Célébrer le Symbole de Nicée (4) Admirons la personne et l’œuvre du Saint-Esprit
Célébrer le Symbole de Nicée (4) Admirons la personne et l’œuvre du Saint-Esprit
En 1685, Louis XIV a interdit la vie et le culte protestants en France. Sa Révocation de l’Édit de Nantes a ordonné que les temples protestants — les églises — soient « incessamment démolis », sans délai. Les courageux protestants français, les huguenots, déterminés à continuer à adorer le Christ, ont été contraints de se réfugier dans la brousse et les ravins du sud de la France. C’est ainsi qu’est née l’Église du désert.
Ces huguenots savaient très bien que l’Église n’était pas un bâtiment, mais le peuple sauvé de Dieu rempli de l’Esprit de Dieu. Louis pouvait détruire les églises à journée longue, et il l’a fait. Il ne pouvait cependant en aucun cas toucher au corps du Christ rempli de l’Esprit.
La troisième et dernière section du Symbole de Nicée traite de ces questions1. Elle se compose de deux parties : la première concerne la pneumatologie, la personne et l’œuvre du Saint-Esprit; la seconde concerne l’ecclésiologie, l’Église dans laquelle le Saint-Esprit habite et agit.
« Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie. »
Le Credo donne au Saint-Esprit le même titre divin que celui donné à Jésus-Christ : le Seigneur, et le Credo affirme l’œuvre divine du Saint-Esprit. Il est celui « qui donne la vie » (ζωοποιον, zōopoion). Jésus a utilisé le même mot : « C’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6.63).
Dieu le Saint-Esprit planait au-dessus des eaux au début de la création et, à la parole du Père, il remplit la terre d’une vie abondante et grouillante : pas seulement de la végétation, mais des plantes portant des graines pour une reproduction abondante; pas seulement des animaux, mais des bêtes fécondes qui se multiplient. L’Esprit vivant crée la vie qui donne la vie.
C’est à cet endroit que se terminait le Symbole de Nicée original de 325. Ce qui suit a été ajouté lors du premier Concile de Constantinople en 381.
« Il procède du Père et du Fils. »
Le Fils est le Fils unique du Père et le Saint-Esprit procède du Père et du Fils.
L’expression « et du Fils » traduit le latin Filioque et ne faisait pas partie des deux versions grecques originales du Credo. Il a été ajouté lors du troisième concile de Tolède en Espagne en 589, qui rassemblait des évêques de la partie occidentale de l’Église de langue latine.
Le Filioque a été inséré pour défendre la pleine divinité de Jésus-Christ contre l’hérésie arienne. Si l’Esprit procède à la fois du Père et du Fils, alors le Fils est Dieu tout autant que le Père.
La partie orientale de l’Église, de langue grecque, n’a jamais accepté cet ajout, ce qui a finalement conduit au Grand Schisme entre les Églises orientale et occidentale en 1054.
« Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire. »
Étant donné que le Saint-Esprit est « le Seigneur qui donne la vie », il doit être adoré et glorifié comme Dieu.
C’est ainsi que nous agissons lorsque nous baptisons quelqu’un « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », comme Jésus l’a ordonné (Mt 28.19).
Nous faisons de même lorsque nous prononçons la bénédiction de Paul : « Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous » (2 Co 13.14).
« Il a parlé par les prophètes. »
La révélation spéciale — la révélation immédiate de Dieu lui-même et de ses paroles à des personnes particulières à des moments particuliers — est l’une des grandes œuvres du Saint-Esprit.
S’exprimant en tant que prophète, David a dit : « L’Esprit de l’Éternel a parlé par moi, et sa parole est sur ma langue » (2 S 23.2). Pierre l’a confirmé : « Il fallait que s’accomplisse l’Écriture dans laquelle le Saint-Esprit, par la bouche de David, a parlé d’avance » (Ac 1.16).
Plus tard, Pierre a écrit que toute l’Écriture a été finalement inspirée par l’Esprit.
« Avant tout, sachez qu’aucune prophétie de l’Écriture ne peut être l’objet d’interprétation particulière, car ce nullement par une volonté humaine qu’une prophétie a jamais été présentée, mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pi 1.20-21).
Entendre l’Écriture, c’est entendre la voix de Dieu le Saint-Esprit.
Lorsque Paul dit dans 2 Timothée 3.16 que « toute Écriture est inspirée par Dieu », il invente un mot composé — theopneustos (θεοπνευστος) — à partir de theos (θεος, Dieu) et pneō (πνεω, souffler), qui rend compte du rôle fondamental de l’Esprit (pneuma, πνευμα) dans la rédaction des Écritures.
« Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique. »
Ici, les quatre attributs de l’Église sont énumérés en une seule phrase concise.
Premièrement, l’Église est une. Comme il n’y a qu’un seul Christ, il ne peut y avoir qu’un seul corps du Christ.
« Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance, celle de votre vocation; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, parmi tous et en tous » (Ép 4.4-6).
