Cet article a pour sujet la prière, la liberté que nous avons en Jésus-Christ de prier Dieu, l'attitude qu'il convient d'avoir dans la prière, prier pour de la sagesse, la prière d'intercession, et la pratique de cette activité spirituelle.

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13 pages.

Comment prier Dieu?

  1. La Parole de Dieu nous donne la réponse
  2. En Jésus-Christ, nous avons la liberté de prier Dieu
  3. Comment commencer une prière sincère?
  4. Avec quelle attitude faut-il prier?
  5. Prier pour de la sagesse et prier pour les autres
  6. Une activité spirituelle quotidienne
  7. Ce que nous confessons au sujet de la prière

Comment prier Dieu? Tel est le thème de cet article. En effet, beaucoup d’hommes et de femmes savent bien que Dieu est présent dans leur vie, qu’il n’est pas une illusion ou le produit de leur imagination en mal de certitudes. Et pourtant, ils ne savent pas comment s’adresser à la personne qui compte le plus dans leur vie, qui les a créées et les maintient en vie jour après jour. Est-il possible de parler à Dieu, dans l’intimité? Et que faut-il lui dire? Quelle garantie avons-nous que celui qui a créé les myriades d’étoiles et de constellations entend notre voix? Exauce-t-il les prières de ceux qui s’adressent à lui? Voilà quelques questions brûlantes, auxquelles je souhaite donner une réponse.

1. La Parole de Dieu nous donne la réponse🔗

Certains s’écrieront : quelle arrogance! Quel est l’homme qui pourrait donner une réponse à de telles questions? C’est tout à fait hors de portée et le mieux est de rester silencieux à ce sujet, comme sur d’autres.

Ce n’est certainement pas par notre propre force, ou par notre propre intuition que nous tâchons d’apporter de telles réponses. En moi-même, je ne dispose d’aucune connaissance naturelle que j’aurais apprise par ma simple réflexion, afin de la mettre à la disposition des autres. J’admets bien volontiers que par nature je suis, comme tout un chacun, dans l’aveuglement et l’ignorance des choses spirituelles. Je n’ai aucun droit de parler et d’enseigner aux autres sur la base de mes propres intuitions. Si je parle et enseigne, c’est parce que j’ai été enseigné moi-même par l’Esprit de Dieu, qui parle de manière claire et certaine dans la Parole qu’il a inspirée, la Bible, ce recueil d’écrits sacrés dans lequel Dieu s’est révélé aux hommes pour leur faire connaître sa volonté et son plan de salut. C’est donc en me fondant sur cette Écriture sainte que je tâcherai de répondre à la question : comment prier Dieu?

2. En Jésus-Christ, nous avons la liberté de prier Dieu🔗

Or ce Dieu-là, le seul qui se soit vraiment révélé aux hommes, nous dit haut et clair que nous pouvons, que nous devons même lui parler, nous adresser à lui, vivre près de lui dans une intimité qu’il a rendue lui-même possible en envoyant son Fils éternel, Jésus-Christ, vivre auprès de nous. Nous pouvons prier Dieu et même l’appeler Père, à cause de Jésus-Christ. C’est là le premier fondement de la prière, celui qui la rend possible. Si vous êtes empêchés de prier parce qu’en considérant votre vie vous vous rendez compte de tout ce qui vous sépare de Dieu, apprenez et répétez ces deux versets tirés de la première lettre de Jean :

« Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. Il est lui-même victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (1 Jn 2.1-2).

Oui, vous avez bien entendu! Si vous pensez que vous devez expier toutes vos fautes avant de pouvoir vous adresser à Dieu dans la prière, Dieu vous assure dans sa Parole véritable qu’il a fait l’expiation pour vous, par le sang de son Fils Jésus-Christ versé pour vous sur la croix du Golgotha.

Dans un passage de sa lettre aux Romains qui résume et proclame l’Évangile chrétien de la manière la plus saisissante, l’apôtre Paul écrit ceci :

« Qui accusera les élus de Dieu? Dieu est celui qui justifie! Qui les condamnera? Le Christ-Jésus est celui qui est mort; bien plus, il est ressuscité. Il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous! » (Rm 8.33-34).

Intercéder, cela veut dire prier pour quelqu’un d’autre, présenter sa cause devant Dieu. C’est ce que fait Jésus-Christ pour nous devant son Père, car lui seul est en mesure de dire : « Vois, Père, j’ai payé la dette de cet homme ou de cette femme qui s’adresse à toi. Plus rien désormais ne fait obstacle à ce que tu écoutes sa prière. » Et Dieu, qui ne refuse rien à son Fils bien-aimé, reçoit alors notre prière.

