Cet article a pour sujet l'alliance que Dieu a faite avec David pour établir la royauté en Israël après le rejet du roi Saül. La promesse faite à David annonçait la venue du Christ et du royaume.

Source: L’alliance d’amour. 6 pages.

12. L’alliance et la royauté

  1. L’Éternel rejeté par la demande d’un roi?
  2. Saül rejeté; David choisi
  3. Le roi théocrate mis à l’épreuve
  4. La promesse faite à David
  5. David et le Christ
  6. L’alliance et le royaume

Dans cette section nous nous penchons sur l’alliance que Dieu fait avec David, dont il est dit : « Je lui conserverai toujours ma bonté, et mon alliance lui sera fidèle » (Ps 89.29). Cette alliance n’est pas non plus différente de celle faite avec Abraham, Isaac et Jacob. Elle nous rapproche toutefois de la venue du Christ, qui recevra le trône de son père David et régnera sur la maison de Jacob pour toujours (Lc 1.32-33).

Vers la fin du ministère de Samuel, le peuple d’Israël l’approche et lui demande un roi pour régner sur lui. Une monarchie centralisée doit mettre un terme à la division et au chaos qui eurent cours du temps des juges. Une autre raison pour laquelle le peuple demande un roi est que les fils de Samuel, Joël et Abija, qu’il avait établis à sa place, sont corrompus (1 S 8.1-3). Pourtant, la requête d’un roi ne plut pas à Samuel et il pria l’Éternel à ce sujet.

La question de savoir si Israël était en droit de demander un roi a déjà été soulevée. L’Éternel n’était-il pas le seul roi d’Israël? Cette requête constituait-elle en elle-même une rupture de l’alliance? Nous lisons dans la Bible que l’Éternel est roi sur toute la terre, et qu’il demeure et règne particulièrement à Sion, en Israël (Ps 93). Nous pouvons comprendre le souci de Samuel à cet égard. L’attention ne se portera-t-elle pas trop sur le roi terrestre et non sur le roi qui est aux cieux?

Pourtant, les choses changeaient. Après la mort de Josué, l’époque des juges fut marquée par la désobéissance et le chaos constants. Le dernier verset du livre des juges déclare : « En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon » (Jg 21.25). Cela ne signifie pas que le peuple d’Israël avait en réalité la promesse d’un roi, mais nous sentons qu’une ère nouvelle était en vue : le temps des rois.

Il est important de noter que déjà dans la loi donnée par l’intermédiaire de Moïse (Dt 17), nous trouvons des stipulations concernant la royauté. Les règles et les prescriptions y sont établies, qui entreront en effet lorsqu’Israël aura un roi. L’idée de ces lois est que le roi soit théocrate, ce qui signifie qu’il doit régner au nom de Dieu et selon la loi divine. Il doit être différent des rois des nations voisines d’Israël. Il ne peut avoir une grande armée, un gros harem ou de grandes richesses, mais il doit faire confiance à l’Éternel, obéir à ses commandements (notamment concernant la sainteté du mariage), et ne pas être cupide.

En d’autres termes, tout roi qui régnerait sur Israël devait garder l’alliance de l’Éternel, ou bien il serait rejeté. En Israël, la royauté ne fonctionne qu’à la faveur de l’alliance d’amour de Dieu.

1. L’Éternel rejeté par la demande d’un roi?🔗

Lorsqu’Israël se rassemble devant Samuel afin de demander un roi « comme il y en a chez toutes les nations », Samuel remet la demande devant l’Éternel. Dieu lui dit : « ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux » (1 S 8.7). Dieu demande ensuite à Samuel de donner des avertissements au peuple en faisant état des contraintes qu’un roi lui imposera, des excès qui auront lieu et des impôts qui seront exigés de lui, mais le peuple refuse d’écouter. Ils répondent : « Non!… mais il y aura un roi sur nous, et nous aussi nous serons comme toutes les nations » (v. 19 et 20). L’Éternel dit à Samuel d’accéder à leur demande; ils auront leur roi.

