Cet article a pour sujet les signes de l'alliance entre Dieu et son peuple: le sabbat, la circoncision, le baptême qui a remplacé la circoncision, la cène, avec une évaluation de la pensée baptiste et de la question de la participation des enfants à la cène.

Source: L’alliance d’amour. 10 pages.

19. Les signes de l’alliance

  1. Le sabbat en tant que signe
  2. Le signe d’admission
  3. Le repas de la Pâque
  4. Le saint baptême
  5. Le baptême a remplacé la circoncision
  6. La pensée baptiste
  7. La sainte cène
  8. Les enfants devraient-ils participer à la sainte cène?

Nous avons vu plus haut que, lorsque l’on entre dans une nouvelle et importante relation, on a tendance à le faire de manière solennelle. L’occasion est souvent marquée par un temps de communion fraternelle lors d’un repas festif, ainsi que par certains signes et symboles. Aussi, par exemple lors d’un mariage, les époux échangeront des alliances, qui font office d’expression visible de leur nouveau statut de personnes mariées. Dans la Bible, un mariage est vu et présenté comme une « alliance », et c’est une idée que nous pouvons garder à l’esprit dans cette section.

Il existe deux sortes de signes. L’un est donné au début de la nouvelle relation et sert en quelque sorte à inaugurer la relation. Il n’est donné qu’une seule fois. L’autre est donné sur une base régulière, tout au long de la relation, et sert à la nourrir et à l’affermir. Si l’on utilise de nouveau l’image du mariage : les alliances sont échangées une seule fois, le jour du mariage lui-même, juste après les vœux. Ensuite, tous les ans le couple célèbre l’anniversaire du mariage et en d’autres occasions l’on se donne des gages d’amour et de reconnaissance. Ces signes ne doivent pas être dédaignés. Ils ne font ni ne défont la relation elle-même, car elle est fondée sur la loyauté de l’amour, mais ils jouent un rôle important.

Nous nous concentrons maintenant sur les signes que Dieu a donnés pour nous démontrer son amour allianciel et le confirmer.

1. Le sabbat en tant que signe🔗

Avant de nous pencher sur les signes que l’on connaît sous le nom de sacrements, considérons en premier lieu un autre signe, celui du sabbat. Cette journée, qui était une occasion festive et spéciale de repos et de culte, fonctionnait en effet comme un signe. Nous lisons cela dans Exode 31.12-17. Le sabbat avait été institué auparavant, mais l’Éternel souligne ici son importance alliancielle. Même pendant la construction du tabernacle, ce qui fut un travail saint, le sabbat dut être observé.

Permettez-moi de citer quelques passages pertinents.

« L’Éternel parla à Moïse, et dit : Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Vous ne manquerez pas d’observer mes sabbats, car ce sera entre moi et vous, et parmi vos descendants, un signe auquel on connaîtra que je suis l’Éternel qui vous sanctifie » (Ex 31.12-13).

Et aussi au verset 17, « [Le sabbat] sera entre moi et les enfants d’Israël un signe qui devra durer à perpétuité… »

Ne pas observer le sabbat était punissable de mort, la même punition qui était infligée à ceux qui négligeaient la circoncision (v. 15). Le sabbat est un jour « saint devant l’Éternel » et doit être respecté ainsi.

Il est important de voir comment ce signe fonctionnait. Il envoyait un message clair aux enfants d’Israël : l’Éternel est leur Créateur et leur Rédempteur, et l’aspect le plus important de la vie est d’honorer et de servir l’Éternel, qui les créa et les délivra. Il envoyait aussi un message clair aux nations entourant Israël, qui n’observaient pas de jour de repos comme Israël : le peuple de l’alliance de l’Éternel n’est pas esclave de son travail, mais libre serviteur de Dieu, aimé par lui et l’aimant en retour. Il est mis à part et sanctifié pour l’Éternel.

Malheureusement, les Israélites n’observèrent pas toujours le sabbat correctement. Du temps de Jésus, il était devenu un jour d’impossibles et insupportables restrictions. Le Seigneur ne rejeta jamais le sabbat, mais il rejeta ce que les Juifs en avaient fait. Le Seigneur se proclame lui-même « maître même du sabbat » (Mc 2.28) et il le restaura comme jour de guérison et d’édification. Par sa résurrection le premier jour de la semaine, il désigna pour le peuple de la nouvelle alliance le premier jour, le dimanche, comme jour de culte et de louanges.

