Cet article a pour sujet David Livingstone (1813-1873). Cet explorateur et missionnaire anglais a affronté bien des dangers pour explorer l'intérieur de l'Afrique, annoncer l'Évangile à de nouvelles tribus et combattre le commerce des esclaves.

Source: Trial and Triumph, 1999. 5 pages. Traduit par Claire Bédard

David Livingstone - Explorateur missionnaire 1813 – 1873

En février 1844, la tribu Bakhatla en Afrique australe faisait face à un problème épineux. Depuis quelque temps, les lions sautaient dans les enclos où se trouvait leur bétail, tuant les vaches et les moutons. Croyant que les lions étaient ensorcelés, ils dirent à David Livingstone, un missionnaire chrétien d’une trentaine d’années vivant au milieu d’eux : « La tribu voisine nous a livrés au pouvoir des lions. » Lorsqu’un lion à l’intérieur d’un groupe se fait tuer, les autres quittent la région. Bien que les Bakhatlas aient su cela, leur peur des esprits mauvais habitant les lions les rendait incapables d’en tuer un afin de protéger leurs troupeaux.

Livingstone leur dit : « Prenez courage. Je vais vous aider à vous débarrasser de ces fauves. » Les hommes acceptèrent et se mirent en route, Livingstone son fusil à la main et les hommes de la tribu armés de lances. Ils trouvèrent les lions sur une petite colline recouverte d’arbres. Formant un cercle autour des lions, ils gravirent lentement la colline. Cependant, lorsque les lions bondirent, les hommes se dispersèrent sans lancer leurs armes. Livingstone ne tira pas, craignant d’atteindre un des hommes. Alors qu’ils marchaient pour retourner au village, Livingstone remarqua un des lions accroupis derrière un buisson, à une distance d’environ trente mètres. Braquant son fusil, il visa et tira, vidant le contenu des deux canons.

« Il est atteint! Il est atteint! », crièrent les hommes de la tribu, sautant et brandissant leurs armes dans les airs. « Allons le voir. » Tandis qu’ils couraient vers l’endroit où se trouvait l’animal, Livingstone surveillait la queue du lion blessé, qu’il pouvait apercevoir, dressée au-dessus du buisson.

« Arrêtez, attendez que je recharge mon fusil », leur cria-t-il. Alors qu’il plaçait les balles dans le canon, il entendit un cri, tourna la tête et vit le lion sanglant bondir sur lui. Livingstone et le lion culbutèrent ensemble dans les hautes herbes. Le lion le mordit au bras et le secoua comme un chien secoue un rat. Lorsque certains des hommes de la tribu essayèrent de transpercer le lion avec leurs lances, celui-ci lâcha Livingstone, mordit un homme à la jambe, puis un autre à l’épaule, avant de tomber subitement mort, à la suite des blessures causées par les balles.

La morsure avait brisé l’avant-bras de Livingstone en éclats. Pendant plusieurs jours, il frôla la mort à cause du sang perdu et de la fièvre. Plusieurs mois s’écoulèrent avant qu’il puisse recouvrer ses forces. Plus tard, on lui demanda : « À quoi pensiez-vous lorsque le lion vous tenait entre ses mâchoires? » Les yeux pétillants, le missionnaire répondit : « Je me demandais quelle partie de mon corps il allait manger en premier. » Bien qu’il ait été capable de plaisanter au sujet de l’attaque qu’il avait subie, Livingstone souffrit terriblement, pendant longtemps, et ne fut plus jamais capable de lever son bras gauche au-dessus de son épaule.

En dépit des dangers et des souffrances, Livingstone aima sa vie et son travail en Afrique. Alors qu’il n’était encore qu’un jeune homme, il fut inspiré par les vies de William Carey et de Henry Martyn, des pionniers dans l’œuvre missionnaire. Livingstone étudia la médecine et la Bible, car il voulait guérir le corps et l’âme de ceux qui ne connaissaient pas Jésus-Christ. Il dit : « Dieu avait un Fils unique et celui-ci fut missionnaire et médecin. J’espère passer ma vie à servir de cette manière et mon désir est de mourir dans ce service. » Pendant ses études à Londres, il rencontra le Dr Robert Moffat, un missionnaire travaillant en Afrique du Sud.

« Pensez-vous que je pourrais être utile en Afrique? », demanda Livingstone. Moffat répondit : « Oui, si vous êtes prêt à pousser jusqu’à la vaste région inoccupée vers le nord, là où, par un matin très clair, j’ai vu monter la fumée d’un millier de villages et où aucun missionnaire ne s’est encore rendu. »

Lorsque David Livingstone arriva en Afrique australe, les missionnaires qui étaient sur place lui recommandèrent vivement de rester près des postes missionnaires établis, mais Livingstone répondit : « Tous mes désirs se portent vers le nord. Là-bas, au loin, là où aucun missionnaire n’est encore allé, tout n’est que ténèbres. » Il entreprit donc de pénétrer profondément à l’intérieur de l’Afrique. Lorsqu’il arriva dans la tribu des Bakwain, il y trouva un peuple et son chef, Sechele, impatients d’entendre son message.

