Une manifestation incroyable, horrible, inspirante, déchirante, tout simplement gigantesque Cela s’est passé il y a 10 ans
Une manifestation incroyable, horrible, inspirante, déchirante, tout simplement gigantesque Cela s’est passé il y a 10 ans
- Le contexte
- Le jour J
- Premier impact : visuel
- Deuxième impact : le Parlement
- Troisième impact : les médias, conventionnels et sociaux
- Quatrième impact : pour les bénévoles
- Allons de l’avant
Ce retour dans le passé, publié il y a 10 ans,
figure dans le numéro d’octobre 2014 de Reformed Perspective.
Certaines injustices prennent une telle ampleur qu’elles dépassent l’entendement. C’est le cas de l’avortement au Canada : le nombre de morts s’avère si élevé qu’il semble surréaliste. Que signifie le fait que l’équivalent d’une ville de la taille de Chilliwack, de Red Deer, de Brantford ou de Saint-Jean-sur-Richelieu soit tué chaque année? Lorsque nous apprenons que plus de 300 enfants sont tués chaque jour, ce chiffre prend-il une signification tangible et compréhensible pour nous?
Ce n’est probablement pas le cas, l’ampleur de ce mal dépasse tout entendement.
Notre mission consistait à expliquer ce qui n’était pas compris. Le matin du 2 octobre 2014, le personnel d’ARPA Canada1 et plus de 80 bénévoles se sont donc rendus sur la colline du Parlement pour planter 50 000 drapeaux d’irrigation roses et 50 000 drapeaux d’irrigation bleus sur le boulevard devant la colline du Parlement. Chaque drapeau représentait un enfant tué par avortement au cours de l’année écoulée : 100 000 enfants à naître sont tués chaque année dans notre pays.
1. Le contexte
L’idée d’un déploiement massif de drapeaux est venue de ma sœur, qui m’a montré des photos de déploiements de drapeaux similaires aux États-Unis. L’impact visuel m’a impressionné. J’ai soumis l’idée à mes collègues. La plus grande manifestation que nous ayons trouvée aux États-Unis comportait environ 65 000 drapeaux. Pourrions-nous en présenter 100 000? Comment obtiendrions-nous l’autorisation, qui paierait et quel impact cela aurait-il?
Lorsque nous avons présenté l’idée au Parlement pour la première fois, celui-ci nous a refusé l’autorisation. Nous avons dû effectuer plusieurs tentatives et communiquer beaucoup avec notre conseiller juridique André Schutten avant que l’autorisation ne soit accordée. Cependant, on nous a interdit de placer les drapeaux sur la pelouse principale, qui se trouve juste en face de l’édifice du Centre et de la tour de la Paix. Nous avons dû utiliser le boulevard devant la colline du Parlement. En y regardant de plus près, nous nous sommes rendu compte que le boulevard présentait des avantages par rapport à la pelouse principale. Il est beaucoup plus long, il est orienté vers la rue Wellington, très fréquentée, et la plupart des députés et des habitants du quartier ne peuvent pas le manquer.
Nous avons trouvé difficilement près de 100 bénévoles prêts à s’engager pour une journée entière, d’autant plus que nous avions décidé de rendre ce projet aussi discret que possible, car nous ne voulions pas qu’une contre-manifestation attire toute l’attention et détourne l’attention de notre puissant message.
Heureusement, quarante à cinquante jeunes et adultes courageux sont venus du sud de l’Ontario et d’aussi loin que l’Alberta. Trente à quarante autres sont venus d’Ottawa, représentant l’Église Jubilee et d’autres amis de l’ARPA issus de la communauté chrétienne et pro-vie d’Ottawa. La grande majorité des bénévoles se composait de jeunes. Nous remercions leurs parents de leur avoir permis de sécher l’école pour une journée, et nous sommes convaincus que cette expérience éducative restera gravée dans leur mémoire.
