Cet article sur le Psaume 34 a pour sujet la maturité et la permanence de la foi au milieu du malheur qui atteint le juste, mais qui est délivré par Dieu et qui peut prononcer des paroles de louange envers son Dieu.

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Psaume 34 - Je bénirai l'Éternel en tout temps

« Je bénirai l’Éternel en tout temps; sa louange sera toujours dans ma bouche. Que mon âme se glorifie en l’Éternel! Que les humbles écoutent et se réjouissent! Magnifiez avec moi l’Éternel! Exaltons ensemble son nom! J’ai cherché l’Éternel, et il m’a répondu; il m’arrache à toutes mes frayeurs. Quand on regarde à lui, on resplendit de joie, et le visage n’a pas à rougir. Quand un malheureux crie, l’Éternel entend et le sauve de toutes ses détresses. […] De nombreux malheurs atteignent le juste, mais de tous, l’Éternel le délivre. »

Psaume 34.2-7, 20
Autres textes : Psaume 13
Romains 8.35-39; 11.33-36

  1. Il en est du chrétien comme de Jésus
  2. Le malheur atteint souvent le juste (Ps 34.20)
  3. Je bénirai l’Éternel en tout temps (Ps 34.2)
    a. La maturité de la foi
    b. La permanence de la foi

1. Il en est du chrétien comme de Jésus🔗

Il est possible de dire du disciple de Jésus-Christ ce qui est dit de Jésus-Christ : Il y a comme une identité de nature entre Jésus-Christ et ceux qui lui appartiennent. Ce n’est pas évident à comprendre, mais c’est une réalité. L’apôtre Jean le dit ainsi :

« Tel il est, tels nous sommes aussi dans ce monde » (1 Jn 4.17; voir Mt 10.40; Ac 9.5).

Certains d’entre nous pourraient dire : Peut-être, mais cela ne se voit pas trop

C’est vrai; mais nous pouvons dire cela de Jésus, aussi. Écoutez ce que dit la lettre aux Hébreux : « Nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient soumises. Mais nous le voyons [déjà] couronné de gloire et d’honneur » (Hé 2.8).

Vous voyez les deux regards? Le regard tout humain qui ne voit pas encore, et le regard de la foi qui voit déjà. Les deux sont vrais! Un de ces regards voit les choses temporelles, provisoires, tandis que l’autre voit les choses éternelles, déjà réelles!

Cela concerne donc la personne de Jésus et cela nous concerne aussi directement :

« Bien-aimés, nous sommes maintenant [déjà] enfants de Dieu. Et si ce que nous sommes n’a pas encore été manifesté, nous savons que lorsque cela sera manifesté nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est! » (1 Jn 3.2-3).

Vous remarquez le réalisme de la Bible quand elle dit : « pas encore »! Et cela n’abolit pas la foi qui voit déjà ce qui est encore caché et qui est tout aussi réel.

Nous voyons tous le « pas encore »; voyons-nous le « déjà »? Nous sommes déjà enfants de Dieu. Jésus est déjà Seigneur. Il faut que nous le voyions si nous voulons vivre fidèlement la période, transitoire, mais redoutable, que nous avons à vivre maintenant, avec tous les « pas encore » de la marche présente. En effet…

2. Le malheur atteint souvent le juste (Ps 34.20)🔗

C’est le constat du psalmiste : « Le malheur atteint souvent le juste » (Ps 34.20). On pourrait dire qu’on ne voit pas (encore) la différence avec les autres hommes! C’est cela qui explique les flèches qui descendent : « Jusqu’à quand, Seigneur…? » (Ps 13.2-3). C’est troublant1.

« Quand un malheureux crie, l’Éternel l’entend » (Ps 34.7). C’est une flèche qui descend. « Au secours! » C’est pour moi!

Qui est ce malheureux? C’est un croyant. « Le malheur atteint souvent le juste. » Le juste, c’est celui qui aime la volonté de Dieu et qui la pratique. J’espère que c’est le cas de nous tous ici.

