« Là-dessus, Jésus alla avec eux au lieu dit Gethsémané et il dit aux disciples : Asseyez-vous ici, pendant que je m’éloignerai pour prier. Il prit avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, et il commença à être saisi de tristesse et d’angoisse. Il leur dit alors : Mon âme est triste jusqu’à la mort, restez ici et veillez avec moi. Puis il s’avança un peu, se jeta la face contre terre et pria ainsi : Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi! Toutefois, non pas comme je veux, mais comme tu veux. Il revint vers les disciples, qu’il trouva endormis; il dit à Pierre : Vous n’avez donc pas été capables de veiller une heure avec moi! Veillez et priez, afin de ne pas entrer en tentation; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible. Il s’éloigna une deuxième fois et pria ainsi : Mon Père, s’il n’est pas possible que cette coupe s’éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite! Il revint et les trouva encore endormis; car leurs yeux étaient appesantis. Il les quitta, s’éloigna de nouveau et pria pour la troisième fois en répétant les mêmes paroles. Puis il revint vers ses disciples et leur dit : Vous dormez maintenant, et vous vous reposez! Voici que l’heure est proche, où le Fils de l’homme va être livré aux mains des pécheurs. Levez-vous, allons; celui qui me livre s’approche. »

Matthieu 26.36-46

La manière biblique de s’adresser au Dieu créateur demeure la prière. C’est son Fils, le Seigneur Jésus-Christ, qui l’a ainsi montré à ses disciples sur la demande de l’un d’eux (Luc 11.1-2). Jésus-Christ lui-même a utilisé ce même moyen pour communiquer avec son Père. Il a enseigné aux disciples à s’adresser à Dieu comme « Notre Père qui es aux cieux » (Mt 6.5-13) dans cette prière modèle. En effet, comment la prière est-elle conçue au sein de l’Église du Christ de nos jours? Comment doit-on prier? Et comment est-elle exaucée?

Dans la tourmente intérieure précédant son arrestation au jardin de Gethsémané, le Seigneur Jésus-Christ a prié comme suit, selon ce que rapporte l’évangéliste Matthieu :

« Puis, ayant fait quelques pas en avant, il se jeta sur sa face, et pria ainsi : Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » (Mt 26.39).

Dans ce récit figurent des éléments très importants à considérer lorsque nous nous adressons à Dieu. Il s’agit d’une prière dite par le Fils de Dieu dans une situation extraordinairement difficile, lui qui est à la fois Dieu, Fils de Dieu, et homme. Bien sûr, cette prière n’est pas un modèle pour nous, car elle est dite par le Fils de Dieu et Dieu lui-même. Néanmoins, cette prière a une profondeur et elle offre un caractère pédagogique dans notre vie de prière chrétienne. La position de prière de Jésus est importante à noter, mais nous ne nous y attarderons pas. Nous nous concentrerons plutôt sur les paroles du Seigneur Jésus-Christ dans la prière, la longueur de la prière, la foi dans la prière et l’exaucement de la prière.

1. Les paroles de la prière⤒🔗

La prière étant un pont entre le chrétien et Dieu qui est son Père, elle contient un élément central et capital qui est le langage. Celui-ci est exprimé par la parole ou avec le geste (Lc 18.13; Lc 7.37- 38, 50). Le Seigneur Jésus-Christ s’est exprimé avec les paroles dirigées vers son Père. Il a dit à ses disciples de ne pas multiplier de vaines paroles lorsqu’ils prient (Mt 6.7). La prière peut être adressée par les paroles, les gestes ou les murmures (1 S 1.13-14). Lorsque quelqu’un a le cœur rempli de chagrin, il peut faire des gestes sans paroles en se frappant la poitrine ou en se couchant sur sa poitrine et en suppliant Dieu de lui venir en aide. L’essentiel est que cette prière soit réfléchie, intelligente et fondée sur la volonté de Dieu. Dieu est souverain, nous devons savoir quoi lui dire dans nos prières. Celui qui adresse sa prière doit être attentif à identifier aussi la réponse de Dieu. Les paroles de la prière doivent être au-delà des aspirations et des sentiments humains qui tendent à accomplir nos intérêts personnels seulement (Jc 4.3). Dans nos prières, la volonté de Dieu doit être au-dessus de toutes nos requêtes.

