Cet article sur 1 Timothée 2.1 a pour sujet la prière d'intercession que nous sommes appelés à faire pour tous les hommes, en vue de leur salut, afin que les desseins de Dieu s'accomplissent, en particulier son plan rédempteur.

Source: La prière en Esprit. 4 pages.

1 Timothée 2 - Intercéder

« J’exhorte donc, en tout premier lieu, à faire des requêtes, prières, intercessions, actions de grâce, pour tous les hommes. »

1 Timothée 2.1

Le privilège de la prière d’intercession m’appartient. Je puis en être reconnaissant et m’émerveiller du pouvoir spirituel que cela me donne. L’affection et le dévouement de mon cœur ne pourraient mieux s’exprimer qu’au moyen de la prière d’intercession.

Voici une personne qui m’est chère, mais qui vit loin de moi, elle a de graves problèmes à résoudre. Je les connais, puisqu’elle me les confie. J’aurais tellement aimé être près d’elle pour lui parler et la soutenir par mon affection! Mais je connais mes limites. Les conseils que je pourrais lui prodiguer ne sont qu’humains, trop humains, tandis que ses besoins dépassent tout ce que je pourrais lui apporter, même avec la meilleure volonté et la plus généreuse.

Voici ce frère ou cette sœur avec qui j’ai parcouru un bout de chemin. À présent, il semble se séparer de moi; l’amitié qui nous liait semble se refroidir chaque jour davantage… Mes tentatives pour m’approcher de lui, d’elle, semblent être ressenties comme des menaces à sa liberté. Ma crainte est bien plus vive encore lorsque j’apprends qu’il ou qu’elle a rompu non seulement avec moi, mais aussi avec Dieu.

Voici un autre ami, cloué au lit. Je ne puis lui rendre visite. Même si matériellement j’avais pu, je ne lui aurais jamais été d’un grand secours pratique. Le médecin ne laisse pas grand espoir quant à son rétablissement. L’opération qu’il va subir réussira-t-elle? Je ne puis le rencontrer pour lui adresser un mot de réconfort ni pour lui rappeler les promesses de Dieu.

Mon fils a de sérieuses difficultés à l’école. Il sombre dans l’angoisse. Parfois, il réussit à partager avec moi ses graves inquiétudes, mais plus souvent il reste enfermé sur lui-même. Il m’est impossible d’intervenir dans sa classe pour y régler ses problèmes d’éducation. Je ne sais même pas ce qui est vraiment bon ou mauvais pour lui. Je voudrais tant l’aider, mais les forces qui sont les miennes semblent incapables de redresser sa situation.

Ma fille vient de partir à un rendez-vous. Je connais les dangers de la circulation routière. Je connais bien ma fille, ainsi que le jeune homme qu’elle rencontrera. J’ai pleine confiance en eux. Mais je ne sous-estime pas les approches subtiles et les subterfuges du tentateur. Bien sûr, je sais que mes enfants grandissent et qu’ils doivent user d’une liberté légitime, apprendre à vivre, voler de leurs propres ailes. Il arrive un moment où il faut couper le cordon ombilical. Ils ne peuvent plus être couvés dans la sécurité parentale. Pourtant, j’aimerais tellement leur épargner de faux pas! Mais je sais bien qu’il n’est plus possible, à présent, de les accompagner partout.

Dans une certaine mesure, je connais les troubles qui agitent mon pays et les causes profondes de tant de désordres. Ils sont lourds de conséquences. En ma qualité de citoyen, je ne possède qu’un seul vote. Je veux bien envoyer à l’occasion une lettre à mon député et lui signaler telle ou telle anomalie sociale, politique, économique ou culturelle. Signaler au chef du gouvernement la solution qui s’imposerait dans telle ou telle situation. Mais suis-je parfaitement certain que je connais toutes les données de la situation? Et puis j’entends tellement de voix dissonantes autour de moi! Pourtant, j’aime mon pays et je suis décidé à l’aimer jusqu’au bout.

C’est dimanche matin. Le pasteur de l’Église que je fréquente a préparé le sermon qu’il va prononcer tout à l’heure durant le culte. Le voici qu’il monte en chaire. Je le connais, avec sa force et aussi avec ses faiblesses; il est tellement humain! Je connais surtout l’énorme responsabilité spirituelle qui est la sienne : celle de prononcer une Parole venant de la part de Dieu. Je souhaite tellement que son message produise un effet positif sur l’esprit de ceux qui l’entendront. Je ne puis prêcher à sa place, je ne puis, en ce moment précis, communiquer avec lui en privé, lui donner des conseils. Et puis, est-ce tellement sûr que je sois mieux placé que lui pour annoncer l’Évangile?

Les exemples que je viens de citer pourraient laisser l’impression que je suis une personne terriblement frustrée, incapable d’apporter une quelconque contribution à des situations particulières. Mais Dieu soit loué, tel n’est pas le cas. J’ai le privilège d’agir, puisqu’il m’est donné la grâce de prier en intercédant pour toutes ces personnes et pour tous ces sujets qui me tiennent à cœur. Or tout ce qui n’est pas en mon pouvoir est heureusement dans le pouvoir de Dieu. Son bras est long, sa sagesse parfaite, son amour infini. À l’autre bout du monde, derrière une porte fermée d’une salle d’opération, sur les axes routiers, dans l’Église assemblée pour le culte, la sagesse de Dieu et sa justice ne se trompent jamais. Dieu est actif. Il connaît mieux que moi-même les situations que j’aperçois parfois avec peine. Il s’en préoccupe et s’en charge.