La Parole de Dieu nous assure que non seulement Jésus-Christ intercède pour nous, mais que le Saint-Esprit de Dieu le fait également. Dans ce même chapitre 8 de la lettre aux Romains, Paul écrit encore :

« De même aussi l’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables; et celui qui sonde les cœurs connaît quelle est l’intention de l’Esprit : c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints » (Rm 8.26-27).

Comme vous le voyez, le Dieu trinitaire, Père, Fils et Saint-Esprit, est activement à l’œuvre lorsque nous prions. Alors, puisque nous en avons la certitude, n’hésitons pas à nous adresser à Dieu dans notre prière quotidienne, car l’intercession de Jésus-Christ et de l’Esprit Saint ne nous dispense pas d’élever nos cœurs vers Dieu et de nous adresser à lui dans notre prière.

3. Comment commencer une prière sincère?🔗

Il est bon de commencer sa prière en nommant celui à qui l’on s’adresse : Dieu, le Créateur et Seigneur de toutes choses, l’Éternel, le Tout-Puissant. Il est bon de s’adresser à lui en le reconnaissant comme le seul vrai Dieu, à l’exclusion de tous ceux que les hommes appellent Dieu, divinité, ou considèrent comme tels. S’adresser au seul vrai Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, c’est s’assurer que notre prière ne se perdra pas, ne s’égarera pas, mais atteindra la personne à qui elle est adressée, puisque le Fils et l’Esprit eux-mêmes la portent devant le Père. De plus, nous devons louer Dieu pour ses actes insurpassables dans la création du monde et son maintien à chaque instant. Notre Dieu est un Dieu de gloire, de majesté, de puissance, et nous devons le reconnaître comme tel. Autrement, nous commençons dès le début de notre prière à nous forger une idole, qui ne lui ressemble pas du tout, quel que soit le nom par lequel nous nous adressions à lui.

4. Avec quelle attitude faut-il prier?🔗

Maintenant que nous avons l’assurance que nous pouvons prier Dieu, que faut-il lui dire? Et quelle doit-être notre attitude, notre disposition d’esprit? Jésus-Christ nous enseigne lui-même à ce sujet, dans le sermon qu’il a prononcé sur la montagne (nous lisons ces paroles au chapitre 6 de l’Évangile selon Matthieu, au début du Nouveau Testament) :

« Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour se montrer aux hommes. En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Mais toi quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est dans le lieu secret, et ton Père qui voit dans le secret te le rendra » (Mt 6.5-6).

L’enseignement de Jésus, ici, est que la prière n’est pas un acte destiné à vous faire passer pour quelqu’un de très religieux aux yeux des autres, afin de gagner leur estime et leur considération (et peut-être d’autres avantages aussi). Cela n’est qu’hypocrisie et une distorsion de l’acte essentiel qui consiste à prier. Notre prière personnelle s’adresse avant tout à Dieu, qui connaît exactement ce qu’il y a dans notre cœur et dans nos pensées. Avec lui, il est inutile de jouer la comédie d’hommes ou de femmes très religieux qui se font passer pour des gens spirituellement supérieurs et qui misent sur l’apparence plutôt que sur une attitude humble.

Quel contraste dans cet enseignement de Jésus, et ce que l’on voit souvent chez certains adeptes d’une religion ou d’une autre! Avez-vous déjà assisté, dans certains lieux publics, par exemple des aéroports internationaux, à des séances de prière durant lesquels à grand bruit et force génuflexions, de tels adeptes répètent les mêmes paroles selon un rite convenu entièrement fait d’extériorité, d’actes d’apparence? Ils occupent et monopolisent tout l’espace de circulation des autres piétons, tandis qu’ils font entendre à tout un chacun leur prière mécanique?

Si vous êtes persuadés par la foi que Dieu vous a fait grâce de vos fautes en Jésus-Christ, alors vous devez lui exprimer votre reconnaissance pour cela. Puisque nous avons appris que notre prière n’atteint Dieu que grâce à l’intercession de Jésus-Christ et du Saint-Esprit, il nous faut reconnaître quel est notre état de pécheurs, c’est-à-dire d’hommes et de femmes qui n’auraient jamais accès à Dieu si lui-même n’intervenait pour nous réconcilier avec lui. Remercier Dieu pour tous ses bienfaits doit aussi faire partie de notre prière, car si nous prions pour demander que Dieu exauce toutes nos requêtes, tandis que nous oublions de le remercier pour tout ce qu’il fait pour nous, alors notre prière est motivée par une forme d’égocentrisme et d’ingratitude. La Bible condamne très nettement une telle attitude lorsqu’elle dit, dans la lettre de Jacques : « Vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, afin de tout dépenser pour vos passions » (Jc 4.3).

