Cette méditation sur Ésaïe 43.10-13 a pour sujet la transcendance de Dieu qui est en dehors de l'univers, mais qui prend soin de sa création, à l'opposé de l'image que plusieurs se font d'un dieu qui agit seulement à l'intérieur du monde.

Source: Par l’Esprit et en vérité. 2 pages.

Ésaïe 43 - Changer notre image de Dieu?

« C’est vous qui êtes mes témoins, oracle de l’Éternel, vous, et mon serviteur que j’ai choisi, afin que vous le reconnaissiez, que vous me croyiez et compreniez que c’est moi : avant moi il n’a pas été formé de Dieu, et après moi il n’y en aura pas. C’est moi, moi qui suis l’Éternel et hors de moi il n’y a pas de sauveur. C’est moi qui ai annoncé, sauvé, prédit, ce n’est pas parmi vous un dieu étranger; vous êtes donc mes témoins — oracle de l’Éternel — : c’est moi qui suis Dieu. Je le suis dès avant que le jour fût, et personne ne délivre de ma main; j’agirai : qui s’y opposera? »

Ésaïe 43.10-13

On entend de plus en plus souvent dire, même dans des cercles qui se prétendent chrétiens, qu’il faut changer l’image que nous nous faisons de Dieu. La représentation traditionnelle dont nous avons hérité, fondée sur le message biblique, n’est plus du tout adaptée à notre culture contemporaine. Comme une représentation fonctionnelle de Dieu doit être en phase avec notre niveau de développement technologique — autrement elle perdrait son autorité morale, nous dit-on — il est grand temps de dépasser les conceptions traditionnelles de Dieu qui le situent en dehors de l’univers, mais lui assignent en même temps un rôle primordial dans la création et la marche de cet univers. Il nous faut désormais imaginer un dieu qui soit partie prenante de l’univers, et qui évolue et agisse à l’intérieur de celui-ci. Un Dieu transcendant — c’est-à-dire radicalement distingué de l’univers — ne saurait avoir une quelconque influence sur le cosmos, il lui est tout-à-fait étranger.

À cette affirmation entendue de plus en plus couramment, on pourrait commencer par répondre : qu’est-ce qui au juste différencie cette nouvelle conception de Dieu des divinités païennes gréco-romaines (ou autres)? Car celles-ci naissaient, grandissaient et évoluaient justement au sein du cosmos, qu’elles influençaient de l’intérieur, parfois même en s’accouplant avec des humains… Avec ces discours qui prennent le revers de l’enseignement de la Bible, on dirait vraiment qu’on a affaire à un retour à peine déguisé aux mythes gréco-romains, ceux-là mêmes que le christianisme avait relégués au niveau de mythes, justement. Certes, ces mythes sont très instructifs et souvent profonds, ils apportent un éclairage sur la manière dont les humains comprennent les dilemmes de leur existence, mais ils n’en sont pas moins des mythes, des constructions humaines.

Le caractère du Dieu dont parle la Bible est bien différent. Il n’est écrit nulle part qu’il reste indifférent au sort du monde qu’il a créé, bien au contraire. Il s’adresse constamment à ses créatures en rupture de ban, il les appelle à retourner vers lui, il s’incarne même en la personne de Jésus-Christ à un moment précis de l’histoire humaine, non pas pour perdre sa divinité, mais pour venir s’identifier à la condition humaine égarée afin de la racheter et la réconcilier parfaitement avec lui.

Plusieurs siècles avant cette incarnation, le livre du prophète Ésaïe, dans l’Ancien Testament, s’adresse au peuple d’Israël en donnant la parole au Dieu éternel en ces termes :

« C’est vous qui êtes mes témoins, oracle de l’Éternel, vous, et mon serviteur que j’ai choisi, afin que vous le reconnaissiez, que vous me croyiez et compreniez que c’est moi : avant moi il n’a pas été formé de Dieu, et après moi il n’y en aura pas. C’est moi, moi qui suis l’Éternel et hors de moi il n’y a pas de sauveur. C’est moi qui ai annoncé, sauvé, prédit, ce n’est pas parmi vous un dieu étranger; vous êtes donc mes témoins — oracle de l’Éternel — : c’est moi qui suis Dieu. Je le suis dès avant que le jour fût, et personne ne délivre de ma main; j’agirai : qui s’y opposera? » (És 43.10-13).

Un peu plus loin, ceux qui se forgent des dieux à leur image et leur ressemblance sont ridiculisés par le prophète :

« Ceux qui façonnent des statues ne sont tous que néant, et leurs plus belles œuvres ne servent à rien; ils sont leurs témoins, elles n’ont ni la vue ni la connaissance. Aussi seront-ils honteux. Qui est-ce qui façonne ou fond une statue, pour n’en retirer aucune utilité? Voici que tous ses compagnons seront honteux » (És 44.9-11).

On pourrait en dire autant aujourd’hui de tous ceux qui cherchent à se forger une image de Dieu qui leur convienne, selon les besoins du moment, forcés qu’ils seront un jour ou l’autre d’abandonner leur image présente de cette idole pour en fondre une nouvelle, supposée être plus adaptée à leurs nouveaux besoins.

Le Dieu de la Bible, lui, est éternel, il est à la fois en dehors de l’univers et totalement impliqué dans sa marche, c’est du reste pourquoi on peut invoquer son nom et lui faire totalement confiance.