Le dimanche est toujours un signe de l’alliance. Lorsque les gens cessent d’aller à l’église assidûment, leur foi décline, leurs enfants s’éloignent du Seigneur et il en résulte le sécularisme (mener un style de vie du monde). Ce n’est pas sans raison que nous lisons dans Hébreux 10.25 : « N’abandonnons pas notre assemblée, comme c’est la coutume de quelques-uns; mais exhortons-nous réciproquement, et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le jour. » Quelques versets plus loin, nous sommes mis en garde contre le fait de tenir pour profane « le sang de l’alliance » (v. 29). Les chrétiens qui ne vont pas à l’église oublient qu’ils ont une alliance avec le Seigneur et cela les mène à mépriser la grâce de Dieu en Christ. De nos jours, comme sous l’ancienne alliance, le peuple de Dieu est reconnaissable par l’observance du jour du repos et par le culte qu’il rend à Dieu lors des services publics.

2. Le signe d’admission🔗

Si le sabbat peut être appelé un signe général, qui concerne tout le peuple de Dieu de manière égale, d’autres signes sont de nature plus personnelle ou familiale. Ils ne sont pas personnels ou familiaux dans le sens qu’ils n’ont rien à voir avec le peuple dans son ensemble, mais parce qu’ils touchent le statut des individus. Sous l’ancienne alliance, ces autres signes requéraient de verser le sang, ce qui n’est pas nécessairement lié au sabbat.

Il y a tout d’abord le signe d’admission dans le peuple de l’alliance de Dieu. Sous l’Ancien Testament, ce fut la circoncision, alors que sous le Nouveau Testament il s’agit du saint baptême. Je traiterai plus loin dans ce chapitre et plus en détail des questions entourant le baptême; nous souhaitons ici dans un premier temps trouver une réponse biblique à la question : à quel moment la relation d’amour entre Dieu et une personne débute-t-elle? La réponse à cette question a une incidence sur le moment de la circoncision et, plus tard, du baptême.

L’on suggère parfois que la relation entre Dieu et une personne n’existe que lorsque les deux reconnaissent cette relation. Avant cela, elle est unilatérale et ne fonctionne pas réellement. Le signe devrait alors être transmis bien plus tard dans la vie, au moment où l’évidence de l’amour mutuel ne fait plus aucun doute.

Dans l’Ancien Testament, ce raisonnement ne s’applique évidemment pas, car les nourrissons devaient être circoncis le huitième jour. Il existe déjà là une relation d’amour, unilatérale certes, mais elle existe et reçoit un signe, ou sceau. En réalité, si l’on étudie sérieusement l’Écriture, nous découvrons que le lien d’amour (qui est l’alliance!) existe déjà avant la naissance.

Je pense au bien connu et émouvant Psaume 139, où David, adulte, se demandant peut-être s’il mérite encore d’être appelé enfant de Dieu à cause de ses péchés, se console du fait incroyable que Dieu le reconnut et le connut avant même sa naissance. Et Dieu ne regarda pas comme un observateur indifférent, mais comme quelqu’un de pleinement impliqué dans ce qui se passait dans le ventre de sa mère : « C’est toi qui as formé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère » (v. 13), « Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient » (v. 16). « Tisser » signifie accorder une attention à chaque petit détail. « Voir » est ici plus que simplement « regarder », mais être concentré avec intensité, voire être en communion d’amour avec quelqu’un.

D’autres passages s’expriment de la même manière. Je suis toujours touché par le Psaume 71, où un vieillard traversant de nombreuses épreuves peut encore dire : « Dès le ventre de ma mère je m’appuie sur toi; c’est toi qui m’as fait sortir du sein maternel… Ne me rejette pas au temps de la vieillesse » (v. 6 et 9). Ce qu’il faut retenir, c’est que la relation entre cet homme et l’Éternel a commencé déjà avant sa naissance, et Dieu lui fut toujours fidèle. Puisque la vie débute à la conception, c’est à ce moment-là que le lien entre Dieu et ses enfants débute aussi.

Il n’est donc pas étonnant que le premier signe, la circoncision dans l’Ancien Testament, devait être administré le huitième jour. Dieu considérait les enfants de son peuple, les enfants des croyants, comme ses enfants, dès le début. Il œuvre parmi son peuple dans les lignées, comme le Dieu des parents et le Dieu des enfants.

