Célébrer le Symbole de Nicée (3) Venez contempler l’œuvre du Christ
Célébrer le Symbole de Nicée (3) Venez contempler l’œuvre du Christ
Jésus vient souper. Oui, le Seigneur!
Balayez et frottez, sortez les tasses et les assiettes, allez chercher de l’eau, faites cuire le pain, préparez le vin et surveillez le fourneau!
C’est Marthe. Harcelée. Distraite. Grognon.
Sa sœur, Marie, est assise aux pieds de Jésus. Immobile. Concentrée. Avide de chaque mot.
Jésus a corrigé Marthe et a félicité Marie. « Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera pas ôtée » (Lc 10.42).
Le Credo nous a montré cette seule chose nécessaire : la personne du Christ1. Maintenant, il va nous montrer ce qu’il a fait pour nous. D’abord son humiliation, puis son exaltation.
Arrêtons-nous, asseyons-nous, contemplons et apprenons.
« Je crois en un seul Seigneur Jésus-Christ… qui, pour nous les hommes et pour notre salut, est descendu du ciel. »
Le Fils éternel, vivant dans une communion bienheureuse avec son Père et avec l’Esprit, lui, le créateur et soutien de toutes choses visibles et invisibles, est descendu dans sa création.
Il a quitté la gloire pour la poussière, l’éternel pour le temporel, le parfait pour le brisé, la félicité pour l’agonie.
Pourquoi?
Pour notre salut. Pour nous sauver, parce qu’il nous aime.
« Il s’est incarné par le Saint-Esprit dans la vierge Marie. »
Le mot latin carnis signifie « de chair ». Dans les pays catholiques romains, carne vale, « adieu à la viande », marque la fête qui précède le jeûne du carême. L’incarnation signifie prendre chair.
Jésus est descendu du ciel et s’est joint à l’humanité en prenant sur lui une seconde et nouvelle nature — une nature pleinement humaine — un corps et une âme humains.
Le Saint-Esprit a conçu la nature humaine du Christ dans le sein de la vierge Marie.
« La Parole s’est faite chair et elle a habité parmi nous » (Jn 1.14a).
Tout comme le Seigneur a dressé sa tente au milieu du peuple d’Israël dans le désert, le Fils éternel est venu vivre parmi nous dans le tabernacle d’un corps et d’une âme humains.
« Et il s’est fait homme. »
Dès le moment de son incarnation, Jésus-Christ a porté deux natures : une divine et une humaine. Ce n’est qu’en 451 que le Concile de Chalcédoine a formulé cela dans une confession précise2. Le Symbole dit d’Athanase3 l’affirme de cette façon :
« La foi exacte consiste donc à croire et à confesser
que notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, est Dieu et homme.
Il est Dieu, étant engendré de la substance du Père avant tous les temps;
il est homme, étant né dans le temps de la substance de sa mère;
Dieu parfait et homme parfait,
composé d’une âme raisonnable et d’une chair humaine;
égal au Père selon la divinité;
inférieur au Père selon l’humanité.
Et bien qu’il soit Dieu et homme,
il n’est pas néanmoins deux personnes, mais un seul Christ;
il est un, non que la divinité ait été changée en humanité,
mais parce qu’il a pris l’humanité pour l’unir à la divinité. »
« Il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate. »
Pourquoi Jésus a-t-il dû devenir homme « pour notre salut »? Parce que seul un homme pouvait être crucifié. Seul un homme pouvait mourir de la mort maudite que nous méritions, à notre place.
Oui, dans le monde antique, la crucifixion constituait la méthode d’exécution la plus douloureuse, la plus dégradante et la plus déshumanisante que l’ingéniosité de la cruauté humaine ait pu concevoir. À cela, la loi de l’Ancien Testament ajoutait une terrible calamité spirituelle à la crucifixion.
« Si l’on fait mourir un homme coupable d’un péché passible de mort et que tu l’aies pendu à un bois [par pendaison, empalement ou crucifixion], son cadavre ne passera pas la nuit sur le bois; mais tu l’enseveliras le jour même, car celui qui est pendu est un objet de malédiction auprès de Dieu » (Deut 21.22-23a).
Le péché nous a placés sous la malédiction de la colère violente de Dieu. Jésus s’est fait homme afin de lever cette malédiction de nos épaules, de la porter sur ses épaules et de mourir à notre place de la mort maudite de la crucifixion.
« Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi étant devenu malédiction pour nous, car il est écrit : “Maudit soit quiconque est pendu au bois.” » (Ga 3.13).
Il s’est fait homme pour porter tout le poids de la condamnation et de la colère de Dieu pour notre péché.
« Il a souffert et il a été enseveli. »
Le Credo souligne soigneusement la souffrance de Jésus afin de corriger l’opinion des anciens gnostiques selon laquelle le Christ était déjà monté au ciel avant d’avoir pu souffrir.
Le Christ a bel et bien souffert et a été enseveli.
