Cet article sur Amos 5.13 a pour sujet la prudence calculatrice de ceux qui gardent le silence dans des temps mauvais, quand le pouvoir triomphe sur la justice; en gardant le silence, ils consentent à ce que le mal soit fait.

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Amos 5 - Silence?

Note sur l’auteur de cette méditation

L’homme et le pasteur réformé qui a écrit cette petite méditation le 26 octobre 1940 dans le bulletin hebdomadaire de son Église locale, à Rotterdam-Delfchaven, était parfaitement compétent pour le faire. D’abord parce qu’il était lui-même à l’école du Seigneur et à l’écoute de sa Parole. Ensuite, parce qu’il était prêt à souffrir pour le beau nom de Jésus-Christ. Après avoir encouragé ses frères en la foi à garder fermement le témoignage de la vérité devant l’intimidation répétée de la Gestapo, le pasteur Hermanus Knoop a finalement été fait prisonnier des nazis le 19 novembre 1941 jusqu’à son étonnante libération le 9 octobre 1943. Par la seule grâce de Dieu, il a su tenir bon à l’école de la souffrance, jusque dans « l’enfer de Dachau », l’un des pires camps de concentration nazis.

Souvenons-nous non seulement de ceux qui sont morts pour la liberté sur le champ de bataille, mais aussi de ceux qui ont souffert pour la Parole de Dieu et pour le témoignage de Jésus-Christ. Qu’ils soient pour nous un stimulant, en notre temps, à rendre courageusement témoignage de celui qui nous a tant aimés, jusqu’à souffrir et donner sa vie pour nous!

Paulin Bédard, pasteur

Amos était du genre agaçant. Les prophètes le sont toujours. Ce sont des spécialistes pour venir perturber la douce vie calme et paisible des gens. Ils ne sont donc pas très populaires, bien au contraire. Il vaut mieux les éviter si nous voulons continuer tranquillement notre route. Ils ont toujours des critiques à émettre. On ne s’est pas aussitôt confortablement installé dans cette vie et dans ce monde qu’évidemment un de ces prophètes, qui trouve toujours des choses à redire, vient tout gâcher.

C’est ainsi qu’Israël devait s’arranger avec les prophètes du Seigneur, tout comme avec Amos. Prenons, par exemple, la parole d’Amos. Ne nous y trompons pas : C’est pendant un temps où le pouvoir dominait sur le droit qu’il a prononcé cette parole. Nous le voyons clairement dans son livre de prophéties. Oui, le pouvoir — sa majesté le roi Jéroboam lui-même, et jusqu’au dernier des officiers, dépouillaient le peuple. Vous pouvez le lire dans ses prophéties si vous le voulez. Pire encore, les gens étaient tout à fait impuissants devant cette situation devenue désespérée. La vie en Israël était devenue tellement décadente que nulle part on ne pouvait trouver le droit. Nulle part. Sans espoir, ils en étaient réduits à rester là sans rien faire et à laisser les choses aller leur cours. Comment pouvaient-ils protester contre de tels tyrans? Cela aurait signifié commettre un suicide.

Il semble alors qu’Amos leur a donné un bon conseil. Il a dit : « Voilà pourquoi, en des temps comme ceux-ci, l’homme prudent se tait, car ces temps sont mauvais » (Am 5.13).

Mais vous vous trompez quant au but de cette parole. Ce n’était pas un conseil qu’Amos a donné. Il a simplement rapporté ce qu’il voyait quand il regardait autour de lui en ces temps qui étaient mauvais. Il a vu que ceux qui, auparavant, étaient de grands parleurs étaient devenus silencieux, silencieux en ce temps où le pouvoir triomphait sur le droit, où la volonté autonome arbitraire l’emportait sur le sceptre. Amos a remarqué leur tactique. Il les a appelés « prudents », entre guillemets, comprenons bien. Nous aussi nous disons souvent d’une telle personne qu’elle est « prudente », et nous savons exactement ce que nous voulons dire par là. Ce sont des gens qui ont de bonnes manières, des gens qui savent s’arranger dans la vie.

Ce sont des parleurs qui sont devenus silencieux. Mais pourquoi sont-ils silencieux en ces temps qui sont mauvais? Est-ce parce qu’ils se conforment tout en gardant leurs propres opinions? Ou parce qu’ils sont tellement contents de ce qui se passe? Vous le savez très bien. La vérité est tout à l’opposé. C’est parce qu’il est devenu trop dangereux d’exprimer ses convictions. Il n’est pas conseillé en ce moment de parler avec des principes fermes. Le souci de soi-même tient la première place en tout. Ce sont des gens prudents, calculateurs. En réalité, il y en a tellement dans ce monde, des hommes silencieux, « prudents », incapables de faire passer entre leurs lèvres une seule parole réglée par des principes. Ne l’oublions jamais. Et n’oublions jamais que le prophète, en mentionnant ce fait, voulait indiquer un danger, un péché. Celui qui garde le silence en un temps mauvais, par souci pour soi-même, rend le temps encore plus mauvais, car le pouvoir devient toujours plus effronté et anéantit les derniers vestiges du droit. Celui qui garde le silence par souci pour soi-même consent à ce que le mal soit fait. Celui qui garde le silence par souci pour soi-même approuve la corruption de la vie. Celui qui garde le silence et qui regarde faire se rend lui-même coupable d’un grave péché. Celui qui garde le silence n’érige aucun barrage contre le mal.

Par conséquent, que personne ne soit prudent de cette manière. Que personne n’obéisse à sa chair, peu importe sa faiblesse, mais qu’il se tienne debout pour la vérité au temps mauvais, qu’il rende témoignage à la Parole de vérité. Oh! bien sûr, cela est imprudent, peu diplomatique, mais ce sera crucifier notre « prudence » par amour pour Jésus-Christ. Et ensuite, nous pourrons très bien nous heurter à des difficultés. Regardez Amos. Mais ce qui est le plus important doit aussi être considéré comme étant le plus important, c’est-à-dire l’appel de Dieu, et cet appel s’accompagne de la promesse de Dieu, car l’appel et la promesse ne font qu’un. Et la promesse, c’est qu’il donne libéralement et qu’il ne fait pas de reproche. Quelle bénédiction vous serez alors, en un temps qui est mauvais, pour la gloire de Dieu!