Nous déplorons la désunion visible de l’Église en multiples factions et « Églises indépendantes ». Celle-ci est le résultat d’un millier de divisions géographiques, culturelles, linguistiques et historiques, ainsi que d’interprétations divergentes des Écritures (concernant le baptême, la gouvernance de l’Église et la fin des temps, par exemple), et même de désaccords sur l’autorité ultime de l’Église. Alors que les catholiques romains obéissent au Magistère (Écriture et tradition), les protestants adhèrent à la sola Scriptura : l’Écriture seule.
Pourtant, au milieu de la jungle des divergences visibles et organisationnelles, il existe une seule véritable Église façonnée par l’Esprit.
Deuxièmement, l’Église est sainte : elle est mise à part par Dieu pour lui-même, lavée et rachetée par le sang du Christ et animée par le Saint-Esprit. L’Église est également sanctifiée et rendue sainte.
Troisièmement, l’Église est catholique, universelle.
L’Église catholique romaine prétend à tort être la seule véritable Église et rattache « l’Église catholique » à l’organisation mondiale dirigée par le pape de Rome.
Les protestants expliquent le sens du mot « catholique » en disant qu’il signifie simplement universel.
Pour éviter toute confusion, les luthériens ont remplacé le mot catholique par chrétien. Philip Schaff estimait toutefois que cela « laissait imprudemment aux catholiques romains le monopole du nom catholique ».
Quatrièmement, l’Église est apostolique, fondée sur l’enseignement des apôtres de Jésus : chacun d’entre eux a vu le Christ ressuscité, a été personnellement mandaté par lui et a été authentifié par lui par des signes, des prodiges et des actes de puissance.
Paul résume ces quatre caractéristiques lorsqu’il décrit les chrétiens comme suit :
« Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, mais vous êtes concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu. Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre de l’angle. En lui, tout l’édifice bien coordonné s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous aussi, vous êtes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu en Esprit » (Ép 2.19-22).
« Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés. »
Cela ne signifie pas que l’eau baptismale efface nos péchés. Cette conception sacerdotale du baptême est enseignée par le catholicisme romain.
« Le baptême ne purifie pas seulement de tous les péchés, il fait aussi du néophyte [une personne nouvellement baptisée] “une création nouvelle”, un fils adoptif de Dieu.2 »
Cette distorsion du baptême nie que nous sommes sauvés par la mort et la résurrection du Christ seul, mais insiste sur le fait que nous devons ajouter à l’œuvre du Christ le baptême et d’autres sacrements tels que la messe et la pénitence.
Or, la Bible enseigne que nous sommes sauvés immédiatement par le Christ, sans aucune personne ou cérémonie intermédiaire; et que nous recevons le salut du Christ par la foi seule, une foi qui est elle-même un don de Dieu.
« C’est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie » (Ép 2.8-9).
La question 30 du Petit Catéchisme de Westminster résume cela de cette façon :
« L’Esprit nous applique la rédemption acquise par le Christ, en produisant en nous la foi, et en nous unissant ainsi au Christ, dans notre appel efficace. »
Comme il n’y a qu’un seul Sauveur et une seule Église, le Symbole de Nicée a raison d’affirmer qu’il n’y a qu’un seul baptême, au nom de Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
« J’attends la résurrection des morts. »
Chaque être humain se lèvera pour se présenter devant le Christ pour le jugement final et la sentence, afin d’entrer soit dans une éternité avec le Seigneur, qui est le bonheur et le paradis, soit dans une éternité de séparation du Seigneur, qui est la misère et l’enfer.
« Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour la honte, pour l’abjection éternelle » (Dn 12.2).
« Attendre » traduit le verbe prosdokaō (προσδοκαω), qui signifie penser à quelque chose qui est considéré comme appartenant à l’avenir. Le contexte indique si l’on agit ainsi par désir, par peur ou dans un état d’esprit neutre. De toute évidence, le contexte du Credo est celui d’un désir ardent du retour du Christ et de ce qui suivra son retour.
« Et la vie du monde à venir. Amen. »
C’est là la grande et certaine espérance des chrétiens.
« Que tes morts revivent! Que mes cadavres se relèvent! Réveillez-vous et tressaillez de joie, habitants de la poussière! Car ta rosée est une rosée de lumière, et la terre redonnera le jour aux défunts » (És 26.19).
« Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu » (Ap 21.4).
Nos courageux frères et sœurs huguenots du 18e siècle, qui se réunissaient pour adorer Dieu dans la nature, l’Église du désert, nous rappellent que l’Église n’est pas un bâtiment ou une structure organisationnelle terrestre.
L’Église est l’assemblée de ceux qui sont appelés par le Père, sauvés par le Fils et animés et rassemblés par le Saint-Esprit en un seul corps, saint, catholique et apostolique.
Notes
1. Pour une introduction et une étude des sections précédentes du Symbole, voir les trois premières parties de cette série :
Célébrer le Symbole de Nicée (1) — Les chrétiens confessent leur foi en Dieu,
Célébrer le Symbole de Nicée (2) — Admirons Dieu le Père et la personne de Dieu le Fils,
Célébrer le Symbole de Nicée (3) — Venez contempler l’œuvre du Christ.
2. Catéchisme de l’Église catholique, 1265.