2. Le jour J
L’équipe de l’ARPA s’est réunie à 5 h 30 du matin, à bord de la désormais célèbre camionnette de 15 passagers de Bruce Deboer, ornée d’illustrations pro-vie et chargée de 100 000 drapeaux. Nous avons déposé les drapeaux par paquets de 1000 roses et 1000 bleus, en nous basant sur nos calculs précédents pour la couverture des pelouses.
À 6 h 45, tous les bénévoles se sont retrouvés à la Flamme du Centenaire, devant la tour de la Paix. Mike Schouten, directeur de la campagne, a expliqué la procédure à suivre pour la journée. Bruce Deboer, directeur de Grassroots, a détaillé la logistique nécessaire pour remplir uniformément la pelouse avec les drapeaux. Enfin, j’ai dirigé l’équipe dans un temps de méditation, en lisant le Psaume 72 qui parle de manière prophétique de notre Roi Jésus-Christ et de son attention pour les personnes vulnérables. Des versets de ce psaume sont gravés de manière appropriée dans la tour de la Paix qui nous surplombait.
Les bénévoles ont passé une heure et demie à planter des drapeaux dans l’herbe et, une fois les drapeaux installés, nous avons tous revêtu des t-shirts roses et bleus et sorti les grandes banderoles expliquant le but de la manifestation. Heureusement, aucune contre-manifestation n’était apparue et aucune ne s’est formée de toute la journée. Nous avons passé la journée à distribuer des cartes colorées qui expliquaient la cause et renvoyaient au site WeNeedaLAW.ca [« Nous avons besoin d’une loi »].
À 11 heures, nous avons tenu une conférence de presse, accompagnés des députés Stella Ambler et Harold Albrect. Nous avons intentionnellement décidé de ne pas élargir le groupe de députés — l’objectif visait à ce que l’attention se centre sur le public canadien qui réclame la justice, et non sur les députés. Cependant, le fait que nous ayons pu compter sur la présence de deux députés respectés a tout de même permis aux médias de constater qu’un grand soutien pour notre action se trouvait à l’intérieur des murs du Parlement..
Nous avons continué à distribuer les tracts d’information et à discuter avec les députés et le public jusqu’à 16 heures. Tout le monde s’entendait pour dire que cette journée s’est avérée remarquable. Mais quel impact a-t-elle eu?
3. Premier impact : visuel
Avant que les drapeaux ne soient tous hissés, j’ai regardé le boulevard, et la mer de drapeaux m’a pris au dépourvu. C’était littéralement impressionnant et émouvant, bien au-delà de ce à quoi je m’attendais. Lorsque tous les drapeaux ont été hissés, tous les visiteurs de la Colline du Parlement ont non seulement remarqué la présence des drapeaux, mais ceux-ci les ont époustouflés. Des ouvriers qui effectuaient des travaux de rénovation dans l’un des bâtiments du Parlement, aux députés et à leur personnel, en passant par les médias, tous étaient visiblement émus.
La beauté et la taille de l’exposition en ont amené plus d’un à nous demander : « Que raconte-t-elle? » Dès que nous avons expliqué qu’elle représentait 100 000 avortements, nous avons su que le message était passé. Nous avons constamment entendu des mots d’admiration.
Par exemple, tôt dans la matinée, un cameraman de l’une des principales chaînes nationales canadiennes est passé. Il a commencé à filmer les évènements, s’est retourné vers son bureau, puis s’est arrêté, a repris sa caméra et a continué à filmer. Lorsque nous l’avons approché pour lui demander s’il souhaitait organiser une entrevue, il s’est exclamé que les images le subjuguaient tant qu’elles ne nécessitaient pas de mots. Il a plaisanté en disant que son rédacteur en chef n’apprécierait pas le fait qu’il ait pris beaucoup plus d’images que d’habitude : il n’a pas pu s’en empêcher.
