Cet article sur Genèse 1 et Genèse 2 a pour sujet l'alliance d'amour établie par Dieu avec Adam et l'humanité en lui. Créés à l'image de Dieu, Adam et Ève ont reçu un office et des dons pour vivre dans l'obéissance et l'abondance, avec une interdiction et une sanction en cas de désobéissance

Source: L’alliance d’amour. 8 pages.

4. Quand Dieu a-t-il établi son alliance pour la première fois?

  1. Comme Adam, ils ont transgressé l’alliance
  2. Une création spéciale : à l’image de Dieu
  3. Un office spécial
  4. Des dons spéciaux
  5. Un lieu spécial
  6. Une obligation spéciale
  7. Abondance et obéissance
  8. La souveraineté de Dieu
  9. L’arbre de la connaissance du bien et du mal
  10. Une sanction spéciale
  11. La vérité biblique centrale

Nous amorçons notre étude de l’histoire de l’alliance dans le paradis, où Dieu plaça l’homme et la femme après les avoir créés. C’est avec Adam et Ève que Dieu établit pour la première fois son alliance. Nous pouvons appeler cette alliance avec eux l’alliance avec l’humanité, puisqu’Adam et Ève sont nos premiers parents à tous. Ce qui leur a été dit et ce qu’ils ont fait a une répercussion sur leur descendance. Au commencement, par Adam et Ève, Dieu forgea son alliance avec tous les êtres humains.

C’est en raison de son amour pour ses enfants que Dieu, immédiatement après les avoir créés, entre dans une alliance avec eux et les lie à lui par des promesses particulières, tout en établissant des demandes claires. À moins de voir déjà ici une relation d’alliance entre Dieu et l’humanité, nous ne pouvons comprendre pourquoi Dieu prend des mesures pour accomplir ses promesses en le grand Médiateur Jésus-Christ.

1. Comme Adam, ils ont transgressé l’alliance🔗

Il est vrai que dans les premiers chapitres de la Genèse le mot alliance n’apparaît pas. La première fois qu’il est utilisé, c’est en lien avec Noé, dans les jours qui suivirent le déluge (Gn 9.8). Pourtant, comme de nombreux commentateurs l’ont souligné, il n’est pas nécessaire de trouver un mot particulier pour démontrer qu’un certain sujet existe. Une bonne exégèse ne repose pas nécessairement sur des mots particuliers. Il a existé depuis le commencement une relation spéciale entre Dieu et l’humanité comme il n’en a existé aucune entre Dieu et ses autres créatures, et il y a toutes les raisons d’appeler cette relation une relation d’alliance.

Je devrais mentionner, au passage, qu’il existe un texte biblique particulier suggérant que Dieu établit une alliance avec Adam. Dans Osée 6.7, nous lisons : « Mais vous, tout comme Adam, vous avez transgressé l’alliance, là, vous m’avez trahi » (BDS). La question est de savoir comment l’expression « tout comme Adam » doit être traduite et comprise.

La note de bas de page dans la New International Version nous dit que « l’allusion est incertaine, puisque l’Écriture ne mentionne aucune alliance avec Adam »1. Le fait que le mot « là » soit utilisé peut nous pousser à croire que, selon la même note, le mot traduit par « Adam » fait référence à un nom de lieu. Toutefois, il n’est pas clair de quel lieu il s’agit. Le théologien Herman Bavinck discute de diverses options et conclut : « Il ne reste donc plus, à moins que le mot ne soit altéré ou désigne le nom d’un lieu, que la traduction Adam. » Bavinck accepte le texte tel quel et y voit en effet une référence à Adam.

Il est intéressant de noter ici comment la version Colombe rend le passage : « À la façon des hommes, ils ont enfreint l’alliance… » Cette traduction reconnaît bien qu’« Adam » n’est pas un lieu, mais transforme ensuite en pluriel (des hommes) un singulier (Adam)2. Le problème du texte ne trouve pas de solution de cette façon.