Il leur dit : « Le Fils de Dieu est descendu du ciel afin de mourir pour nous. Tous ceux qui mettent leur confiance en Jésus-Christ vivront avec lui au ciel. » Mais il les avertit : « Un jour de jugement vient bientôt et tous ceux qui meurent sans avoir été pardonnés seront perdus pour toujours. »

Le chef Sechele lui dit : « Lorsqu’une nouvelle idée nous est présentée, c’est la coutume de notre nation de poser des questions à ce sujet. Puis-je vous poser des questions au sujet de votre religion? » « Je vous en prie », répondit Livingstone. « Vous nous avez parlé d’un jugement qui vient bientôt. Vos ancêtres savaient-ils qu’un jugement va venir? », demanda Sechele. Livingstone répondit :

« Oui, ils le savaient. Les Écritures nous disent que Dieu siégera sur un grand trône blanc et qu’il jugera tous les hommes. Ceux qui ne connaissent pas Jésus-Christ seront jetés en enfer pour l’éternité. »

Le visage crispé et les mains tremblantes, Sechele lui dit :

« Vous me troublez. Ces paroles font trembler tous mes os; je n’ai plus de force en moi. Mes ancêtres vivaient à la même époque que les vôtres. Comment se fait-il qu’ils ne leur aient pas fait connaître ces choses terribles plus tôt? Ils sont tous morts dans l’obscurité, sans savoir où ils s’en allaient. »

La mort dans l’âme, Livingstone sentit son cœur se serrer du fait que les chrétiens ne sont pas venus plus tôt vers ces gens. « Je suis désolé que cela ait pris autant de temps, mais un jour le monde entier connaîtra la bonne nouvelle de Jésus-Christ », dit-il.

Levant son bras et pointant le doigt vers le nord, en direction du grand désert Kalahari, Sechele lui dit : « Vous ne pourrez jamais traverser ce pays pour vous rendre dans les tribus qui vivent au-delà du désert. » Les paroles de Sechele allumèrent un feu dans le cœur de Livingstone et, à partir de ce moment, celui-ci résolut de traverser le Kalahari pour faire connaître Jésus-Christ aux tribus du nord. Livingstone amena des chrétiens des tribus du sud avec lui et les forma en tant qu’enseignants indigènes afin qu’ils puissent aller annoncer le message de Jésus aux tribus du nord. Son travail rendit furieux les Boers, des descendants des colonisateurs néerlandais, récemment établis dans la région et qui considéraient les noirs indigènes comme leurs sujets. Certains Boers les forçaient même à travailler sans salaire.

Lorsque Livingstone rencontra leur dirigeant pour la première fois, le chef des Boers lui dit : « Vous devez enseigner aux noirs qu’ils ne sont pas nos égaux. » D’autres Boers dirent : « Vous perdez votre temps. Vous feriez tout aussi bien d’enseigner à des babouins plutôt qu’aux Africains. » Livingstone leur répondit : « Très bien, faisons un test pour voir qui peut lire le mieux entre vous et mes aides indigènes. » Les Boers refusèrent de se soumettre au test.

Après des mois de préparation, Livingstone estima que le temps était venu de traverser le désert Kalahari et d’entrer en contact avec les tribus lointaines du nord. Deux Anglais qui chassaient dans la région décidèrent de se joindre à lui et se mirent en route pour traverser le Kalahari.

Un chef qui vivait aux abords du désert envoya ce message à Livingstone : « Où allez-vous? Le soleil et la soif vont vous tuer et ensuite tous les hommes blancs me blâmeront de ne pas vous avoir sauvé. » Livingstone envoya un cadeau au chef et lui dit : « Ne vous en faites pas, les hommes blancs attribueront notre mort à notre propre stupidité. »

Leur périple vers le nord, dans la chaleur torride du Kalahari, dura des semaines. Parfois, ils devaient marcher péniblement, sans eau, pendant deux ou trois jours, pratiquement morts de soif, jusqu’à ce qu’ils trouvent une source ou un trou d’eau. Finalement, ils atteignirent un fleuve large et profond qu’ils suivirent sur une distance de près de cinq cents kilomètres, jusqu’au rivage d’un immense lac que les indigènes appelaient « Ngami ». Lorsqu’on apprit en Angleterre que David Livingstone avait traversé le désert Kalahari et qu’il avait découvert le lac Ngami, la Société Géographique Royale et la reine d’Angleterre lui octroyèrent une distinction honorifique.