Nous voyons cela merveilleusement exprimé dans le livre d’Ésaïe :

« Écoutez-moi, maison de Jacob, et vous tous, restes de la maison d’Israël, vous que j’ai pris à ma charge dès votre origine, que j’ai portés dès votre naissance! Jusqu’à votre vieillesse, je serai le même, jusqu’à votre vieillesse je vous soutiendrai; je l’ai fait, et je veux encore vous porter, vous soutenir et vous sauver » (És 46.3-4).

La circoncision montre clairement que nous sommes admis au sein du peuple de Dieu dès le début de notre vie. Dieu est le Dieu de toute notre vie, de la conception et la naissance à la mort et au-delà. C’est de cette façon que l’Éternel s’est révélé à Adam et Ève, à Seth, à Noé, à Abraham et à David.

Rappelez-vous aussi que la postérité des croyants fit toujours partie des promesses et des bénédictions de Dieu. Il est important de rappeler cette réalité, qui a un lien avec la nature de Dieu. Dieu ne change pas, ni dans son essence ni dans son approche. La question doit se poser : Dieu qui, au fil des siècles, d’Adam à Malachie, opéra selon les termes de l’alliance, donnant ses promesses aux croyants et à leur descendance, adopterait-il soudainement dans le Nouveau Testament une approche entièrement différente? Poser la question, c’est y répondre.

3. Le repas de la Pâque🔗

L’autre signe que l’Éternel donna à son peuple sous l’ancienne alliance fut la Pâque et, en lien avec cela, la fête des pains sans levain. La Pâque fut instituée par Dieu en Égypte, la nuit où il délivra Israël de l’Égypte. Le cœur de la fête de la Pâque est qu’un agneau fut immolé et son sang répandu sur les linteaux et les montants des portes des maisons où l’agneau était mangé (Ex 12.7). Dieu dans son jugement passerait par-dessus les maisons marquées par le sang, car les péchés des habitants étaient expiés par le sang de l’agneau.

Ce repas ne devait pas être somptueux; il fut préparé avec des plantes amères et le pain devait être sans levain. Il dut se manger debout, précipitamment, car le moment du départ était proche. Les plantes amères signifient l’amertume de l’esclavage en Égypte. Le pain sans levain évoque le départ précipité. Le levain symbolise aussi le péché, et par conséquent ce pain désignait aussi la sainteté nécessaire chez le peuple racheté de Dieu.

Il est important de noter que l’Éternel ne destina pas cette Pâque à être un événement unique, mais une fête devant être célébrée annuellement. « Vous conserverez le souvenir de ce jour, et vous le célébrerez par une fête en l’honneur de l’Éternel; vous le célébrerez comme une loi perpétuelle pour vos descendants » (Ex 12.14). Ce devait être une fête s’étendant sur une semaine entière, commençant avec la Pâque elle-même et continuant ensuite comme fête des Pains sans levain. Sa raison d’être était de garantir l’expiation d’Israël par le sang du sacrifice et de convaincre le peuple de vivre dans la sainteté devant Dieu.

Malheureusement, pendant de longues périodes Israël ne célébra pas cette fête. Elle fut toutefois respectée durant le temps où notre Seigneur vécut sur terre. Elle était célébrée une fois par an, à Jérusalem, et nombreux étaient ceux qui y montaient pour prendre part aux festivités. Par la Pâque, le Seigneur Dieu garantissait la justice (expiation) à son peuple et lui faisait bien comprendre la nécessité d’être saint et obéissant (pain sans levain).

L’Éternel donna donc à son peuple un signe visible de son admission dans son alliance, ainsi qu’un rappel clair de la continuation de ce signe dans l’alliance. Les signes étaient des dons spéciaux par lesquels l’Éternel garantissait à son peuple la certitude des promesses de son alliance.

4. Le saint baptême🔗

Le baptême était depuis longtemps utilisé comme rituel de purification pour admettre les prosélytes au sein d’Israël. Ce fut notre Seigneur, cependant, qui l’institua comme signe et sceau de la nouvelle alliance. Par celui-ci, les chrétiens étaient assurés de leur admission dans l’alliance. Le Seigneur lui-même décréta, juste avant son ascension aux cieux : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit… » (Mt 28.19).

