Cet article a pour sujet la prière, les raisons de prier, le sens de la prière, qui prier, comment prier avec de bonnes dispositions et des demandes appropriées, dans l'attente de réponses fondées sur les promesses de Dieu.

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La prière chrétienne, prière de la foi

1. Introduction : Les raisons de prier🔗

Il est très courant d’entendre dire, même par des chrétiens : « Je ne sais pas prier. » Les disciples eux-mêmes ne savaient pas prier lorsqu’ils demandèrent au Maître : « Apprends-nous à prier » (Lc 11.1). Pourtant, la Bible recommande de prier sans cesse (Lc 18.1; Ph 4.6; 1 Th 5.17), de prier avec persévérance (Lc 11.5-10; Ép 6.18), de prier avec foi et assurance (Jl 3.5; Rm 10.13), de prier même pour les ennemis (Lc 6.28), de prier pour les autres (És 53.12; Lc 22.32; 23.34; Jn 17; 1 Tm 1.1-2).

Si l’on est chrétien et que l’on ne sait pas prier, cela pose un problème, car c’est par la prière que nous établissons la communication et la relation avec Dieu. Le Seigneur est attentif et bienveillant à l’égard de nos prières sincères et ferventes, dites dans la foi et au nom de Jésus (Jn 14.13-14; 15.16; 16.29; Ph 2.9-11).

Comme les disciples, nous devons apprendre à prier.

Voici neuf raisons pour lesquelles nous pouvons prier. Nous prions pour :

  • parler à Dieu et être en communion avec lui
  • permettre à Dieu de nous parler
  • adorer Dieu
  • le remercier de ses bénédictions
  • confesser nos péchés à Dieu
  • demander l’aide de Dieu pour d’autres personnes
  • demander son aide pour nous-mêmes
  • demander qu’il nous dirige
  • recevoir la force et la victoire sur la tentation1

Pour approfondir cette question de la prière, nous allons essayer de passer en revue trois points importants : le sens de la prière, qui prier et comment prier.

2. Le sens de la prière🔗

Prier, c’est formuler une requête, une demande. La prière est l’acte de foi par excellence. Nous exprimons notre foi en Dieu principalement à travers la prière. Pour le chrétien, prier est un mode de vie : prier c’est vivre, et vivre c’est prier. En effet, la prière est, pour le chrétien, une communion de chaque instant avec son Dieu. D’où l’exhortation évangélique : « Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité » (Jn 4.24). La prière permet de repousser la tentation (Mt 6.13; Mc 14.38), mais par-dessus tout, elle est une arme efficace dans le combat spirituel contre les forces du mal (Ép 6.11-12).

Comme dans les psaumes (par exemple les psaumes d’appel au secours : Ps 66; 69; 86; 102; 140; 143), la prière constitue un moment exceptionnel au cours duquel nous crions à Dieu notre faiblesse, nous l’appelons à l’aide, nous présentons ce que nous avons sur le cœur, le poids de nos fautes et de nos peines, les événements et les situations de la vie quotidienne qui nous dépassent, les œuvres de nos mains et de nos intelligences, afin que lui-même les bénisse et les consacre à son service. Par la prière, nous remercions Dieu pour tous ses bienfaits, nous le glorifions pour ce qu’il est et pour ce qu’il fait. Nous reconnaissons devant sa sainte majesté que « nous ne sommes que cendre et poussière », comme disait Calvin, et que si nous sommes quelque chose, si nous avons ce que nous avons, c’est à cause de sa grande bonté et de son amour inaltérable (1 Ch 29.11-12; Jn 3.16).

La prière est donc une grâce admirable et une grande source de bénédictions pour quiconque prie dans la foi et la crainte de l’Éternel (Pr 1.7; Jc 5.16). Elle est malédiction pour le méchant (Pr 15.29; 28.9).

3. Qui prier? Dieu ou les démons de la magie et de la sorcellerie?🔗

La prière chrétienne a pour objet de rendre grâce à Dieu de ce qu’il est unique, dans l’amour du Fils et la communion du Saint-Esprit (2 Co 13.13). Ceux qui courent après les fétiches, les talismans, les bagues, les marabouts, les sorciers et les sectes ésotériques sous prétexte de « se protéger » ou de « se renforcer », dans le but d’accéder à la richesse, à l’amour ou au pouvoir, s’excluent d’eux-mêmes de la dispensation divine que la prière de la foi fait répandre sur le croyant. En tout cas, en dehors de l’adoration du Dieu trinitaire, Père, Fils, Saint-Esprit, tous les efforts de l’homme pour essayer d’accéder à d’autres entités spirituelles l’exposent directement à l’action néfaste des démons. Dieu n’a pas commerce avec les forces du mal que les hommes impies cherchent à manipuler pour leur propre ruine.

