Cet article sur Matthieu 2 a pour sujet la naissance de Jésus à Noël qui est signe de paix, mais aussi déclaration de guerre contre Hérode et les ennemis du Royaume venu à la naissance du grand Roi.

Première partie audio:

Deuxième partie audio:

8 pages.

Matthieu 2 - Jésus-Christ Parole incarnée

« Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode. Des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer. À cette nouvelle le roi Hérode fut troublé, et Jérusalem avec lui. Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ. Ils lui dirent : À Bethléem en Judée, car voici ce qui a été écrit par le prophète : “Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas la moindre parmi les principales villes de Juda; car de toi sortira un prince, qui fera paître Israël mon peuple.” Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et se fit préciser par eux l’époque de l’apparition de l’étoile. Puis il les envoya à Bethléem, en disant : Allez, prenez des informations précises sur le petit enfant; quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’aille moi aussi l’adorer. Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici : l’étoile qu’ils avaient vue en Orient les précédait; arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta. À la vue de l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent; ils ouvrirent ensuite leurs trésors et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. Après leur départ, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Égypte, et restes-y jusqu’à ce que je te parle; car Hérode va rechercher le petit enfant pour le faire périr. Joseph se leva, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Égypte. Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, afin que s’accomplisse ce que le Seigneur avait déclaré par le prophète : “J’ai appelé mon fils hors d’Égypte”. Quand Hérode se vit joué par les mages, sa fureur fut extrême, il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléem et dans son territoire, d’après l’époque qu’il s’était fait préciser par les mages. Alors s’accomplit ce qui avait été annoncé par le prophète Jérémie : “Une voix s’est fait entendre à Rama, des pleurs et beaucoup de lamentations : C’est Rachel qui pleure ses enfants; elle n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus.” Après la mort d’Hérode, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Égypte, et dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et retourne dans le pays d’Israël, car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts. Joseph se leva, prit le petit enfant et sa mère et rentra dans le pays d’Israël. Mais quand il apprit qu’Archélaüs régnait sur la Judée à la place d’Hérode, son père, il craignit de s’y rendre, et, divinement averti en songe, il se retira dans le territoire de la Galilée, et vint demeurer dans une ville appelée Nazareth, afin que s’accomplisse ce qui avait été annoncé par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen. »

Matthieu 2.1-23

Vous savez sûrement comme moi que, chaque année autour de Noël, on entend aux nouvelles des rapports de trêves, de cessez-le-feu intervenant dans plusieurs endroits du globe où sévit la guerre. C’est Noël, dit-on, et en signe de bonne volonté pendant cette période de l’année qui, aux yeux de beaucoup, symbolise la paix, il faut faire taire les canons. Cela donne à ceux qui souhaitent fêter Noël, pour des raisons de religion ou de tradition, l’occasion de le faire sans en être empêchés. Nous pouvons donc penser que cette année comme les précédentes, un certain calme régnera autour du 25 décembre dans quelques régions ravagées par des conflits armés. Pendant deux ou trois jours, un court répit sera apporté à ceux qui sont autrement les victimes du cortège de malheurs que la guerre apporte toujours avec elle. Et puis, deux jours plus tard, peut-être trois, ceux qui s’acharnent à se détruire les uns les autres reprendront le combat en tâchant d’anéantir leurs ennemis.

Devons-nous, en tant que croyants, nous réjouir au sujet de telles trêves? Sont-elles vraiment un hommage au Seigneur Jésus-Christ, dont la naissance est célébrée à Noël? Non, certainement pas. De tels cessez-le-feu ne sont aucunement la paix que nous attendons si ardemment. En eux ne se trouve aucun shalom, aucune réconciliation divine qui durera pour l’éternité.

