Cet article sur 2 Corinthiens 10.5 a pour sujet la seigneurie totale du Christ que nous devons proclamer afin d'amener toute pensée à l'obéissance de l'unique Seigneur Jésus dans tous les domaines de la vie.

Source: Jésus-Christ lumière du monde. 5 pages.

2 Corinthiens 10 - Jésus-Christ est Seigneur universel

« Nous amenons toute pensée captive à l’obéissance au Christ. »

2 Corinthiens 10.5

  1. Relations sociales
  2. Priorités contre d’autres priorités?
  3. Où sont nos convictions?
  4. Y a-t-il un impact?
  5. Tout appartient au Christ
  6. Christ est Seigneur

Christ est Seigneur. Il l’est par décision souveraine du Père. En vertu de sa résurrection d’entre les morts. Par la puissance du Saint-Esprit. Son autorité incontestable s’est établie sur l’ensemble de la réalité créée. Il se déclare Maître de nos vies, Chef de l’Église, Roi de l’univers. Christ nous est donné comme notre Seigneur. Et c’est là une grâce qui nous accorde la liberté de le confesser comme tel dans la foi avec l’Église universelle, à la gloire de Dieu le Père. C’est à son obéissance que nous avons reçu mission d’amener toute pensée captive. Mais que signifie au juste qu’il soit le Seigneur? Que veut dire témoigner de lui, partout, à chaque instant, par tous les moyens, dans tous les départements de nos activités? Il n’est pas toujours évident que nous ayons parfaitement saisi toutes les implications d’une telle confession de foi.

Pour l’Église naissante qui, par cette déclaration, manifestait son ralliement et son inconditionnel attachement au Fils de Dieu, les termes étaient clairs : Jésus était à la fois Dieu et Sauveur. Le fait qu’il soit déclaré Seigneur témoignait de l’allégeance intellectuelle du disciple à l’unique Dieu révélé, en et par le Fils. Cependant, cette seigneurie engageait aussi immédiatement l’obéissance éthique du chrétien. C’est ce point-là que nous soulignerons dans les lignes qui suivent.

1. Relations sociales🔗

À coup sûr, l’une des sphères les plus importantes et les plus décisives de notre existence moderne est le domaine où se déroule notre vie sociale. Avec toutes ses manifestations et ses activités, elle est une zone vitale entre toutes. C’est ici que surgissent sans cesse des problèmes toujours redoutables et, à vue humaine, souvent insolubles. Dans cette aire de la vie et d’activités humaines, nous avons — nous autres chrétiens — à proclamer la seigneurie totale du Christ, et ce, avec autant d’urgence que de hardiesse, afin d’amener toute pensée obéissante à l’unique Seigneur universel. Son Évangile détient un pouvoir véritablement transformateur. Il apporte et offre le salut, de même qu’il annonce et exige la pratique de la justice. Il procure la paix, mais sans faute nous engage à l’œuvre d’amour. Il renouvelle la personne, mais offre également l’unique force capable de transformer les relations sociales et les structures dans lesquelles elles se déroulent.

Ainsi, appelle-t-il tout homme à marcher humblement devant Dieu : Sola fide coram Deo vivere, disaient les réformateurs du 16siècle, c’est-à-dire par la foi seule vivre devant Dieu. C’est ainsi qu’il veut changer toutes les orientations négatives des hommes, et qu’il arrête leur course vers la mort et le néant. L’Évangile entendu dans l’Église et dans nos foyers ne sera pas essentiellement différent de celui proclamé sur la place publique. La seigneurie du Christ englobe la totalité de notre existence.

2. Priorités contre d’autres priorités?🔗

Or, des chrétiens, une certaine catégorie de chrétiens tout au moins, ont choisi — est-ce par ignorance ou par simple commodité — des priorités qu’ils opposent à d’autres priorités. Par exemple, la prédication de la nouvelle naissance trahit bien souvent davantage l’absence de souci d’une exigence éthique chez des chrétiens, qu’elle ne témoigne d’une vérité biblique et théologique. D’où, parfois, la multiplication d’organismes dits d’évangélisation, de projets d’évangélisation, d’activités fiévreuses d’évangélisation. À tel point que, si l’on ne jugeait que d’après les apparences, on serait tenté de se laisser surprendre : voilà enfin que le Seigneur commence à bouger et que l’Esprit s’est mis à souffler!

Selon les statistiques, même dans le monde dit post-chrétien et la société sécularisée, des millions de chrétiens confessent leur foi en Dieu. Ils forment encore une armée colossale. Il y aurait de quoi se réjouir, sinon pavoiser. Mais voilà une question : cette armée va-t-elle rester consignée dans ses casernes, cantonnée dans des retranchements, ou bien, ainsi qu’est sa vocation et son métier, livrer la bataille de la seigneurie totale du Christ, proclamer l’Évangile pour la vie tout entière? Ce n’est qu’à cette condition que des vies individuelles témoigneront du changement véritable opéré en elles, et que la Bonne Nouvelle atteindra jusqu’aux niveaux où s’organise notre vie sociale, accompagnée de la promesse et l’assurance d’y opérer des transformations indispensables et urgentes. Souffle de vie, l’Évangile est en mesure d’accorder vie nouvelle au pécheur et de renouveler aussi, de fond en comble, la vie sociale et toutes les manifestations culturelles qui y apparaissent.

