1 Timothée 3 - Les qualités d’un ancien
1 Timothée 3 - Les qualités d’un ancien
« Cette parole est certaine : si quelqu’un aspire à la charge d’évêque, il désire une belle activité. Il faut donc que l’évêque soit irréprochable, mari d’une seule femme, sobre, sensé, sociable, hospitalier, apte à l’enseignement, qu’il ne soit ni adonné au vin, ni violent, mais conciliant, pacifique, désintéressé; qu’il dirige bien sa propre maison et qu’il tienne ses enfants dans la soumission, avec une parfaite dignité. Car si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’Église de Dieu? Qu’il ne soit pas nouveau converti, de peur qu’enflé d’orgueil, il ne tombe sous le jugement du diable. Il faut aussi qu’il reçoive un bon témoignage de ceux du dehors, afin de ne pas tomber dans le discrédit et dans les pièges du diable. »
1 Timothée 3.1-7
Le bon Berger a donné sa vie pour son Église, il a versé son sang pour nous racheter de nos péchés et nous transférer dans son royaume de lumière. Jésus-Christ aime son Église, il prend soin d’elle. Depuis le commencement du monde jusqu’à la fin, il la rassemble, il la protège, il la fortifie, il la dirige par sa bonne Parole et par son Esprit Saint. Dans sa grande sagesse et dans sa grande bonté, le Seigneur a voulu se servir de moyens humains pour protéger, diriger, prendre soin de son Église. Lui qui est monté au ciel dans la gloire de son règne, il nous envoie son Esprit pour accorder à son Église des dons variés parmi nous, pour nous encourager à vivre en communion avec lui et en communion les uns avec les autres. Parmi ces dons, il a donné des anciens, des pasteurs et des diacres. À travers le ministère de simples serviteurs humains, le bon Berger prend soin de son Église et la conduit sur le sentier de la vie. Ces serviteurs sont de faibles pécheurs, mais pardonnés en Jésus-Christ, animés de son Esprit et guidés par sa Parole. Dieu utilise ces hommes comme des instruments pour le bien de son Église et pour sa gloire.
Notre conseil d’anciens vous a récemment annoncé son intention de procéder bientôt, Dieu voulant, à la nomination de nouveaux anciens parmi nous. Nous voyons le besoin d’ajouter des anciens à notre conseil, et d’ailleurs quelques membres de l’Église nous ont encouragés dans ce sens. Nous prions que le Seigneur nous dirige avec amour et avec sagesse dans ce processus de nomination. Nous prions qu’il nous permette de discerner sa volonté et que cet ajout éventuel puisse être une bénédiction et un encouragement.
Quelle est la volonté de Dieu concernant les anciens? Quelles qualités doivent-ils posséder et développer? Notre texte d’aujourd’hui nous présente l’essentiel au sujet des qualités d’un ancien. Ce guide infaillible devrait nous aider à choisir des anciens. D’après ce texte, le ministère d’ancien est :
1. Un beau métier⤒🔗
Avant d’énumérer les qualités qu’un ancien doit posséder, l’apôtre Paul commence par nous dire que le ministère d’ancien est un beau métier, un travail noble. « Cette parole est certaine : si quelqu’un aspire à la charge d’évêque, il désire une belle activité » (1 Tm 3.1). Tout d’abord une remarque sur le vocabulaire. Le mot « évêque » ou « épiscope » en grec signifie celui qui veille sur, celui qui porte un regard bienveillant, attentif, dans le but de prendre soin des brebis. Ailleurs, la Bible utilise aussi le mot « presbutéros » ou « ancien », qui veut dire un homme d’expérience. Les deux désignent la même fonction dans la Bible, et ça inclut aussi les pasteurs.
On s’attend à beaucoup de la part des anciens, aussi bien en ce qui touche leurs qualités morales et spirituelles qu’en ce qui concerne les responsabilités qu’ils doivent assumer. Nous devrions commencer par faire preuve de beaucoup de respect et d’appréciation à leur égard. La Bible tient leur ministère en très haute estime. C’est une « belle activité », une « belle œuvre ». Cette parole est certaine, dit Paul. Autrement dit, il ne s’agit ni d’un titre honorifique ni d’une simple corvée, mais d’une très belle œuvre, sérieuse, engageante, importante aux yeux de Dieu. Pourquoi? La raison en est donnée au verset 5 : leur travail consiste à « prendre soin de l’Église de Dieu ». L’apôtre Pierre dit la même chose dans sa première lettre : « J’exhorte donc les anciens qui sont parmi vous […] : Faites paître le troupeau de Dieu qui est avec vous » (1 Pi 5.1-2). L’apôtre Paul a dit aux anciens d’Éphèse : « Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau au sein duquel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour faire paître l’Église de Dieu qu’il s’est acquise par son propre sang » (Ac 20.28). Prendre soin, faire paître, nourrir, guider, panser les bobos, exhorter, enseigner, encourager… C’est une activité belle, bonne, importante. Pourquoi? Parce que l’Église de Dieu est précieuse aux yeux du Seigneur, elle qui est rachetée par le sang du Christ, habitée par le Saint-Esprit. Vous qui appartenez à Jésus-Christ, vous qui êtes ses brebis, vous êtes les mieux placés, dans ce monde, pour reconnaître la grande valeur et la richesse du travail des anciens. Honorez-les, priez pour eux, priez pour d’autres qui pourront s’ajouter.