Qui plus est, nous devons aussi nous demander si Noël doit être vraiment compris comme un symbole de paix. N’est-ce pas une idée erronée, en particulier lorsque nous lisons ce que le Seigneur Jésus-Christ dit de lui-même, dans l’Évangile selon Luc, au chapitre 12 : « Je suis venu jeter un feu sur la terre, et qu’ai-je à désirer, s’il est déjà allumé? […] Pensez-vous que je sois venu donner la paix sur la terre? Non, vous dis-je, mais la division » (Lc 12.49-51). Alors, Noël est-il un signe et symbole de paix, comme tant d’entre nous voudraient le croire, parce que nous souhaitons tant vivre une trêve par rapport à toute la douleur et toute la souffrance qui règne autour de nous, ou parce que nous sommes fatigués de n’entendre parler que de guerres et de bruits de guerres?

Le chapitre 2 de l’Évangile selon Matthieu nous raconte la naissance de Jésus en des termes qui doivent nous faire sérieusement réfléchir. Nous présenterons notre méditation sur la signification de Noël à la lumière de ce chapitre.

Après la lecture de ce chapitre, il convient de nous demander à nouveau : Noël est-il vraiment un signe et symbole de paix? D’après Matthieu chapitre 2, nous devons bien plutôt considérer Noël comme une déclaration de guerre. Rien de moins que cela. Car que se passe-t-il lorsqu’un roi illégitime, c’est-à-dire un gouvernant qui n’a pas le droit de régner sur un pays donné, mais croit que personne ne peut le chasser de sa position de force, se trouve soudain confronté avec le véritable roi, celui qui détient la légitimité, l’onction royale, le roi légal du pays? Que se passe-t-il dans un tel cas? Eh bien, c’est tout simplement la guerre! L’histoire de l’humanité est pleine de tels exemples. En fait, la guerre qui nous est racontée dans Matthieu chapitre 2 commence par un incident diplomatique; elle débute avec l’arrivée de représentants de pays d’Orient, qui forment pour ainsi dire une ambassade venant apporter des hommages au roi légitime!

Ces gens sont bien plus que de simples observateurs d’étoiles : astrologues et savants, peut-être même experts dans les arts magiques. À l’époque, ils servaient souvent de conseillers politiques à leur prince, en raison de leur connaissance et de leurs pouvoirs. Donc ces mages viennent de très loin en une sorte d’ambassade afin de nouer pour ainsi dire des liens diplomatiques avec le roi véritable. Mais pas le genre de relations diplomatiques communément nouées, par exemple celles qui existent entre la France et l’Allemagne. Non, ils viennent comme des sujets reconnaissant en ce roi leur propre roi, et même l’adorant, quoiqu’ils habitent un autre pays. Ils ne le font pas en paroles seulement, mais avec des gestes concrets, par des cadeaux et des offrandes qui témoignent de leur soumission.

Que pensez-vous que doit être la réaction du roi illégitime? Hérode a déjà bien du mal à faire reconnaître sa propre autorité en Palestine, car il y a parmi le peuple bien des doutes sur sa légitimité : il n’est ni juif, ni grec, ni romain, mais iduméen, arabe, le fils d’un traître qui a usurpé le trône de la dynastie légitime de Palestine. Et pour tâcher de donner un semblant de légitimité à sa dynastie, Hérode a épousé une femme provenant de la famille de la dynastie déchue. Plus tard, il la fera assassiner, car il nourrit des soupçons à son égard, injustement du reste. Ce n’est pas son premier meurtre : il a déjà fait noyer un de ses beaux-frères, il en a fait exécuter un autre, ainsi que le dernier roi de la dynastie précédente, afin que cette famille ne puisse jamais plus menacer ou remettre en question son propre pouvoir. Entre-temps, il a fait brûler quelques pharisiens, des religieux de l’époque attachés à la loi de Moïse et très nationalistes. Et plus tard, par peur que les fils qu’il a eus de sa femme veuillent venger leur mère, il les fera étrangler. Peu avant sa mort, il donnera encore l’ordre de faire tuer son troisième fils. Le titre de « roi des Juifs » lui a en fait été attribué par les occupants romains détestés, c’est-à-dire par une puissance extérieure qui a mis fin à l’indépendance des Juifs.