Prier Dieu de manière spirituelle requiert une attitude correcte, attitude faite à la fois d’humilité et de confiance. Un des textes bibliques que j’ai déjà cité, texte tiré de la lettre de Paul aux chrétiens de Rome, au chapitre 8, souligne que nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières, c’est pourquoi « l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables, et celui qui sonde les cœurs connaît quelle est l’intention de l’Esprit : c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints » (Rm 8.26)

.Mais alors, si nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières, faut-il faire connaître nos requêtes à Dieu? Est-il mauvais de demander certaines choses précises à Dieu dans notre prière? Non, certainement pas, si cependant nous le demandons dans l’attitude requise : une attitude d’humilité qui non seulement accepte la volonté de Dieu, mais demande activement que cette volonté soit faite. On ne peut prier de manière arrogante, comme si l’on pouvait extorquer à Dieu quoi que ce soit, à force de paroles et de répétitions lassantes. Le même apôtre Paul, dans sa lettre aux chrétiens de la ville de Philippes, nous décrit et prescrit l’attitude correcte que nous devons avoir :

« Ne vous inquiétez de rien; mais en toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâces, faites connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Christ-Jésus » (Ph 4.6).

Paul, dans ce passage, nous indique aussi le fruit d’une prière sincère et accompagnée d’actions de grâces : il s’agit de la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence. En effet, les requêtes que nous présentons à Dieu, aussi motivées soient-elles de notre part, aussi conformes soient-elles à ce que nous savons de sa volonté, ne seront pas forcément exaucées de la manière que nous souhaitons. Bien souvent, elles ne seront pas non plus exaucées dans les délais que nous aimerions fixer nous-mêmes. Le plan de Dieu pour notre vie personnelle n’est pas forcément celui que nous avons en vue. Notre patience sera maintes fois éprouvée, car le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes. À ses yeux, mille ans sont comme le jour d’hier, quand il passe, et comme une veille de la nuit, nous enseigne le Psaume 90. C’est pourquoi Paul a dit que nous ne savons pas ce qu’il convient de demander. Car ce que nous demandons va bien souvent à l’encontre de ce que Dieu veut pour nous. De plus, nos paroles sont loin d’être acceptables par elles-mêmes devant Dieu.

Mais cela n’est désormais plus un obstacle, puisque, comme nous l’avons vu, l’Esprit de Dieu pallie cette faiblesse et transmet devant Dieu notre prière en une langue acceptable pour lui. Il intercède pour nous « selon Dieu » dit Paul, c’est-à-dire qu’il rend nos prières conformes à la volonté parfaite de Dieu, tandis que Jésus-Christ se fait aussi l’avocat de cette prière purifiée par l’Esprit. C’est d’ailleurs pourquoi nous pouvons terminer notre prière avec les mots « en Jésus-Christ », ou « au nom de Jésus-Christ », mentionnant par là que nous savons qui intercède pour nous auprès du Père, qui est notre seul Médiateur et Avocat. Dès lors, notre prière sera bien exaucée, même si ce n’est pas de la façon dont nous l’envisageons ou le souhaitons. Elle sera exaucée au sens où elle confirmera le plan de Dieu pour notre vie.

Qui plus est, une prière sincère, qui accepte de se soumettre à la volonté de Dieu, ne manquera pas de recevoir cette paix de Dieu qui surpasse toute intelligence. L’intelligence humaine ne comprend la paix que comme la réalisation des désirs les plus profonds que l’on a. Mais la paix de Dieu surpasse de loin cette notion, car elle est donnée même à ceux qui ne reçoivent pas ce qu’ils ont tant souhaité : leurs pensées sont gardées en Jésus-Christ, et cela compte pour eux plus encore que l’exaucement de leurs désirs.

Le Seigneur Jésus, avant d’enseigner à ses disciples la prière que tous les chrétiens connaissent sous le nom de « Notre Père » (car c’est avec ces mots qu’elle commence), a défini l’attitude que nous devrions avoir en priant : pas d’extériorité destinée à faire impression sur les autres, pas d’hypocrisie tâchant de nous faire passer pour des gens très religieux, pas non plus de cris ou de hurlements (comme si le nombre de décibels émis par notre larynx pouvait faire grande impression sur le Dieu qui habite dans les cieux, et pourtant connaît exactement ce qu’il y a au plus profond de notre cœur). Au contraire, Jésus nous prescrit une attitude recueillie, calme, empreinte de crainte confiante par laquelle nous pouvons commencer notre prière avec les mots : « Notre Père, qui es aux cieux… »

Durant sa vie terrestre, Jésus s’est retiré dans des lieux à l’écart, loin des foules qui le suivaient partout, pour pouvoir prier Dieu, son Père. Mais il a encore averti ses disciples au sujet de l’attitude qu’il convient d’avoir dans la prière :

« En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez » (Mt 6.7).