Puisque le ministère d’ancien est un travail digne et honorable, il est bon de désirer un tel travail. « Si quelqu’un aspire à la charge d’évêque », dit Paul, « il désire une belle activité ». Très souvent, ceux que Dieu appelle à un ministère particulier ne cherchent pas ce travail, ils se sentent indignes ou incapables, ils ne veulent surtout pas se proposer. Et c’est normal. Pourtant, il est bon de désirer ce travail, pourvu que ce ne soit pas par ambition personnelle ou par vaine gloire, mais par désir de servir le Seigneur avec les talents qu’il nous donne. Comment y aspirer? En se rendant disponible pour servir et en cultivant les qualités chrétiennes qui sont requises.
Premièrement, donc, un beau métier; deuxièmement :
2. Un métier modèle←⤒🔗
La Bible souligne bien plus ce que l’ancien doit être que ce qu’il doit faire. Pour la plupart des fonctions publiques aujourd’hui (député, ministre, maire, conseiller municipal, etc.), on fait surtout valoir les compétences que la personne doit posséder et on fait une séparation très nette en sa vie publique et sa vie privée. La Bible ne fait pas une telle séparation. Au contraire, elle nous fait comprendre que la manière dont un homme se conduit en privé et en famille sera déterminante pour son office public. « Il faut donc que l’évêque soit irréprochable, mari d’une seule femme, sobre, sensé, sociable […], qu’il ne soit ni adonné au vin, ni violent, mais conciliant, pacifique, désintéressé » (1 Tm 3.2-3). Cela ne veut pas dire qu’il est sans péché, mais l’œuvre de la grâce est évidente dans sa vie, et sa conduite morale ne fait l’objet d’aucun scandale. Son intégrité n’est pas remise en question.
Cette liste de qualités nous donne quand même l’impression que Paul est très exigeant. Cette exigence est proportionnelle à l’importance de la fonction. « Il désire une belle activité. Il faut donc… » En même temps, nous remarquons que toutes ces qualités mentionnées aux versets 2 et 3, à l’exception d’une seule, ne sont pas propres à l’exercice de la fonction d’ancien, ce sont des qualités que tout chrétien devrait posséder. Nous sommes tous appelés à être sobres, sensés, sociables, hospitaliers, ni adonnés au vin, ni violents, mais conciliants, pacifiques, désintéressés. Ces versets nous enseignent que les anciens sont censés montrer aux autres, par la qualité de leur vie, le chemin normal de la vie chrétienne. Ce sont des hommes exemplaires.
Oui, nous avons besoin de modèles. Mais qu’allons-nous apprendre si nos conducteurs dans l’Église ont eux-mêmes une vie chrétienne désordonnée? Les anciens sont censés être des hommes qui donnent le bon exemple. Leur tempérament doit être caractérisé par la maîtrise de soi, l’amabilité, la générosité. Ils sont censés rechercher la paix et non le gain ou l’intérêt personnel. Ils doivent posséder un bon jugement, être capables d’entretenir de bonnes relations, etc. Bref, ils doivent être « irréprochables », aussi bien dans leurs paroles que dans leur conduite, ce qui inclut toutes les qualités propres aux chrétiens. Ils montrent, par la qualité de leur vie, le chemin normal de la vie chrétienne.
