Cette étude biblique sur Philippiens 3 contient des notes explicatives et des questions sur ce texte pour discussion en groupe.

Source: Études bibliques sur l'épître aux Philippiens (KD). 6 pages. Traduit par Paulin Bédard

Étude biblique sur Philippiens 3 L’hostilité des faux enseignants

  1. Un appel à la joie (3.1)
  2. Un avertissement contre les faux enseignants judaïsants (3.2-6)
  3. Rechercher la justice par la foi (3.7-16)
  4. L’avenir des faux enseignants et des croyants (3.17-21)
  5. Pour animer la discussion

1. Un appel à la joie (3.1)🔗

« Au reste, mes frères, réjouissez-vous dans le Seigneur. Je n’éprouve aucun ennui à vous écrire les mêmes choses, et pour vous, c’est une sécurité. »

Par les mots « au reste » (verset 1), l’apôtre conclut une section et en commence une autre, comme il le fait en Philippiens 4.8. L’exhortation à se réjouir, qui est au cœur de toute la lettre, constitue la transition qui introduit une nouvelle section.

L’expression « vous écrire les mêmes choses » (verset 1) réfère probablement à l’avertissement qui suit contre les faux enseignants, à partir du verset 2. Se fondant sur ce verset, certains ont supposé que Paul a dû écrire plus d’une lettre aux Philippiens.

Nous n’en avons toutefois aucune preuve. Vraisemblablement, l’apôtre veut dire que, dans le passé, il a plusieurs fois averti les Philippiens des dangers des faux enseignants, pas nécessairement par écrit, mais plutôt verbalement, par ses prédications ou par des discussions avec eux.

Le mot « ennui » (verset 1) veut dire à l’origine hésitation ou indécision. Le verset 1b se comprend donc ainsi : « Je n’hésite pas à vous parler de ce sujet de nouveau, et pour vous, cela vous rendra plus forts dans vos convictions. »

2. Un avertissement contre les faux enseignants judaïsants (3.2-6)🔗

« Prenez garde aux chiens, prenez garde aux mauvais ouvriers, prenez garde aux faux circoncis. Car les vrais circoncis, c’est nous, qui rendons à Dieu notre culte par l’Esprit de Dieu, qui nous glorifions en Christ-Jésus, et qui ne mettons pas notre confiance dans la chair. Pourtant moi-même j’aurais sujet de mettre ma confiance dans la chair. Si d’autres croient pouvoir se confier en la chair, à plus forte raison moi : circoncis le huitième jour, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu né d’Hébreux; quant à la loi, Pharisien; quant au zèle, persécuteur de l’Église; quant à la justice légale, irréprochable. »

« Prenez garde », car des dangers vous menacent. L’apôtre les avertit de ceux qui proclament l’Évangile, mais n’enseignent pas une doctrine pure (voir 1.15-18).

Les trois descriptions différentes — les chiens, les mauvais ouvriers et les faux circoncis — ne désignent pas trois types différents de faux enseignants, mais ce sont tous des noms qui désignent une même doctrine, la doctrine des judaïsants.

Les trois expressions du verset 2 correspondent aux trois expressions du verset 3 et leur sont contrastées. Les juifs considéraient les païens et les non-juifs comme des « chiens ». (Pour le mot « chien », voir aussi Dt 23.18; Mt 15.27 et Ap 22.15). Ici, les juifs sont appelés des « chiens » (en particulier les faux enseignants judaïsants), probablement à cause de leur insolence et de l’obstination dont ils faisaient preuve en adhérant à leur erreur, malgré le fait qu’elle a été clairement et plusieurs fois réfutée. En opposition aux « chiens », il y a ceux qui rendent à Dieu « un culte par l’Esprit » (verset 3). Les « chiens » n’ont pas l’Esprit de Dieu et ne le servent pas. Comparez les « mauvais ouvriers » avec les remarques de Paul à propos des judaïsants en 2 Corinthiens 11.13. Il les appelle des « ouvriers trompeurs ». En opposition à ces « mauvais ouvriers », il y a ceux qui « se glorifient en Jésus-Christ » (verset 3). Les autres sont de mauvais ouvriers, car ils ne glorifient pas le Seigneur par leur travail.

La « mutilation » (« katatomè », « faux circoncis », verset 2, voir Ga 5.12) est différente de la circoncision (« péritomè »). Littéralement, le mot signifie « coupé en morceaux ». Ils sont appelés ainsi parce qu’ils niaient la signification spirituelle de la circoncision et la réduisaient à son aspect physique, la mutilation d’une partie du corps. À l’opposé, nous trouvons au verset 3 l’expression « qui ne mettons pas notre confiance dans la chair ». Les judaïsants mettaient leur confiance dans la circoncision de la chair.

Ces trois expressions dépeignaient l’existence des judaïsants, leurs œuvres et leur gloire. L’apôtre indique de cette façon la racine de leurs faux enseignements. Ils étaient impurs, c’étaient des gens du dehors, car ils cherchaient leur justification dans leurs propres œuvres ou mérites et se confiaient dans la chair.

