Célébrer le Symbole de Nicée (2) Admirons Dieu le Père et la personne de Dieu le Fils
Célébrer le Symbole de Nicée (2) Admirons Dieu le Père et la personne de Dieu le Fils
J’avais quinze ans lorsque j’ai vu pour la première fois ces effrayants modèles grandeur nature de personnes célèbres, avec des mains et des visages en cire peinte. Trop souvent, les gens traitent Jésus-Christ comme un mannequin de cire, qu’ils peuvent remodeler et ajuster à leur guise pour l’adapter à leurs propres idées et désirs.
L’anti-théologienne Barbara Thiering enseignait que Jésus était l’enfant naturel de Joseph et Marie et qu’il n’était pas mort sur la croix, mais qu’il s’était évanoui et avait repris conscience dans le tombeau.
Seize siècles auparavant, l’hérésiarque Arius enseignait que Jésus n’était pas le Dieu auto-existant et le Créateur éternel de toute chose, mais qu’il avait lui-même été créé dans le temps.
Ces remodelages malheureux n’ont jamais cessé.
En 325, environ 300 évêques réunis au Concile de Nicée ont refusé de s’y plier. Ils ont reconnu Jésus comme une personne réelle et historique décrite dans la Bible avec toute la profondeur et la complexité que Dieu voulait que nous connaissions et que nous possédions.
Nous ne devons pas le façonner. Lui seul peut modeler notre volonté, notre présent et notre avenir. Il est la perle de grand prix : nous ne devons pas le fabriquer, mais nous devons le connaître et le croire, le découvrir et le saisir avec joie.
Le Symbole de Nicée, comme le Symbole des apôtres, est trinitaire, avec des sections consacrées au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Comme le Symbole des apôtres, la section centrale présente une définition de la personne et de l’œuvre du Christ, qui est plus longue que les première et troisième sections.
Ainsi, le Symbole de Nicée est christocentrique tant dans son organisation que dans ses proportions.
Dans la première partie de cette série d’articles1, j’ai expliqué l’importance des credos et présenté le Concile de Nicée de 325. Dans cette deuxième partie, j’examine brièvement la section consacrée au Père avant d’étudier plus en détail la première partie de la deuxième section, qui décrit la personne du Christ2.
Observez comment le Symbole de Nicée présente Jésus non pas comme la figure de cire de nos espoirs indignes et de notre imagination corrompue, mais avec une précision respectueuse comme étant le Seigneur vivant de la Bible.
1. Section un : Dieu le Père⤒🔗
« Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes choses visibles et invisibles. »
Les deux premières phrases reprennent le début du Symbole des apôtres. « Je crois (credo) en un seul Dieu. »
Le christianisme est monothéiste. L’Église crie « Amen! » à la fanfare d’ouverture du Shema : « Écoute, Israël! YHWH notre Dieu, YHWH est UN » (Dt 6.4). Dans le texte médiéval de Leningrad de la Bible hébraïque, on a écrit les dernières lettres du premier et du dernier mot de cette phrase en très gros caractères pour souligner son importance colossale. Israël ne devait pas, comme les Égyptiens et les Cananéens, sombrer dans un polythéisme irrationnel, qui donne à ses adeptes carte blanche pour vivre comme bon leur semble.
Israël doit adorer le Dieu unique et lui obéir, lui, le Dieu vivant et vrai, tel qu’il est.
Le Credo décrit ce Dieu unique comme le Père tout-puissant. Le terme « Père » montre immédiatement que le Dieu unique existe comme une personne en relation avec une autre personne, et non pas comme une personne solitaire. Cette relation se situe au sein de l’unité de la divinité, comme un Père avec son Fils. On a dit à juste titre que « la paternité est un attribut essentiel de Dieu le Père, aussi éternel que son essence ».
« Tout-puissant » signifie que son pouvoir est sans limites et qu’il peut tout accomplir selon sa volonté. Il règne sur sa création en tant que souverain, le Suprême, le Très-Haut, le Chef.
« Le ciel et la terre » englobent toute la création. Pourtant, le Concile de Nicée a ajouté une déclaration emphatique au Symbole des apôtres, tirée de Colossiens 1.16, selon laquelle Dieu est le Créateur « de toutes choses visibles et invisibles »; il a créé tout ce qui existe, autant les choses matérielles et visibles que les choses spirituelles et invisibles.
Dieu et ce que Dieu a créé constituent tout ce qui existe. Il n’existe aucun « tiers », aucun être concurrent ni aucune puissance rivale.
« Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance, car tu as créé toutes choses, et c’est par ta volonté qu’elles existent et qu’elles furent créées » (Ap 4.11).
2. Section deux : La personne du Christ←⤒🔗
« Je crois en un seul Seigneur Jésus-Christ. »
Le Credo place Jésus-Christ au même rang que Dieu le Père en annonçant qu’il est lui aussi « un ».
Il n’est pas un deuxième dieu, mais le seul vrai Dieu — c’est le monothéisme qui décrit la réalité.
Le Père est le seul Dieu et Seigneur. Le Fils est le seul Dieu et Seigneur. Comme nous le verrons, leur divinité est identique, bien qu’une distinction de personne existe.
Le mot « Seigneur » traduit Kyrios (κυριος, en latin dominus), par lequel l’Ancien Testament grec traduisait le nom sacré de Dieu YHWH (יהוה). En appelant Jésus Kyrios, le Nouveau Testament l’identifie à YHWH.
Pierre a déclaré que lorsque David « voyait constamment le Seigneur devant lui », il voyait Jésus lui-même (Ac 2.25). Jésus a déclaré devant les pharisiens incrédules : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, moi, JE SUIS! » (Jn 8.58). JE SUIS est la désignation sacrée que Dieu se donne à lui-même et la racine étymologique de YHWH (Ex 3.14-15).
