Cette prédication sur le Psaume 23 a pour sujet notre bon Berger qui est le commencement et la fin, la source et le but de notre vie, qui nous permet de recevoir son repos et de vivre à son service dans la communion fraternelle.

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Psaume 23 - L'Éternel est mon berger

« Psaume de David. L’Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages, il me dirige près des eaux paisibles. Il restaure mon âme, il me conduit dans les sentiers de la justice, à cause de son nom. Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton, voilà mon réconfort. Tu dresses devant moi une table, en face de mes adversaires; tu oins d’huile ma tête, et ma coupe déborde. Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie, et je reviendrai dans la maison de l’Éternel pour la durée de mes jours. »

Psaume 23

  1. Ce Psaume, comme le Notre Père, commence par Dieu et se termine par Dieu
  2. Ce psaume est un psaume de rassasiement
  3. « J’habiterai dans la maison de l’Éternel jusqu’à la fin de mes jours »

Je me suis dit ceci, il y a déjà longtemps : Si un pasteur devait partir pour un long voyage, il devrait laisser deux recommandations aux chrétiens de son Église : Apprendre par cœur le Psaume 23 et lire chaque jour une méditation de Charles Spurgeon.

Le Psaume 23 dit tellement de choses par lui-même qu’on se demande s’il est utile de le commenter, après l’avoir entendu ou lu. Mon propos se limitera à trois remarques.

1. Ce Psaume, comme le Notre Père, commence par Dieu et se termine par Dieu🔗

« L’Éternel est mon berger. […] J’habiterai dans la maison de l’Éternel. » Ainsi, la vie du chrétien est-elle « bornée » par l’Éternel. Il en est le commencement et la fin, l’Alpha et l’Oméga, la source et le but. « Tout vient de lui; tout est pour lui », comme dit Paul dans une sorte de vision de la grandeur de Dieu (Rm 11.36).

De même, la prière du chrétien commence par Dieu : « Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite… », et se termine par Dieu : « Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, pour toujours! » (Mt 6.9-13).

Comment commençons-nous nos journées, et comment les achevons-nous? Comment commençons-nous et comment terminons-nous nos prières? Cela est important, car le commencement et la fin éclairent ce qu’il y a entre les deux.

Entre les deux, le psaume comme la prière donnée par Jésus parlent du croyant, bien sûr, de ses besoins, de ses combats sur cette terre. « Donne-nous notre pain quotidien, pardonne-nous nos offenses quotidiennes, secours-nous face à l’épreuve, à la tentation… » Que deviendrions-nous sans pain? Et sans le pardon de Dieu? Et sans son secours? « Il me conduit, il me dirige, il restaure mon âme… »

En somme, on pourrait dire ceci : L’Éternel est pour nous! Depuis le pain jusqu’à la victoire dans l’épreuve, en passant par le pardon. « Votre Père sait ce dont vous avez besoin » (Mt 6.8). C’est Jésus qui le dit. Mais nous, nous sommes pour l’Éternel! Notre vie, notre prière, notre journée, notre travail, nos pensées commencent avec Dieu et se concluent avec lui. « Cherchez premièrement le règne de Dieu » (Mt 6.33).

C’est la dimension de la consécration à Dieu. De la sanctification aussi : tout est sanctifié, à condition que Dieu soit le premier servi en tout et partout.

Par exemple, servir Dieu et César, en se rappelant que Dieu est plus grand que César…

On pourrait dire : C’est cela la fidélité. C’est cela la foi. C’est cela appartenir à Dieu. C’est cela la vie du disciple qui porte la marque de son maître, dans ce monde.

2. Ce psaume est un psaume de rassasiement🔗

« L’Éternel est mon berger. Je ne manquerai de rien » (Ps 23.1). Imaginons quelqu’un qui commencerait chacune de ses journées en disant cela, comme les prémices de ses pensées, de ses paroles! Même s’il est tout seul. Même s’il ne sait pas ce qu’il va devenir. Même s’il lui manque beaucoup de choses… S’il peut dire cette parole, il sera rassasié. Il sera même débordant. « Et ma coupe déborde » (Ps 23.5).

C’est la dimension féconde de la grâce. De l’amour aussi. Celui qui peut dire : Il me conduit, il me dirige, il restaure mon âme, peut bientôt dire à son frère qui doute : Il te conduit, il te dirige, il restaure ton âme! Car ce frère ou cette sœur peut-être ne le voit plus, mais celui qui croit peut le voir et le rappeler à son frère ou sa sœur qui est empêché de le voir en ce moment.

