Plaintes et murmures - une catastrophe discrète
Plaintes et murmures - une catastrophe discrète
Les plaintes, les murmures. Nul d’entre nous n’y échappe. Les nouvelles en sont remplies dans tous les médias. Pour certains d’entre nous, se plaindre constitue une habitude bien ancrée. D’autres ne se plaignent qu’à l’occasion. C’est l’un de ces péchés que nous tolérons, parce que les plaintes occasionnelles ou même habituelles n’entraînent pas de conséquences catastrophiques immédiates dans nos vies, même si nous savons qu’elles sont mal.
Cependant, même si cela n’entraîne pas de conséquences catastrophiques immédiates, les plaintes et les murmures n’en sont pas moins détestables aux yeux de Dieu. Dans la lettre aux Philippiens, Paul exhorte les croyants à « faire tout sans murmures ni discussions » (Ph 2.14). Dans la lettre de Jacques, nous sommes exhortés à ne pas nous plaindre les uns des autres (Jc 5.9). Paul a exhorté l’Église de Corinthe à ne pas murmurer comme les Israélites l’avaient fait (1 Co 10.10). Ces versets nous demandent de ne pas murmurer ni de nous plaindre, mais il y a aussi d’innombrables versets qui nous encouragent à nous réjouir et à être joyeux et reconnaissants. Il nous est impossible d’agir ainsi ou d’avoir de telles attitudes quand notre esprit est occupé à se plaindre.
Ces commandements précis devraient nous interpeller, parce qu’ils nous viennent de la Parole de Dieu, mais nous nous débrouillons pour les écouter sans nous arrêter au fait que les plaintes et les murmures déplaisent beaucoup à Dieu. C’est simplement que nous avons l’impression que les plaintes et les murmures ne sont pas aussi mal que l’idolâtrie ou l’immoralité sexuelle. Pourtant, ces trois types de péché font tous partie de la même liste de péchés que Paul énumère en 1 Corinthiens 10 comme exemples de comportements pratiqués dans l’Ancien Testament qui devraient être évités.
Vous êtes peut-être capable de lire les passages mentionnés plus haut sans être saisi par l’ampleur de l’offense qui est faite à Dieu lorsque nous murmurons, mais vous ne pourrez pas rester indifférents si vous lisez le livre des Nombres. À cause de leurs murmures, certains Israélites furent consumés par le feu (Nb 11.1). Certains se sont vu refuser l’entrée dans la terre promise et ont été condamnés à mourir dans le désert (Nb 14.29). Quatorze mille sept cents personnes sont mortes d’un fléau (Nb 17.10-15). Beaucoup sont morts après avoir été mordus par des serpents brûlants (Nb 21.6). De notre point de vue, les murmures et les plaintes sont peut-être une mauvaise habitude qui nous rend un peu déplaisants, mais sont-ils suffisamment graves pour que nous méritions la peine de mort? Certainement pas, pensons-nous. Cependant, la sévérité des punitions décrites dans le livre des Nombres nous oblige à réviser notre point de vue. À la lumière de ces passages, il ne fait aucun doute que les plaintes et les murmures constituent une grave offense; c’est le moins qu’on puisse dire.
À notre époque, dans une culture où tout se dit sans retenue, où toute pensée qui surgit à l’instant dans notre esprit peut se retrouver sur notre babillard Facebook à peine quelques instants plus tard, avant même que nous ayons eu le temps d’y repenser, les murmures et les plaintes ne sont qu’une chose de plus que nous communiquons sans trop y réfléchir. Mais si nous nous y arrêtons un instant, les plaintes et les murmures sont complètement à l’opposé de ce que nos vies en tant que chrétiens devraient être. Nous professons que nos actions et notre vie entière découlent de notre reconnaissance profonde pour le salut que Dieu nous accorde. Se plaindre n’est pas une démonstration de gratitude, mais révèle plutôt notre mécontentement par rapport à la providence de Dieu dans nos vies. Nous ne sommes pas contents des plans que Dieu a pour nous, ou du moment qu’il choisit pour agir de telle ou telle manière dans nos vies, ou des moyens qu’il prend pour nous purifier, ou des gens qu’il met sur notre route, ou de la nourriture qu’il nous accorde, ou des vêtements que nous devons porter, ou des emplois qu’il nous a donnés.
Nous professons également que « le but principal de la vie de l’homme est de glorifier Dieu et de trouver en lui son bonheur éternel » (Petit Catéchisme de Westminster, réponse 1). Se plaindre est à l’opposé du but pour lequel nous avons été créés. Se plaindre ne glorifie pas Dieu, mais démontre plutôt que nous sommes mécontents des circonstances dans lesquelles il nous a placés. Murmurer constamment n’est pas juste une mauvaise habitude déplaisante, c’est le moyen assuré de gâcher sa vie. Quand nous nous plaignons, nous ne sommes peut-être pas consumés par le feu, ou frappés d’un fléau, ou mordus par un serpent brûlant, mais les plaintes et les murmures ne sont pas sans conséquence. Ceux qui se plaignent constamment sont condamnés à ne jamais parvenir à apprécier pleinement la bonté de Dieu dans leur vie. Ils ne font que penser à ce qu’ils aimeraient avoir d’autre et ne font qu’espérer de meilleures circonstances.
Se plaindre est chose facile; par contre, il n’est pas si facile d’arrêter de se plaindre. La langue est difficile à dompter, comme le dit Jacques, et « si quelqu’un ne bronche pas en paroles, c’est un homme parfait » (Jc 3.2). Personne n’a encore trouvé de solution rapide. Ce n’est que par la prière, par l’amour, par un effort conscient et, en fin de compte, par la puissance de la grâce de Dieu que nous pouvons combattre cette tendance dans nos propres vies ou encourager les autres qui mènent le même combat.