Or voilà que cet homme, qui rampe devant les occupants romains et tente de singer les Grecs pour avoir l’air civilisé, doit soudain subir une humiliation diplomatique : depuis des pays étrangers arrive une ambassade venant honorer le vrai Roi des Juifs! Hérode n’était pas au courant qu’une rébellion était en cours dans son propre pays; il avait pourtant fait assassiner tous ceux qui auraient pu être des prétendants au trône… Et voici qu’il lui faut apprendre que l’étranger a davantage de respect et d’attentions pour un opposant qui n’est qu’un petit enfant! Comprenez-vous maintenant pourquoi le roi Hérode, à cette nouvelle, fut tant troublé, comme nous le lisons au verset 3?

Mais c’est tout Jérusalem avec lui qui est troublé. En particulier les docteurs de la loi, pourrait-on penser. Car lorsqu’ils entendent les étrangers parler d’une grande étoile, ils ne peuvent pas ne pas penser à une ancienne prophétie, qui figure au chapitre 24 du livre des Nombres, dans l’Ancien Testament. Voici ce que dit Balaam, l’auteur de cette prophétie :

« Je le vois, mais non maintenant, je le contemple, mais non de près. Un astre sort de Jacob. Un astre sort de Jacob, un sceptre sort d’Israël. Il blesse les flancs de Moab et il abat tous les fils de Seth. Il prend possession d’Édom, il prend possession de Séir, ses ennemis. Israël est plein de vaillance. Celui qui sort de Jacob règne en souverain, il fait périr ceux qui s’échappent des villes » (Nb 24.17-19).

Voilà comment résonne l’ancienne prophétie du livre des Nombres, et ce n’est pas précisément une prophétie annonçant paix et harmonie, surtout lorsque l’on prend en compte l’origine ethnique du roi Hérode…

La première phase du conflit commence alors : une guerre diplomatique et d’information. Il faut bien détenir des informations fiables sur son ennemi si on veut le combattre efficacement : où se trouvent ses quartiers généraux, à combien se montent ses troupes… Et comme c’est souvent le cas lors des rencontres diplomatiques, celle-ci est accompagnée de mensonges et de désinformation : Hérode tente de tromper les visiteurs étrangers, les mages orientaux. Il prétend être prêt lui aussi à reconnaître l’autorité de son adversaire, comme s’il n’existait aucun conflit entre eux.

Mais lorsqu’il devient clair pour lui que la bataille diplomatique et du renseignement est perdue, la déclaration de guerre est inévitable. Et comme on pouvait s’y attendre de la part d’un personnage aussi vicieux qu’Hérode, il s’agit immédiatement d’une guerre sale : tous les enfants de deux ans et au-dessous qui se trouvent dans une province particulière sont tout simplement assassinés. Une guerre sale, nous savons à quoi cela peut ressembler, notre époque en est pleine : terrorisme, prise d’otages, minage de voies publiques, bombardements de populations civiles… Durant cette deuxième phase du conflit, et dont Bethléem et ses environs sont le théâtre, on n’entend décidément pas chanter : « ô douce nuit, ô sainte nuit… » Ce qu’on entend, c’est une douloureuse plainte, comme nous le rapporte Matthieu : « Une voix s’est fait entendre à Rama, des pleurs et beaucoup de lamentations : c’est Rachel qui pleure ses enfants; elle n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus » (Mt 2.18).

Et pourtant, Hérode ne peut pas non plus gagner cette seconde phase du conflit. Tous ses efforts sont vains, même s’il n’a pas les moyens de savoir s’il a remporté un succès ou non. Il assassine et sème la violence, il provoque douleur et larmes, mais n’atteint pas son but. Pourquoi? Parce qu’Hérode ne détient pas l’initiative. Ce n’est pas lui qui a initialement déclaré la guerre. C’est Dieu lui-même qui a déclaré la guerre contre lui et contre celui qui se tient manifestement derrière lui, Satan, le prince illégitime du monde. Cela est clair ne serait-ce que par le fait que, lorsqu’Hérode se met en campagne, le véritable Roi des Juifs est déjà né, plusieurs mois avant qu’Hérode n’en prenne connaissance, peut-être un an, voire deux.