Le baptême des adultes et ses conditions ne provoquent pas beaucoup de querelles entre les chrétiens. Par contre, il y eut au cours des temps beaucoup de débats pour savoir si les bébés devraient se faire baptiser.

Ici, les questions sous-jacentes visent à savoir si l’ancienne alliance est remplacée par la nouvelle alliance et quelle est la place des bébés (enfants) dans cette nouvelle alliance. Si les enfants y sont inclus avec leurs parents, il s’ensuit qu’ils devraient aussi recevoir le signe de cette nouvelle alliance, à savoir le saint baptême.

J’ai indiqué plus haut que la notion selon laquelle l’ancienne alliance est de nature physique (opposée à une notion de nouvelle alliance plutôt spirituelle) doit être rejetée. Bien qu’elle ait pu présenter beaucoup plus d’aspects physiques, l’ancienne alliance était spirituelle. Ce qui est désormais important, c’est de noter que lorsque les prophètes annoncent la nouvelle alliance, cette alliance (comme toute alliance légitime) s’étend aux enfants.

Je cite Jérémie :

« Ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu. Je leur donnerai un même cœur et une même voie, afin qu’ils me craignent toujours, pour leur bonheur et celui de leurs enfants après eux. Je traiterai avec eux une alliance éternelle… » (Jr 32.38-40).

La déclaration alliancielle fondamentale est : Ils seront mon peuple et je serai leur Dieu. L’élément de la nouvelle alliance est : Je leur donnerai un même cœur et une même voie. Le peuple de Dieu ne sera dirigé que vers son service. Jérémie 31 décrit ce caractère unique comme « une nouvelle alliance ». Et l’étendue de l’alliance est : leur propre bien et le bien de leurs enfants après eux. Les enfants sont à leur place dans la nouvelle alliance, tout comme ils faisaient partie de l’ancienne.

En lien avec cela, voyez Ésaïe 59.21 :

« Voici mon alliance avec eux, dit l’Éternel : Mon Esprit, qui repose sur toi, et mes paroles, que j’ai mises dans ta bouche, ne se retireront point de ta bouche, ni de la bouche de tes enfants, ni de la bouche des enfants de tes enfants, dit l’Éternel, dès maintenant et à jamais. »

Considérez également ce que nous trouvons dans Ézéchiel 37. Ce chapitre parle aussi de l’époque de la nouvelle alliance où l’Esprit de Dieu demeurera avec son peuple. Il fait référence au fait que « mon serviteur David sera leur prince pour toujours », une référence claire à la royauté du Christ. Nous lisons au verset 25 : « Ils [les exilés de retour et restaurés, le reste selon l’élection de la grâce] habiteront le pays que j’ai donné à mon serviteur Jacob, et qu’ont habité vos pères; ils y habiteront, eux, leurs enfants, et les enfants de leurs enfants, à perpétuité… » Dans l’ère de restauration à venir, où le royaume des cieux sera manifeste, sous la nouvelle alliance, les enfants aussi auront leur place, incontestée et légitime.

Il est important de noter que ces textes mêmes, qui parlent de manière prophétique de la nouvelle alliance, parlent aussi avec insistance de la place des enfants en son sein. Ce n’est pas surprenant, puisque l’alliance d’amour a toujours été une relation entre Dieu et les croyants avec leur descendance. Pourquoi les choses seraient-elles soudainement différentes dans la nouvelle alliance? Rappelez-vous que nouveau ne signifie pas radicalement différent, mais meilleur, dans le sens d’amélioré.

Nous remarquons que dans la nouvelle alliance le signe (baptême) est aussi donné aux femmes. Dans Actes 16, nous lisons l’histoire de Lydie et de son baptême (y compris celui des membres de sa famille). L’administration du baptême aux femmes est rendue possible, explique Paul ailleurs, parce que « vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ » (Ga 3.28-29). Les distinctions qui, sous l’ancienne alliance, jouaient un rôle, ne sont plus valables.

Les femmes n’étaient pas circoncises. Elles ne recevaient pas de signe particulier. Désormais, en Christ, un changement est intervenu : les hommes et les femmes sont baptisés! L’alliance est en effet nouvelle dans le sens qu’elle est meilleure qu’avant. Il y a dans la nouvelle alliance une expansion (les femmes reçoivent aussi le signe), non une réduction (les enfants ne sont pas exclus).

