Cet article a pour sujet l'inspiration des Écritures qui est un miracle du Saint-Esprit qui a inspiré non seulement les auteurs, mais les textes mêmes de la Bible. Elle est la Parole de Dieu ayant suprême autorité pour notre foi et notre vie.

Source: La doctrine de l'Écriture. 4 pages.

La doctrine de l'Écriture (6) - L'inspiration de la Bible

  1. Toute Écriture est inspirée de Dieu
  2. Les fondements historiques
  3. Ancien Testament
  4. Nouveau Testament
  5. Le mode de l’inspiration

1. Toute Écriture est inspirée de Dieu🔗

Prétendre que la Bible est la Parole de Dieu, c’est affirmer l’autorité souveraine des Écritures, sans limitation aucune, c’est affirmer l’inspiration verbale de la Bible. C’est croire au miracle de l’incarnation (celui de l’union de la lettre et de l’Esprit).

« On peut dire en contemplant Jésus-Christ : voilà l’homme et voilà Dieu. C’est l’homme dans sa vérité, dans sa petitesse, dans sa faiblesse même; et pourtant c’est Dieu, dans son essence, dans sa grandeur, dans sa puissance infinie, sans que nul puisse expliquer comment la divinité et l’humanité s’unissent en Jésus ni indiquer où l’une finit et où l’autre commence. Un prodige, un miracle semblable a donné l’Écriture au monde. Le Saint-Esprit l’a engendrée dans le sein de l’humanité, par une sorte d’incarnation spirituelle, si l’on veut me passer l’expression; et il est sorti de là un livre que l’on peut également appeler un livre des hommes et le livre de Dieu. C’est un livre des hommes, car on y sent l’esprit de l’homme, le cœur de l’homme, la conscience de l’homme, et jusqu’à l’infirmité de l’homme; que dis-je? On y sent tout cela, non de l’homme seulement, mais de tel ou tel homme, l’esprit de saint Jean et de saint Paul, le cœur de saint Jean et le cœur de saint Paul, l’infirmité humaine de saint Jean et l’infirmité humaine de saint Paul. Mais, en même temps, c’est le livre de Dieu : on y sent une vertu divine qui le prouve à l’âme autrement et mieux que par les miracles et les prophéties, qui ne se confond point avec la lumière ou la sainteté personnelle de l’auteur sacré, qui en fait un livre à part et qui oblige tout homme candide à rendre au Livre le témoignage que les émissaires du Sanhédrin rendaient à Jésus-Christ : Jamais livre n’a parlé comme ce livre. » (Adolphe Monod).

Comment l’inspiration de la Bible est-elle possible? Comment la Bible est-elle Parole de Dieu? Une seule réponse : par le Saint-Esprit. Il s’agit donc d’un miracle. L’inspiration de la Bible n’est pas un système. Elle est un fait. Mais nous sommes en droit de déclarer avec saint Paul que « toute l’Écriture est inspirée de Dieu » (2 Tm 3.16), c’est-à-dire que l’inspiration de la Bible porte sur toute l’Écriture, qu’elle s’applique à la Bible et non simplement aux hommes qui l’ont écrite. Et c’est d’une importance capitale. Bien des théologiens qui disent vouloir défendre l’autorité des Écritures, faisant porter l’inspiration sur des auteurs seulement et non sur le livre, nient l’universalité de l’inspiration. D’aucuns disent bien que la théopneustie s’étend jusqu’aux mots, mais ils ajoutent : uniquement lorsque leur choix ou leur emploi est lié avec la vie religieuse intérieure. Ils distinguent des degrés divers de spiritualité chez les auteurs sacrés, et, partant, dans les diverses parties de la Bible. Or, ces distinctions ne sont point autorisées par la Bible.

Saint Paul disait :

« C’est pourquoi nous rendons continuellement grâces à Dieu de ce qu’en recevant la Parole de Dieu, vous l’avez reçue, non comme parole des hommes, mais, ainsi qu’elle l’est véritablement, comme la parole de Dieu » (1 Th 2.13).

Certes, les écrivains sacrés ont joué leur grand rôle. Mais ce rôle fut encore une action de Dieu. Car on peut dire que Dieu a utilisé les tempéraments, les qualités, les réactions, le vocabulaire aussi des hommes de la Bible, pour donner à son message les diverses tonalités qu’il devait revêtir. « C’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé [ou ont écrit] de la part de Dieu » (2 Pi 1.21). En ce sens, on peut dire également que, dans l’Écriture, tous les mots sont de l’homme, comme tous les mots sont de Dieu, tous les versets sont de l’homme, et tous les versets sont de Dieu.