Celui-là se confie en Dieu et pourtant, il est malheureux. Et il crie : « Seigneur tout-puissant, si tu n’agis pas, je suis perdu! »2 Est-ce mal de parler comme cela à Dieu? Non!

Il y a dans la vie des croyants des moments de grand inconfort. En plus, le croyant peut vivre un trouble de sa foi (pas l’incroyant!). C’est pourquoi il est utile de savoir que ces moments peuvent survenir. Beaucoup de croyants ont connu de tels moments3, y compris dans la Bible. Jésus aussi les a connus4.

« Le malheur atteint souvent le juste, mais l’Éternel l’en délivre toujours. » Cette deuxième affirmation est-elle moins vraie que la précédente? Non. C’est un deuxième constat, pas moins réel5. Les deux sont vrais en même temps (les deux verbes sont au présent). Il en sera ainsi jusqu’à notre dernier souffle, même pour le plus saint d’entre nous!

Le plus fort aura encore à se mettre à genoux pour demander, il aura encore à supplier. Ce sont les flèches qui descendent : « Seigneur, viens à mon aide! » C’est la dimension de l’enfant qui demande et reçoit (1 Jn 2.1); avant de dire merci!

Le plus faible devra apprendre à donner témoignage de la fidélité de Dieu! Ce sont les flèches qui montent : « Je bénirai l’Éternel en tout temps. Sa louange sera toujours sur ma bouche! » (Ps 34.2). C’est la dimension de l’adulte qui donne, qui s’engage.

3. Je bénirai l’Éternel en tout temps (Ps 34.2)🔗

C’est une flèche qui monte! « Je bénirai l’Éternel. » C’est vers lui. C’est pour lui. C’est le sens du culte qui veut dire offrande (Rm 12.1). Et dans ce sens, notre vie tout entière est un culte, une offrande à Dieu : chaque jour et chaque heure.

a. La maturité de la foi🔗

Les deux dimensions (pour moi et pour Dieu) sont légitimes l’une et l’autre; on les trouve toutes les deux dans la Bible. Dans les Psaumes notamment, mais pas seulement. En un sens, les premières sont les flèches qui descendent : c’est la dimension de la grâce. Tout vient de Dieu, même la foi! (Rm 11.35). « Nul ne vient à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire », dit Jésus (Jn 6.44). Mais la maturité de la foi, ce sont les flèches qui montent! « Tout est de lui, par lui et pour lui. »

La prière que Jésus nous a enseignée montre les deux. La foi qui demande (les flèches qui descendent) est bien là : « Donne-nous aujourd’hui, pardonne-nous… »

La foi qui sert Dieu, qui adore (les flèchent qui montent) aussi : « Que ton nom, que ton règne, que ta volonté… » et encore : « Car c’est à toi qu’appartiennent le règne… »

Nous remarquons que le commencement et la fin de cette prière, ce sont nettement des flèches qui montent. Les flèches qui montent, c’est la maturité de la foi.

Songeons aux dernières paroles de Jésus sur la croix. « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » est bien une flèche qui descend : un appel, un cri! Mais la dernière : « Je remets mon esprit entre tes mains » est une flèche qui monte!

Repérons les flèches qui montent et les flèches qui descendent dans les strophes des cantiques. Repérons les flèches qui descendent et les flèches qui montent dans nos prières. Lesquelles sont les plus nombreuses d’une manière générale? Il devrait y avoir les deux. Paul le dit ainsi : « Faites connaître à Dieu vos besoins par des prières, des supplications […] et avec des actions de grâce » (Ph 4.6).

La maturité de la foi se démontre par les flèches qui montent! « Je bénirai… »

b. La permanence de la foi🔗

Une seconde réalité qui parle de maturité est visible dans ce verset du Psaume 34, c’est la permanence de la foi, exprimée avec ces mots : « Je bénirai l’Éternel en tout temps. » On pourrait dire : Par tous les temps! Comme cela nous paraît difficile! Quand on est en panne au bord de la route, qu’il est difficile de « bénir l’Éternel ». Cela aussi nous parle bien de la maturité de notre foi.