Il y a une grande différence entre multiplier de vaines paroles et faire connaître à Dieu nos demandes par la prière et la supplication, avec des actions de grâces. Dans le premier cas, on parle à tort et à travers, on s’excite soi-même, on répète interminablement les mêmes phrases, tandis que, dans le second cas, on prie dans une attitude de dépendance totale marquée par l’humilité et la reconnaissance à la fois. On attend vraiment son secours de Dieu, dans la confiance d’une foi vraie.

5. Prier pour de la sagesse et prier pour les autres🔗

Écoutez ce qu’écrit l’apôtre Jacques à ses lecteurs dans la lettre qu’il leur adresse :

« Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu qui donne à tous libéralement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée. Mais qu’il la demande avec foi, sans douter; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, que le vent agite et soulève. Qu’un tel homme ne pense pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur : c’est un homme irrésolu, inconstant dans toutes ses voies » (Jc 1.5-7).

Ce texte de la lettre de Jacques, dans le Nouveau Testament, nous dit non seulement que douter, lorsqu’on prie, c’est assurément se priver de l’exaucement de Dieu, mais il nous indique aussi ce qu’il convient de demander en priorité à Dieu : une véritable sagesse, inspirée par son Esprit. Voilà un point très important. Nos requêtes devraient d’abord concerner ce qui peut nous rapprocher davantage de Dieu : une vraie sagesse, l’amour et la connaissance de la vérité, des relations avec notre prochain conformes à la volonté de Dieu, la patience, le zèle. Voilà ce qu’il convient de demander en priorité à Dieu. Cela n’exclut pas des demandes matérielles particulières, pour autant qu’il ne s’agisse pas de notre égoïsme personnel, mais de ce qui nous permet de mieux servir Dieu, de mieux travailler au sein de son Royaume, là où il nous a appelés.

Une autre partie très importante de la prière est constituée par l’intercession : intercéder, nous l’avons vu avec Jésus-Christ et le Saint-Esprit, c’est prier pour d’autres que soi-même, présenter des requêtes à Dieu qui les concernent. Jésus-Christ nous a appris ce qu’est l’intercession lorsqu’il a prié pour ses disciples, peu avant son arrestation, son procès et sa crucifixion. Dans l’Évangile selon Jean, au chapitre 17, il prie de cette façon pour eux : 

« Je leur ai donné les paroles que tu m’as données; ils les ont reçues; ils ont vraiment reconnu que je suis sorti d’auprès de toi et ils ont cru que tu m’as envoyé. C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi » (Jn 17.8-9).

Notre intercession commence avec nos proches, nos frères et sœurs dans la foi. En particulier, ceux d’entre eux qui souffrent à cause de leur foi, ceux qui sont persécutés (et il y a dans le monde beaucoup de chrétiens persécutés pour leur foi, même si les grands médias ne s’en font pas l’écho), ceux-là devraient faire l’objet de notre intercession particulière. Car ils sont avec nous les membres du même corps, et leur souffrance témoigne de ce que ce corps souffre dans certains de ses membres. Comment les autres membres pourraient-ils rester indifférents à cette souffrance?

Notre intercession, pourtant, doit s’étendre plus loin qu’à ceux qui partagent la même foi que nous. À un moment précis que nous venons d’évoquer, Jésus a prié en particulier pour ses disciples, qu’il confiait à son Père céleste, car ils allaient être investis d’une mission très spéciale après sa résurrection : celle de proclamer l’Évangile. La proclamation de cet Évangile de pardon et de grâce est destinée à s’étendre sur tout le genre humain. Il nous faut donc aussi, dans notre intercession, prier que l’Évangile atteigne le plus grand nombre d’hommes et de femmes, afin que tout comme cela a été le cas pour nous, eux aussi soient amenés à la connaissance de Jésus-Christ, qui seul peut opérer leur salut. Au second chapitre de sa première lettre à Timothée, Paul écrit ceci :

« J’exhorte donc, en tout premier lieu, à faire des requêtes, prières, intercessions, actions de grâce, pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui occupent une position supérieure, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et dignité. Cela est bon et agréable devant Dieu, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2.1-4).

Comme vous le voyez, s’il faut prier pour tous les hommes, Paul mentionne une catégorie en particulier : les gouvernants, ceux qui ont reçu un mandat particulier d’autorité. Car ce mandat ne provient pas d’eux-mêmes (comme beaucoup croient trop souvent), ni même de la volonté du peuple, comme on aime à le proclamer haut et fort en notre époque moderne, mais en fin de compte de Dieu lui-même. Ils sont ses lieutenants sur terre, pour faire régner ordre et justice sans partialité ni corruption. Et s’il faut prier pour eux (quelle que soit d’ailleurs leur conduite ou leur manière d’exercer cette autorité), c’est afin qu’ils reconnaissent d’où elle leur vient, afin aussi qu’ils l’exercent selon les normes posées par Dieu dans sa Parole.