« Toute l’Écriture est inspirée de Dieu [théopneustos]. » Toute l’Écriture est la Parole de Dieu. C’est Dieu parlant dans l’homme, Dieu parlant par l’homme, Dieu parlant comme l’homme, Dieu parlant à l’homme. Incarnation spirituelle. Miracle de l’inspiration. La Bible est Parole de Dieu, nous l’avons déjà affirmé. Ainsi, d’après saint Paul, l’inspiration biblique désigne un acte divin, strictement divin, l’acte de l’Esprit de Dieu par lequel la révélation proprement dite, comme les révélations spéciales de Dieu, a été consignée dans le texte écrit de la Bible. Elle désigne plus précisément encore l’acte par lequel ce texte est devenu dans sa lettre, dans toute sa lettre (« pasa graphè »), le véhicule matériel d’un message surnaturel, du message de Dieu. Opération divine selon laquelle l’Écriture, dans toutes ses parties, a été donnée aux hommes par le moyen des écrivains sacrés, comme expression unique et infaillible de la vérité et de la volonté de Dieu.

Tel est le sens de l’inspiration scripturaire. Les croyants sont en principe d’accord sur ce sens. Mais autre chose est de définir, c’est-à-dire d’avoir sur le problème de l’inspiration de la Bible des idées générales, et autre chose est d’expliciter ce mode ou la nature de cette inspiration. Or, c’est de cette explicitation, bien plus que de nos idées générales, que dépend notre théologie, c’est-à-dire notre position dogmatique vis-à-vis de la Parole de Dieu, notre notion exacte de cette Parole. C’est pourquoi le croyant doit se pencher sur le problème de la nature de l’inspiration scripturaire. Il y a là des réflexions indispensables et une mise au point d’une importance capitale pour quiconque ne veut pas se payer de mots, ou se complaire, dans l’à peu près théologique.

En abordant ce problème, nous n’avons certes pas de prétention d’apporter la solution, ou plus exactement la clé qui ouvrira pour nous tous les secrets de la Parole et satisfera toutes nos curiosités intellectuelles. Nous n’avons pas inventé les notions que nous faisons nôtres et que nous essayons d’interpréter. Nous n’ignorons pas que toute interprétation, surtout lorsqu’il s’agit de notions bibliques, reste entachée de la misère humaine et sera toujours en deçà de son objet, par le fait même que celui-ci est un élément surnaturel. La Bible tout entière nous vient en tant que livre inspiré de Dieu. Comme telle, elle est la règle de notre foi et de notre vie, tant pour l’Église que pour tout homme. Du fait que cette nature inspirée de la Bible est très souvent combattue, il est nécessaire de lui accorder une grande attention. La doctrine de l’inspiration biblique a son origine en la Bible elle-même, aussi elle n’est point une invention ou à une théorie humaine. Nombreux sont les textes bibliques qui l’affirment. Nous nous contenterons d’en indiquer les principaux.

2. Les fondements historiques🔗

Comment établir ce dogme sur des éléments historiques? On n’explique pas un miracle. Nous sommes d’accord avec Calvin et la Confession de La Rochelle, dans les articles 2 et 4 consacrés à l’Écriture et à son canon, et relatifs au témoignage intérieur du Saint-Esprit : Toute l’Écriture est inspirée de Dieu. C’est un article de foi. Il ne nous est pas dit comment Dieu a fait cela. Il nous est seulement attesté qu’il l’a fait. Et c’est ce que nous devons croire. S’il y avait des parties de la Bible qui fussent sans inspiration, il ne serait plus vrai de dire que toute l’Écriture est divinement inspirée. Elle ne serait plus tout entière la Parole de Dieu. Elle nous aurait trompés. Pourtant, il faut bien convenir que notre notion de l’inspiration repose sur de solides fondements : celui des témoignages de l’Écriture et celui des traditions juive et chrétienne primitive.

3. Ancien Testament🔗

Les auteurs de l’Ancien Testament sont régulièrement avertis qu’ils doivent parler et écrire dès qu’ils auront reçu de Dieu ce qu’il leur ordonne d’écrire (Ex 17.14; 34.27; Nb 33.2; És 8.1; 30.8; Jr 25.13; 30.2; Éz 24.1; Dn 12.4; Ha 2.2). Les prophètes sont conscients d’apporter et de transmettre la Parole de Dieu. Aussi introduisent-ils fréquemment leurs discours par des formules telles que : « Ainsi parle le Seigneur », ou « La Parole du Seigneur vint sur moi », etc. (Jr 36.27-32; Éz 26,27,31,32,39).