Lors des adieux de Samuel, après que Saül est confirmé comme roi d’Israël, le peuple confesse son péché d’avoir demandé un roi. Samuel encourage néanmoins le peuple à persévérer dans les voies de l’Éternel. Ce dernier le défendra aussi à l’avenir, « car l’Éternel a résolu de faire de vous son peuple » (1 S 12.22). L’époque de la monarchie théocratique avait débuté. Il s’agit d’une époque qui doit trouver son accomplissement ultime dans le grand prêtre-roi éternel, notre Seigneur Jésus-Christ.

2. Saül rejeté; David choisi🔗

Au tout début, le roi Saül démontra du zèle à l’égard de la cause de l’Éternel. Il avait le désir de gouverner de manière théocratique, selon les commandements de l’Éternel. Saül n’était pas une personne irréligieuse. Toutefois, il devint rapidement évident qu’il avait des tendances autocratiques. Il n’allait pas attendre l’Éternel bien longtemps. Il prit des décisions stupides mettant en péril la sécurité de son peuple. De plus en plus, Saül calqua sa royauté sur le modèle des rois païens qui étaient autour de lui.

Saül fut mis en garde contre sa façon de faire, inacceptable aux yeux de l’Éternel (1 S 13). Mais son attitude ne changea pas vraiment. Cela conduisit à son rejet définitif lorsqu’il épargna la vie du roi amalécite, Agag, qu’il était censé tuer. Malgré les excuses et l’aveu de culpabilité de Saül, la décision de l’Éternel demeura : il arracha le royaume à Saül pour le donner à un meilleur que lui (1 S 15.28). Le roi d’Israël gouverne selon les voies de Dieu, ou il ne gouverne pas du tout.

L’Éternel envoya Samuel à Bethléem, où il oignit David, le fils d’Isaï, roi d’Israël à la place de Saül. Dans 1 Samuel 16, nous lisons de quelle manière Dieu choisit ce qui semblerait être un candidat improbable. David était le plus jeune fils, un jeune garçon, pas quelqu’un que Samuel aurait choisi, mais Dieu choisit qui il veut : il regarde au cœur (1 S 16.7). C’est comme cela que son alliance fonctionne.

3. Le roi théocrate mis à l’épreuve🔗

Il existe un parallèle entre David et Abraham en ce qui a trait au temps qu’il fallut avant que la promesse de Dieu ne s’accomplisse. Combien de temps Abraham ne dut-il pas attendre avant la naissance d’Isaac? Et combien de temps ne fallut-il pas avant que David ne soit le roi d’Israël incontesté?

David doit en premier lieu servir l’homme qu’il est appelé à remplacer un jour. Il le fait avec humilité et un cœur sincère, honorant à tous égards le roi en tant que l’oint de l’Éternel. Même lorsque l’humeur de Saül devient de plus en plus perturbée et qu’il rejette de plus en plus l’Éternel, David demeure patient. Le moment le plus difficile se situe peut-être lorsque Saül voit en David son successeur et commence à douter de lui et à le haïr, en raison des bénédictions de Dieu envers lui.

Finalement, David dut fuir pour sauver sa vie. Pendant plusieurs années, Saül le persécute. David doit même chercher refuge au pays des Philistins, les ennemis jurés d’Israël. Dieu met l’enfant de son alliance à rude épreuve. À plusieurs reprises, David a l’occasion d’assassiner Saül, mais il refuse de toucher à l’oint de l’Éternel. Il apprend à résister aux tentations du diable. Il attendra avec patience le temps de l’Éternel, sachant que Dieu demeurera fidèle à sa parole. À travers toutes ces épreuves, l’Éternel forme David pour son office de roi théocrate de l’alliance.

Après la mort de Saül, David n’est pas immédiatement accepté comme roi de tout Israël. Une guerre civile éclate. De nombreux psaumes écrits par David nous donnent une idée des épreuves et de la souffrance qu’il dut endurer, mais ils témoignent aussi de sa foi et de sa confiance en l’Éternel. David apprit qu’il était roi par la seule grâce de Dieu.

4. La promesse faite à David🔗

Ce fut le désir de David de construire une maison pour l’Éternel, un temple où l’Éternel séjournerait au milieu de son peuple. L’objectif n’était pas d’accorder l’honneur à David, mais de rendre gloire à Dieu. Lorsque David informa Nathan pour la première fois de son plan, le prophète donna son assentiment : « Va, fais tout ce que tu as dans le cœur, car l’Éternel est avec toi » (2 S 7.3). Cependant, l’Éternel, par l’intermédiaire de Nathan, envoya plus tard un message tout à fait différent à David.

