Cet article sur Ecclésiaste 1 a pour sujet le fait qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil, malgré les inventions modernes, car notre condition essentielle ne change pas. Jésus seul nous procure la vraie nouveauté de vie et nous promet une nouvelle création.

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Ecclésiaste 1 - Quoi de neuf sous le soleil?

« L’œil n’est jamais rassasié de voir. L’oreille n’est jamais remplie de ce qu’elle entend. Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera; il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Si l’on dit : “Tenez! Voilà quelque chose de nouveau”, en fait, cela a déjà existé dans les temps qui nous ont précédés depuis longtemps. Seulement, on ne se souvient plus de ce qui s’est passé autrefois, et il en sera de même pour ce qui se produira à l’avenir : ceux qui viendront après nous n’en auront aucun souvenir. »

Ecclésiaste 1.8-11

L’Ecclésiaste, cet auteur biblique qui nous parle depuis les temps anciens, nous semble bien désabusé. Mais, s’il revenait sur terre et visitait ce début de 21siècle, prononcerait-il encore ces paroles : « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil »? Ne trouverait-il pas les produits de notre révolution industrielle et électronique tout à fait nouveaux? N’aimerait-il pas traverser l’océan en avion et se retrouver à New York en moins de dix heures? Ne serait-il pas étonné par la possibilité de cloner des moutons et peut-être bientôt des humains? Comment réagirait-il en voyant les merveilles que la photographie digitale ou la chirurgie cardiaque permettent d’accomplir? Quelle serait sa réaction face aux effets spéciaux des films d’Hollywood? Peut-être l’Ecclésiaste est-il venu trop tôt et a-t-il manqué l’époque qui lui aurait convenu : le 21siècle. Il aurait trouvé chez nous cette nouveauté qu’il semble avoir cherchée en vain à son époque.

Mais cessons d’imaginer ce que l’Ecclésiaste aurait pensé s’il était venu nous visiter, car cela nous ne le saurons jamais. En revanche, la question que nous pouvons nous poser, face au livre de l’Ecclésiaste qui nous parvient du fond des âges, est la suivante : pouvons-nous encore nous identifier à ce qu’écrivait l’Ecclésiaste quelques siècles avant Jésus-Christ? Après tout, nous sommes ceux que la nouveauté atteint chaque jour, à tel point qu’il ne nous est laissé aucun répit : nous sommes confrontés chaque jour à des découvertes et des inventions nouvelles, qui affectent notre vie comme celle des sociétés. C’est nous qui devons nous adapter à tant de choses nouvelles, à tel point parfois qu’on voudrait que cette spirale s’arrête. Dans les grandes villes, le stress et la dépression marquent ceux qui n’arrivent plus à s’adapter. Sans parler de tous ceux qui ne voient que de loin les avancées technologiques, mais n’en bénéficient nullement, car seuls les riches ou ceux qui ont disposé d’une éducation soignée peuvent y avoir accès. Alors, au milieu de tout cela, le message de l’Ecclésiaste est-il actuel? Qu’a-t-il à nous apporter?

Peut-être une partie de la réponse gît dans une expression qu’on utilise de plus en plus en France, surtout quand on est déçu par les changements politiques : « Plus ça change, disent les gens, plus c’est la même chose. » Dans un sens, c’est là que réside la force du message de l’Ecclésiaste, dont je vous invite à lire l’intégralité si vous disposez d’une Bible. Sous la surface des choses qui changent, il est un niveau plus profond, celui des choses qui ne changent pas, celles qui restent en permanence au plus profond de notre existence. C’est de celles-là que l’Ecclésiaste veut parler. Et de fait, en nous rappelant quelle est notre condition essentielle, l’Ecclésiaste nous enseigne à tourner nos yeux vers Dieu pour obtenir une réelle nouveauté de vie.