Selon Bavinck, dont l’exégèse fut toujours méticuleuse, « [la traduction “comme Adam”] implique que le commandement donné à Adam était par essence une question d’alliance…3 »

Il me semble que Bavinck avait raison, et que le texte fait en effet référence à l’Adam historique. Ceci correspond bien aussi au contexte d’Osée. Ce qu’Éphraïm et Juda faisaient du temps d’Osée n’était rien de moins que de transgresser l’alliance, quelque chose qui avait été fait bien avant par leur père Adam. Tout comme du temps d’Adam cela avait mené à l’exil d’Éden, cela mènera aussi au temps d’Osée à l’exil de Canaan.

L’idée selon laquelle déjà dans le paradis Dieu avait scellé une alliance avec l’humanité est biblique, tout comme la notion selon laquelle tous les péchés ultérieurs sont le résultat de la rupture de l’alliance. Il est important de noter, cependant, que nous ne dépendons pas de ce seul texte dans Osée 6 pour conclure que Dieu scella une alliance avec Adam. Il y a beaucoup d’autres raisons pour lesquelles nous devons arriver à cette conclusion. L’une d’entre elles est que, déjà dans Genèse 2, où la création et la position de l’homme sont relatées de façon plus détaillée que dans Genèse 1, Dieu est nommé l’« Éternel Dieu » (Yahvé Élohim). C’est le Dieu Tout-Puissant, Élohim, qui est aussi le Dieu de l’alliance, Yahvé, qui scelle une alliance avec son peuple.

Mais examinons certains autres éléments. Dans la section suivante, je montrerai que l’existence de l’alliance dans le paradis peut aussi être déduite du statut, des dons et des obligations spéciaux de l’homme.

2. Une création spéciale : à l’image de Dieu🔗

L’homme fut créé d’une façon différente de toute autre créature. Dieu lui-même établit ce fait lorsqu’il dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance » (Gn 1.26). Cette sorte de création particulière place l’humanité dans une position unique.

Que signifie être fait à l’image de Dieu et selon sa ressemblance? Cela signifie que nous sommes à maints égards comme Dieu lui-même. Nous ne sommes égaux à Dieu en aucune manière, pourtant nous sommes supérieurs à toutes les autres créatures. Parce que nous avons été créés de cette façon, nous pouvons nous associer à Dieu d’une manière impossible à toute autre créature sur terre. Nous pouvons avoir une relation avec lui.

Dieu ne scelle d’alliance qu’avec ceux qui lui ressemblent, qui sont en mesure de le connaître et de lui répondre. Il est clair que la création de l’homme constitue le couronnement et la touche finale de toute l’œuvre créatrice de Dieu. Lorsque Dieu créa l’homme, il créa son enfant, son serviteur, son ami, à qui il allait accorder sa faveur particulière.

3. Un office spécial🔗

La façon dont l’humanité fut créée avait un but. L’homme a été placé dans un office spécial, ce qui signifie qu’il a reçu une fonction ou une responsabilité officielle. La fonction était la domination de l’homme sur [toutes les créatures] de la terre. Le but immédiat d’être créé à l’image de Dieu était que l’homme règne (Gn 1.26).

Nous devons conclure qu’être créé à l’image de Dieu signifie que l’homme a reçu l’office de gouvernement et de domination sur toutes les créatures. L’homme doit agir comme représentant de Dieu sur terre, il agit comme son gouverneur. Il doit manifester dans son office la gloire de Dieu et mener toutes choses à glorifier Dieu. Être « à l’image de » signifie refléter quelque chose de Dieu lui-même, être capable de gouverner, avoir une communion avec Dieu, son Roi. L’homme a reçu la capacité de communiquer avec Dieu au ciel et avec les créatures sur la terre. Il n’a pas été fait pour n’être qu’une partie de la création, mais pour dominer dans la création et sur la création. Et cet office, qui est un mandat ou une tâche spécifique, nécessite une alliance. Il réclame que l’Éternel entre dans une relation spéciale avec Adam et, en lui, avec toute l’humanité.

