Blandine - Martyre de Lyon vers 155 – 177
Blandine - Martyre de Lyon vers 155 – 177
Blandine, la jeune femme esclave, respirait difficilement tandis qu’elle était étendue, tremblante, sur le plancher humide en pierres. Plusieurs autres chrétiens, prisonniers avec elle, avaient suffoqué pendant la nuit et Blandine gardait ses yeux fermés pour éviter de voir leurs figures pâles et sans vie. Soudain, la porte de la cellule s’ouvrit en grinçant et un soldat romain s’écria : « Debout, athée! Viens avec moi! »
Blandine et les autres prisonniers furent traînés hors de leurs cellules jusque dans l’arène. Protégeant leurs yeux de la lumière brillante du soleil, ces chrétiens, hommes, femmes et enfants, étaient blottis les uns contre les autres au centre de l’arène. Les spectateurs leur criaient des jurons. Debout sur une plate-forme surélevée, le gouverneur romain de la Gaule, une couronne de laurier sur la tête, dominait les prisonniers.
Il leur dit : « Écoutez-moi, vous les athées. Vous, les chrétiens, vous offensez nos dieux et vous attirez sur nous leur colère. Jurez simplement par César et je vous relâcherai. » Le silence envahit l’arène. Serrant les mains de deux amis, Blandine tremblait et implorait Dieu de lui donner de la force. Puis, quelques chrétiens sortirent du groupe et, le visage abattu, prononcèrent le serment à César. Ces derniers reçurent la permission de quitter l’arène, mais la plupart demeurèrent fermes. Le gouverneur dit : « Très bien alors, vous avez choisi les fauves, le feu et l’épée. » Arrachant plusieurs chrétiens du groupe, les soldats les rouèrent de coups de fouet et les taillèrent en pièces avec des épées. La foule hurla d’approbation.
Un jeune homme du nom de Vettius sortit alors du groupe de prisonniers et s’avança vers la plate-forme du gouverneur : « Votre excellence, je demande humblement la permission de parler pour la défense des chrétiens. Je peux vous prouver qu’il n’y a rien d’athée ou de méchant en nous. »
Les spectateurs païens hurlèrent contre lui. Ne tenant aucun compte de la demande de Vettius, le gouverneur lui demanda avec dédain : « Es-tu chrétien? » Debout devant le gouverneur, sans fléchir, Vettius répondit d’une voix forte : « Je le suis. »
Le gouverneur fit signe de la main aux gardes. Ils tirèrent leurs épées et abattirent Vettius sur-le-champ. Le gouverneur fit ensuite venir Sanctus, un diacre de l’Église qui était au milieu du groupe dans l’arène, et lui demanda : « Quel est ton nom? » Sanctus répondit : « Je suis chrétien. » Le gouverneur lui demanda : « Où es-tu né? » Sanctus répondit : « Je suis chrétien. » « Es-tu esclave ou libre? » « Je suis chrétien », répondit Sanctus. Les soldats commencèrent à le fouetter et à le battre, mais sa réponse à chaque question demeurait la même : « Je suis chrétien. » Le gouverneur furieux ordonna que son corps soit écrasé entre deux plaques de cuivre chauffées au rouge. Il est mort en demeurant ferme dans sa foi.
Blandine et les autres chrétiens furent ramenés en prison. Du matin jusqu’au soir, les gardiens punissaient la frêle Blandine. Ils transpercèrent son corps à coups de poignard et lui broyèrent les membres sur le chevalet. Ils la raillèrent en disant : « Maudis Christ! Dis-nous toutes les méchancetés que commettent les athées. » Blandine répondit : « Je suis chrétienne. Nous ne faisons rien de honteux. »
À la fin de la journée, les gardiens avaient du mal à croire qu’elle respirait encore, tellement son corps était meurtri. Les gardiens se disaient entre eux : « Qui sont donc ces chrétiens? Ils affrontent la mort de plein gré et avec joie. »
Le jour suivant, des soldats ramenèrent Blandine et quelques autres chrétiens dans l’arène. Elle était suspendue à un poteau en bois, destinée à servir de nourriture aux bêtes sauvages. Blandine leva les yeux vers le Seigneur et pria à haute voix : « Ô Père, fortifie-nous dans nos souffrances pour la gloire du Christ. »
Sa foi renouvela le courage des autres. Un à un, les croyants moururent, taillés en pièces par les bêtes. Cependant, à l’étonnement de la foule, les animaux ne touchèrent pas à Blandine et les gardes la traînèrent à nouveau en prison. Quelques jours plus tard, on la ramena de nouveau dans l’arène, cette fois-ci avec Ponticus, un jeune chrétien de quinze ans.
Blandine l’encouragea : « Tiens ferme, cher Ponticus. » Ils subirent de nouveau le fouet et les attaques des animaux; rapidement, gisant sur le sol, Ponticus mourut. Mais Blandine, le corps meurtri et ensanglanté, survivait toujours, son visage rayonnant de la paix du Christ. Un témoin déclara : « Elle ressemble à quelqu’un qui est invité à des noces et non à quelqu’un qui est jeté aux fauves. »
Ses persécuteurs, frustrés et en colère, l’enveloppèrent dans un filet et la jetèrent devant un taureau qui la malmena tout autour de l’arène. Finalement, un soldat se baissa et la fit mourir d’un coup d’épée. Les païens dirent qu’ils n’avaient jamais vu une femme souffrir autant ni si longtemps. Les corps de Blandine et des autres chrétiens jonchaient les rues de Lyon. Les gardes exerçaient une surveillance pour empêcher leurs amis de leur accorder des funérailles convenables. « Pourquoi ne les laissez-vous pas enterrer leurs morts? », demanda-t-on aux gardes. « Pour qu’ils n’aient pas d’espoir dans la résurrection », répondirent-ils. « C’est cet espoir qui leur donne un tel courage. »
Après six jours, les corps furent brûlés en cendres et jetés dans le fleuve du Rhône. Les gardes dirent : « Voyons maintenant s’ils vont revenir à la vie. » Quelques chrétiens de Lyon survécurent à la persécution. Ils mirent par écrit le récit des croyants martyrs et l’envoyèrent aux Églises partout dans tout l’Empire romain, les encourageant à tenir ferme dans la foi.