La courte prière de Jésus-Christ à Gethsémané reflète tout ce que l’on peut imaginer d’une prière qui est une supplication adressée à celui qui a le droit d’honorer la demande. Christ définit celui à qui il prie comme « Mon Père ». C’est ainsi qu’il a appris à ses disciples à s’adresser à Dieu comme « notre Père ». La relation est celle d’un Fils qui présente une demande à son Père. La formulation de la demande est teintée de respect et caractérisée par une relation filiale :

« Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. […] Mon Père, s’il n’est pas possible que cette coupe s’éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite » (Mt 26.39,42).

Dans le parallèle de l’Évangile selon Luc, cette prière de Jésus-Christ est décrite d’une manière simple comme suit :

« Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne » (Lc 22.42).

Les paroles de Jésus-Christ en cette prière sont bien choisies et appropriées pour la circonstance. Il les a pesées. Et Dieu a directement entendu cette prière. Jésus fut même fortifié par l’ange lorsqu’il priait et qu’il était en agonie (Lc 22.43). Ses paroles ne sont pas nombreuses. Ce ne sont pas des paroles de désespoir ou de quelqu’un dépourvu de tout secours (Mt26.53-54), mais de quelqu’un qui connaissait le dessein de Dieu pour lui (Jn 10.17-18). Ce sont des paroles d’angoisse et de détresse! Jésus-Christ s’y était préparé et savait qu’il était envoyé par Dieu pour mourir afin de sauver ceux qui croiraient en lui.

Les prières chrétiennes sont devenues une occasion de tonner contre Dieu, de le gronder, de lui ordonner d’accomplir singulièrement la volonté de celui qui croit pouvoir le commander au lieu de le prier d’exaucer sa requête. Les paroles de prière deviennent un brouhaha et des parlottes incohérentes. La prière tourne en une récitation ou incantation qu’un maître fait répéter à ses disciples pour que Dieu fasse ce qu’ils souhaitent. Or, la prière doit être une expression de sentiments qui découlent du cœur d’un enfant respectueux envers son Père, qui réside dans les lieux célestes.

2. La longueur de la prière chrétienne←⤒🔗

La prière de Jésus à Gethsémané est courte et riche en contenu. Le sens de la prière des chrétiens ne réside pas dans la longueur de la requête ou le nombre de phrases à réciter ou à faire réciter par les membres. La Bible nous dit :

« Ne te presse pas d’ouvrir la bouche, et que ton cœur ne se hâte pas d’exprimer une parole devant Dieu; car Dieu est au ciel, et toi sur la terre : que tes paroles soient donc peu nombreuses » (Ec 4.17 à 5.1).

Cette courte prière de Jésus-Christ a été reprise par lui-même trois fois avec le même contenu raisonnable. Il supplia son Père afin que sa volonté se fasse et non la sienne propre. De nos jours, la prière d’un certain christianisme prend des heures et des heures avec répétitions à voix forte, sans foi ni discernement. Elle met au centre la chose que l’on demande à Dieu plutôt que Dieu qui donne la chose demandée. Mais la prière de Jésus est celle d’un homme qui fait face à une mort atroce. Il exprime cette observation aux disciples en ces termes : « L’esprit est bien disposé, mais la chair est faible » (Mt 26.41). Ceci devrait être pour Christ une occasion de multiplier des paroles dans le but de « forcer » Dieu à exaucer sa requête. Mais Jésus-Christ a formulé cette adresse avec humilité envers son Père. Ce n’est pas à cause de la multiplicité des paroles que Dieu écoute les requêtes des croyants. Bien entendu, c’est par le contenu, la matière pour laquelle on prie; et surtout il faut que celle-ci soit en accord avec la volonté souveraine de Dieu. Jésus-Christ n’a-t-il pas dit : « ta volonté et non la mienne »? L’on prie pour ses besoins et surtout pour la gloire de Dieu lui-même (Jn 14.13-16).

3. La foi dans la prière←⤒🔗

La courte prière de Jésus-Christ a comme fondement la confiance en Dieu le Père. Christ qui voulait que la coupe de souffrance soit enlevée par Dieu le Père a bien reconnu Dieu le Père comme le centre de l’approbation de la prière. Si Dieu le Père voulait que Jésus-Christ meure, Christ allait accepter la mort. Si Dieu voulait que Jésus-Christ demeure en vie, Christ aurait accepté de vivre : « Que la volonté de Dieu se fasse. » Cette volonté de Dieu est fondée sur la gloire de Dieu. Et Christ n’a cessé d’obéir à la volonté du Père (Jn 12.49), car il avait la foi en lui.