4. Nouveau Testament🔗

Pour le Christ et les apôtres, les saintes Écritures ou les saintes lettres sont paroles de Dieu. Elles jouissent d’une autorité suprême qui ne saurait être récusée. Jésus, Pierre ou Paul le disent explicitement de David. Et cette autorité, Jésus et les écrivains du Nouveau Testament la justifient par le fait de l’inspiration. Sans doute, ne s’agit-il dans tous ces textes que des livres de l’Ancien Testament. Mais le terme « Écritures », on le sait, va prendre bientôt un sens plus large, dont Pierre est déjà le témoin quand il l’applique aux épîtres de Paul (2 Pi 3.16). L’apôtre Paul dit que ces paroles sont enseignées par l’Esprit (1 Co 2.13). Il affirme que le Christ parle à travers lui (2 Co 13.3). Il rédige son message à l’adresse des Thessaloniciens comme étant la Parole même de Dieu (1 Th 2.12). L’épître aux Hébreux cite souvent des textes de l’Ancien Testament comme Parole de Dieu ou du Saint-Esprit (Hé 1.5; 3.7; 4.3; 5.6; 7.21). Le texte le plus important et le plus connu est celui, nous l’avons déjà vu, de 2 Timothée 3.16, dans lequel nous lisons le mot grec « théopneustos », terme pouvant être rendu par « inspiré de Dieu », « insufflé de Dieu ».

5. Le mode de l’inspiration🔗

Des théologiens comme Justin, Irénée, Tertullien considéraient l’écrivain sacré comme un instrument passif de l’Esprit de Dieu. D’autres, tels Origène, Jérôme et même Augustin estimaient que l’écrivain sacré recevait, non pas les mots, mais les idées. L’exposition générale du texte, certaines opinions secondaires pouvaient à leur avis, émaner de l’écrivain lui-même. Les réformateurs nous paraissent avoir assez peu discuté du mode de l’inspiration. Ce problème, pour eux, était considéré comme secondaire. Ils se bornèrent en fait à affirmer l’autorité souveraine des Écritures qu’ils considéraient, sans discussion aucune, comme la règle suprême de la foi et comme une règle infaillible. Calvin n’affirme pas seulement que l’Écriture fut donnée par un Dieu de vérité, mais que l’Écriture est exempte de toute erreur1.

Suivons à présent Auguste Lecerf dans son ouvrage Du fondement et de la spécification de la connaissance religieuse (chap. 6, théorie de l’inspiration). Le grand dogmaticien réformé français écrit :

« Calvin n’a rien voulu avoir en commun avec les “fantastiques” de son temps dont l’individualisme radical visait à mettre une sorte d’inspiration particulière au-dessus de l’autorité de l’Écriture, confondant les impulsions de leur conscience avec le témoignage du Saint-Esprit. Pour lui, c’est bien de l’Église, gardienne des Écritures, que le fidèle en reçoit le texte et le contenu. Le néo-protestantisme d’aujourd’hui objecte à l’identification de l’Écriture avec la Parole de Dieu. La relation de confiance absolue entre Dieu et le fidèle est de première nécessité religieuse. Or, elle est conditionnée dans son existence par des faits qui lui servent de fondement, les faits confessés dans le symbole apostolique comme objets de la foi (Calvin, Catéchisme de Genève, section 18, 1re question). Il est parfaitement vrai que, dans un sens que nous essayerons de déterminer, les livres inspirés contiennent un élément humain; vrai aussi que, dans le cours ordinaire des choses, l’âme chrétienne ne peut discerner intuitivement et d’une manière sensible la voix de Dieu que dans certaines pages de l’Écriture; vrai encore que, dans des circonstances extraordinaires, des pages qui paraissaient insignifiantes, ou même choquantes, s’illuminent tout à coup d’une fulguration divine; vrai enfin que l’instinct de la foi avertit maîtres et fidèles que c’est dans l’Écriture et non ailleurs qu’ils doivent chercher la source et la norme de leurs croyances. »

Note

1. B. Warfield, Calvin and Calvinism, New York, 1931, p. 65.