Je sais qu’en disant tout cela, je suis en train de mettre beaucoup de pression sur mes propres épaules en tant que pasteur, et je le dis avec beaucoup de crainte et de tremblement, en reconnaissant mes profondes lacunes dans beaucoup de ces domaines. Je sais aussi que je mets beaucoup de pression sur les épaules des anciens actuels, de même que sur de futurs candidats à cette fonction. Remarquez toutefois que c’est exactement ce que Paul fait en demandant à Timothée d’enseigner tout cela publiquement. En réalité, Paul est en train de décrire sommairement ce à quoi doit ressembler la vie de tout chrétien, en particulier de tout homme chrétien. La pression est distribuée sur nous tous. En fait, c’est un appel à vivre par la grâce de Dieu en Jésus-Christ. Nous avons tous été libérés de l’esclavage du péché pour vivre la vie nouvelle remplie du fruit de l’Esprit. Cela ne veut pas dire qu’un ancien n’aura jamais de lutte ou qu’il ne tombera jamais. Nous avons cependant tous besoin – les anciens aussi – de prier pour demander à Dieu de nous faire miséricorde afin que nos vies de chaque jour soient remplies de sa grâce, sans pourtant jamais abaisser la norme de la Parole de Dieu. Alors, Messieurs, est-ce que vous maîtrisez vos humeurs, ou bien vous emportez-vous facilement? Êtes-vous un artisan de paix ou un querelleur? Avez-vous un bon jugement? Savez-vous dire « non » aux excès de toute nature? Êtes-vous sans reproche dans vos paroles et dans votre conduite?
Donc, premièrement : un beau métier; deuxièmement : un métier modèle; troisièmement :
3. Un métier qui nécessite des compétences←⤒🔗
Un bon ancien doit posséder certaines aptitudes et être capable de faire un certain nombre de choses. Je retiens de ce texte trois compétences. Tout d’abord, il doit être « hospitalier » (verset 2). Encore une fois, cette caractéristique n’est pas propre à un ancien. Tous les chrétiens sont appelés à exercer l’hospitalité les uns envers les autres. Voilà une belle façon de vivre l’amour en action parmi nous et de mettre nos dons au service des autres. Cela s’applique d’autant plus aux ministères particuliers de diacre, d’ancien et de pasteur. Un ancien doit être prêt à ouvrir sa maison et ouvrir son cœur aux autres. L’hospitalité a toujours joué un rôle important dans l’évangélisation et dans l’édification de l’Église, pour le bien-être de la famille de Dieu.
Deuxièmement, l’ancien doit être « apte à l’enseignement » (1 Tim. 3:2). Voilà, cette fois-ci, une compétence propre aux anciens. L’aptitude à l’enseignement n’est pas requise de tout chrétien. Nous n’avons pas tous besoin de savoir enseigner, bien que ce soit très utile, par exemple pour les parents auprès de leurs enfants. Toutefois, pour les anciens, l’aptitude à l’enseignement est requise. Bien sûr, les anciens ne reçoivent pas la même formation que les pasteurs et ne sont pas nécessairement appelés à prêcher. Ils doivent quand même être capables d’enseigner, d’exhorter, de convaincre, Bible en main. L’apôtre Paul dit à Tite, son autre collaborateur, que l’ancien doit être « attaché à la parole authentique telle qu’elle a été enseignée, afin d’être capable d’exhorter selon la saine doctrine et de convaincre les contradicteurs » (Tt 1.9). L’ancien doit bien connaître sa Bible et ses doctrines réformées et doit savoir les expliquer. Il doit être capable d’évaluer ce qui est prêché et ce qui est enseigné. Durant les visites pastorales, un ancien doit être capable d’expliquer un passage de la Bible et de l’appliquer à la vie de la personne ou de la famille visitée, pour encourager, reprendre, conseiller, consoler.
La troisième « compétence », si l’on peut dire, est d’ordre conjugal et familial. Nous la trouvons aux versets 2 et 4 : « Il faut qu’il soit mari d’une seule femme […], qu’il dirige bien sa propre maison et qu’il tienne ses enfants dans la soumission, avec une parfaite dignité. » La vie conjugale des anciens doit être un exemple vivant d’un bon mariage chrétien. Sa famille doit être un bon modèle. L’ancien doit savoir diriger sa propre maison et prendre soin des siens avec amour et respect. C’est vrai, d’ailleurs, de tout mari chrétien qui devrait aimer sa femme comme le Christ a aimé l’Église et s’est sacrifié pour elle. C’est vrai de tout père chrétien, qui devrait bien diriger sa maison et garder ses enfants dans la dignité. Cette compétence n’est pas le propre des anciens, mais encore une fois, puisque nous avons besoin de modèles, en particulier des modèles pour les autres hommes dans l’Église, il est important qu’un ancien donne l’exemple. Si la vie conjugale et familiale de l’ancien est désordonnée, qu’allons-nous apprendre de nos conducteurs spirituels dans l’Église? Et comment fera-t-il pour bien s’occuper de l’Église? « Car si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’Église de Dieu? » (1 Tm 3.5). Alors, Messieurs, et je parle ici à tout homme marié, êtes-vous dévoués à votre épouse comme vous devriez l’être? Savez-vous diriger votre maison et tenir vos enfants dans la soumission et la dignité?