4. Deuxième impact : le Parlement
Nous avons pu interagir avec des dizaines de députés et de sénateurs. Nombre d’entre eux sont venus vers nous pour nous parler, exprimant souvent leur immense satisfaction et leur admiration. Ils n’avaient jamais rien vu de tel auparavant. En conséquence, certains députés proavortement, comme le chef du NPD Thomas Mulcair, sont venus nous demander ce qui se passait et comment nous avions obtenu l’autorisation d’agir ainsi. Quant aux députés pro-vie, ils se sont enhardis. Ils ont commencé à tweeter des photos, incitant leurs collègues à faire de même.
Un député m’avait dit la veille qu’il n’était pas à l’aise avec la promotion de la manifestation et qu’il hésitait à la rendre publique. Cependant, lorsqu’il l’a vue, qu’il a vu ses collègues en faire la promotion et qu’il a constaté à quel point la manifestation s’est déroulée dans le calme et dans un esprit constructif, il a publié plusieurs tweets à ce sujet.
Le député Harold Albrecht a accordé une longue entrevue télévisée à Sun New au sujet de notre manifestation. Il s’est fait le porte-parole de WeNeedaLAW [« Nous avons besoin d’une loi »] et a souligné avec fierté la courtoisie et l’esprit constructif avec lesquels nous avons traité un sujet aussi sensible.
Vers la fin de la journée, je me suis tenu à l’extérieur de l’Édifice du Centre alors que les députés quittaient le Parlement après la période des questions. Des dizaines d’entre eux sont sortis et, à en juger par leurs réponses à notre carte d’information, ils savaient tous de quoi nous parlions.
Un député nous a dit que, tôt le matin, les députés du restaurant parlementaire se rendaient aux fenêtres pour voir ce qui se passait pendant que nous nous préparions. Un autre député a déclaré qu’il se trouvait dans l’ascenseur avec quatre autres députés et qu’ils lui demandaient de quoi il s’agissait, ce qui lui a donné l’occasion de dire exactement de quoi il s’agissait.
L’exposition a pris au dépourvu une autre députée, que nous ne connaissions pas auparavant, lorsqu’elle est sortie de son bureau. J’ai eu l’occasion de marcher avec elle de son bureau jusqu’à l’Édifice du Centre. À la fin de la promenade, elle a demandé des photos d’elle parmi les drapeaux et les bénévoles afin de pouvoir les montrer dans sa circonscription.
Les drapeaux ont tellement encouragé un député qu’il a demandé s’il pouvait envoyer un message vidéo à nos supporters pour les remercier. Cette vidéo par la suite été publiée sur le site WeNeedaLAW.ca [« Nous avons besoin d’une loi »].
5. Troisième impact : les médias, conventionnels et sociaux
Tôt dans la matinée, une grande station de radio locale avait déjà repris l’histoire, de sorte que ceux qui se rendaient à leur travail en entendaient parler toutes les demi-heures aux informations. Elle a fait l’objet de deux émissions différentes sur Sun News (l’entrevue d’Harold Albrecht et une autre entrevue en studio avec Mike Schouten). Ces deux émissions ont présenté des vidéos détaillées de la manifestation et de notre conférence de presse. Elles se sont révélées très positives, presque au point de constituer une longue approbation. D’autres caméras de télévision ont filmé l’exhibition tout au long de la journée, mais nous ignorons le sort réservé à ces images. Nous commençons à en voir des aperçus sur l’internet. Par exemple, on peut la voir sur la page d’accueil de Yahoo News, en tant que « photo du jour », de même que sur celle du site Web de BBC News.
En dehors des médias grand public, les plus grands sites pro-vie d’Amérique du Nord ont repris l’histoire en tant qu’article principal. Cependant, l’un des impacts les plus importants s’est produit par la voie des médias sociaux. Nos sympathisants, dont beaucoup d’entre vous, ont partagé les photos à grande échelle, atteignant en quelques heures des dizaines de milliers de personnes aux quatre coins du Canada.
L’une de nos bénévoles qui vivait à Ottawa m’a dit qu’elle avait participé à l’installation des drapeaux, mais qu’elle avait ensuite dû se rendre à son cours à l’université. Elle a raconté à l’un des autres étudiants quelle action elle avait posée tôt ce matin-là sur la Colline du Parlement. Cet étudiant se trouvait sur Facebook à ce moment-là, et il lui a montré une photo du déploiement sur son fil d’actualité. Bien qu’elle ignorait tout de cet événement, elle en a eu connaissance grâce aux personnes qui ont partagé les photos avec tous leurs amis.