4. Des dons spéciaux🔗

La création de l’homme à l’image de Dieu signifie aussi que l’homme a reçu des dons spéciaux afin d’accomplir son office.

Il a reçu les dons de sagesse et de raison. L’homme est supérieur aux animaux en intelligence. Il est capable de communiquer par le don de la parole, le don de se faire comprendre et de comprendre les autres. L’homme a reçu une connaissance de la merveilleuse création de Dieu. Par conséquent, Adam fut appelé à donner un nom à tous les animaux selon leur espèce (Gn 2.19-20). Il a aussi reçu le don de prévoyance et par là même la capacité à anticiper et planifier, non par réaction instinctive, mais par réflexion rigoureuse.

De plus, l’homme fut d’une façon spéciale dirigé vers Dieu son Créateur et Père. La relation entre Dieu et l’humanité était ouverte; la communion était intime et spontanée.

La Bible nous dit que l’homme fut créé dans une justice et une sainteté que produit la vérité (Ép 4.24). Si la justice est la capacité de faire ce qui est bien (c’est-à-dire faire selon la volonté et la loi de Dieu), la sainteté peut être comprise comme la volonté de faire ce qui est bien. L’homme était capable et prêt à vivre en accord avec la loi de Dieu. Il était dévoué à Dieu.

Le Catéchisme de Heidelberg résume cela au troisième dimanche, réponse 6 :

« Dieu a créé l’homme bon et à son image, c’est-à-dire vraiment juste et saint, afin qu’il ait de Dieu son Créateur une droite connaissance, qu’il l’aime de tout son cœur et qu’il vive avec lui dans un éternel bonheur pour le louer et le bénir. »

Notez la séquence des verbes, avoir une droite connaissance de Dieu, aimer Dieu et vivre avec Dieu. Ce n’est que lorsque nous connaissons bien quelqu’un et l’aimons de tout notre cœur que nous pouvons vivre avec cette personne dans le bonheur. La relation entre Dieu et ses enfants est ici décrite. Il s’agit d’une relation d’amour et de communion ordonnée et donnée par Dieu dans le paradis.

5. Un lieu spécial🔗

La relation qui existe entre Dieu et l’homme au commencement est aussi évidente dans le lieu que Dieu prépare pour Adam et Ève. Il est remarquable de voir comment, dès le commencement des temps, la notion d’alliance comprend toujours un lieu (ou un territoire), où le peuple de Dieu séjournera en toute sécurité et où Dieu et l’homme se rencontreront en paix.

Dans Genèse 2.2-13, ce lieu spécial est décrit comme un grand jardin avec toutes sortes d’arbres (une grande variété de fruits), de l’eau en abondance et maintes ressources naturelles. C’est vraiment un lieu où l’homme peut vivre, fonctionner et s’épanouir, et d’où il peut étendre ses activités à toute la terre. C’est aussi un lieu où Dieu lui-même peut rendre visite à Adam et Ève dans leur propre lieu de vie.

Nous notons ici les informations données sur deux arbres spéciaux qui se trouvent dans le jardin. Le verset 9 nous dit qu’au milieu du jardin se trouvaient l’arbre de la vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. J’en conclus que ces deux arbres se trouvaient côte à côte, ou l’un près de l’autre, pour souligner le fait que la vie n’est possible que dans l’obéissance. Ces deux arbres, au milieu du jardin, étaient peut-être tous les deux d’une taille, d’une circonférence et d’une beauté extraordinaires, et par conséquent bien visibles de tous les coins du jardin. En un sens, ils définissaient aussi le jardin comme lieu de décision. Adam et Ève devaient ressentir la présence forte des deux arbres, et ils devaient savoir : l’alliance de Dieu doit être vécue dans l’obéissance.

Il est important de noter que Dieu lui-même place l’homme dans le jardin. Ce n’est pas à Adam de décider où il habitera et où il travaillera; le jardin est le don personnel et précieux de Dieu à ses enfants. Dès le tout début, en tant que Père aimant, il prend soin d’eux à tous égards.