5. Le baptême a remplacé la circoncision🔗

Le baptême a remplacé la circoncision. Cette assertion est faite sur la base de ce que Paul écrivit dans Colossiens 2.11-12 :

« Et c’est en lui que vous avez été circoncis d’une circoncision que la main n’a pas faite, mais de la circoncision de Christ, qui consiste dans le dépouillement du corps de la chair : ayant été ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu, qui l’a ressuscité des morts. »

Il est peut-être utile à cette étape d’étudier de plus près ce passage.

Dans cette épître, Paul met en garde les Colossiens contre les dangers du judaïsme. L’un des points de discorde était que les chrétiens devaient se faire circoncire pour faire partie du peuple de Dieu. Nous retrouvons cette même question mentionnée en divers endroits dans le Nouveau Testament (p. ex. Ga 2 et Ph 3).

La réponse de Paul aux judaïsants est que les chrétiens ont déjà été circoncis! Toutefois, ceci ne s’est pas produit de manière physique (« par la main de l’homme » [S21] avec un scalpel), mais avec la circoncision opérée par le Christ. Littéralement : la circoncision du Christ, c’est-à-dire la circoncision demandée par le Christ et aussi donnée par lui. Quelle est cette circoncision? Paul poursuit son argumentation avec les mots suivants : « ayant été ensevelis avec lui par le baptême ». La circoncision des croyants se produisait lorsque le baptême était administré.

Il ne s’agit pas que d’une question de preuve qu’un passage pourrait apporter. Le point important et sous-jacent est que la circoncision n’est plus nécessaire dans la nouvelle alliance. Paul appelle la circoncision une forme de « mutilation » (Ph 3.2; BDS). Par quoi a-t-elle été remplacée? Nous sommes ensevelis et ressuscités avec le Christ dans le baptême. Nous avons entamé une nouvelle vie, nous sommes devenus membres du peuple de l’alliance de Dieu et cela est signifié et scellé lorsque nous nous faisons baptiser. Il est vrai que nombre de ceux qui se firent baptiser dans le Nouveau Testament étaient des adultes. Dans leur cas, la foi est nécessaire (voir Col 2.12, « ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu… ») Cependant, le fait que le baptême remplace la circoncision signifie que les enfants ont part, avec leurs parents croyants, à l’alliance d’amour.

L’Église du Nouveau Testament n’administre pas la circoncision, mais baptise les croyants et leurs enfants. Les signes ont changé, mais les richesses de la relation d’alliance n’ont fait que croître. L’on dit que le baptême des enfants n’est pas mentionné ni exigé dans le Nouveau Testament. En réalité, l’inclusion des enfants va de soi, et ce qui est évident n’a pas besoin d’être énoncé. Les enfants ont toujours appartenu à l’alliance d’amour de Dieu.

6. La pensée baptiste🔗

Le mouvement baptiste (qui rejette le baptême des enfants) est vaste et divers. Malgré les différences, la ligne de pensée fondamentale demeure toutefois la même : avant que le baptême ne puisse avoir lieu, il doit y avoir la foi et aussi des preuves de foi. Voyez Marc 16.16 : « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. »

Les baptistes ne prennent cependant pas en compte le fait que Marc 16 parle d’une situation de mission, où le baptême est en effet administré aux croyants. Nous sommes d’accord pour dire que la foi est nécessaire dans le cas du baptême des adultes, mais nous ajoutons que les promesses de Dieu s’étendent aux enfants de ces convertis et leur sont signifiées, parce qu’il s’agit de la nature de l’alliance de Dieu.

Le baptême, toutefois, ne témoigne pas chez ces personnes des promesses de Dieu, mais de l’engagement des croyants. Il s’agit de la confirmation publique et définitive de la foi du croyant. L’activité et l’expérience de l’homme se situent au centre. L’on peut le dire de bien des manières différentes, mais au final, c’est Dieu qui doit attendre notre décision.

Alors que les croyants réformés respectent totalement l’unité de la Bible dans l’Ancien et le Nouveau Testament, nombreux sont les baptistes qui n’accordent pas beaucoup de réelle valeur à l’Ancien Testament. La pensée alliancielle a perdu toute pertinence avec la venue du Christ. L’époque de l’Israël ancien est révolue et ne revêt aucune signification pour nous; la seule raison d’être de l’Ancien Testament est, peut-être, de montrer de quelle manière Dieu était en relation avec l’homme, autrefois.

