Cet article a pour sujet Polycarpe (69-155) qui a subi la persécution sous l'Empire romain. Il est mort au bûcher pour avoir refusé d'adorer les idoles et pour être demeuré fidèle à Jésus-Christ.

Source: Trial and Triumph, 1999. 3 pages. Traduit par Claire Bédard

Polycarpe - Témoin dans l'arène vers 69 – 155

Jésus a dit : « Je bâtirai mon Église, et les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle » (Mt 16.18). C’est avec puissance qu’il l’a bâtie, une puissance glorieuse et renversante. Le Christ est sorti du tombeau, il est apparu vivant à plusieurs et il a envoyé l’Esprit sous forme de langues de feu. Tout cela a permis aux disciples lâches et confus d’être transformés en vaillants soldats de la croix. Ils ont guéri des malades, ressuscité des morts et proclamé hardiment l’Évangile. C’est par milliers que les gens sont entrés dans le Royaume de Dieu. On n’avait encore jamais rien vu de tel.

Les chefs religieux juifs ont fait flageller les disciples et les ont avertis de cesser de parler de Jésus-Christ. Les disciples ont répondu : « Est-il juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu? À vous d’en juger, car nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu » (Ac 4.19-20).

Craignant le nombre sans cesse grandissant de chrétiens et détestant le fait qu’ils refusaient de s’incliner devant les dieux païens, les empereurs romains ont déclaré que suivre Jésus-Christ était un crime passible de mort. Ils ont commencé à attribuer aux chrétiens la responsabilité de toute calamité qui survenait. Un de ces chrétiens a soupiré : « Si les fleuves débordent ou si une sécheresse, une famine ou un fléau sévit, les païens crient : “Jetez les chrétiens aux lions”! »

Les Romains ont mis à mort plusieurs des premiers disciples de Jésus-Christ : ils ont décapité Paul, crucifié Pierre et en ont tué d’autres par le feu, l’épée et les bêtes. Alors qu’ils affrontaient la mort, les paroles de Jésus résonnaient dans leurs oreilles : « Si le monde a de la haine pour vous, sachez qu’il m’a haï avant vous. […] S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jn 15.18,20).

Au milieu d’une terrible persécution, l’Église s’est fortifiée, s’étendant jusqu’aux quatre coins de l’Empire romain et même au-delà. Une nouvelle génération de dirigeants chrétiens s’est levée pour prendre la place des apôtres et des disciples. L’un des plus éminents d’entre eux était un homme du nom de Polycarpe. Voici une partie de son histoire.

Rasant le sol, tapi dans le sable, un lion tournait autour du jeune homme qui se tenait au centre de l’arène. La foule observait, totalement silencieuse. Depuis son balcon impérial aux premières loges, le gouverneur romain regardait, le visage fendu d’un large sourire. Les dirigeants de l’Empire romain qualifiaient les chrétiens d’athées parce qu’ils refusaient de s’incliner devant les dieux romains ou d’offrir de l’encens à l’empereur. Ici à Smyrne, le gouverneur avait ordonné que tout chrétien qui refuserait de renoncer à sa foi soit exécuté. C’est pourquoi le jeune homme se tenait immobile alors que le lion tournait autour de lui.

Le gouverneur cria à l’homme :

« Allons! Tu es jeune. Tu as toute la vie devant toi. Il n’est pas trop tard. Quelques-uns de tes amis viennent juste de prêter serment à César. Je ferai sortir la bête si tu fais la même chose qu’eux. Prête serment et tu vivras. »

Le jeune homme hocha la tête et tint bon alors que le lion rampait vers lui. Le lion marqua un temps d’arrêt, puis bondit. L’espace d’un instant et les deux étaient entrelacés, l’animal déchirant l’homme de ses coups puissants. Le lion ferma ses énormes mâchoires et le jeune homme devint mou. La foule lança des acclamations. Certains crièrent : « À mort l’athée! »

Un des dirigeants romains dit à voix forte : « Il n’était qu’un disciple. » Un autre cria : « Nous voulons Polycarpe, leur dirigeant! À mort l’athée! À mort Polycarpe! » Rapidement, le chant scandé retentit dans toute l’arène : « À mort l’athée! À mort Polycarpe! » L’ordre fut donné et une petite troupe partit arrêter Polycarpe, l’évêque de Smyrne.