Maintenant, sachant qu’il existe un office spécial, des dons spéciaux et un lieu spécial, que pouvons-nous conclure d’autre qu’il existe aussi une relation spéciale, une relation qui ne peut être adéquatement saisie que dans le concept d’alliance. D’après ce qui suit, cela devient plus clair.

6. Une obligation spéciale🔗

Genèse 2.15-17 constitue un passage important :

« L’Éternel Dieu prit l’homme, et le plaça dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder. L’Éternel Dieu donna cet ordre à l’homme : Tu pourras manger de tous les arbres du jardin; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement. »

Il y a ici un certain nombre d’éléments clés qu’il convient de noter.

Dieu place l’homme dans le jardin avec une tâche spécifique, qui semble être double : cultiver le jardin et le garder. Nous pourrions aussi le traduire par : pour le travailler et en prendre soin. Le premier verbe signifie, « travailler la terre pour la faire produire ». Adam et Ève n’étaient pas destinés à rester assis à ne rien faire, mais ils étaient appelés à travailler dans le jardin, à s’en occuper et à le développer pour la gloire du nom de Dieu. Ils devaient découvrir et utiliser les ressources que Dieu avait placées dans la création et, en partant de ce jardin, amener toute la création à s’épanouir. Il y a ici un mandat culturel.

Deuxièmement, l’homme doit aussi prendre soin du jardin. Le texte original utilise un verbe communément traduit par « garder ». Lorsque l’appel spécial est lancé de garder quelque chose, c’est qu’il doit y avoir un ennemi, une quelconque force maléfique contre laquelle la vigilance est nécessaire. Il est inconcevable que l’Éternel Dieu ait négligé de dire à Adam contre quoi et contre qui il fallait être sur ses gardes. Personne ne poste une sentinelle sans expliquer la possibilité d’une attaque ennemie et la manière dont elle peut se produire.

J’ai, au fil des années, suggéré plus d’une fois aux élèves de ma classe de catéchisme que Dieu avait précisément averti Adam et Ève. Ils n’ont pas « chuté » dans le sens où on les aurait fait trébucher sans qu’ils ne s’y attendent. Ils n’ont pas été attirés dans un piège, mais ont été expressément prévenus.

Dans son commentaire sur le livre de la Genèse, G. Ch. Aalders écrit :

« … le verbe “garder” montre qu’il y avait une puissance maléfique face à laquelle l’homme devait être sur ses gardes. C’était une puissance qui était en mesure de causer des dommages. Nous ne savons pas ici ce qu’était cette puissance, mais nous voyons son œuvre dans Genèse 3. »

En effet, nous ne savons pas exactement dans quelle mesure l’Éternel mit Adam au courant de la précédente rébellion dans les cieux et de la révolte des anges infidèles, mais encore une fois, il semble peu probable de demander à quelqu’un de garder quelque chose sans aucune précision. Ceci rend le péché d’Adam et Ève encore plus grand, lorsqu’ils se rendent à la suggestion du malin.

7. Abondance et obéissance🔗

Lorsque l’Éternel Dieu plaça l’homme dans le jardin, comme nous le lisons dans Genèse 2.16-17, il fit une promesse merveilleuse et conféra une énorme obligation. Cela nous montre de nouveau que nous nous situons dans l’esprit d’une alliance. L’Éternel Dieu met l’homme dans le jardin et présente immédiatement les modalités de son alliance. Dans le paradis, cette alliance est inégale, unilatérale en ce qui a trait à son origine.

Ce qu’il convient de noter attentivement, c’est qu’en premier lieu sont proclamées la bonté et la générosité de Dieu. « Tu pourras manger de tous les arbres du jardin… » (Gn 2.16). Dieu procure l’abondance à ses enfants. Cela est le point de départ de toutes les déclarations d’amour dans l’alliance : « Ouvre ta bouche, et je la remplirai » (Ps 81.11). Il en va de même dans le Nouveau Testament dans l’enseignement de notre Seigneur Jésus-Christ, lorsqu’il parle de nos besoins terrestres : « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses [c.-à-d. les besoins terrestres] vous seront données par-dessus » (Mt 6.33).

