Cet article présente une introduction au Symbole de Nicée-Constantinople écrit en l'an 325 au Concile de Nicée pour répondre aux hérésies d'Arius, puis complété au Concile de Constantinople de 381 et au Concile de Tolède de 589.

Source: Célébrer le Symbole de Nicée. 5 pages. Traduit par Paulin Bédard

Célébrer le Symbole de Nicée (1) Les chrétiens confessent leur foi en Dieu

  1. Le Concile de Nicée, 325 après J.-C.
  2. Trois points de vue
  3. Les trois versions du Symbole de Nicée
  4. La précision du Symbole de Nicée
  5. L’importance des credos

Cette année (2025) marque les 1700 ans depuis la rédaction du Symbole de Nicée-Constantinople ou Credo de Nicée. Ce document, avec le Credo des apôtres, est l’un des deux documents extrabibliques les plus importants que possède l’Église chrétienne.

Le mot « credo » vient du latin credo, « je crois ». C’est le premier mot du Credo de Nicée et il l’identifie comme une déclaration de la foi chrétienne.

Dans cet article, je me penche sur l’histoire du Credo de Nicée et sur les raisons pour lesquelles les chrétiens doivent absolument confesser leur foi véritable en Jésus-Christ. Dans les trois articles suivants1, j’ai l’intention d’examiner tour à tour les trois sections principales du Symbole de Nicée. Je me concentrerai particulièrement sur sa christologie : sa définition de la personne et de l’œuvre de Jésus-Christ.

1. Le Concile de Nicée, 325 après J.-C.🔗

« La théologie n’est jamais écrite dans le vide. »

La théologie répond généralement à des crises et à des remises en question de la vérité. Le Symbole de Nicée a été rédigé en réponse aux erreurs d’Arius, un presbytre mort en 336 après J.-C. Travaillant à Alexandrie, il était réputé pour son ascétisme et ses sermons dynamiques. À partir de l’année 319, Arius a ouvertement nié que Jésus-Christ était le Dieu éternel, le Fils de Dieu et le Créateur de toutes choses. Il a au contraire enseigné qu’il était un être non éternel créé par Dieu. Cette hérésie est devenue connue sous le nom d’arianisme.

Les ariens affirmaient que « le Christ n’existait pas à une certaine époque » et que, « avant sa génération, le Christ n’existait pas2 ». Arius lui-même disait que « le Christ a été créé pour nous, afin que Dieu puisse nous créer par lui, comme par un instrument… Sa nature peut changer3 ».

Alexandre, évêque d’Alexandrie, et son jeune secrétaire et successeur Athanase comptaient parmi les principaux défenseurs de la vérité biblique. Alexandre excommunia Arius en 321, le déclarant hors de la véritable Église chrétienne et de ses croyances salvatrices.

En 325, l’empereur Constantin, qui avait professé sa foi en 312, convoqua un concile œcuménique, un concile à large représentation, pour traiter de l’arianisme. Environ 300 évêques se réunirent à Nicée, qui se trouve aujourd’hui dans la ville turque d’Iznik, à 140 kilomètres au sud d’Istanbul. Bien qu’ils fussent principalement originaires de l’Orient grécophone, une délégation réduite, mais importante de l’Église occidentale latinophone y assista également.

Pour Constantin, l’unité de son « empire chrétien » dépendait de l’unité de foi, c’est pourquoi il finança le concile. Un certain nombre de délégués portaient les blessures et les défigurations permanentes causées par les cruelles persécutions impériales perpétrées contre le christianisme qui avaient immédiatement précédé Constantin.

2. Trois points de vue🔗

Les personnes suivantes ont présenté trois points de vue différents.

Arius affirmait que Jésus était un être créé non éternel qui était « divin » — semblable à Dieu — en raison de son obéissance, et non parce qu’il était essentiellement Dieu.

Eusèbe de Césarée affirmait que Jésus existait depuis toujours, mais qu’il possédait une nature ou une substance différente de celle du Père.

Athanase (qui n’aurait pas pris la parole au concile, mais qui soutenait son évêque, Alexandre) soutenait que Jésus existait éternellement et qu’il partageait la même essence et substance que le Père.