Polycarpe avait été enseigné dans sa jeunesse par l’apôtre Jean et il avait conduit de nombreuses personnes à la foi en Jésus-Christ. Quand les soldats trouvèrent Polycarpe, ils l’amenèrent et le firent entrer précipitamment dans l’arène où ils le traînèrent devant le gouverneur romain de la province. En voyant Polycarpe, la foule se mit à hurler : « À mort l’athée! À mort Polycarpe! »

Vêtu d’une toge brodée de pourpre et d’or, le gouverneur se tenait debout dans le balcon impérial, jetant un regard brillant de colère sur Polycarpe revêtu de sa tunique poussiéreuse. Il fit signe de la main et calma la foule. Le gouverneur lui demanda : « Es-tu Polycarpe, l’enseignant des chrétiens? » « Je le suis », répondit Polycarpe. Le gouverneur lui dit : « Aie du respect pour l’honneur que te confère ton âge avancé. Jure par César et tu sauveras ta vie. Pointe ton doigt vers les prisonniers chrétiens là-bas et dis : Finissons-en avec les athées! » Polycarpe tourna le dos aux prisonniers chrétiens, montra du doigt la foule païenne, éleva la voix vers le ciel et dit : « Finissons-en avec les athées! » Les gens grincèrent des dents en entendant l’insulte. « Comment peut-il oser nous traiter d’athées! »

Le gouverneur tenta Polycarpe une deuxième fois : « Prête serment à César et je te relâcherai. Renie le Christ! » Polycarpe se tenant bien droit répondit d’une voix claire : « J’ai été son serviteur pendant quatre-vingt-six ans et il ne m’a fait aucun mal. Comment pourrais-je donc blasphémer mon Roi qui m’a sauvé? »

Le gouverneur cria : « Jure par César! » Polycarpe répondit : « C’est en vain que tu essaies de m’amener à jurer par César. Écoute-moi bien : Je suis chrétien! » Le gouverneur répliqua : « J’ai ici des bêtes sauvages. Je vais te livrer à ces bêtes si tu ne changes pas d’avis. » Polycarpe répondit : « Appelle-les ». « Je te ferai brûler vivant, puisque tu n’as pas peur des bêtes. » Polycarpe lui dit :

« Tu me menaces d’un feu qui brûle pendant un peu de temps puis qui s’éteint, mais tu ignores le feu du châtiment éternel qui est préparé pour les impies. Qu’est-ce que tu attends? Allons! Fais ce que tu veux de moi. »

Quelqu’un s’écria : « C’est l’enseignant d’Asie, le père des chrétiens, qui enseigne à plusieurs de ne pas adorer nos dieux. Brûlez-le! » Des soldats attachèrent Polycarpe à un poteau et l’entourèrent de paille, de bois d’allumage imbibé d’huile, de bûches et de branches. Polycarpe pria à haute voix :

« Ô Seigneur Dieu tout-puissant, Père de ton Fils bien-aimé, Jésus-Christ, par qui nous avons reçu la connaissance de ton nom, je te bénis parce que tu m’as jugé digne de ce jour et de cette heure, afin que je puisse être compté parmi tes martyrs. Tu es le Dieu fidèle et vrai. À toi la gloire, aujourd’hui et à jamais. Amen. »

Une longue torche alluma le feu et une forte flamme s’éleva dans les airs.

Partout dans l’empire, le courage de Polycarpe face à la mort a encouragé les chrétiens persécutés à demeurer fidèles à Jésus-Christ.