L’Éternel promit à David qu’il lui construirait une maison (une dynastie)! Le trône de David serait établi pour toujours. Oh! bien sûr, lorsque les fils de David commirent des péchés, ils allaient bien être punis. Toutefois, la royauté ne serait pas retirée à la lignée de David, comme elle le fut à Saül. L’alliance de Dieu avec Israël fut établie dans le cadre de la royauté de David. L’Éternel promit à David : « Ta maison et ton règne seront pour toujours assurés, ton trône sera pour toujours affermi » (2 S 7.16).

Cela signifiait que le grand Médiateur de l’alliance, la postérité de la femme, qui écrasera la tête du serpent, viendrait directement de la lignée de David. En lui, Dieu établirait son royaume sur la terre entière, et en lui, aussi, son alliance d’amour serait assurée éternellement.

La réponse de David à cette promesse mérite d’être notée pour sa simple piété. Non seulement il ne regarde pas uniquement à lui-même et à sa maison, mais comme un vrai roi théocrate, il voit comment son peuple aussi est béni par la promesse de Dieu :

« Que tu es donc grand, Éternel Dieu! car nul n’est semblable à toi, et il n’y a point d’autre Dieu que toi, d’après tout ce que nous avons entendu de nos oreilles. Est-il sur la terre une seule nation qui soit comme ton peuple, comme Israël, que Dieu est venu racheter pour en former son peuple, pour se faire un nom et pour accomplir en sa faveur, en faveur de son pays, des miracles et des prodiges, en chassant devant ton peuple, que tu as racheté d’Égypte, des nations et leurs dieux? Tu as affermi ton peuple d’Israël, pour qu’il soit ton peuple à toujours; et toi, Éternel, tu es devenu son Dieu » (2 S 7.22-24).

David résume ici en quelques mots toute l’histoire de l’alliance, de la période de l’Exode à la période de la royauté théocratique. La lignée va d’Israël à David. Nous avons vu plus haut de quelle manière cette lignée alla d’Adam à Abraham (Isaac et Jacob), en passant par Noé. Le grand Messie sera à la fois fils d’Abraham et fils de David (Mt 1.2, 6). Nous ne devons pas être surpris lorsque l’ange Gabriel annonce la naissance du Christ à Marie de cette façon : « le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il régnera sur la maison de Jacob éternellement » (Lc 1.32-33).

L’alliance d’amour de Dieu, telle qu’elle fut confirmée avec David, nous mène directement au grand Fils de David, le Seigneur Jésus-Christ, notre Roi éternel.

5. David et le Christ🔗

David joue un rôle de premier plan dans l’histoire de l’alliance d’amour de Dieu. Il se place aux côtés d’autres serviteurs fidèles comme Abraham et Moïse. David nous est présenté dans la Bible comme un homme selon le cœur de Dieu. Dans la foi, David attend que sa royauté prenne effet, et dans l’obéissance, il est un réel roi théocrate, un roi servant sous Dieu et conformément à sa volonté. Il est à noter que les rois d’Israël qui suivirent sont comparés à David, et seuls quelques-uns d’entre eux sont réputés avoir marché dans les voies de leur père David (par exemple Ézéchias et Josias).

Toutefois, la Parole de Dieu montre aussi que la vie de David fut entachée par le péché. Les actions de David à l’égard de Bath-Schéba et d’Urie se classent parmi les plus grands scandales rapportés dans l’Écriture. Non seulement David commit les péchés d’adultère et de meurtre, mais il impliqua aussi d’autres personnes pour dissimuler ces péchés. Les effets de ses péchés furent graves. Comme le dit le prophète Nathan : « l’épée ne s’éloignera jamais de ta maison » (2 S 12.10).

Nous pourrions nous demander si les péchés de David ne furent pas plus horribles que ceux de Saül, son prédécesseur. Pourquoi Saül fut-il rejeté et David pardonné? La réponse est que David se repentit réellement de ses péchés. David vit la profondeur de son mal : « J’ai péché contre toi seul » (Ps 51.6). David désirait aussi poursuivre sa tâche conformément à la volonté de Dieu : « Rends-moi la joie de ton salut, et qu’un esprit de bonne volonté me soutienne! » Le péché de David eut pour cause la faiblesse. Cela demeure une grave erreur, mais il ne s’agissait pas d’un style de vie et d’un rejet de son appel théocratique. David s’humilia devant Dieu et son peuple. Il existe une différence énorme entre s’humilier et s’endurcir. Le premier mène à la restauration, le second, à l’excommunication.