Athanase finit par l’emporter en affirmant que les opinions d’Arius allaient à l’encontre des Écritures et de la véritable foi chrétienne, et qu’elles menaçaient le salut. « La divinité du Christ représente le cœur même du christianisme. Personne ne comprenait cela mieux qu’Athanase.4 »

Le concile condamna Arius et l’exila en Illyrie.

3. Les trois versions du Symbole de Nicée🔗

Le Symbole de Nicée comporte trois articles consacrés respectivement à Dieu le Père, au Fils et au Saint-Esprit. On compte trois versions du Credo qui se recoupent :

1. Le Symbole de Nicée original a été rédigé en grec par le concile en 325. Il se termine brusquement par les mots « [Nous croyons] au Saint-Esprit », mais ajoute un anathème sévère — une malédiction de damnation — contre les ariens :

« Mais ceux qui disent que le Saint-Esprit n’existait pas à une certaine époque, avant d’être créé, et qu’il a été créé à partir de rien […] sont condamnés par la sainte Église catholique et apostolique.5 »

L’important rapport d’Eusèbe de Césarée sur le concile note qu’« aucune Écriture d’inspiration divine n’a utilisé les expressions » d’Arius6.

2. Après Nicée, les doctrines du Credo ont fait l’objet de vives critiques, au point que même certains de ses signataires ont exprimé des idées confuses. Athanase (mort en 373) a défendu l’orthodoxie, suivi de Grégoire de Nysse et de Grégoire de Nazianze lors du Concile œcuménique de Constantinople en 381. Pendant cette période, Athanase a été persécuté, condamné et exilé à plusieurs reprises pour avoir défendu la vérité.

Le Symbole de Nicée-Constantinople, également en grec, apporte des modifications mineures aux deux premiers articles, ajoute de la substance au troisième article et supprime l’anathème. (Le même Concile de Constantinople a également défendu la divinité du Saint-Esprit contre des hérétiques tels que Macédonius, évêque de Constantinople). Le Concile de Chalcédoine, tenu en 451, a ratifié le Symbole de Nicée-Constantinople, et a également établi la doctrine selon laquelle Jésus-Christ est une seule personne avec deux natures distinctes : l’une divine, l’autre humaine7.

3. La troisième version du Symbole de Nicée, une traduction latine du grec, apparaît pour la première fois lors du Concile de Tolède en 589, qui représentait l’Église occidentale de langue latine. Dans le troisième article concernant le Saint-Esprit, ils ont ajouté le mot Filioque« et du Fils » — après les mots « qui procède du Père ».

C’est la version généralement confessée dans les Églises protestantes et catholiques romaines de tout l’Occident8.

4. La précision du Symbole de Nicée🔗

Jusqu’en 325, l’Église s’est efforcée de définir précisément, à partir de tout l’enseignement biblique, qui est Jésus-Christ par rapport à Dieu le Père. L’Église a mis à l’épreuve de nombreuses formules et façons d’expliquer les choses, elle a appliqué le feu des Écritures : « Que nous enseigne précisément la Parole de Dieu au sujet du Christ? » Au 4e siècle, l’Église a éliminé les dernières impuretés, laissant place à l’or pur de la vérité biblique.

Le fait que ce processus ait pris trois siècles prouve la prudence de l’Église et sa détermination à trouver et à articuler la vérité biblique avec une exactitude rigoureuse. Sous la gouvernance de Dieu, la menace de l’hérésie a poussé l’Église à rédiger une confession précise du vrai Christ.

En fait, l’ajout de la clause dite « Filioque » en 589 a constitué une cause du Grand Schisme de 1054. À ce moment, les Églises d’Orient et d’Occident se sont excommuniées mutuellement, se condamnant l’une l’autre à l’enfer pour leurs « croyances hérétiques ».

Nous ne devrions pas nous moquer du fait qu’une différence qui peut sembler si insignifiante ait divisé l’Église mondiale. Ce que nous croyons et disons à propos de Dieu n’est jamais insignifiant, mais revêt une importance capitale. Les divergences d’opinions sur la clause Filioque ne placent pas réellement l’une ou l’autre partie hors de l’Église et en enfer. Nous devrions toutefois nous soucier suffisamment de Dieu pour lutter, avec bonne volonté et courtoisie, pour assurer la précision de notre conception de lui et de nos déclarations à son sujet. Toutes les idées erronées sur Dieu, peu importe leur envergure et leur caractère volontaire ou involontaire, constituent de l’idolâtrie.