Hélas!, l’exigence évangélique, « vous devez naître de nouveau », entrée dans la série des slogans, semble actuellement s’opposer à l’ensemble du discours de la vie et de résurrection que Christ, source principale et exclusive de vie et Parole régénératrice, est venu prononcer en sa qualité de Créateur et de Rédempteur; en vertu de son autorité unique et exclusive, tant sur nos sentiments que sur notre volonté, tant sur la doctrine que sur l’éthique.

Alors, comment ne pas s’attrister en face d’une doctrine mutilée, synergiste et anthropocentrique plus encline à chercher les explosions psychiques et autres comportements hystériques, qu’à proclamer la métanoia, le changement de l’intelligence et son renouvellement (Rm 12.2)? Elle est l’obstacle majeur à la proclamation de la seigneurie totale du Christ, dans le monde sécularisé. Pourtant, Christ, lui, se déclare la voie, la vérité et la vie, dans toute sa plénitude. Devenu homme pour nous et pour notre salut, par sa croix il nous affranchit du passé mortel, et par sa résurrection il confère une qualité de vie nouvelle à l’homme, autant qu’aux relations sociales et aux structures culturelles humaines. En lui, la création qui pour l’heure ne cesse de soupirer — et nous-mêmes avec elle — rentre déjà dans l’harmonie initiale, prête à jouir pleinement de la paix, du shalom biblique. Et dans cet ardent désir cosmique (Rm 8.19), nous savons que nous atteindrons, sans tarder, à la restauration eschatologique.

3. Où sont nos convictions?🔗

Or, si une telle conviction nous animait, nous n’hésiterions pas un seul instant à lancer le défi de notre foi à la société paganisée qui nous rejette parce qu’elle conteste la seigneurie du Christ. Si cette conviction inspirait toutes nos réflexions, présidait à l’élaboration de nos projets, stimulait chacune de nos actions, nous nous mettrions aussitôt à la tâche. Qu’il est urgent donc qu’elle remplace des rêves d’évangéliser les masses en peu d’années! Aurions-nous oublié que l’Église naissante, elle, enregistrait sans programmes savants ni publicité tapageuse des conversions? Il faut atteindre les millions d’âmes qui périssent, répète-t-on à longueur de journée. Mais ces âmes une fois sauvées auront-elles une chance de connaître la seigneurie totale du Christ et lui soumettre toute leur pensée captive? Il est à craindre que des chrétiens s’accommodent parfaitement d’une société paganisée, dans la mesure où elle ne dérange pas trop leur confort spirituel, voire matériel.

Alors, comment ne pas rester stupéfait, pour ne pas dire scandalisé devant les propos d’un évangéliste américain, lequel, lors d’une tournée en pays il y a peu sous joug et esclavage soviétique, osait déclarer avec la plus grande désinvolture, si ce n’est l’inconscience : « Quel que soit le régime politique où l’on vit, Dieu aime tous les hommes. » Quant à nous, nous écoutions plus volontiers, et dans la communion de la même foi virile, Alexandre Soljenitsyne, prophète des temps modernes, qui écrivait : « À mes yeux la justice de Dieu est encore plus importante que l’amour de Dieu. » En effet, que signifierait l’amour de Dieu pour les chrétiens persécutés en terre d’islam, ou sous régime communiste, parfois dans des pays catholiques, si Dieu se désintéressait totalement de leur sort sur cette terre? La seigneurie totale du Christ s’occupe aussi de la justice une et indivise de Dieu. Celle-ci, qui réhabilite le pécheur et sauve l’âme, n’est pas différente lorsqu’elle demande, lorsqu’elle exige, des relations justes entre hommes et veille sur les droits des opprimés.

4. Y a-t-il un impact?🔗

À notre avis — et nous ne sommes pas un cas isolé —, en dépit des campagnes d’évangélisation, de milliers de Bibles diffusées, des tracts distribués, des tee-shirts évangéliques vendus et d’étiquettes adhésives collées un peu partout, la société moderne n’a pas subi l’impact de l’Évangile. La raison en serait-elle purement l’athéisme de nos contemporains et la catastrophe moderne de la sécularisation? En partie, bien évidemment. Mais plus coupable est l’émiettement de l’Évangile, l’accommodement des chrétiens aux racismes, aux matérialismes, aux violences politiques, aux disparités scandaleuses entre nantis et démunis, à l’éducation moderne, véritable anti-catéchisme pour nos jeunes. Coupables ces chrétiens qui se bercent d’illusions, comptant sur d’hypothétiques impacts, ayant négligé d’exercer une influence aux endroits stratégiques de la vie sociale et sur la culture contemporaine.