Permettez-moi de citer un livre écrit par un théologien réformé, le Dr W. van’t Spijker, au sujet de la relation entre le baptême et la circoncision :

« Les baptistes, ceux d’avant comme ceux d’aujourd’hui, sont pour la plupart des avocats du libre arbitre de l’homme et des opposants à (la doctrine de) l’élection. Pour la plupart d’entre eux, le baptême ne souligne pas la promesse gracieuse de Dieu, mais le fait que leur propre décision interne est rendue publique. Dans le baptême, il n’est pas tant question de la promesse de Dieu que de notre engagement. Il ne s’agit pas de l’alliance de Dieu avec nous, mais de notre alliance avec Dieu.1 »

Voyez aussi sur ce sujet la brochure du Dr J. Douma, Le baptême des enfants et la conversion.

Écrivant sur les effets de l’individualisme et du biblicisme baptistes, Van’t Spijker ajoute une autre phrase digne d’être mentionnée :

« Le Nouveau a été séparé de l’Ancien, la grâce de la nature, l’Église du peuple, et ce qui est le pire : la grâce de Dieu a été séparée de la miséricorde éternelle de Dieu et a été mise entre les mains d’un être humain dont la manière de voir la foi a été réduite à un seul aspect du salut » (trad. libre).

Le biblicisme signifie fonder nos croyances sur un ou plusieurs textes sans égard au contexte immédiat et plus large tel qu’il est présenté dans la Bible. L’Écriture n’est pas correctement comparée à l’Écriture. Ainsi, un élément est souligné au détriment des autres et les croyants perdent de vue l’ensemble.

7. La sainte cène🔗

L’autre signe de l’alliance, la Pâque, a aussi été remplacé. Jean-Baptiste présenta déjà notre Seigneur Jésus-Christ de la manière suivante : « Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jn 1.29).

Il est important de relever que le Christ institua la sainte cène au cours de la fête de la Pâque. L’on ne peut assurément établir de lien plus clair et l’on peut difficilement imaginer un accomplissement plus net. Notre Seigneur prit les éléments ordinaires de la Pâque et en fit des signes et des sceaux de sa souffrance et de sa mort.

« Ensuite il prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant : Ceci est mon corps, qui est donné pour vous. » Puis l’institution suit : « faites ceci en mémoire de moi » (Lc 22.19).

L’apôtre Paul écrit plus tard : « En effet, Christ, notre agneau pascal, a été sacrifié » (1 Co 5.7; S21). L’apôtre utilise aussi l’image du pain sans levain lorsqu’il écrit : « Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain, non avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains sans levain de la pureté et de la vérité » (5.8).

En ce qui a trait à la sainte cène, Luc écrit : « Il prit de même la coupe, après le souper, et la leur donna, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous » (Lc 22.20). Paul indique clairement dans 1 Corinthiens 11.25 que boire la coupe fait aussi partie de l’ordonnance de Dieu : « faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez ».

Notons de nouveau que dans le baptême et la sainte cène il n’y a pas d’effusion de sang comme sous l’ancienne alliance. Les sacrifices d’animaux ont été accomplis une fois pour toutes par le sang versé du Christ. L’épître aux Hébreux développe ce thème : « à la fin des siècles, il [le Christ] a paru une seule fois pour effacer le péché par son sacrifice ». L’ancienne alliance est accomplie dans la nouvelle.

8. Les enfants devraient-ils participer à la sainte cène?🔗

De temps à autre, l’on évoque la question de savoir si les enfants doivent être admis à la sainte cène. Certains baptistes soulignent le fait que les Églises réformées sont pour le moins incohérentes sur ce point. Comment pouvez-vous exiger le baptême des enfants d’un côté, disent-ils, et refuser la communion des enfants de l’autre? Si les jeunes enfants ont droit à l’un des sacrements, pourquoi ne pas leur donner accès aussi à l’autre? Les enfants, tout autant que les adultes, ont besoin d’être nourris spirituellement et la sainte cène semblerait être un moyen efficace à cette fin.