En premier lieu, il nous avertit de ne pas tâcher d’échapper à notre condition essentielle, comme si nous pouvions nous jeter de la poudre aux yeux en inventant toutes sortes de gadgets et ainsi oublier qui nous sommes en profondeur. Car il est possible que les hommes s’adonnent à toutes sortes de nouveautés, technologiques ou autres, justement pour mieux oublier qu’il existe un centre de leur existence, ce que la Bible appelle le cœur ou l’âme. Et peut-être les hommes cherchent-ils à lui échapper, à ne pas voir en face les vrais besoins de ce cœur, et aussi sa nudité profonde? Et voilà que l’Ecclésiaste fait entendre sa voix depuis les temps anciens et dissipe nos illusions. Il nous ramène à la réalité profonde de notre existence, au niveau des choses qui ne changent pas.

Il y a sans doute plusieurs raisons qui ont amené l’Ecclésiaste à écrire ces paroles sur lesquelles nous méditons aujourd’hui. D’abord, cet homme devait bien connaître l’histoire de son pays et celle des nations autour de lui. En réfléchissant sur cette histoire, il a dû réaliser que de nombreux événements historiques ressemblaient à une répétition d’un même modèle : par exemple la croissance puis la chute des empires et des royaumes. C’est précisément ce que nous aussi nous avons pu constater au cours de notre époque. Il a aussi dû observer le phénomène du vieillissement des humains, quels qu’ils soient. Qui pourrait échapper à un tel processus, en son temps ou à notre époque? Peut-être l’Ecclésiaste était-il aussi irrité par ceux qui introduisaient de nouvelles choses et prétendaient que les temps avaient vraiment changé. Il voulait leur prouver qu’ils avaient tort, que ce qu’ils appelaient nouveau était en fait bien connu. Peut-être ces gens essayaient-ils d’oublier le centre de leur existence, ce cœur dont je vous parlais; peut-être essayaient-ils d’enterrer leur propre passé, comme nous essayons si souvent de le faire nous-mêmes lorsque nous rêvons d’être une nouvelle créature ou de vivre dans un monde nouveau. En fait, l’Ecclésiaste, par ses écrits, découvrait les motivations profondes des uns et des autres avec une remarquable perspicacité.

Il y a, dans le Nouveau Testament, un autre exemple frappant de recherche de nouveauté à tout prix : lorsque l’apôtre Paul visite Athènes, la capitale intellectuelle du monde romain, au livre des Actes des apôtres, au chapitre 17, nous lisons : « Il se trouve en effet que tous les Athéniens, et les étrangers qui résidaient dans leur ville, passaient le plus clair de leur temps à dire ou à écouter les dernières nouvelles. » Comme dans les grandes capitales, Paris, New York, Abidjan ou Nairobi, les habitants d’Athènes étaient assoiffés de nouvelles, de tout ce qui pouvait créer du mouvement dans leurs vies. Ils détestaient les situations figées, rigides. Ils étaient prêts à entendre parler de nouveaux dieux et de nouvelles religions. Mais la question qui se pose est la suivante : ces idoles les satisfaisaient-elles? Et quel était le motif profond de leur curiosité insatiable?

Rappelez-vous de ce que dit l’Ecclésiaste, au début de son livre : « L’œil n’est jamais rassasié de voir. L’oreille n’est jamais remplie de ce qu’elle entend. » Comprenez-vous maintenant en quoi le message de l’Ecclésiaste demeure si actuel? Il met à nu nos motivations les plus profondes, il nous force à quitter la surface des choses, le niveau de ces choses que nous tenons pour acquises afin de ne pas avoir à nous poser des questions dérangeantes. Et il nous force à diriger nos regards vers celui qui peut réellement faire toutes choses nouvelles.

Bien sûr, pour comprendre le message du livre de l’Ecclésiaste, il nous faut le lire dans le contexte de toute la Bible. Nous ne comprendrions jamais l’impact extraordinaire des paroles que nous lisons dans l’Apocalypse : « Celui qui était assis sur le trône dit : Voici, je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21.5) si nous n’avions pas d’abord lu les paroles de l’Ecclésiaste : « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil » (Ec 1.9). L’Ecclésiaste nous apprend en fait combien est vide une vie qui n’est pas remplie par la présence de Dieu. Il ne le sous-entend pas simplement, il le dit très clairement :

« Il n’y a donc rien de mieux à faire pour l’homme que de manger, de boire et de jouir du bonheur au milieu de son labeur. Mais j’ai constaté que cela aussi dépend de Dieu. En effet, qui peut manger et profiter de la vie sinon celui qui le reçoit de lui? Car Dieu donne à l’homme qui lui est agréable la sagesse, la connaissance et la joie, mais il impose comme occupation à celui qui fait le mal le soin de recueillir et d’amasser pour celui qui lui est agréable » (Ec 2.24-26).

