Cet article a pour sujet la discipline de la théologie, le fondement de la foi, la définition de la théologie, la tâche de l'encyclopédie théologique et ses difficultés.

Source: Introduction à la théologie dogmatique. 3 pages.

Dogmatique (1) - Faire de la théologie

  1. Le fondement de la foi
  2. Définitions
  3. La tâche particulière de l’encyclopédie théologique
  4. Des problèmes majeurs dans l’encyclopédie théologique

1. Le fondement de la foi🔗

« Autrefois, on commençait la dogmatique sans prolégomènes. L’exposition matérielle du contenu de la foi était considérée comme étant la seule tâche de la dogmatique. L’habitude de faire précéder la dogmatique matérielle par des prolégomènes a son origine à la période du rationalisme. Cette première partie de la dogmatique devint de plus en plus importante; on voulait prouver dans cette partie qu’il était raisonnable de croire à la vérité qui serait exposée dans la partie matérielle. En suivant une méthode catholique, les rationalistes protestants voulaient donner les “motiva credibilitatis” sur la base d’une théologie naturelle. Les bases de la théologie naturelle protestante furent ébranlées par Kant. Mais la partie formelle retint sa position importante dans la dogmatique protestante. Une partie apologétique précédait la dogmatique proprement dite (par exemple chez Schleiermacher). Dans cette partie, on traitait de la connaissance religieuse, de la religion, de la révélation et de la Bible sans se baser sur le fondement de la foi.
Nous ne rejetons pas la raison d’être de l’apologétique comme une partie de la science théologique. Cette apologétique doit défendre la foi chrétienne d’une manière scientifique. Cette défense de la foi est demandée par Dieu (1 Pi 3.15). L’apologétique doit signaler les contradictions dans la critique incroyante, elle doit traiter de la relation entre la doctrine de la Bible et les résultats de la science, et elle doit aussi réfuter les objections qui se fondent sur un malentendu de la vérité révélée. Cette apologétique doit cependant se baser sur la foi comme toute la théologie. Elle ne doit pas se baser sur une certaine théologie naturelle dont nous rejetons d’ailleurs la possibilité légitime. L’apologète ne doit pas agir comme s’il pouvait prendre la position d’un incroyant vis-à-vis de la vérité divine. Il doit s’occuper des objections contre la foi chrétienne en se basant sur la foi. La légitimité d’une telle apologétique n’implique cependant pas qu’elle puisse avoir la position d’une introduction à la dogmatique. La dogmatique expose la vérité divine d’une manière positive. Par une telle introduction apologétique, on donnera l’impression qu’il est très naturel de rejeter la vérité chrétienne.
Cela ne veut pas dire qu’il ne serait pas bon de discuter, dans une première partie de la dogmatique, de la raison de notre foi avant de traiter dans la deuxième partie du contenu de notre foi. Mais alors cette première partie doit déjà être pleinement dogmatique. On prend la position du croyant dans cette première partie et on se demande ce que la Bible, la prédication de l’Église, la foi disent. Les prolégomènes de la dogmatique doivent cependant d’abord parler du nom, de la méthode, de la division et de l’histoire de la dogmatique. La question décisive est aussi, dans ce début de la dogmatique, si selon la Bible la science de la dogmatique a une raison d’existence et comment on doit étudier en dogmatique selon la Parole de Dieu.1 »

2. Définitions🔗

L’introduction à la science théologique a été appelée par Abraham Kuyper « théologie encyclopédique ». Étymologiquement, « encyclopédie » vient du grec « kuklos » et « paideia », ou cercle d’instruction, d’éducation. Au Moyen Âge, le mot désignait un volume contenant le monde de la science ou de la connaissance. Tel en est encore resté le sens aujourd’hui. Ce fut au cours du 19siècle que, sous l’influence des idéalistes allemands (Fichte, Hegel), l’encyclopédie désigna la recherche scientifique ayant son propre droit. Elle se référera à la recherche de la science en tant que telle, la nature de son objet, la méthode qui lui est propre, la relation « organique » entre diverses sciences, etc.

3. La tâche particulière de l’encyclopédie théologique🔗

On s’attend à ce que la théologie pose la question de la nature de la théologie, considérée dans sa totalité. L’encyclopédie théologique est alors le travail effectué dans le cadre du soupçon général comme quoi la théologie n’est pas une science. Or, selon Kuyper, la tâche de l’encyclopédie théologique consiste à : (a) défendre le caractère scientifique de la théologie; (b) expliquer le rapport entre la science théologique et d’autres sciences humaines; (c) démontrer l’erreur d’autres sciences, mais également apprécier ce qui est juste dans la recherche effectuée par celles-ci et se l’approprier; (d) faire pour la théologie ce que l’encyclopédie fait pour les sciences en général.

L’encyclopédie s’occupera alors des « rapports » entre les divers départements de la théologie, en les unissant et en les distinguant, de même que des rapports entre la théologie et d’autres sciences.

4. Des problèmes majeurs dans l’encyclopédie théologique🔗

À la question de savoir quel est l’objet de l’investigation théologique, on pourra naturellement répondre qu’évidemment il n’est autre que Dieu. Mais Dieu peut-il devenir l’objet de la théologie? Il y a eu une variété de positions à ce sujet, par exemple la Bible, Dieu, l’Église, la conscience religieuse (a priori), le domaine pistique (de la foi), etc., ont été considérés comme faisant l’objet de l’investigation théologique. Concernant le caractère scientifique de la théologie, une question régulièrement débattue est de savoir si la théologie peut, avec raison, être décrite comme scientifique. Actuellement, on s’oppose à une telle conception de la théologie, du fait de l’idée que l’on se fait sur la science en général : sa neutralité, son empirisme, mais également du fait de la grande confusion qui règne parmi les théologiens eux-mêmes.

À supposer que nous puissions obtenir quelque unanimité sur l’objet de la théologie, sur la division de ses secteurs et sur son caractère scientifique, quels en seront la méthode, la norme, les critères pour énoncer de claires affirmations? Qu’est-ce qui justifie une affirmation théologique?

Note

1. G. Meulemann.