6. Une activité spirituelle quotidienne🔗

Il nous reste encore bien des questions à nous poser : Peut-on tout dire à Dieu en une prière? Quelle doit en être la longueur? S’il ne faut pas multiplier de vaines paroles dans nos prières, comme le font les païens, faut-il nous fixer une limite de temps pour chaque prière? Devons-nous et pouvons-nous chaque fois intercéder pour toutes les causes qui se présentent à nous? Nous faut-il développer notre prière selon les thèmes que nous avons abordés la dernière fois sans jamais nous écarter de cet ordre? Et comment comprendre les paroles de l’apôtre Paul qui écrit à de jeunes communautés chrétiennes, leur disant qu’il prie sans cesse pour elles? Cela implique-t-il pour nous que nous devons passer au moins de cinq à six heures par jour dans la prière?

Avec tout ce qui précède, vous aurez compris que la prière est par excellence un acte spirituel, qui doit être mesuré, évalué et apprécié de manière spirituelle. La vie chrétienne est faite de nombreuses facettes différentes, qui sont pourtant toutes reliées par un même lien : Jésus-Christ, lequel doit régner sur chacune de ces facettes. La prière est un aspect essentiel de la vie chrétienne, elle n’est cependant pas la seule facette de cette vie. L’étude de la Bible, la lecture d’ouvrages propres à approfondir notre connaissance spirituelle, l’adoration en commun avec d’autres frères et sœurs, le chant d’hymnes, la pratique de l’amour chrétien constituent d’autres facettes de cette vie chrétienne. Mais celle-ci ne se limite pas, loin de là, à l’étude de la Bible ou à l’adoration commune. Elle doit devenir un témoignage complet à la royauté de Jésus-Christ.

La vie de famille, les activités de loisir, la vie sociale et économique des chrétiens, leurs activités artistiques ou sportives devraient refléter la marque de cette royauté, dans un témoignage sérieux et réfléchi. Ainsi, la prière ne constitue pas le seul élément de la vie chrétienne et ne peut servir de palliatif à une absence de témoignage dans les domaines que je viens d’évoquer à titre d’exemple.

Mais d’autre part comment réformer nos activités quotidiennes pour les soumettre à la volonté de Jésus-Christ si nous ne prions pas Dieu qu’il nous accorde sa sagesse? Comment témoigner autour de nous de Jésus-Christ par nos actes et nos paroles, si nous n’entretenons pas une relation personnelle suivie avec celui qui constitue l’objet de notre foi et de notre témoignage? Autant retirer l’épine dorsale d’un corps humain, et croire qu’il pourra continuer à marcher sans problème… La prière est la respiration de la foi, a dit quelqu’un de manière très juste.

Prier sans cesse signifie prier sans que notre zèle pour la prière soit refroidi, sans que nous passions des journées voire des semaines inactifs dans cette communication intime avec Dieu. Et si une paresse ou une nonchalance nous prend, alors il faut nous forcer à prier, tout comme l’on doit parfois se forcer à manger, même quand, pour une raison ou une autre, on n’en a pas envie. Oui, la prière doit être quotidienne : actions de grâces avant de prendre un repas qui nous est accordé par Dieu dans sa providence; prière de reconnaissance pour un bienfait particulier reçu, que nous n’attribuerons pas au hasard ou à la chance, comme le font les païens. Des moments de calme doivent être aménagés dans la journée, au milieu d’activités diverses bien souvent très prenantes. On doit pouvoir s’isoler ne serait-ce que pour quelques instants, afin de renouer le dialogue avec Dieu. Il est évident que chaque moment de prière différera en longueur, selon les circonstances. Mieux vaut une prière courte et recueillie, qu’une prière longue prononcée au milieu de l’agitation, alors que nos pensées sont enclines à se disperser. Notre intercession doit pouvoir aussi être répartie en plusieurs sessions, afin de ne rien oublier qui compte à nos yeux. Des moments nocturnes d’insomnie, chose en soi peu enviable, peuvent être utilisés avec grand profit pour la prière. Peut-être est-ce la manière par laquelle Dieu nous force à nous adresser à lui, dans le calme de la nuit…

En résumé, la qualité de notre prière importe davantage que le temps qui lui est consacré. Il est bon de passer de longs moments dans la prière si ceux-ci nous sont accordés, il est bon de ménager de telles plages dans notre vie quotidienne, mais il serait erroné et même dangereux de négliger les autres aspects de la vie chrétienne mentionnés tout à l’heure, au profit exclusif de la prière.