Dans la foulée de tout l’Ancien Testament, l’Ecclésiaste attend la plénitude de Dieu, et de lui seulement. Mais cette attente revêt chez lui une expression inhabituelle, comme s’il était nécessaire de dire certaines choses d’une manière brutale, pour que les humains acceptent d’être confrontés à leur condition véritable. Car l’Ecclésiaste sait que les hommes aiment beaucoup les échappatoires.

Bien sûr, l’Ecclésiaste aimerait voir quelque chose de vraiment nouveau, mais pas la caricature de nouveauté qu’on lui présentait de son temps. Nul doute qu’il n’aurait pas reçu avec beaucoup d’enthousiasme la nouvelle du clonage de moutons, voire d’êtres humains. D’ailleurs, quel est l’intérêt de reproduire très exactement les péchés d’une personne donnée en la clonant? Là aussi, nous pourrions dire : « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, nous avons vu la même personne, avec ses mêmes péchés, dans la copie originale. » Non, l’Ecclésiaste cherchait quelque chose de plus : quelque chose qui puisse le satisfaire complètement, sans aucun regret ou insatisfaction.

Et nous, hommes et femmes qui vivons à l’aube du 21siècle, cherchons-nous aussi ce qui peut nous donner complète satisfaction? Et où le trouver? Dieu seul peut nous l’apporter, car c’est lui seulement qui peut faire toutes choses nouvelles. C’est lui qui a annoncé à son serviteur, le prophète Jérémie : « Mais des jours vont venir, déclare l’Éternel, où moi je conclurai une alliance nouvelle avec le peuple d’Israël et celui de Juda » (Jr 31.31). C’est Dieu qui a accompli cette promesse lorsque Jésus-Christ a pris la Cène, le dernier repas avant sa crucifixion, avec ses disciples, et leur a dit : « Cette coupe est la nouvelle alliance scellée de mon sang; faites ceci, toutes les fois que vous en boirez, en mémoire de moi » (1 Co 11.25). C’est encore lui qui donne une vie nouvelle à tous ceux qui ont été greffés en ce même Seigneur Jésus-Christ, comme l’apôtre Paul l’écrit au chapitre 4 de sa lettre aux Éphésiens :

« On vous a enseigné, à vous qui êtes chrétiens, ce qui est conforme à la vérité qui est en Jésus. Cela consiste à vous débarrasser de votre ancienne manière de vivre, celle de l’homme que vous étiez autrefois, et que les désirs trompeurs mènent à la ruine, à être renouvelés par le changement de ce qui oriente votre pensée, et à vous revêtir de l’homme nouveau, créé conformément à la pensée de Dieu, pour mener la vie juste et sainte que produit la vérité » (Ép 4.21-24).

Lire et relire le message de l’Ecclésiaste, qui nous appelle à rechercher Dieu, au-delà des nouveautés et des inventions humaines, est essentiel. Car à sa manière, il nous appelle à attendre avec espérance l’héritage promis que Dieu a révélé à un autre de ses serviteurs, Jean, l’auteur de l’Apocalypse :

« Puis je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’existait plus. Je vis la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, descendre du ciel, d’auprès de Dieu, belle comme une mariée qui s’est parée pour son époux. Et j’entendis une forte voix, venant du trône, qui disait : Voici la tente de Dieu avec les hommes. Il habitera avec eux; ils seront ses peuples et lui, Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux. La mort ne sera plus et il n’y aura plus ni deuil, ni plainte, ni souffrance. Car ce qui était autrefois a définitivement disparu » (Ap 21.1-4).