Cette question n’est pas uniquement soulevée par les baptistes. Au sein du Conseil œcuménique des Églises, le plaidoyer en faveur de la participation des enfants à la sainte cène se fait de plus en plus entendre. Nous ne pouvons pas nier qu’elle n’a cessé de se pratiquer sous une forme ou une autre depuis l’époque de l’Église primitive. En outre, elle est désormais permise dans nombre d’Églises traditionnelles et socialement reconnues. Les Églises réformées ont-elles tort de demander qu’une personne professe publiquement sa foi avant d’être admise à la sainte cène?

Il ne nous est pas possible de traiter longuement de cette question, mais nous reconnaissons son importance. Concernant la tradition réformée, Martin Luther fit un plaidoyer puissant contre la participation des enfants à la sainte cène (dans son ouvrage La Captivité babylonienne de l’Église). La conviction de Luther selon laquelle les jeunes gens doivent d’abord être enseignés fut l’une des raisons pour lesquelles il écrivit ses Grand et Petit catéchismes.

Jean Calvin suivit les pas de Luther. Calvin dit que le baptême des jeunes enfants est nécessaire en raison des promesses de Dieu dans son alliance à l’égard des croyants et leur descendance. Il souligne le fait qu’en grandissant, les enfants doivent accepter ces promesses dans la foi. Le baptême et la foi ne doivent donc jamais être séparés. Il en est de même pour la sainte cène et la foi. Et à l’égard de ce sacrement, croyait Calvin, la Bible exige connaissance et foi de la part de ceux qui y prennent part.

Les données bibliques soutenant ce point de vue se trouvent dans la première épître aux Corinthiens, où Paul traite de la manière dont la sainte cène était célébrée et où il présente certaines règles. Nous apprenons de ce chapitre que la sainte cène requiert de ceux qui y participent une foi lucide et consciente (1 Co 11.23-32). Le Seigneur dit, en ce qui a trait à ce sacrement : faites ceci en mémoire de moi. Paul ajoute que lorsque nous mangeons le pain et buvons la coupe, nous proclamons la mort du Seigneur. Se souvenir et proclamer impliquent un certain niveau de compréhension.

Il existe par conséquent un avertissement apostolique clair à l’égard de ceux qui participent à la célébration. Paul écrit :

« C’est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe; car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même » (1 Co 11.27-29).

La participation à la sainte cène nécessite de s’examiner soi-même et de reconnaître la signification ainsi que l’importance du sacrement et, répétons-le, ces exigences ne peuvent être remplies sans un certain degré de connaissance et de compréhension.

L’on doit bien sûr expliquer la signification de la sainte cène aux enfants. Il s’agissait aussi d’un ordre en ce qui a trait à l’ancienne Pâque. L’Éternel dit aux Israélites :

« Et lorsque vos enfants vous diront : Que signifie pour vous cet usage? Vous répondrez : c’est le sacrifice de Pâque en l’honneur de l’Éternel, qui a passé par-dessus les maisons des enfants d’Israël en Égypte, lorsqu’il frappa l’Égypte et qu’il sauva nos maisons » (Ex 12.26-27).

La Pâque nécessitait une explication. Les enfants baptisés, qui font partie de l’alliance de Dieu, doivent aussi être enseignés et guidés afin qu’ils puissent, par la grâce de Dieu, comprendre, apprécier et saisir ce que le Christ fit pour eux par son sacrifice sur la croix et qu’ils puissent ainsi arriver au point où ils peuvent être admis à sa table. Les parents réformés comprennent ceci et par conséquent mettent en avant la responsabilité parentale et la nécessité d’une éducation qui satisfait les exigences de l’alliance.

La Pâque n’est pas devenue la sainte cène. Plutôt, la sainte cène accomplit la Pâque et ajouta un élément absent de la Pâque, à savoir l’exigence sans équivoque d’un examen personnel à la lumière du sacrifice du Christ sur la croix. Assimiler la Pâque à la sainte cène est bibliquement faux, tout comme il est erroné, comme nous l’avons vu, de simplement assimiler la circoncision au baptême. Afin de déterminer qui peut célébrer la sainte cène, il nous faut commencer par ce que le Nouveau Testament lui-même dit au sujet de cette fête, et, en comparant l’Écriture à l’Écriture, noter les similitudes et les différences entre le sacrement du Nouveau Testament et l’ancienne fête de la Pâque.

Note

1. Doop in Plaats van Besnijdenis [Le baptême à la place de la circoncision], p. 25; caractères droits pour souligner.