Où sont donc les littérateurs chrétiens, les musiciens chrétiens, les artistes chrétiens, les politiciens, économistes, sociologues et scientifiques, les éducateurs et les psychologues, s’inspirant exclusivement des motifs bibliques, des principes de l’Évangile, élaborant une stratégie d’actions à cause de leur obéissance au Christ Seigneur? Où est, en français, au moins, cette presse chrétienne, capable de faire des analyses politiques de nature principielle? Où trouver des critiques du cinéma, du théâtre, de l’art, offrant autre chose que ce que nous trouvons déjà dans la presse profane? Fort heureusement, de telles tentatives ont été enregistrées ailleurs et manifestement ont porté beaucoup de fruits. Ainsi, il ne suffit pas de crier que la nouvelle Pentecôte est là à cause de l’irrationnel des hystériques et autres psychopathes, qui prétendent porter les fruits de l’Esprit. Là où il n’y a que déferlement d’irrationnel ou de sentimentalisme exacerbé, sous prétexte de ferveur chrétienne, il nous faut commencer sans trop de délais à déblayer le terrain, déjà chez nous, et ainsi libérer l’Évangile des lourdes chaînes des spiritualismes sans l’Esprit Saint, qui le retiennent captif.

5. Tout appartient au Christ🔗

Je voudrais insister sur le fait que ni les campagnes classiques d’évangélisation, ni même le culte dominical, quoique tous les deux essentiels, ne constituent à eux seuls les formes exhaustives du témoignage chrétien et de la proclamation de l’Évangile sur la place publique. L’impact de l’Évangile se produit autant dans des sanctuaires que dans et sur le marché, la moderne Agora. « Il n’y a pas une seule parcelle de terrain pour laquelle Jésus-Christ ne dise : ceci m’appartient. » Le grand Abraham Kuyper, homme d’Église et théologien, fondateur d’université et chef de gouvernement néerlandais au début du 20siècle, nous l’a rappelé. Si nous l’oubliions, nous ressemblerions à une langue amputée de son vocabulaire, à une voiture privée de moteur, nous serions pareils à une montagne dépourvue de sommet, et à un couteau sans manche et qui de surcroît aurait perdu son tranchant! La foi biblique et réformée est principalement pratique de la foi. Elle nous libère des pesanteurs de la théologie des deux règnes, chère au luthéranisme, qui a paralysé l’action chrétienne et empêché son impact sur la culture humaniste anti-chrétienne. Elle fut l’obstacle majeur posé sur la voie de l’exigence et de l’obéissance évangéliques, celles qui devraient amener toute pensée captive à Jésus-Christ.

C’est notre profonde conviction que tout réveil religieux, qu’il s’agisse de celui de l’Église ou de la société, devra nécessairement, impérativement, toucher aux veines jugulaires de la culture païenne. Pour y parvenir, il n’est pas besoin d’une armée colossale. Notre foi biblique et réformée ne sera jamais étrangère aux préoccupations et aux activités humaines, désignées par le Dieu Créateur, lors du mandat culturel, appelé à servir sa gloire, dans la réalisation de son plan de rédemption.

6. Christ est Seigneur🔗

Christ est Seigneur. Il a été couronné Roi universel. Il a fait de nous une race royale. Il a été oint Sacrificateur. Il nous sacre prêtres. Il fut envoyé comme Prophète, porte-parole de Dieu, voire comme Parole incarnée. À notre tour, il nous établit comme ses messagers. Son œuvre et sa Parole doivent pénétrer jusqu’aux racines de toute vie pour y opérer des transformations profondes. Seul le radicalisme de son Esprit est… radical. Il n’y a d’autorité vraie, exclusive et ultime que celle du Christ Seigneur. Si nous l’avons compris, nous refuserons toute compromission, n’envisagerons aucune demi-mesure. La bataille fondamentale de notre époque ne se livre pas entre systèmes politiques adverses et cultures irréductiblement opposées à d’autres cultures, mais entre toutes celles-ci et la seigneurie du Christ. Il s’agit donc d’une bataille authentiquement et éminemment religieuse de l’existence. Car, selon la Bible, la vie tout entière est religion ou elle n’est pas.

Tant qu’il fait nuit autour de nous, nous aurons à choisir, nous disciples et confesseurs de Jésus-Christ, le Seigneur qui nous a été donné. Dans l’attente de son glorieux avènement et de son règne éternel, lequel déjà, quoique pas tout à fait, se trouve au milieu de nous. Et c’est lui en personne qui nous engage à amener, avec une entière consécration, toute pensée captive à son obéissance.