« Le Fils unique de Dieu. »
Unique (μονογενη, monogenē, en latin unigenitum) est un mot célèbre du Nouveau Testament que Jean tient particulièrement à cœur.
« Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père » (Jn 1.14).
« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn 3.16).
« Voici comment l’amour de Dieu a été manifesté envers nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui » (1 Jn 4.9).
Bien que Dieu, en tant que Créateur, soit le Père de tous les hommes, Jésus entretient une relation unique avec le Père. Il est « son Fils unique », engendré par le Père d’une manière que personne d’autre n’est engendré.
« Né du Père avant tous les siècles. »
Né (γενναω, gennaō) signifie que Jésus est issu du Père; cependant, le Credo souligne immédiatement que cela ne s’est pas produit à un moment donné, mais « avant tous les siècles ». Aiōnos (αἰωνος) fait référence au temps sans commencement ni fin.
Contrairement aux affirmations de l’hérésie arienne, il n’y a jamais eu de moment où le Christ n’existait pas. « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu » (Jn 1.1).
Jésus-Christ a été engendré, mais pas comme nous, qui avons été conçus sexuellement et à un moment donné. Il n’a pas non plus été créé comme les anges.
« Auquel des anges, en effet, Dieu a-t-il jamais dit : “Tu es mon Fils, c’est moi qui t’ai engendré aujourd’hui?” Et encore : “Moi, je serai pour lui un Père, et lui sera pour moi un Fils”? » (Hé 1.5).
Jésus vient du Père, mais il n’a pas été créé par le Père dans le temps. Il est, en latin, « a se », de lui-même : il existe par lui-même et se suffit à lui-même. Les théologiens décrivent cela comme « la génération éternelle et nécessaire » du Fils.
Dans une discussion approfondie sur la génération éternelle, John Frame met en garde contre toute extrapolation de « engendré par son Père » au-delà du fait que « le Père est éternellement Père et le Fils est éternellement Fils3 ».
Dans sa brillante défense du trinitarisme nicéen dans ses Discours théologiques, Grégoire de Nazianze (329-390) a exhorté à la même humble circonspection :
« La génération de Dieu doit être honorée par le silence. C’est une grande chose pour nous d’apprendre qu’il a été engendré. Cependant, nous reconnaissons que même les anges ne peuvent pas concevoir la manière dont il a été engendré, et encore moins nous. »
« Il est Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu. »
Cela souligne que le Père et le Fils possèdent la même divinité, la même lumière divine. Jésus est donc « vrai Dieu né du vrai Dieu ». « Vrai » traduit l’adjectif alēthinos (ἀληθινος, en latin verus), « véritablement ». Tous les éléments de l’existence, de l’être et des attributs de Dieu le Père s’appliquent véritablement et de manière égale à Dieu le Fils.
« Engendré, non pas créé. »
Cela souligne à nouveau, contre les ariens, que bien que le Fils soit, dans un sens mystérieux, éternellement engendré par le Père, il n’est en aucun cas façonné ou créé par le Père. Il est clairement le Créateur et non la créature.
« Tout a été fait par elle [la Parole], et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jn 1.3-4).
« Le Fils est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Car en lui tout a été créé dans les cieux et sur la terre, ce qui est visible et ce qui est invisible, trônes, souverainetés, principautés, pouvoirs. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et tout subsiste en lui » (Col 1.15-17).
« Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre, et les cieux sont l’ouvrage de tes mains; ils périront, mais toi, tu demeures » (Hé 1.10-11).
« De même nature que le Père. »
On traduit parfois le mot « nature » par « substance » qui dérive du latin. Substance n’est pas un mot très élégant. Il évoque un laboratoire. Le mot latin substantia signifie « être » ou « essence ». Dans ce contexte, « de même substance » (ὁμοουσιον, homoousion, en latin consubstantialem) est un mot technique qui définit avec précision Jésus comme une personne de nature identique à la personne de Dieu le Père. Il ne possède pas une « divinité » différente ou moindre que le Père. Cela exclut toute notion selon laquelle le Christ serait un demi-dieu, mi-Dieu mi-créature.
L’incarnation du Fils n’a pas diminué sa nature divine, mais lui a plutôt ajouté une seconde nature. Grégoire dit encore : « Il a continué d’être ce qu’il était; il a pris pour lui-même ce qu’il n’était pas [la chair]. »
Ainsi, le terme peu esthétique « de même substance » exprime une belle réalité : lorsque nous regardons et invoquons Jésus-Christ, nous regardons Dieu le Fils, le Créateur et le Seigneur souverain.
« Et par lui tout a été fait. »
Cela complète la confession selon laquelle Jésus est « engendré, non pas créé ». Il est celui qui a fait toutes choses et qui n’a pas été fait, lui, le Créateur incréé.
Dieu nous préserve du danger que Jésus-Christ soit traité comme une figure de cire, un produit de nos espoirs et de nos rêves. Le Symbole de Nicée le présente avec des termes qui décrivent une réalité précise, pure et brillante comme le diamant, le seul et nécessaire objet de notre confiance, de notre obéissance et de notre adoration salvatrices.
Notes
2. N.D.T. : Voici en complément les deux dernières parties de cette série sur l’œuvre du Christ et sur le Saint-Esprit :
Célébrer le Symbole de Nicée (3) — Venez contempler l’œuvre du Christ,
Célébrer le Symbole de Nicée (4) — Admirons la personne et l’œuvre du Saint-Esprit.
3. John Frame, Systematic Theology [Théologie systématique], 2013.