4. L’exaucement de la prière←⤒🔗

L’exaucement de la prière est le fait que Dieu accepte ou agrée la prière d’un membre de l’Église et donne à celui-ci ce qu’il a demandé dans sa requête. Cette prière s’exprime ainsi au verset 42 : « Que cette coupe s’éloigne sans que je la boive; que ta volonté soit faite. »

La volonté de Dieu est de réconcilier son peuple avec lui. Pour que ceci s’accomplisse, il fallait que Jésus-Christ, son Fils unique, meure pour apaiser la colère de Dieu. À cause de la faiblesse humaine ou de l’angoisse (v. 41), Jésus-Christ a souhaité que Dieu enlève cette souffrance ainsi que la mort qui allait s’ensuivre. Mais il s’incline devant la volonté souveraine du Père en sa qualité de Fils. C’était la volonté du Père est que Christ meure. Jésus-Christ a été arrêté, crucifié; il est mort et a été enseveli. La volonté de Dieu a ainsi été accomplie. La mort de Jésus ne signifie pas que sa prière n’a pas été exaucée par Dieu. Au contraire, la prière de Christ fut doublement exaucée! D’une part, la volonté de Dieu était de voir Christ mourir (Mt 26.39c); et de l’autre côté, la volonté de Christ était d’être en vie (Mt 26.39a). Il a obtenu cette vie pour toujours à la droite de Dieu le Père, comme Seigneur et Sauveur (Ac 2.36). Il est au ciel et aussi au sein de son Église à travers son Saint-Esprit et par sa Parole.

5. Votre prière et son exaucement←⤒🔗

Une courte prière de Jésus-Christ a été exaucée. Comment comprenez-vous l’exaucement de votre prière? Que pensez-vous si trois jours passaient et que vous n’aviez pas reçu la chose pour laquelle vous aviez prié? Que diriez-vous de votre prière? Est-elle exaucée ou pas? Ceux qui croient à l’exaucement de la prière ici et maintenant diront qu’une telle prière n’est pas approuvée par Dieu. Le Seigneur Jésus-Christ est mort et a été enseveli. Le troisième jour, Dieu a ressuscité Christ des morts et il est vivant éternellement. Dieu a pris son temps pour exaucer cette courte prière de Jésus. Et la vôtre, que faut-il faire afin qu’elle soit approuvée?

Dans cette courte prière de notre Seigneur Jésus-Christ, il est clair qu’il s’est adressé à Dieu comme « mon Père » et non à une autre créature ou un autre Dieu, encore moins à un prophète de jadis ou de son temps. Il s’est humilié, bien qu’il soit Dieu et Fils unique de Dieu, devant la souveraineté du Dieu tout-puissant. Dieu a aimé son Fils et il lui répond chaque fois lorsqu’il est en prière (Lc 9.28-35). Ainsi, le chrétien doit-il suivre le modèle de la prière tel qu’enseigné par le Seigneur de l’Église en s’adressant au seul vrai Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ (Mt 6.9-13). Il doit reconnaître que, par la grâce que Dieu nous offre en son Fils, il exauce en son temps et selon sa volonté les prières qui lui sont adressées.

La volonté de Dieu est exprimée en Jésus à travers sa Parole. L’Esprit nous l’enseigne et intercède auprès du Père pour exaucer nos prières par la foi en Jésus-Christ (Rm 8.26). Et le chrétien doit reconnaître sa pauvreté et sa misère (c’est-à-dire ses faiblesses et ses péchés), mais Dieu dans sa grâce exauce cette prière pour l’amour du Seigneur Jésus-Christ (Dn 9.17-19).

La prière demeure un moyen efficace pour résoudre nos problèmes de sécurité, de survie et de la croissance de l’œuvre de Dieu. La foi est indispensable dans la prière chrétienne, et Dieu est le centre de la réponse à nos prières en Jésus-Christ. Il répond quand il le veut et en son temps. L’Église chrétienne est une assemblée de croyants qui prient afin de témoigner de la souveraineté de Dieu et de leur reconnaissance envers lui. Ainsi dira-t-elle : « Que ton règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Mt 6.10).