Sa traversée du Kalahari fut la première de plusieurs expéditions. Il passait maintenant moins de temps à prêcher qu’à explorer. Il mena une expédition en vue d’explorer le fleuve Zambezi, qu’il appela « la grande voie de Dieu vers l’intérieur », et il fut le premier homme blanc à voir les chutes Victoria. Le livre qu’il écrivit — dans lequel il raconte ses découvertes, décrit ses aventures et fait connaître les contrées et les peuples d’Afrique — le rendit célèbre dans le monde entier. Il aurait pu retourner en Angleterre pour y être acclamé en tant que héros national et devenir un homme riche. « Je préfère encore la pauvreté et le service missionnaire aux richesses et à la facilité. C’est mon choix », dit-il.

La chose la plus difficile à laquelle Livingstone dut faire face au cours de ses voyages ne fut pas le manque d’eau ou les attaques des animaux sauvages, mais plutôt les horreurs du commerce des esclaves qu’il vit. Il déclara :

« Il est impossible d’exagérer lorsqu’on dénonce les maux du commerce des esclaves. Les scènes dont j’ai été témoin sont si révoltantes, si dégoûtantes, que j’essaie continuellement de les effacer de ma mémoire. Cependant, les scènes d’esclavage reviennent que je le veuille ou non; elles provoquent mon réveil en sursaut au cœur de la nuit et sont d’une telle clarté qu’elles me remplissent d’horreur. »

Il priait : « Ô Dieu tout-puissant, au secours! au secours! N’abandonne pas ces misérables gens aux mains des marchands d’esclaves et de Satan. »

Certaines personnes en Angleterre, critiques à l’égard de Livingstone, disaient qu’il ne convenait pas qu’un missionnaire passe la majeure partie de son temps à faire de l’exploration, mais Livingstone n’était pas d’accord. Il disait : « Mes buts sont d’aider à mettre fin au commerce des esclaves et d’apporter la Bible, la Parole de Dieu venue du ciel, aux gens qui vivent dans l’obscurité. » Il croyait qu’en ouvrant de nouvelles routes vers l’intérieur de l’Afrique, il préparait la voie à d’autres missionnaires qui viendraient après lui. Il espérait que le commerce des esclaves prendrait fin lorsque le monde serait informé de ses horreurs et que l’intérieur de l’Afrique serait accessible, rendant possibles les voyages et le commerce honnête.

Partout où Livingstone allait, il essayait de libérer les prisonniers victimes du commerce des esclaves. Pendant son expédition au fleuve Zambezi, il tomba sur un groupe nombreux d’indigènes que l’on conduisait à travers la brousse jusqu’au marché d’esclaves. Livingstone écrit ceci :

« Nous avons vu une longue file d’hommes, de femmes et d’enfants qui venaient, poursuivant leur chemin autour de la colline et dans la vallée. Des surveillants d’esclaves noirs, armés de mousquets, marchaient d’un pas désinvolte à l’avant, au milieu et à l’arrière de la file. Mais dès qu’ils nous aperçurent, ils se précipitèrent comme des fous dans la forêt, abandonnant les esclaves derrière eux. Ils couraient si vite que nous pûmes à peine apercevoir leurs casquettes rouges et la plante de leurs pieds. Nous coupâmes les liens des femmes et des enfants. Il fut plus difficile de libérer les hommes, car leur cou était attaché à la fourche d’une branche longue de deux mètres et tenue par une barre de fer à la hauteur de la gorge. Pour les délivrer, nous dûmes scier les branches autour du cou de chacun d’entre eux, un par un. Les captifs libérés firent un feu avec les branches auxquelles ils avaient été attachés et préparèrent un repas pour eux et leurs enfants. La liberté retrouvée leur semblait trop belle pour être vraie. »

Livingstone consacra le reste de sa vie à l’exploration, supportant la fièvre, les pluies torrentielles, les attaques d’animaux, les tribus menaçantes et d’innombrables autres épreuves. Lorsqu’un jour on lui demanda comment il pouvait accepter de tels sacrifices, Livingstone répondit :

« Je n’ai jamais fait de sacrifice. Nous ne devrions jamais parler de sacrifice alors que nous nous souvenons du grand sacrifice que Jésus a fait en quittant le trône de son Père au ciel afin de s’offrir pour nous. »

Quelques semaines avant sa mort, à l’âge de soixante ans, il écrivit ceci dans son journal : « Rien sur cette terre ne me fera abandonner mon travail par désespoir. Je trouve mon encouragement dans le Seigneur et je vais de l’avant. » Il est mort en priant. Les indigènes qui l’aidaient dans son travail le trouvèrent à genoux, immobiles, à côté de son lit, le visage caché dans ses mains. Après sa mort, des centaines de missionnaires suivirent ses traces en Afrique centrale et australe et beaucoup d’Africains se tournèrent vers Jésus-Christ.