Les apôtres et les vrais croyants étaient bien différents. Ils ne mettaient pas leur confiance dans la chair, même si Paul aurait pu avoir des raisons de le faire. Il était un juif circoncis, il aurait donc eu le droit de parler de cette manière. Personne ne peut lui reprocher de parler avec mépris de ces choses qu’il a lui-même abandonnées : en effet, il avait déjà possédé toutes ces choses auparavant. Paul énumère tous les privilèges juifs dont il jouissait; il était un juif de naissance et non un prosélyte, circoncis le huitième jour, comme prescrit (voir Lv 12.3), né d’un parent juif, sans aucune imperfection étrangère, de la tribu de Benjamin (une des deux tribus qui est toujours restée fidèle à la maison de David et qui a été ramenée par la main de Dieu après l’exil à Babylone). Il était effectivement un vrai juif, un Hébreu, et non un Helléniste parlant le grec (voir Ac 6.1). De plus, il était un juif exemplaire; son zèle pour la loi et pour la persécution égalait celui des pharisiens.

3. Rechercher la justice par la foi (3.7-16)🔗

« Mais ce qui était pour moi un gain, je l’ai considéré comme une perte à cause du Christ. Et même je considère tout comme une perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ-Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j’ai accepté de tout perdre, et je considère tout comme des ordures, afin de gagner Christ, et d’être trouvé en lui, non avec une justice qui serait la mienne et qui viendrait de la loi, mais avec la justice qui est (obtenue) par la foi en Christ, une justice provenant de Dieu et fondée sur la foi. Mon but est de le connaître, lui, ainsi que la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort, pour parvenir, si possible, à la résurrection d’entre les morts. Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix ou que j’aie déjà atteint la perfection; mais je poursuis (ma course) afin de le saisir, puisque moi aussi, j’ai été saisi par le Christ-Jésus. Frères, pour moi-même je n’estime pas encore avoir saisi (le prix); mais je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière et tendant vers ce qui est en avant, je cours vers le but pour obtenir le prix de la vocation céleste de Dieu en Christ-Jésus. Nous tous donc qui sommes des hommes faits ayons cette pensée, et si sur quelque point vous avez une pensée différente, Dieu vous révélera aussi ce qu’il en est. Seulement, au point où nous sommes parvenus, avançons ensemble. »

L’apôtre utilise ici des mots tirés de la comptabilité. Tout ce qui justifierait sa confiance dans la chair, il pouvait l’inscrire dans la colonne « actif » de son compte. Mais lorsque Jésus-Christ a commencé à dominer sur sa vie, il a transféré tous ces actifs dans la colonne « passif ». Tous ces actifs, il les considérait comme du passif à cause de Jésus-Christ.

Paul s’exprime avec tant de vigueur qu’il considère non seulement les choses d’avant sa repentance (qui s’est produite environ 30 ans avant d’écrire cette lettre), mais aussi toutes choses comme étant nuisibles à cause de Jésus-Christ. Le choix est alors : ou bien Jésus ou bien les choses de la chair. Il utilise des mots très forts lorsqu’il parle « d’ordures » (verset 8), des choses qui sont sans aucune utilité.

Le « connaître » du verset 10 n’est pas une connaissance intellectuelle; c’est une connaissance par la communion qui forme et dirige entièrement une personne. Cela inclut non seulement son intellect, mais aussi sa volonté et toute son existence (voir le verbe « connaître » dans l’Ancien Testament).

« La puissance de sa résurrection » (verset 10) est la puissance qui provient du Ressuscité et qui donne dans un premier temps la vie au croyant, ainsi que la perfection à la plénitude des temps, comme il est dit dans le dernier verset de ce chapitre (voir Rm 6.4-5 à propos de la résurrection). L’apôtre ne recule d’aucune manière devant les souffrances qu’il partage avec le Christ.

« Pour parvenir si possible » (versets 10 et 11) n’est pas une expression qui communique une incertitude. Cette expression dénote chez l’apôtre un sens de modestie aussi bien qu’une conscience de ce que la marche sur cette route exige des efforts et des luttes.

Comparez ce texte à 1 Corinthiens 9.27 (« je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur, après avoir prêché aux autres, d’être moi-même disqualifié »). Ce n’est qu’à la fin de sa vie que Paul a écrit : « J’ai achevé la course » (2 Tm 4.7).

« Paul n’a pas encore atteint le but, mais il s’efforce d’y parvenir. La compréhension chrétienne de l’imperfection a toujours comme conséquence un sentiment d’insatisfaction. La vie chrétienne consiste à trouver son repos en Jésus-Christ, sachant que nous nous savons captifs du Christ; mais en même temps, c’est une lutte sans repos où l’on fait tous les efforts possibles. Comme un oiseau qui ne referme pas ses ailes une fois élevé au-dessus du sol, mais qui peut rester dans les airs uniquement par le mouvement continuel de ses ailes, de même le chrétien est obligé de lutter continuellement, de s’exercer à la foi, de demeurer fidèle à ce qu’il est, de progresser sur le chemin de la transformation à l’image du Christ » (H.M. Van Nes).