Selon une certaine psychologie, la prière agit positivement parce qu’elle serait un comportement actif. Mon expérience personnelle, comme celle d’autres dont je partage les convictions et communie à la foi, prouve que le pouvoir efficace de la prière réside dans le pouvoir gracieux de Dieu qui s’engage en notre faveur avec toute sa bonté. Il tient aussi à ce que je lui présente mes requêtes avec une confiance filiale, dans la certitude qu’il agira selon sa promesse et pour le bien de ceux qu’il aime. Il m’assure que ma prière d’intercession est une contribution positive et parfaitement justifiée apportée à sa cause. Je me souviens de l’exemple d’Abraham. « Celui qui juge toute la terre n’agira-t-il pas selon le droit? » disait-il en s’adressant à Dieu, avant la destruction de villes telles que Sodome et Gomorrhe (Gn 18.25). J’ai l’assurance que l’Esprit me vient au secours pendant que je prie.

Arrêtons-nous un instant à cette prière d’intercession frappante, dans Genèse 18.16-33. Abraham prie et intercède en faveur de quelques personnes pieuses pouvant se trouver parmi la population inique des villes maudites. Abraham savait que, si Dieu l’avait comblé en lui promettant un héritier, il était également en position de le combler en prenant d’autres mesures gracieuses. Abraham prie le Seigneur parce qu’auparavant il a reçu l’autorisation de le faire.

L’iniquité répugnante des villes de Sodome et de Gomorrhe s’étalait sous le ciel apparemment en toute impunité. Mais Dieu n’est jamais le spectateur passif et indifférent du mal qui s’accomplit sous son ciel. Sa sainteté prenait note de la méchanceté et de la perversion des Sodomites. Bientôt, il allait agir, déversant son jugement sur eux. Mais il ne voulut pas cacher ses desseins à celui qu’il appelait son ami. Extraordinaire, n’est-ce pas? Venant visiter la plaine maudite, il accorde à Abraham et à ses descendants une révélation claire de sa volonté. S’il tient compte de la fidélité des uns, dans sa majesté divine il tient aussi compte de l’iniquité des autres, qu’il tient à châtier de manière exemplaire. De même qu’il avait agi avec justice envers Caïn le fratricide ou lors du déluge, ainsi s’apprête-t-il à présent à exercer sa juste sentence sur les habitants « des villes de la plaine », notamment de Sodome et de Gomorrhe, qui ont atteint le point de non-retour dans leur perversité. À la veille de cette visite parmi les hommes, Dieu vient faire des confidences à Abraham…

Lorsque Dieu nous révèle ses desseins, nous ne saurions rester à l’écart de l’exécution de ses projets. Il visite les uns dans sa grâce qui sauve et il fait peser sur les autres le jugement qu’il porte sur l’impiété. Mais il ne se réjouit pas de la perdition du méchant, il en attend la conversion.

À cet égard, le fidèle devra imiter Dieu. Dans sa prière d’intercession, même en faveur de l’incrédule, tout fidèle fait preuve d’un souci réel de la même nature que celui de Dieu envers les hommes, car c’est l’Esprit lui-même qui met dans nos cœurs un tel souci. Jusqu’au bout, Dieu étend sa patience et manifeste son amour. Par amour envers quelques justes, il serait même disposé à épargner toute une société d’iniques.

Cet incident émouvant relaté dans le livre de la Genèse, cette lutte spirituelle entre l’homme de la foi et le Dieu de la grâce révèle aussi le sens de la présence du fidèle dans le monde qui l’entoure. Celui-ci y est laissé — si l’expression convient — en vue du bien même du monde. Dieu aurait épargné Sodome et Gomorrhe s’il avait pu y compter cinquante, quarante, trente, vingt, ou même dix personnes pieuses…

Que le monde sache que s’il est épargné et s’il survit ce n’est que grâce à la présence des élus du Dieu souverain au milieu de la société. À travers eux, Dieu répand ses bénédictions sur tous les hommes comme à travers un canal. Notre mission consiste à pratiquer cette justice de Dieu afin que l’humanité en devienne, même indirectement, la bénéficiaire. L’apôtre Paul a dit à propos des chrétiens de Corinthe :

« Vous êtes notre lettre, écrite dans nos cœurs, connue et lue de tous les hommes. Vous êtes manifestement une lettre de Christ, écrite, par notre ministère, non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant » (2 Co 3.2-3).

Jusqu’au plus profond de nous-mêmes, nous sommes concernés par l’avenir de l’humanité. Ne cessons pas de prier pour elle. L’apôtre Paul nous exhorte vivement à le faire. « J’exhorte donc, en tout premier lieu, à faire des requêtes, prières, intercessions, actions de grâce, pour tous les hommes » (1 Tm 2.1). La raison pour laquelle Dieu nous appelle hors du monde n’est pas pour que nous l’ignorions, mais afin de devenir une bénédiction au milieu de celui-ci. Nos prières d’intercession en faveur de tous les hommes sont l’un des moyens dont Dieu se sert pour parvenir à la réalisation de ses desseins. Reconnaissants et heureux, nous pouvons à présent lui adresser notre prière d’intercession.