantage d’incohérences entre les données observées et les implications du modèle.

Et surtout, nous constatons la vacuité des prétentions du big bang à être un modèle scientifique légitime.

Notes

1. Eric Lerner, « The Big Bang didn’t happen » [Le big bang ne s’est pas produit], Iai News, 11 août 2022.

2. « Great Debate (astronomy) » [Le Grand Débat (astronomie)], Wikipedia.

3. Les trois premières vidéos sont : Our Created Solar System [Notre système solaire créé], Our Created Stars and Galaxies [Nos étoiles et nos galaxies créées], Our Created Universe [Notre univers créé].

4Our Created Stars and Galaxies [Nos étoiles et nos galaxies créées].

5. Université Johns Hopkins. « Glimpse at Early Universe Reveals Surprisingly Mature Galaxies » [Un aperçu de l’univers primitif révèle des galaxies étonnamment arrivées à maturité], Science Daily, 8 juillet 2004.

6. Institution Carnegie. « Astronomical Surprise : Massive Old Galaxies Starve to Death in the Infant Universe » [Surprise astronomique : les vieilles galaxies massives meurent de faim dans l’univers naissant], Science Daily, 21 mars 2005.

7. Université Cornell, « Panic! At the Disks: First Rest-frame Optical Observations of Galaxy Structure at z>3 with JWST in the SMACS 0723 Field » [Panique! Sur les disques : Premières observations optiques de la structure des galaxies à z>3 avec le JWST dans le champ SMACS 0723], arXiv, 19 juillet 2022.

8. Parce que les objets qui sont plus éloignés ont un décalage vers le rouge plus élevé. Le JW a été spécifiquement conçu pour pouvoir observer des objets à fort décalage vers le rouge.

9. Université Cornell, « A very early onset of massive galaxy formation » [Un début très précoce de la formation des galaxies massives], arXiv, 25 juillet 2022.

10. Université Cornell, « A very early onset of massive galaxy formation » [Un début très précoce de la formation des galaxies massives], arXiv, 25 juillet 2022.

11. Alexandra Witze, « Four revelations from the Webb telescope about distant galaxies » [Quatre révélations du télescope Webb sur les galaxies lointaines], Nature, 27 juillet 2022.

12. Selon le modèle du big bang, celui-ci était incapable de produire autre chose que de l’hydrogène, de l’hélium, du lithium et peut-être des traces de béryllium. Ainsi, pour que des éléments plus lourds tels que l’oxygène existent aujourd’hui, le modèle indique que des étoiles ont d’abord dû se former à partir de l’hydrogène et de l’hélium. Elles ont ensuite brûlé pendant un certain temps et créé des éléments plus lourds par fusion nucléaire, jusqu’à ce qu’elles atteignent la fin de leur vie et qu’elles explosent. Les nouveaux éléments plus lourds ont alors été répartis dans tout le cosmos. Ce n’est qu’après tout cela qu’une nouvelle génération d’étoiles a pu se former et intégrer les nouveaux éléments.

13. Université Cornell, « Panic! At the Disks: First Rest-frame Optical Observations of Galaxy Structure at z>3 with JWST in the SMACS 0723 Field » [Panique! Sur les disques : Premières observations optiques de la structure des galaxies à z>3 avec le JWST dans le champ SMACS 0723], arXiv, 19 juillet 2022.

14. Joel Achenbach, « Webb Telescope is already challenging Astronomers thought they knew » [Le télescope Webb remet déjà en question ce que les astronomes pensaient savoir], Washington Post, 26 août 2022.

15. Alexandra Witze, « Four revelations from the Webb telescope about distant galaxies » [Quatre révélations du télescope Webb sur les galaxies lointaines], Nature, 27 juillet 2022.

16. Daniel Clery, « Webb telescope reveals unpredicted bounty of bright galaxies in early universe » [Le télescope Webb révèle une abondance imprévue de galaxies brillantes dans l’univers primitif.], Science, 9 août 2022.

17. Daniel Clery, « Webb telescope reveals unpredicted bounty of bright galaxies in early universe » [Le télescope Webb révèle une abondance imprévue de galaxies brillantes dans l’univers primitif.], Science, 9 août 2022.

18. Alexandra Witze, « Four revelations from the Webb telescope about distant galaxies » [Quatre révélations du télescope Webb sur les galaxies lointaines], Nature, 27 juillet 2022.

20. Spike Psarris, « The Secular Dilemma » [Le dilemme séculier], Creation Astronomy, 10 juillet 2018.

21. J’en ai parlé plus en détail dans la vidéo Our Created Universe [Notre univers créé].

22. Le soi-disant principe cosmologique.