Nous voyons dans la vie de David la « tristesse selon Dieu » au sujet de laquelle l’apôtre Paul écrit dans 2 Corinthiens 7.10 : « la tristesse selon Dieu produit une repentance à salut dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mort ». La tristesse du monde ne s’intéresse qu’aux effets du péché; la tristesse selon Dieu pleure sur la nature du péché. À cet égard aussi, la demande de Dieu dans l’Ancien et le Nouveau Testament demeure la même : il pardonne et restaure uniquement ceux qui démontrent une tristesse selon Dieu.

En lisant les nombreux psaumes écrits par David sous la direction du Saint-Esprit, nous voyons à quel point il vécut proche de Dieu. En toutes circonstances, dans les bons ou mauvais moments, David se tourna vers Dieu et marcha avec lui. Il répandit son cœur devant ce grand Dieu qui habitait au plus haut des cieux et qui cependant était toujours proche. C’est dans les psaumes de David que nous découvrons de quelle façon fonctionne réellement la relation avec Dieu dans le cadre de l’alliance d’amour : « L’Éternel confie ses secrets à ceux qui le craignent, il leur fait connaître son alliance » (Ps 25.14; S21).

Dans certains psaumes, David annonce aussi le Messie et exprime son impatience de voir arriver le temps de la délivrance du péché, de la tristesse et de la mort. Il savait que son trône serait établi pour toujours dans le grand prêtre-roi qui servirait Dieu parfaitement et obtiendrait la victoire éternelle (Ps 110). David attendait avec impatience le jour du Christ. Cette attente se trouve au cœur de l’expérience alliancielle.

6. L’alliance et le royaume🔗

Certaines personnes prétendent que dans le Nouveau Testament l’alliance ne reçoit que peu ou pas d’attention et que l’intérêt se porte plutôt sur le royaume des cieux. Les paraboles du Christ, par exemple, traitent principalement du royaume et ne font pas référence à l’alliance.

Il est malheureux qu’en présentant les choses de cette façon les concepts de l’alliance et du royaume soient mis en opposition, car le royaume de Dieu a toujours existé. Il est roi de toute la terre : « À l’Éternel la terre et ce qu’elle renferme, le monde et ceux qui l’habitent! » (Ps 24.1). Le centre terrestre du royaume de Dieu se situait à Sion : « Portes, élevez vos linteaux; élevez-vous, portes éternelles! Que le roi de gloire fasse son entrée! » (Ps 24.7-10).

Il plut à Dieu qui est roi sur tout d’établir son alliance d’amour avec Israël, et de faire sortir de ce peuple le Sauveur du monde. La lignée de l’alliance est aussi la lignée du royaume. La déclaration du Seigneur Jésus, louant la foi du centurion romain, est étonnante :

« Je vous le dis en vérité, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. Or, je vous déclare que plusieurs viendront de l’orient et de l’occident, et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux. Mais les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents » (Mt 8.10-12).

L’entrée dans le royaume des cieux signifie l’admission au sein de l’alliance de Dieu et être assis aux côtés des patriarches.

L’alliance et le royaume ne sont pas deux entités séparées. Le peuple de l’alliance de Dieu est celui qui prendra place aux noces du Christ au royaume des cieux. Ceux qui sont entrés dans le royaume sont héritiers des promesses de l’alliance. « Ton royaume est un royaume sans fin et ton pouvoir royal durera de génération en génération. Dieu est fidèle dans toutes ses promesses, il montre son amour dans tout ce qu’il fait » (Ps 145.13, BPV)1.

L’alliance et le royaume trouvent leur unité en Christ. Il est important que nous saisissions cette unité, car le Seigneur Jésus, qui est notre seul Sauveur, le Médiateur promis de l’alliance, est en même temps notre Roi et Seigneur éternel.

Note

1. N. D. T. : La deuxième phrase est absente de la plupart des versions.