Avec raison le Seigneur a toujours exigé de ses fidèles que son adoration soit l’objet de sainteté et de pureté, pour que notre prière parvienne jusqu’à lui. Prier dans ces conditions revient à reconnaître la souveraineté et la seigneurie universelle du grand Dieu sur les idoles que l’homme se fabrique et sur les faux dieux incapables de sauver (És 2.18). De là, Dieu est glorifié comme Dieu et il est reconnu comme l’unique autorité apte à nous prescrire notre conduite morale et à régner sans partage sur notre vie, nos biens et nos projets. À condition pour nous de les lui confier dans la foi.

Telle fut de tout temps la confession de foi du peuple d’Israël : « Car l’Éternel est notre juge. L’Éternel est notre législateur. L’Éternel est notre roi : c’est lui qui nous sauve » (És 33.22). Confesser Dieu et Dieu seul, c’est développer un esprit propre à la prière chrétienne. C’est pourquoi il est bon de savoir prier.

4. Comment prier?🔗

Pour prier et bien prier, il faut tenir compte d’un certain nombre de dispositions préalables, lesquelles sont autant de moyens de communication pour établir la relation avec le divin.

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a. Dispositions préalables🔗

Celles-ci incluent des facteurs d’ordre spirituel, psychologique et intellectuel complémentaires. Cinq de ces dispositions sont nécessaires pour bien prier.

1. La foi : Le fondement de la prière, c’est la foi. C’est par la foi que l’on vit la relation à Dieu (Hé 11). Par la foi, nous savons que Dieu existe, qu’il écoute et qu’il exauce nos demandes les plus secrètes : « Celui qui s’approche de Dieu doit croire que Dieu existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent » (Hé 11.6).

2. La repentance : Pour prier, il faut se reconnaître pécheur devant Dieu et chercher à changer. Cette disposition est illustrée par la parabole du pharisien et du péager : « Deux hommes montèrent au temple pour prier » (Lc 18.9-14). Alors que le pharisien se vantait d’être irréprochable, le Seigneur conclut le récit en disant que celui qui trouva grâce aux yeux de Dieu par son attitude repentante fut le péager.

3. Le silence : L’environnement de la prière doit être silencieux : silence extérieur et silence intérieur à la fois. Nous avons le modèle dans le comportement du Christ se retirant dans le désert ou sur la montagne pour se concentrer et prier.

4. La reconnaissance de la grandeur de Dieu : On ne peut prier Dieu en oubliant ou en ignorant que celui-ci est « plus élevé que les cieux », et qu’il est le Souverain Maître de l’univers. Il est parfaitement et éternellement saint, et il n’a pas commerce avec le péché. Par nous-mêmes nous ne pouvons lui plaire. C’est parce que Jésus a versé son sang sur la croix et que ce sang nous a purifiés et lavés de tous péchés que Dieu nous reçoit dans son amour et son amitié. Toute prière chrétienne doit commencer en invoquant, en magnifiant et glorifiant le Dieu « trois fois saint », qui vit et règne aux siècles des siècles.

5. La reconnaissance de la puissance et des mérites attachés au nom de Jésus : Dans son amour, Dieu nous a donné un puissant Sauveur (Jn 3.16). Au nom de Jésus-Christ, nous pouvons tout obtenir de Dieu (Jn 16.23-24), parce que ce nom est « au-dessus de tout nom » (Ph 2.9-11) et que Jésus-Christ a reçu le gouvernement de toutes choses au ciel et sur la terre (Mt 28.18; Jn 3.35). C’est pourquoi la prière de la foi s’achève et doit s’achever en rappelant à Dieu que c’est au nom de Jésus que nous l’avons prié ou que nous lui avons demandé ceci ou cela.

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b. Que demander à Dieu dans nos prières?🔗

Nous retiendrons à cet effet deux choses essentielles :

1. Première chose à retenir : Pour ne pas formuler des demandes vagues et confuses, nous devons prier d’après le modèle enseigné par notre Seigneur dans Matthieu 6.9-13. Cette prière est complète, nous la connaissons par cœur. Ce qu’elle enseigne de spécial, c’est de nous rappeler que Dieu règne. Nous devons exalter l’Éternel, célébrer son règne d’amour, de justice et de paix par une invocation pieuse et fervente; ensuite seulement nous devons introduire nos requêtes.