Dieu est en contrôle : Il mène les mages orientaux vers Bethléem au moyen de l’étoile. Par son Esprit, il les avertit de ne pas retourner faire un rapport à Hérode. Il mène le petit enfant et ses parents vers un endroit sûr. Son plan de guerre est exécuté avec succès, comme l’apôtre Paul le résume si nettement au chapitre 4 de sa lettre aux chrétiens de Galatie : « Mais lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la loi » (Ga 4.4). Voyez-vous, Dieu seul détient l’initiative. Lui seul détermine lorsque les temps sont accomplis, lorsque la bataille décisive doit être livrée. Mais la nature de la guerre que Dieu déclare apparaît clairement lorsque l’on considère la stature de l’adversaire d’Hérode : un enfant en bas âge qui deviendra une épée pour régner sur les nations, comme le dit l’ancienne prophétie du livre des Nombres, dans l’Ancien Testament, prophétie que nous avons déjà citée. La Parole même de Dieu devient incarnée en la personne de cet enfant. Qui pourrait résister la Parole de Dieu lui-même?

Écoutez ce que dit sur la Parole de Dieu la lettre aux Hébreux, dans le Nouveau Testament :

« Car la parole de Dieu est vivante et efficace, plus acérée qu’aucune épée à double tranchant : elle pénètre jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles; elle est juge des sentiments du cœur. Il n’y a aucune créature, qui soit invisible devant lui : tout est mis à nu et terrassé aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte » (Hé 4.12-13).

Qui pourrait gagner une guerre contre la Parole vivante et efficace de Dieu, plus acérée qu’aucune épée à double tranchant, et qui pénètre jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, qui est juge des sentiments du cœur? « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais la division », a dit Jésus (Mt 10.34), dans la même veine que le passage de Luc chapitre 12 que nous avons déjà cité.

La totalité du ministère terrestre de notre Seigneur Jésus-Christ se déroule en fait entre les pôles des deux Hérode qui, chacun à leur manière, veulent le faire mourir. Oui, l’ombre de la croix est déjà présente à Noël. Il n’y a pas de paix entre lui et les deux Hérode. Il n’y a pas de paix entre lui et les pharisiens ou les docteurs de la loi. Il n’y a pas de paix entre lui et les sadducéens. Pas de paix non plus entre lui et l’un de ses disciples. Il y a bien quelques moments de paix dans la vie terrestre de notre Seigneur : paix pour ceux qui ont cru en lui, qui l’ont salué comme le Messie, le Roi, par exemple Siméon, qui prit le petit enfant dans ses bras et dit :

« Maintenant, Maître, tu laisses ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole, car mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple, Israël » (Lc 2.29-32).

Il y a aussi eu paix pour ceux à qui Jésus a dit : « Ta foi t’a sauvé, va en paix » (Lc 7.50; 8.48).

Quel est donc le message de Noël pour l’Église de Jésus-Christ aujourd’hui? Est-ce un message de guerre ou de paix?

Tout d’abord, nous ne devons pas douter qu’en la personne de Jésus-Christ, le véritable Roi est venu sur terre et s’est révélé. Sa venue comme « Emmanuel », c’est-à-dire « Dieu avec nous », met fin à toutes les exigences des rois et souverains illégitimes qui prétendent régner sur notre vie, et qui veulent dominer aussi bien sur notre cœur que sur nos pensées. Donc, si le vrai et seul Roi est venu et s’est révélé, cela signifie clairement que le Royaume de Dieu est aussi venu en la personne du Roi. Cependant, le fait que le Royaume soit venu en lui ne signifie pas qu’il n’y ait plus d’épreuves ou de combats dans notre vie. C’est précisément ce que l’apôtre Jean nous dit, lorsqu’il écrit au début de son Apocalypse :

« Moi Jean, qui suis votre frère et qui prends part avec vous à la tribulation, à la royauté et à la persévérance en Jésus, j’étais dans l’île appelée Patmos, à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus » (Ap 1.9).