Notre Dieu est un Dieu généreux, qui donne à son peuple en abondance. L’histoire d’Israël, peuple de Dieu, reflète cette vérité d’une manière spéciale. Dieu ne commence pas en restreignant Adam et Ève, mais fixe d’abord leur attention sur l’abondance des bénédictions divines qui sont les leurs dans l’alliance. Nous aussi confessons aujourd’hui que Dieu est une source très abondante de tout bien (Article 1, Confession des Pays-Bas).

Cependant, la liberté que nous avons dans l’alliance (« Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ») n’est jamais une licence pour faire tout et n’importe quoi. Il y a dans cette alliance, dans cette relation bénie avec Dieu, un ordre clair qui ne varie jamais, à savoir que Dieu seul doit être pleinement reconnu et servi comme Dieu souverain et Seigneur. Dieu veut notre obéissance totale. La liberté de l’homme est toujours limitée. Il vaut peut-être mieux dire que la liberté de l’homme est protégée par la souveraineté de Dieu, qui gouverne toutes choses au profit de ses enfants sur terre. En dehors de Dieu, il n’y a ni liberté ni harmonie, mais esclavage et chaos.

8. La souveraineté de Dieu🔗

Le mot souverain signifie avoir un contrôle suprême, illimité sur toutes choses, et n’être redevable qu’à soi-même. La souveraineté de Dieu est exprimée dans le commandement suivant, dans Genèse 2.17 : « … mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal… » Adam et Ève peuvent jouir de l’abondance. Ils ont un accès illimité à tous les arbres du jardin, sauf un, puisque l’« arbre de vie » ne leur est pas interdit à ce moment-là. Dans l’abondance de la bonté et des bénédictions de Dieu ils peuvent jouir d’une vie continue et ininterrompue avec lui et l’un avec l’autre. Ils peuvent vivre en tant que créatures libres, mais toujours sous Dieu! Dieu leur a donné une haute position sur la terre, mais il n’a pas renoncé à sa souveraineté. Il demande l’obéissance, car abondance et obéissance vont de pair.

9. L’arbre de la connaissance du bien et du mal🔗

Dans le Psaume 8, nous lisons que l’homme fut fait de peu inférieur aux anges et qu’il fut couronné de gloire et de magnificence. Ce passage peut être traduit par « de peu inférieur à Dieu ». Il n’y a pas de créatures plus élevées que l’homme. Toutefois, Dieu le Créateur demeure souverain. Ici se situent notre unique limitation et notre plus grande protection. Le chant des enfants de l’alliance de Dieu sera toujours une exultation en Dieu, notre Père : « Éternel, notre Seigneur! Que ton nom est magnifique sur toute la terre! » (Ps 8.2,10).

L’arbre interdit s’appelle l’« arbre de la connaissance du bien et du mal », car seul l’Éternel détermine et révèle ce qui est bien et ce qui est mal. Quelque chose est bien ou mal parce que Dieu le dit. Il demeure le législateur suprême et souverain et nous demeurons en tout temps ses humbles et obéissants serviteurs. Nous faisons ce qu’il dit; nous lui demandons ce qu’il veut.

Par le biais de cet arbre, Adam et Ève peuvent voir que dans l’alliance il n’y a qu’un seul Dieu, l’Éternel, qui demande une obéissance inconditionnelle et parfaite. Cela constitue la plus grande et plus profonde exigence de Dieu, intégrée au premier commandement : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » (Ex 20.3). Déjà dans le paradis, Dieu vient vers nous et s’engage dans une relation avec nous, dans laquelle il nous accorde d’abondantes bénédictions et une grande liberté, mais dans laquelle il maintient aussi sa souveraineté. Lui seul est Dieu. L’alliance est exclusive. Dans l’alliance, le premier et plus grand commandement est d’aimer le Seigneur, notre Dieu, de tout notre cœur, de toute notre âme, et de toute notre pensée (Mt 22.37-38).