Nous n’avons pas parlé ici de la prière liturgique prononcée au cours d’un culte, par exemple. Il s’agit là d’une prière commune exprimée par le liturge au nom de toute la communauté rassemblée. Dans cet article, nous avons eu en vue la prière individuelle des croyants, celle prononcée dans l’intimité d’un cœur que Dieu connaît parfaitement. Pourquoi prier, demandera-t-on, si Dieu connaît exactement tout ce qui nous préoccupe? Nous prions, car il nous a créés pour entretenir une relation vivante avec lui; nous ne sommes pas des machines dénuées de pensées, de sentiments ou d’émotions, nous reflétons son image, ce qui signifie que nous sommes faits pour communiquer dans l’amour, tout comme Dieu communique avec lui-même dans l’amour lorsque le Père, le Fils et le Saint-Esprit se parlent dans une unité parfaite. Cependant, la prière individuelle devrait pouvoir mener à la prière communautaire, c’est-à-dire que chacun devrait être en mesure de conduire d’autres frères et sœurs dans la prière si le cas se présente. Certes, il faut pour cela de l’assurance, et chacun ne la possédera pas au même degré, mais un exercice discipliné de la prière personnelle conduira immanquablement à cette assurance, que l’Esprit de Dieu accordera à celui ou celle qui la lui demandera.

7. Ce que nous confessons au sujet de la prière🔗

Pourquoi prier, demandions-nous il y a un instant? Je vous propose d’écouter la réponse que donne à cette question le Catéchisme de Heidelberg, cet excellent manuel de piété chrétienne. Je vous cite la série de questions et de réponses qui font partie du 45e dimanche :

116. Pourquoi devons-nous prier?

Parce que la prière est la principale partie de la reconnaissance que Dieu réclame de nous; et parce que Dieu ne veut donner sa grâce et son Saint-Esprit qu’à ceux qui les lui demandent par des prières ardentes et continuelles et qui l’en remercient.
117. Que faut-il pour que la prière soit agréée et exaucée par Dieu?

Premièrement, que nous demandions du fond du cœur au seul vrai Dieu qui s’est révélé à nous dans sa Parole tout ce qu’il nous a ordonné de requérir de lui; deuxièmement que nous connaissions, droitement et à fond, notre pauvreté et notre misère afin de nous humilier devant sa majesté; troisièmement, que nous nous appuyions sur cette ferme assurance que, sans tenir compte de notre indignité, il exaucera sûrement notre prière pour l’amour du Seigneur Jésus-Christ, comme il nous l’a promis dans sa Parole.
118. Que Dieu nous a-t-il ordonné de lui demander?

Tout ce qui est nécessaire pour l’esprit et pour le corps et que le Seigneur Jésus-Christ a rassemblé dans la prière qu’il nous a lui-même enseignée.
119. Que dit cette prière?

Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié. Que ton règne vienne. Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal. Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Amen.

Le Catéchisme poursuit son explication du Notre Père, qu’on appelle aussi l’oraison dominicale (c’est-à-dire la prière du Seigneur) :

120. Pourquoi le Christ nous a-t-il commandé de nous adresser à Dieu comme à notre Père?

Afin d’éveiller en nous, dès le commencement de notre prière, le respect filial et la confiance en Dieu qui doivent être à la source de notre prière, car Dieu est devenu notre Père par le Christ. Il veut bien moins nous refuser ce que nous lui demandons avec foi que nos pères ne le font pour les choses ordinaires.
121. Pourquoi est-il ajouté : qui es aux cieux?

Afin que nous n’ayons aucune idée terre-à-terre de la majesté céleste de Dieu et que nous attendions de sa toute-puissance tout ce qui nous est nécessaire pour le corps et pour l’âme.
122. Quelle est la première demande?

Que ton nom soit sanctifié, c’est-à-dire : donne-nous d’abord de te connaître droitement, de te sanctifier, de te célébrer, et de te louer dans toutes tes œuvres en lesquelles brillent ta toute-puissance, ta sagesse, ta bonté, ta justice, ta miséricorde et ta vérité. Donne-nous aussi de régler toute notre vie, nos pensées, nos paroles et nos actes de telle sorte que ton Nom ne soit jamais blasphémé à cause de nous, mais plutôt honoré et glorifié.
123. Quelle est la deuxième demande?

Que ton règne vienne, c’est-à-dire : règne sur nous par ta Parole et ton Esprit de telle sorte que nous nous soumettions de plus en plus à toi. Maintiens et fais croître ton Église. Renverse les œuvres du diable, toute puissance qui s’élève contre toi et tous les méchants complots formés contre ta sainte Parole, jusqu’à ce que vienne l’accomplissement de ton Royaume lorsque tu seras tout en tous.
124. Quelle est la troisième demande?

Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel, c’est-à-dire : Que tous les hommes et nous, nous renoncions à notre propre volonté et que, sans aucun murmure, nous obéissions à sa volonté qui seule est bonne, et qu’ainsi chacun s’acquitte de son devoir et de sa vocation aussi promptement et fidèlement que les anges dans le ciel.
125. Quelle est la quatrième demande?