Ainsi, le rassasiement dans la foi n’est pas une question de confort ou de bien-être seulement. C’est aussi et surtout la source et la condition du ministère chrétien, du ministère de chaque chrétien. Dans sa maison, dans l’Église et dans le monde. Être un serviteur, être un messager de Dieu. Dire des paroles de la part de Dieu. Sans orgueil, sans timidité. Nous le chantons parfois : Que par ma bouche tes paroles soient données!

Ce rassasiement est aussi la source du repos du chrétien. Dans ce sens, je remarque que tous les verbes actifs du Psaume 23 ont l’Éternel pour sujet : Il me conduit, il me dirige, il restaure mon âme, il dresse une table, il oint d’huile ma tête… C’est lui qui le fait! Tandis que les verbes dont le croyant est le sujet sont des verbes qui indiquent un constat, une conséquence : Je ne crains aucun mal, ma coupe déborde, j’habiterai… La vie chrétienne commence par un repos, et tous les labeurs, tous les combats, toutes les persévérances doivent puiser leurs racines dans ce repos. C’est ainsi que se répand l’odeur de Christ au travers de la vie du chrétien.

Ainsi, le repos est aussi le commencement et la fin de la vie du chrétien : le chrétien a un repos derrière lui, un repos acquis, comme l’arbre planté près d’un courant d’eau (Ps 1), et il a un repos devant : le repos promis, le repos attendu. Le chrétien est entouré par l’Éternel et entouré par un repos, même quand il lutte, même quand il peine. La prière, la foi et même l’obéissance, c’est retourner à ce repos, c’est y demeurer quoiqu’il arrive (Ps 116.7).

« Vous trouverez du repos », dit Jésus. « Je ne manquerai de rien », dit le chrétien.

3. « J’habiterai dans la maison de l’Éternel jusqu’à la fin de mes jours » 🔗

Le rassasiement de ce psaume se voit à ceci : il n’y a pas de demande ici, seulement des affirmations. Nous avons le droit de demander à Dieu, mais n’oublions pas les affirmations de la foi. Ayons une foi affirmative. Le Psaume 23 nous dit cela. L’Éternel est mon berger. Je ne manquerai de rien. J’habiterai dans la maison de l’Éternel jusqu’à la fin de mes jours (ou : pour toujours).

Je voudrais m’arrêter un instant sur cette dernière affirmation, et me demander avec vous : c’est quoi la maison de l’Éternel? Est-ce le temple ou tel local? Je crois que pour David déjà, et pour nous aussi, cette expression désigne la communion des fidèles, la communion fraternelle établie entre tous les rachetés du Seigneur. Non pas le bâtiment, mais les frères et sœurs, tous les frères et sœurs.

Dans la Bible, en effet, la communion avec Dieu et la communion avec le peuple de Dieu, le peuple saint, sont indissociables. Quand le Psaume 84 dit : « Un jour dans tes parvis vaut mieux que mille ailleurs », c’est comme quand le Psaume 133 dit : « Qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble. » Ce demeurer ensemble indique ce qu’est notre véritable demeure. C’est la communion fraternelle, vécue dès ici-bas, et qui annonce la communion parfaite et éternelle à laquelle nous sommes appelés. « Qu’ils soient un comme nous sommes un », dit Jésus à son Père, en parlant de ses disciples (Jn 17.11).

Cette communion, offerte par Jésus et scellée par le Saint-Esprit, se manifeste bien sûr lors de chaque rassemblement, grand ou petit. Que ce soit dans une salle de culte, dans une maison ou ailleurs. Je pense aux nombreux chrétiens découragés qui restent chez eux… Demandons-nous pourquoi, et pourquoi David pouvait dire : « Je suis dans la joie quand on me dit : Allons à la maison de l’Éternel » (Ps 122.1).

Mais cette communion n’est pas moins réelle quand nous sommes dispersés, toute la semaine! Quand je suis tout seul, je ne suis pas moins en communion avec mes frères et sœurs; je ne suis pas moins un membre du corps de Christ, comme chacun d’eux, comme eux tous, avec eux tous! En fait, le chrétien n’est jamais sans ses frères et sœurs dans la foi, de même qu’il n’est jamais sans son Sauveur et Seigneur (Ps 139.18).

Ainsi, nous « demeurons ensemble » même quand nous sommes dispersés, et même quand nous sommes isolés — ce qui n’est pas une raison pour rester isolé (ou pour laisser un frère ou une sœur isolé, bien entendu). Jésus a prié pour que nous soyons en communion et nous le sommes, dès à présent, et pour toujours.

Vivre avec cette entière conviction, c’est la foi, c’est l’espérance et c’est l’amour que le Seigneur nous demande et nous donne de vivre.