C’est ce que l’arbre de la connaissance du bien et du mal rend visible. Cet arbre n’a pas été placé sans raison au milieu du jardin. Adam et Ève pouvaient le voir de là où ils étaient, ou bien passaient devant quotidiennement. Et à côté s’élevait l’arbre de la vie, pour mettre en évidence le message : il n’y a de vie bénie, de vie éternelle qu’avec Dieu dans son alliance d’amour. Les deux arbres représentaient ainsi de manière visible les deux côtés de l’alliance de Dieu : là où la souveraineté de Dieu est reconnue et où on lui obéit se trouvent la vie et la bénédiction, et là où la souveraineté de Dieu est niée et rejetée, se trouvent la mort et la malédiction. Il en est resté ainsi à travers les siècles, jusqu’à aujourd’hui.

10. Une sanction spéciale🔗

Il nous faut à cette étape nous pencher sur la sanction que Dieu dévoile à l’homme en révélant son alliance d’amour. Une sanction est une mesure introduite pour faire appliquer la loi et pour révéler le jugement encouru si cette loi n’est pas respectée. Si l’alliance devait être rompue, c’est-à-dire si l’homme devait prendre de l’arbre défendu et par conséquent s’autoproclamer seigneur, maître et souverain, il perdrait immédiatement le don de vie reçu de Dieu. Dieu établit clairement dès le départ qu’en dehors de lui, sans son alliance, il n’y a pas de vie, mais uniquement la mort.

Car la sanction est « … le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement » (Gn 2.17). À ce moment-là, Adam ne savait pas ce qu’était la mort. Il ne l’avait encore ni vue ni vécue. Il devait néanmoins savoir que la mort était le contraire de la vie et de la communion. La mort signifie être coupé de Dieu et de son prochain. La mort est la fin. Si Adam prend de l’arbre, indiquant ainsi qu’il ne veut pas vivre comme un enfant de Dieu aimant et obéissant, il ne peut plus manger de l’autre arbre qui est à côté, qui symbolise la vie. Car vie et obéissance vont de pair. Cet enseignement demeure vrai jusque dans le Nouveau Testament : « Quiconque ne pratique pas la justice n’est pas de Dieu… » (1 Jn 3.7-10). Avec l’alliance d’amour, l’exigence du paradis demeure valable pour l’éternité.

Il devrait toujours en être ainsi. Soit nous vivons à l’intérieur de l’alliance de Dieu, jouissant de ses bénédictions, obéissant à ses exigences, vivant en communion avec lui, soit nous ne vivons pas du tout. En dehors de l’Éternel et de son alliance, il n’y a pas de vie, pas d’avenir, pas de plaisir. Une vie de vanité, qui est une constante agonie, mène à une mort certaine. Le Nouveau Testament étend cela à l’enseignement clair au sujet de l’enfer et du lac de feu.

11. La vérité biblique centrale🔗

Être créés à l’image de Dieu, notre haut office, nos dons uniques, notre merveilleuse terre, tout comme la haute obligation et la sanction sérieuse qui reposent sur nous, tout cela pointe le fait que dès le commencement Dieu a scellé une alliance avec l’homme, et s’est donc engagé avec lui dans une relation d’amour. Cette vérité biblique centrale illumine toutes les interactions subséquentes de Dieu avec l’humanité à travers l’histoire.

Note

1. N. D. T. : La New International Version (NIV) est une version anglaise de la Bible.

2. N. D. T. : Nous pouvons noter que certaines versions françaises utilisent l’hypothèse du lieu : « à Adam-la-Ville » (BFC) ou « dans la ville d’Adam » (BPV).

3. Gereformeerde Dogmatiek, II, p. 526.