C’est le point le plus bas de son humiliation, de sa descente. Le Fils éternel de Dieu gisait mort dans un tombeau.
« Il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Écritures. »
L’exaltation et l’ascension du Christ commencent alors. Le Credo fait référence aux promesses des Écritures selon lesquelles le Christ ressusciterait. Par exemple, Pierre cite le Psaume 16 dans son sermon donné le jour de la Pentecôte.
« David a dit à propos de Jésus : “Je voyais constamment le Seigneur devant moi, parce qu’il est à ma droite, afin que je ne sois pas ébranlé. Voilà pourquoi mon cœur se réjouit et ma langue est dans l’allégresse; et même ma chair reposera avec espérance; car tu n’abandonneras pas mon âme dans le séjour des morts, et tu ne laisseras pas ton saint voir la corruption.” » (Ac 2.25-27).
« Et il est monté au ciel, et il est assis à la droite du Père. »
Luc rapporte l’ascension de Jésus quarante jours après sa résurrection à la toute fin de son Évangile (Lc 24.51) et au début du livre des Actes (Ac 1.2,9). La droite du Père est le lieu de la dignité, de l’autorité, du pouvoir et de la victoire ultimes.
« Oracle de l’Éternel à mon Seigneur : “Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied.” » (Ps 110.1).
« Il a ressuscité Christ d’entre les morts et l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, autorité, puissance, souveraineté, au-dessus de tout nom qui peut se nommer, non seulement dans le siècle présent, mais aussi dans le siècle à venir » (Ép 1.20-21).
« Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts. »
Des anges célestes ont annoncé la première venue de Jésus et sa naissance à Bethléem, mais, dès lors, sa vie a été fondamentalement humble. Bébé, on l’a couché dans une mangeoire pour animaux en guise de berceau. Sa famille a dû s’exiler en Égypte pour échapper à la colère d’Hérode. Bien qu’innocent, il s’est soumis à un baptême de repentance. Son ministère terrestre a culminé dans l’ignominie de la croix et du tombeau.
Cependant, son retour sera aussi glorieux que sa première venue fut humble. Il jugera alors chaque personne.
« Il vous donnera, à vous qui êtes affligés, du repos avec nous, lorsque le Seigneur Jésus se révèlera du ciel avec les anges puissants, au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. Ils auront pour juste châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force, quand il viendra pour être, en ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru » (2 Th 1.7-10a).
« Son règne n’aura pas de fin. »
Le règne glorieux du Christ est indissociable de sa personne et ne prendra jamais fin. C’est ainsi que s’accomplit la promesse faite par Dieu à David, mille ans avant la naissance de Jésus, selon laquelle un de ses descendants serait un roi universel et éternel.
« Ce sera lui qui bâtira une maison à mon nom, et j’affermirai pour toujours son trône royal. Moi-même je serai pour lui un père, et lui, il sera pour moi un fils. S’il commet des fautes, je le corrigerai avec le bâton des hommes et avec les coups des humains; mais ma bienveillance ne se retirera pas de lui, comme je l’ai retirée de Saül, que j’ai écarté devant toi. Ta maison et ton règne seront pour toujours assurés devant toi; ton trône pour toujours affermi » (2 S 7.13-16).
« À celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, la louange, l’honneur, la gloire et le pouvoir aux siècles des siècles! » (Ap 5.13).
Alors arrêtez, vous les Marthe. Prenez une pause. Levez les yeux vers lui. Regardez ce qu’il a fait pour vous. Oui, le temps viendra où vous le servirez, mais vous devez d’abord être servies par lui.
Il a quitté le ciel pour les pécheurs. Il a pris un corps et une âme humains afin de pouvoir soulever cette poutre écrasante, la malédiction de Dieu contre votre péché. Il a entrepris cela, comme le dit la Confession de Westminster, « de son plein gré ». Il l’a porté sur ses propres épaules. Il a été crucifié et a bu jusqu’à la dernière goutte de la colère de Dieu contre votre péché. Il s’est couché dans la tombe pour vous.
Puis il est ressuscité pour vous et s’est assis à la droite de Dieu, où il prend soin de vous. Il viendra ensuite vous chercher pour vous emmener là où il est.
Arrêtez-vous! Venez contempler son œuvre merveilleuse et émerveillez-vous! Croyez, recevez et réjouissez-vous!4
Notes
1. N.D.T. : Voir l’article précédent dans cette série Célébrer le Symbole de Nicée (2) — Admirons Dieu le Père et la personne de Dieu le Fils. Voir aussi comme introduction au Symbole le premier article de la série Célébrer le Symbole de Nicée (1) — Les chrétiens confessent leur foi en Dieu tel qu’il est en réalité.
2. N.D.T. : Voir La Définition de Chalcédoine.
3. N.D.T. : Voir Le Symbole dit d’Athanase.
4. N.D.T. : En complément, voir le dernier article de cette série Célébrer le Symbole de Nicée (4) — Admirons la personne et l’œuvre du Saint-Esprit.