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. C’est-à-dire : veuille nous pourvoir de tout ce qui est nécessaire à l’existence afin que nous reconnaissions que tu es la source unique de tout bien et que, sans ta bénédiction, ni nos soins, ni nos travaux, ni même tes dons ne nous profiteraient; et qu’ainsi nous détournions notre confiance de toutes les créatures pour ne la placer qu’en toi.
126. Quelle est la cinquième demande?

Pardonne-nous nos offenses comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, c’est-à-dire : à cause du sang du Christ, veuille ne pas nous imputer, à nous pauvres pécheurs, toutes nos fautes et le mal qui nous est toujours attaché; donne-nous également de trouver en nous ce témoignage de ta grâce : la ferme résolution de pardonner de bon cœur à notre prochain.
127. Quelle est la sixième demande?

Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal, c’est-à-dire : puisque nous sommes si faibles que nous ne saurions subsister un instant, et que, de plus, nos ennemis mortels — le Diable, le monde et notre propre chair — nous assaillent sans cesse, veuille nous soutenir et nous fortifier par la puissance de ton Saint-Esprit. Ainsi seulement nous pourrons leur résister avec courage et ne pas succomber dans ce combat spirituel, jusqu’à ce qu’enfin nous remportions une pleine victoire.
128. Comment conclus-tu cette prière?

Car c’est à toi qu’appartiennent, aux siècles des siècles, le règne, la puissance et la gloire, c’est-à-dire : nous te demandons tout cela parce que tu es notre Roi et qu’ayant tout en ta puissance, tu peux et tu veux nous accorder tout bien; ainsi la gloire en revient non pas à nous, mais éternellement à ton saint nom.
129. Que signifie ce petit mot : Amen?

Amen veut dire : c’est sûr et certain! Ma prière est bien plus sûrement exaucée par Dieu que je ne sens dans mon cœur le désir qu’elle le soit.

Après le Catéchisme de Heidelberg, consultons maintenant le Catéchisme de Genève, rédigé par le réformateur Jean Calvin, et qui se présente lui aussi sous forme de questions et de réponses. La troisième partie de cet ouvrage traite justement de la prière :

237. Parlons maintenant de la manière de prier. Suffit-il de prier Dieu des lèvres seulement? L’esprit et le cœur ne sont-ils pas engagés?

La parole n’est pas toujours nécessaire; en revanche dans la prière véritable, l’intelligence et le cœur y interviennent toujours.
238. Comment cela?

Dieu est Esprit : en toutes circonstances, il sonde nos cœurs, plus particulièrement encore dans la prière, qui est communion avec lui. C’est pourquoi le Seigneur est proche de ceux qui l’invoquent avec sincérité, mais il répand sa colère et sa malédiction sur ceux qui le prient des lèvres, et non du fond du cœur.
239. Ainsi, les prières qui ne sont que des mots n’ont ni sens ni valeur?

Non seulement elles sont vaines, mais même désagréables à Dieu.
240. Quand nous prions, quels sentiments Dieu requiert-il de nous?

D’abord, que la conscience de notre faiblesse et de nos insuffisances provoque en nous tristesse et angoisse. Puis, qu’un désir violent et sincère du pardon de Dieu enflamme notre cœur; alors naît en nous un ardent besoin de prier.
241. Ces dispositions du cœur découlent-elles de notre nature, ou viennent-elles de la grâce de Dieu?

La grâce de Dieu est nécessaire, car, seuls, nous sommes absolument incapables d’accomplir ce chemin spirituel. L’Esprit de Dieu suscite en nous des « soupirs inexprimables » et crée en nos cœurs ce désir, prélude indispensable à la prière, comme dit saint Paul.
242. Tout cela n’encouragerait-il pas une certaine passivité? Qu’on se borne à attendre, les bras croisés, si j’ose dire, l’impulsion du Saint-Esprit, sans faire d’effort personnel pour se mettre en prière?

Non, c’est tout le contraire! Le résultat est plutôt celui-ci : quand le fidèle sent en lui un cœur glacé, peu disposé à la prière, une humeur paresseuse, qu’il se tourne aussitôt vers Dieu pour lui demander une ardeur nouvelle, une flamme intérieure qui le rendra capable de prier.
243. Tu ne prétends pas cependant que, dans la prière, toute parole soit inutile?

Bien sûr que non! Prier à haute voix est souvent un moyen de fixer son attention afin qu’elle ne s’égare pas loin de Dieu. De plus, entre toutes les facultés que Dieu a mises en l’homme, la parole est destinée à célébrer sa gloire; il est donc normal qu’elle s’y emploie. D’ailleurs, l’intensité de nos sentiments fait que — parfois — jaillissent spontanément les mots qui les expriment.
244. S’il en est ainsi, à quoi sert-il de prier en une langue étrangère et incompréhensible?