« Sa louange sera toujours sur ma bouche » (Ps 34.2). Nous associons volontiers la louange et le bien-être. Mais ce n’est pas du tout cela! Louer Dieu, c’est fixer les regards sur lui et redire, après la Bible, ce qu’il est. S’il pleut, Dieu est-il moins grand? Si je suis malade, Dieu est-il moins bon? La louange n’a rien à voir avec le bien-être.

« Le geôlier jeta Paul et Silas dans la prison intérieure et leur mit les ceps aux pieds. Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et chantaient les louanges de Dieu, et les prisonniers les entendaient » (Ac 16.24-25).

Ils avaient peut-être (sans doute) supplié le Seigneur. Maintenant, ils chantaient ses louanges.

C’est la maturité de la foi.

Le culte, c’est pour nous ou pour Dieu? Et les cantiques? Et les prières? Et la louange? Et la prédication? Dans son livre Replacer Dieu au cœur de la prédication6, le pasteur John Piper dit que « la prédication est un acte d’adoration ». C’est donc pour Dieu… Cela signifie que même quand c’est pour répondre à un besoin, en fin de compte, c’est pour Dieu! C’est la maturité de la foi.

« Je bénirai l’Éternel en tout temps. Sa louange sera toujours sur ma bouche » (Ps 34.2).

Notes

1. À bien des égards, il en est du chrétien comme des autres hommes. Certes, son esprit est régénéré et il est en paix avec Dieu dès maintenant, mais son corps et même son âme demeurent fragiles, vulnérables, parfois chancelants. Un moustique ne fait pas la différence entre un chrétien et un non-chrétien. La grippe non plus. Dans les bouchons sur l’autoroute, dans les hôpitaux, dans les épidémies, dans les pays en guerre, il y a aussi des chrétiens qui souffrent avec les autres, comme les autres.

2. Vous savez ce qui est dit du juste? « Il trouve dans son cœur des chemins tout tracés » (Ps 84.5). C’est étonnant, cette expression. Crier vers Dieu déchire des voiles qui nous empêchent de voir clair, écarte des obstacles, dégage des chemins dans le cœur.

3. Le pasteur Jean Cadier (un des principaux acteurs du Réveil de la Drôme) raconte qu’en mars 1928, rentrant d’une mission en Ardèche, la barre de direction de sa voiture s’est rompue et qu’il a heurté violemment un platane entre Crest et Saillans. « On me transporta à l’hôpital de Crest. J’avais gardé toute ma connaissance et je priais, songeant à ma comparution prochaine devant le tribunal divin, à la prière du péager : Ô Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur. [Une flèche qui descend]. J’ai appris par là que la volonté de Dieu est souveraine et que mon ministère de pasteur ne me protégeait en rien des souffrances et de la mort. Il n’est pas dit que Dieu protège toujours ses enfants de la souffrance et de la mort, mais il est dit que ni la souffrance ni la mort ne peuvent nous séparer de son amour. Et mon assurance en lui sortit fortifiée de cette heure. »

4. « Il a, pendant les jours de son humanité, présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort » (Hé 5.7). « Il a été éprouvé comme nous en toutes choses, afin que nous soyons secourus dans nos besoins » (Hé 4.15-16).

5. Jésus a été secouru tout au long de sa vie (Hé 5.7-8). Cela n’a pas évité la mort de la croix. Dieu l’a relevé après (Ph 2.9). On peut considérer qu’il en a été de même pour Jean-Baptiste ou Jacques (Ac 12.2), malgré leur mort tragique.

6. John Piper, Replacer Dieu au cœur de la prédication. BLF, 2012. Noter que Graeme Goldsworthy a écrit en 2005 un livre intitulé Christ au cœur de la prédication, Excelsis, dans une perspective semblable.