Le salut est également en jeu, car la sotériologie (la doctrine du salut) dépend de la christologie (la doctrine du Christ). Le Symbole de Nicée ne présente pas des curiosités philosophiques, mais des nécessités sotériologiques9.

5. L’importance des credos🔗

Alors que la Bible est la norma normans (la règle qui régit), un credo est une norma normata (une règle qui est régie). La Confession de foi de Westminster (1647) explique que seule l’Écriture est « le juge suprême, par qui tous les débats religieux doivent être réglés ». Toutes les autres décisions, opinions et doctrines de l’Église doivent être déterminées et examinées par « rien d’autre que le Saint-Esprit parlant par l’Écriture » (article 1.10).

Quelle place occupent donc les confessions dans l’Église, telles que le Symbole de Nicée?

Lorsque Jésus a demandé à Pierre : « Qui dit-on que je suis? » (Mt 16.17), Jésus ne s’intéressait pas aux réponses par curiosité, mais la question représentait pour lui un enjeu de vie ou de mort. Seul le sang du Christ peut effacer nos péchés, et seule la résurrection du Christ peut nous donner la vie éternelle. Nous sommes unis au Christ et à son œuvre salvatrice par la foi : en croyant en lui et en lui confiant notre âme. Cela signifie croire au Christ véritable et réel, et non à une idole issue de notre imagination. C’est pourquoi Jésus a posé cette question personnelle à ses disciples : « Mais vous, qui dites-vous que je suis? » (Mt 16.18).

Devenir chrétien, c’est connaître le vrai Christ, croire en lui et professer notre foi en lui.

« Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé » (Rm 10.8).

Confesser des mensonges au sujet de Jésus nous éloigne du salut. Cela fait de nous, comme l’a dit l’évêque Alexandre, « des ennemis de Dieu et des destructeurs d’âmes10 ».

Les credos revêtent une grande importance, car ils nous enseignent à confesser la véritable foi salvatrice.

Les confessions, subordonnées à la Bible, ont une grande valeur et une grande utilité. Elles constituent des résumés des doctrines de la Bible, des aides à une bonne compréhension, des liens qui contribuent à maintenir l’unité de ceux qui les professent, des normes publiques pour l’enseignement et des protections contre les fausses doctrines et pratiques11.

Nous devons donc célébrer le Symbole de Nicée. C’est l’un des plus grands trésors de l’Église : une confession de foi véritable, scripturaire et salvatrice en Jésus-Christ, notre Sauveur vivant.

Notes

2. Philip Schaff, Nicene and Post-Nicene Fathers [Les Pères nicéens et post-nicéens], Second Series, 4:160.

3. Philip Schaff, Nicene and Post-Nicene Fathers [Les Pères nicéens et post-nicéens], Second Series, 4:70.

4. Herman Bavinck, Reformed Dogmatics [Dogmatique réformée], 1:128.

5. Philip Schaff, The Creeds of Christendom [Les credos de la chrétienté], 1:29.

6. Philip Schaff, Nicene and Post-Nicene Fathers [Les Pères nicéens et post-nicéens], Second Series, 4:76.

7. N.D.T. : Voir La Définition de Chalcédoine de 451.

9. N.D.T. : De même, à propos de la grande importance du mot homoousios (de même substance que le Père) plutôt que homoiousios (d’une substance similaire au Père), voir Le Symbole de Nicée et l’importance d’une seule lettre.

10. Philip Schaff, Nicene and Post-Nicene Fathers [Les Pères nicéens et post-nicéens], Second Series, 4:71.

11. Philip Schaff, The Creeds of Christendom [Les credos de la chrétienté], 1:8. Pour plus de détails sur ce sujet, voir :
Pourquoi des confessions de foi?, La place et l’utilité d’une confession de foi, Pourquoi étudier une confession de foi.