2. Deuxième chose à retenir : Les demandes à faire dans nos prières doivent concerner nos besoins les plus essentiels et pressants, ainsi que les préoccupations qui nous tiennent actuellement à cœur. Tout cela en restant précis et brefs dans nos requêtes. Nous savons que ce n’est pas à force de bavardages que l’on se fait mieux comprendre de Dieu (Mt 6.7). Il faut savoir que Dieu écoute et exauce au-delà de nos espérances, et que nous ne savons même pas ce que nous devons demander dans nos prières.

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c. Comment Dieu répond-il à nos prières?🔗

Celui ou celle qui prie ne doit jamais oublier que la prière chrétienne n’a rien d’un acte magique, mais qu’il s’agit essentiellement d’un mode de communication où la liberté de l’homme et la grâce de Dieu vont de pair. L’acte magique est basé sur une formule, une incantation ou un rituel destiné à produire un effet immédiat dès lors qu’est récitée la formule, proférée l’incantation ou célébré le rituel. Dieu n’agit pas de cette manière. Avec Dieu, même les meilleures prières ne sont pas nécessairement exaucées. Parce que les critères d’appréciation ne sont pas les mêmes pour l’homme et pour Dieu. Il faut tenir compte de la volonté de Dieu et s’y soumettre. Le Seigneur agit nécessairement dans le sens qui nous est favorable, « car nous savons, du reste, que toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Rm 8.28). Comment Dieu répond-il à nos prières?

1. Par « oui » : Dans ce cas, la prière est exaucée dans les délais les plus courts…

2. Par « oui, mais il faut attendre » : Cela renvoie à un délai ultérieur la réalisation de la requête. Ce délai peut être à moyen ou long terme. Il peut aussi s’inscrire dans la tension historique et eschatologique du temps prophétique : « … et ce sera dans un temps, des temps et la moitié d’un temps » (Dn 12.7). Quand Dieu promet, il réalise, et le temps n’a aucun effet sur ses promesses et ses décrets (És 43.19).

3. Par « non » : Celui qui dit « oui » a aussi la possibilité de dire « non ». Pourquoi Dieu ne dirait-il pas non à une demande insensée de notre part? Pourquoi ne resterait-il pas sans réaction lorsque, dans notre folie et notre égarement, nous essayons de le faire marcher ou de lui imposer notre pauvre volonté? Pourquoi ne répondrait-il pas par un « non » catégorique lorsqu’il s’aperçoit que ce que nous demandons ne saurait que nous nuire ou nous être fatal?

4. Par une façon qui nous échappe : Dieu est enveloppé de mystère. N’est-il pas le Maître des choses cachées? (Dt 29.28). Dieu est vraiment mystérieux; nous reconnaissons obtenir de lui des choses merveilleuses sans avoir ni prié ni rien demandé.

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d. Quelles promesses accompagnent la prière?🔗

La prière de la foi peut bénéficier de cinq promesses de la part de Dieu :

  1. Dieu promet de donner le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent (Lc 11.13; Rm 8.9, 14, 16; 1 Co 12.13; És 59.21; Jl 2.1-2).

  2. Il réalise toujours ses promesses (Jos 23.14; És 55.10-11).

  3. Il exauce ceux qui se repentent (Éz 18.23; 33.11; 1 Jn 1.9), pour leur faire vivre une vie nouvelle en Jésus-Christ (Ép 5.17; 2 Co 5.17).

  4. Le Seigneur promet de sauver ceux qui viendront à lui (És 55), tous ceux qui invoqueront son nom dans la détresse (Jl 3.5; Ps 50.15).

  5. Par la prière, le Seigneur nous assure la victoire sur les forces du mal (Ép 6.10-18).

5. Conclusion : Prions avec le Maître🔗

La prière est un lien de communication, de communion et de vie irremplaçable dans l’existence du croyant. La Bible nous confirme dans l’idée que nous avons de bonnes raisons de prier et de prier sans cesse. Par la prière, nous participons de la vie même du Christ, nous entrons dans sa lumière et dans sa souveraine béatitude. Nous ressentons plus concrètement cette expérience lorsque nous prions avec le Maître :

« Notre père qui es aux cieux, que ton nom soi sanctifié, que ton règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien, pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Ne nous laisse pas entrer dans la tentation, mais délivre-nous du Malin. Car c’est à toi qu’appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen » (Mt 6.9-13).

Note

1. D. Reeves, Comment prier?, Ligue pour la lecture de la Bible, France, 1987.