Ce n’est rien d’autre que se moquer de Dieu. Que les chrétiens s’abstiennent d’une telle hypocrisie!
245. Quand nous prions, pouvons-nous avoir des doutes sur le résultat de notre prière? Ne nous faut-il pas, au contraire, tenir son exaucement pour certain?

Oui, le fondement de la prière, c’est la certitude que Dieu la reçoit et que nos requêtes seront exaucées, si elles contribuent à notre bien. L’apôtre Paul enseigne que la prière véritable procède de la foi. Car nul ne peut invoquer Dieu comme il convient, s’il n’est déjà, dans la foi, fermement assuré de sa bonté.
246. Qu’adviendra-t-il donc à ceux dont la prière est hésitante, qui doutent de son exaucement et se demandent même si Dieu les entend?

Les prières de ceux-là demeurent vaines, car Dieu nous dit de demander avec une foi totale et nous promet que « tout ce que nous aurons demandé avec foi, nous le recevrons ». Ceux qui doutent sont évidemment exclus de cette promesse.
247. Il nous reste à voir d’où peut nous venir, à nous, une telle assurance. Car enfin, et de mille façons, nous sommes indignes de nous présenter devant Dieu. Et pourtant, nous osons lui parler face à face!

D’abord, nous connaissons ses promesses : tenons-nous-y fermement sans considération aucune de notre dignité personnelle. Ensuite, ne sommes-nous pas les enfants de Dieu? C’est donc son Esprit qui nous fait vivre et nous incite à placer en lui, comme en un père, toute notre confiance. Enfin, pour que nous n’ayons pas peur de comparaître devant sa majesté glorieuse, nous qui ne sommes que de pauvres vers de terre et de misérables pécheurs, il nous donne un Médiateur : Jésus-Christ. C’est lui qui nous ouvre le chemin vers Dieu; par lui, nous ne doutons plus de trouver grâce devant Dieu.
248. C’est donc seulement au nom de Jésus-Christ que nous invoquerons notre Dieu?

Oui. L’ordre nous en est donné en termes sans équivoque : il nous est promis que l’intercession de Jésus obtiendra l’exaucement de nos prières.
249. Ce n’est donc point témérité ou arrogance que d’oser nous adresser familièrement à Dieu, en prenant pour avocat Jésus-Christ, le seul Médiateur entre Dieu et nous?

Non! Car prier ainsi, c’est — pour ainsi dire — prier par la bouche du Christ. Son assistance donne à notre prière plus d’audience et de crédit.
250. Étudions à présent le contenu de la prière. Demanderons-nous à Dieu tout ce qui nous passe par la tête, ou, au contraire, respecterons-nous certaines règles?

Notre manière de prier serait bien fantaisiste si nous nous abandonnions à nos caprices et à nos impulsions. Notre ignorance nous empêche de discerner notre véritable intérêt, et nos désirs sont si désordonnés que Dieu juge nécessaire de les tenir en bride.
251. Que nous faut-il donc faire?

Il n’y a qu’un seul moyen : que Dieu lui-même nous enseigne la bonne méthode pour prier. Nous le suivrons donc, comme des enfants que l’on tient par la main et qui répètent les paroles prononcées par le maître.
252. Quel enseignement Dieu nous a-t-il donné?

En de nombreux passages, les Écritures fournissent le détail de cet enseignement sur la prière. Mais pour nous en laisser un modèle bien précis, Jésus a prononcé devant ses disciples une prière type, dans laquelle il a mis tout ce qu’il convient de demander à Dieu. Cette prière tient en quelques lignes.

Le Catéchisme de Genève commente ensuite le Notre Père, comme le fait le Catéchisme de Heidelberg. Je termine cet article consacré à la prière en citant encore les questions et réponses qui servent d’introduction à l’oraison dominicale :

253. Pour mieux analyser le contenu de cette prière, quelles en sont les demandes?

Elle en contient six : les trois premières concernent la gloire de Dieu. C’est leur unique objet; il n’y est nulle question de nous-mêmes. Dans les trois autres, l’accent est mis sur nous et sur ce qui nous est bon.
254. Avons-nous vraiment besoin d’adresser à Dieu des demandes qui ne nous concernent pas?

Dieu lui-même, dans son infinie bonté, ordonne si bien toute chose, que ce qui contribue à sa gloire nous est en même temps profitable. Ainsi, quand son nom est sanctifié, Dieu fait que cela tourne à notre sanctification. Si son règne vient, nous y avons nous-mêmes part. Mais c’est la gloire de Dieu, et non le profit qui en découle pour nous, qui doit toujours être le but de notre prière.
255. Les trois premières requêtes se rapportent donc à notre intérêt personnel, quand bien même leur but principal est la glorification du nom de Dieu?

Oui, et inversement dans les trois dernières demandes, où s’expriment les désirs qui nous tiennent personnellement à cœur, la recherche de la gloire de Dieu doit demeurer notre seul objectif.