Un beau métier, un métier modèle, un métier qui nécessite des compétences, et enfin, quatrièmement :
4. Un métier dangereux←⤒🔗
Certains métiers sont plus dangereux que d’autres. Ceux qui travaillent avec des outils tranchants, ou au fond des mines, ou avec des produits dangereux courent plus de risque d’accidents ou de blessures. Le métier d’ancien, il faut le savoir, comporte certains dangers propres à ce ministère. Ce n’est pas surprenant : nous sommes engagés dans une guerre spirituelle, l’Église est la cible de prédilection des attaques de Satan. Forcément, ceux qui occupent des ministères officiels ou des postes de direction sont particulièrement ciblés par l’ennemi. Cependant, ne pensons pas être à l’abri du danger si nous ne sommes pas anciens. Il ne faut pas se dire : « moi, je ne veux pas devenir ancien, comme ça je pourrai continuer de vivre tranquille, en sécurité, confortable dans ma vie chrétienne ». De toute manière, nous sommes tous des soldats du Christ et nous sommes tous engagés dans ce conflit spirituel, nous ne pouvons pas y échapper. Sachons toutefois que les diacres, les anciens et les pasteurs occupent dans l’armée des positions particulièrement ciblées.
Il existe plusieurs dangers, Paul en mentionne deux dans ce texte. Le premier danger est causé par un manque d’expérience. « Qu’il ne soit pas nouveau converti, de peur qu’enflé d’orgueil, il ne tombe sous le jugement du diable » (1 Tm 3.6). Un nouveau converti, c’est-à-dire en grec un « néophyte ». D’après l’étymologie, ce mot signifie « une nouvelle plante », quelqu’un nouvellement planté dans la foi et dans l’Église. Un jeune converti est plein de zèle et d’enthousiasme, c’est beau à voir, mais il n’a pas l’expérience ni la maturité nécessaire. Les nouveaux convertis grandissent rapidement et peuvent facilement s’enfler d’orgueil. Un homme plus expérimenté dans la foi a déjà subi les épreuves de la vie, il les a traversées avec patience et persévérance. De plus, il connaît les dangers des tentations et les dangers des faux enseignements qu’un nouveau chrétien ne connaîtra pas. Cette mise en garde concernant les « néophytes » vaut également pour des chrétiens d’expérience, mais qui sont dans l’Église réformée depuis peu de temps. Il est sage d’attendre quelque temps pour apprendre à mieux les connaître et pour voir s’ils croient vraiment à la doctrine réformée et si leur vie est stable et exemplaire.
Le deuxième danger cité par Paul est causé par une mauvaise réputation. « Il faut aussi qu’il reçoive un bon témoignage de ceux du dehors, afin de ne pas tomber dans le discrédit et dans les pièges du diable » (1 Tm 3.7). L’Église est dans le monde et le monde nous voit et nous regarde. L’impression que le monde aura de l’Église dépend en bonne partie du témoignage de ses pasteurs, de ses anciens, de ses diacres. Les anciens ont un rôle public dans la société. S’ils deviennent une cause de scandale, cela entachera forcément l’Église et la cause de l’Évangile. Si l’Église ne choisit pas soigneusement ses anciens, nous courons le danger de tomber dans les pièges du diable. Satan cherche à dévorer les brebis, il cherche aussi à discréditer les sous-bergers du Seigneur. Un ancien doit donc être un homme d’expérience dans la foi, mais aussi un homme qui a une bonne réputation dans la société, à son travail, dans son voisinage.
Voici donc une parole certaine pour toute l’Église et pour ceux que Dieu appelle à devenir anciens. Une parole qui fonde une certitude inébranlable et qui communique un puissant réconfort. Le Seigneur Jésus est à l’œuvre parmi nous pour rassembler son Église, la fortifier, en prendre soin, la guider. Pour en prendre soin, il se sert d’hommes pécheurs, pardonnés, graciés, renouvelés, habités par l’Esprit, guidés par sa Parole. Ces hommes ne sont pas encore parvenus au but, pas plus qu’aucun de nous d’ailleurs, mais ils courent vers le but, et nous courons tous ensemble, comme l’apôtre Paul le faisait. Que le Seigneur donne à ces hommes son Esprit de force, d’amour et de sagesse. Qu’il nous donne à tous le même Esprit pour discerner la volonté de Dieu concernant les anciens qu’il appelle parmi nous et pour répondre avec joie à l’appel de Dieu. Amen.