Voyez-vous, si le Royaume n’était pas venu en la personne de Jésus-Christ, jamais Jean n’aurait pu écrire qu’il prend part avec nous à la royauté. Mais, comme nous venons de le lire, cette participation à la royauté de Jésus-Christ n’est pas détachée d’une participation à la tribulation et à la persévérance. C’est ce que nous voyons clairement au début de la vie terrestre de notre Seigneur Jésus : sa royauté commence en fait avec la reconnaissance de croyants comme Siméon ou encore d’étrangers comme les mages, mais elle est aussi marquée dès le début par l’oppression et la tentative de meurtre initiées par le roi illégitime.

La venue du roi véritable signifie la venue du Royaume de Dieu sur terre qui réclame de manière définitive ce qui lui appartient de droit, sa propriété exclusive, à savoir le monde entier. Cela ne veut pas dire que le monde acquiesce volontiers à cette exigence, et nous le voyons en particulier dans le fait que le titre de « Roi des Juifs » n’est accordé à Jésus que de manière dérisoire, sur la croix de Golgotha, lorsque ceux qui le crucifient lui font porter une couronne d’épines et mettent une inscription moqueuse au-dessus de sa tête ainsi couronnée. Lorsque ce titre officiel est accordé à Christ par les autorités terrestres, c’est sur la croix où il est crucifié, sur le champ de bataille de Golgotha. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’est pas Roi. Bien plutôt cela indique le caractère de sa royauté et de son Royaume, lesquels ne proviennent pas de ce monde de péché. Ici comme au début de sa vie terrestre, Dieu contrôle les événements. La résurrection puis l’ascension au ciel de Jésus-Christ confirment sa royauté, acceptée par la foi par tous ceux que Dieu a décidé, d’un acte souverain, de faire citoyens de son Royaume.

Mais comment l’assemblée de ces élus, c’est-à-dire l’Église, témoigne-t-elle de la royauté et du Royaume du Christ? Voilà la question que nous devons maintenant nous poser. L’Église le fait en reflétant la nature de cette royauté et de ce Royaume dans sa propre marche et sa conduite. Nous rendons ce témoignage en particulier des deux manières suivantes : d’abord en devenant comme ce petit enfant qui n’a pas peur des forces obscures à l’œuvre, car il sait qu’il est en sécurité dans les mains du Père tout-puissant. Par une foi enfantine, le petit enfant se trouve petit à petit confirmé, fortifié, établi et accompli. En second lieu, nous reflétons la royauté et le Royaume de Jésus-Christ en portant une épée, Christ lui-même qui habite en nous par son Esprit. Nous portons donc l’épée de la Parole de Dieu, et nous menons une guerre avec cette arme, mais non cependant le genre de guerre qu’Hérode mena contre Jésus. Notre guerre est décrite dans la lettre aux Hébreux :

« Car la Parole de Dieu est vivante et efficace, plus acérée qu’aucune épée à double tranchant; elle pénètre jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles; elle est juge des sentiments et des pensées du cœur. Il n’y a aucune créature qui soit invisible devant lui; tout est mis à nu et terrassé aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte » (Hé 4.12-13).

C’est donc une guerre sainte que nous menons, mais qui ne se sert ni d’armes à feu ni de bombes ou de torture. Nous apportons une Parole qui pénètre profondément dans le cœur pécheur de l’humanité, qui dévoile la corruption du monde et la dénonce sous tous ses aspects : sur le terrain de l’injustice politique et économique; sur le terrain de la haine et de la vengeance d’ordre ethnique ou nationaliste; sur le terrain de la décadence culturelle ou encore de la destruction de la famille, cette unité sociale et humaine de base qu’a faite le Créateur. Sur tous ces terrains, nous qui sommes greffés en Christ, nous sommes porteurs de son épée.