Le verset 14 utilise des images empruntées au domaine de la course, tout comme Philippiens 2.16 (voir Hé 12.1-3). Les versets 15 et 16 vont dans le même sens. Dans la mesure où nous sommes parfaits (à savoir en tant que croyants en Jésus-Christ), efforçons-nous de parvenir au but en déployant toutes nos forces. Dans le cas d’une différence d’opinions, nous devons attendre que soit donnée une plus grande lumière. (Question 1).

Une chose est certaine : aucun coureur sur une piste de course ne court à reculons. Nous devons toujours aller de l’avant! (Questions 2 et 3).

4. L’avenir des faux enseignants et des croyants (3.17-21)🔗

« Soyez mes imitateurs, frères; portez les regards sur ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous. Il en est plusieurs qui marchent en ennemis de la croix du Christ; je vous en ai souvent parlé et j’en parle maintenant encore en pleurant : leur fin, c’est la perdition; leur dieu, c’est leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte; ils ne pensent qu’aux choses de la terre. Pour nous, notre cité est dans les cieux; de là nous attendons comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera notre corps humilié, en le rendant semblable à son corps glorieux par le pouvoir efficace qu’il a de s’assujettir toutes choses. »

Paul met maintenant en opposition la fin de la vie des faux enseignants et celle des croyants.

En lisant le verset 17, rappelons-nous que l’apôtre fait dépendre l’imitation de lui-même de sa propre imitation du Christ (voir 1 Co 11.1 et 1 Th 1.6). (Question 4).

L’apôtre exhorte vivement les croyants à resserrer les rangs. Pourquoi? Plusieurs préconisent un style de vie différent.

Le verset 18 dit littéralement : « les ennemis de la croix du Christ » (verset 18). C’est une affirmation très audacieuse. Cela montre que l’apôtre voit paraître un grave danger à l’horizon. D’où son expression émotive « je vous en parle en pleurant ».

Paul voit que ces gens courent à leur perte. Ils ont fait de leur ventre un dieu, car ils cherchaient leur salut dans le fait de manger ou de ne pas manger certains aliments.

De plus, l’orgueil qu’ils mettaient dans leur circoncision n’était rien d’autre qu’un honneur donné à une partie du corps qui habituellement fait honte.

Leurs pensées sont fixées sur « les choses de la terre » (verset 19, voir Col 3.2), c’est-à-dire non seulement sur l’immoralité et la sensualité, mais aussi sur la recherche de l’honneur qui vient des hommes. (Question 5).

Les Philippiens, qui étaient des colons, devaient comprendre qu’ils étaient citoyens du Royaume. Des colons ne sont pas des immigrants. Un immigrant perd sa citoyenneté d’origine; un colon reste un citoyen de son pays d’origine, même dans un pays étranger.

Les croyants appartiennent donc au Royaume des cieux. Même s’ils demeurent sur la terre, leur vrai domicile est aux cieux (voir Col 3.1). (Questions 6 et 7).

Puisqu’ils forment un corps avec le Christ, ils peuvent espérer que lui, la Tête, viendra les prendre avec lui. En même temps, il se produira un grand changement : l’humiliation fera place à la glorification (voir aussi 1 Co 15.50-58).

5. Pour animer la discussion🔗

  1. Au verset 12, l’apôtre écrit : « Ce n’est pas […] que j’aie déjà atteint la perfection », tandis qu’au verset 15 il dit que nous « sommes des hommes faits ». N’est-ce pas là une contradiction? Les mots « parfait » et « fait » ont-ils le même sens?

  2. Ceux qui disent que l’on ne devrait jamais être certain de son salut interprètent-ils correctement le verset 12 (« je poursuis ma course afin de le saisir »)? Continuez de lire jusqu’à la fin du verset 12.

  3. Est-il possible de voir un lien entre le verset 16 et la réforme de l’Église? Pensez à l’expression « se réformer sans cesse ».

  4. Est-ce qu’« imiter » (verset 17) est la même chose que singer?

  5. Les faux enseignants qui « pensaient aux choses de la terre » (verset 19) le démontraient par le fait qu’ils voulaient éviter la persécution. Dans l’Empire romain, la religion juive était permise, tandis que la religion chrétienne était défendue.

  6. « Notre cité est dans les cieux » (Ph 3.20) peut être traduit par : « notre citoyenneté », « l’exécution de notre citoyenneté », « notre nation », « notre fédération », « notre constitution », « notre activité politique », « notre patrie » est dans cieux. D. Holwerda traduit : « Nous sommes enregistrés en tant que citoyens des cieux » et il y voit un lien avec Galates 4.25-26 qui oppose la Jérusalem d’en haut au judaïsme.

  7. Au verset 20, Paul enseigne-t-il à désirer le ciel dans le sens de vouloir fuir la terre?