C’était très captivant de recevoir des courriels et des textos de nos amis et de nos sympathisants de tout le pays. Ils voyaient les photos et nous encourageaient.
6. Quatrième impact : pour les bénévoles
L’aspect le plus gratifiant de l’exposition réside peut-être dans son impact sur les bénévoles.
Beaucoup de ceux qui nous ont aidés n’avaient jamais rien fait de tel auparavant. Certes, ils étaient sensibilisés à la question et avaient parlé de l’avortement avec leur famille et leurs amis. C’est cependant tout à fait différent de se tenir dans une rue animée du centre-ville d’Ottawa, vêtu d’un t-shirt de couleur vive, et d’interpeller les passants sur cette question délicate.
L’une des leçons qui ressort le plus de ma carrière consiste à comprendre qu’écrire ou parler sur un sujet ne revient pas du tout à devoir le présenter directement à un public sécularisé. De nombreuses femmes qui passaient par là avaient subi un avortement. D’autres étaient des experts et des professionnels. Nous étions des étudiants de 12 ans et des personnes âgées de 67 ans, et beaucoup d’entre nous n’avaient jamais rien fait de tel.
Lorsque nous portons nos convictions au niveau suivant, l’action, cela se traduit par un changement des cœurs et des esprits et nous donne le courage et l’expérience nécessaires pour continuer à agir de la sorte le reste de notre vie. Cela facilite alors la mise en pratique de notre foi à d’autres questions et à d’autres personnes, y compris en dehors du domaine politique. À l’heure où notre société devient de plus en plus sécularisée, c’est très important.
Les récits des bénévoles qui ont participé aux conversations m’ont ému, de même que leurs réactions face aux passants. Leurs parents, leurs pasteurs et leurs enseignants ont dû faire un bon travail d’éducation, car ils ont fait preuve de grâce et de vérité dans leurs réponses aux questions et défis difficiles. Par exemple, un homme proavortement a mis au défi deux jeunes bénévoles adolescents d’arrêter « d’imposer leur religion » aux femmes et à la société. À la fin de la conversation, il a déclaré : « Vous savez vraiment de quoi vous parlez! »
Jamais, au cours de la journée, je n’ai vu l’un des bénévoles manquer de respect ou réagir de manière inappropriée — n’oublions pas qu’ils étaient souvent de jeunes adolescents qui séchaient l’école. On a remarqué cela! Un député qui n’avait jamais interagi avec nous auparavant a été tellement impressionné par notre comportement qu’il nous a rejoints après la journée et a prononcé un discours, debout sur le bord de la fontaine de la Flamme du Centenaire, exprimant à quel point le témoignage des bénévoles l’avait impressionné.
7. Allons de l’avant
L’ARPA a préparé cinq ensembles de présentation distincts, chacun contenant 10 000 drapeaux, dans le but de les faire circuler en Ontario, au Manitoba, en Alberta et en Colombie-Britannique, pour atteindre des villes et des villages dans tout le Canada au cours des années à venir. Nous comptons sur vous pour en faire usage! Ils comprennent des bannières, des tracts d’information et des t-shirts. Et tout est offert gratuitement! Nous vous encourageons à les utiliser au-delà de la communauté réformée. Ils peuvent être partagés avec tous les groupes pro-vie. Contactez ARPACanada.ca pour plus d’informations.
Nous remercions Dieu pour la liberté, les moyens et les chemins qu’il nous a fournis pour transformer une idée en une voix forte en faveur de la justice pour nos prochains à naître.
Note
1. ARPA Canada désigne « Association for Reformed Political Action » ou l’Association pour une action politique réformée. Pour plus d’information sur cet organisme chrétien, voir leur site Web : https://arpacanada.ca.