En tant que croyants, nous ne sommes pas seulement appelés à dévoiler simplement la corruption qui a cours dans un monde pécheur, mais également à chercher des solutions et à vivre des choix alternatifs qui obéissent à la loi de notre Roi. Un exemple d’un tel choix alternatif a trait à la pratique, si courante dans nos sociétés, de l’avortement pour cause de commodité. Il ne suffit pas de proclamer haut et fort qu’une telle pratique est une contravention sans équivoque au sixième commandement, qui interdit de tuer. Il convient également d’avertir les mères qui envisagent de perpétrer ce crime de la signification qu’il revêt et des conséquences qu’à long terme il aura pour elles-mêmes. Il convient aussi d’établir des structures d’accueil qui puissent rendre possible à la mère en difficulté de recevoir son enfant et d’en prendre soin, afin qu’il ne connaisse pas le même sort que les petits de Rama et de Bethléem dont il nous est parlé au chapitre 2 de l’Évangile selon Matthieu.

Voyez-vous bien maintenant la différence qui existe entre la guerre menée par les chrétiens armés de l’épée de Dieu et la guerre qu’un monde impie mène contre Dieu? C’est dans une telle guerre sainte que gît notre vocation, et c’est là que repose le message de Noël. Noël n’est pas une berceuse pour enfants destinée à nous endormir spirituellement. Au contraire, dans la personne de Jésus-Christ, Dieu est venu avec son épée dans le monde afin de juger toutes les intentions et les pensées du cœur! La guerre que nous menons a pour but ultime la réconciliation entre Dieu et les hommes, et entre les hommes eux-mêmes. Mais ce ministère de la réconciliation ne va pas sans le maniement d’une épée qui pénètre jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles. Malheur à nous si nous ne levons pas clairement et sans équivoque cette épée de la Parole de Dieu qui est venue demeurer parmi nous! Malheur à nous si nous la laissons reposer dans un placard, ou dans nos musées culturels…

Mais en conclusion, célébrer Noël n’a pas de sens non plus si nous ne le faisons pas dans la perspective du retour du Seigneur Jésus-Christ. Noël n’est, même pour les chrétiens, qu’une commémoration sentimentale si l’on ne fait que regarder en arrière, et pas en avant. Pour ceux qui, par une vraie foi, ont obtenu la réconciliation avec le Père en Christ et dans la communion avec le Saint-Esprit, la paix est déjà présente. Mais le Fils de Dieu revient sur terre, avec puissance et majesté, afin de prononcer un jugement final avec son épée. Tout comme Siméon et tant d’autres croyants de l’Ancien Testament attendaient le Messie, nous attendons son retour, et nous l’attendons en soupirant, car son retour signifiera la fin de notre combat terrestre. C’est pourquoi les chrétiens prient, au milieu du combat, cette prière enseignée par Jésus-Christ lui-même : « Que ton règne vienne. »

Le disciple Jean, celui qui se décrit, au début de son Apocalypse, comme notre frère prenant part avec nous à la tribulation, à la royauté et à la persévérance en Jésus, décrit de la manière suivante le retour de Jésus-Christ à la fin des temps :

« Puis je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc. Celui qui le monte s’appelle Fidèle et Véritable, il juge et combat avec justice. Ses yeux sont une flamme de feu; sur sa tête se trouvent plusieurs diadèmes; il porte un nom écrit, que nul ne connaît, sinon lui, et il est vêtu d’un manteau trempé de sang. Son nom est la Parole de Dieu. Les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, revêtues de fin lin, blanc et pur. De sa bouche sort une épée tranchante pour frapper les nations. Il les fera paître avec un sceptre de fer, et il foulera la cuve du vin de l’ardente colère du Dieu tout-puissant. Il a sur son manteau et sur sa cuisse un nom écrit : Roi des rois et Seigneurs des seigneurs » (Ap 19.11-16).