Cet article sur 2 Corinthiens 11.32-33 a pour sujet la faiblesse et la vulnérabilité de Paul et sa dépendance à l'égard de la grâce et de la puissance de Dieu.

2 pages. Traduit par Paulin Bédard

2 Corinthiens 11 - Paul, le cas désespéré

Avant la bataille d’Angleterre, lorsque les Allemands ont bombardé Londres à plusieurs reprises, mais ont été repoussés par la Royal Air Force, le premier ministre Winston Churchill a prédit que l’on dirait de ces pilotes héroïques : « Ce fut leur heure de gloire ». Au moment où leur pays avait besoin d’eux, ils se sont montrés à la hauteur. Et c’est ce qu’ils ont fait.

Il est probable que nous aimons tous nous imaginer héroïques de la sorte, et qu’au moment où l’on aura besoin de nous, nous serons courageux et volontaires.

L’apôtre Paul était peut-être bien trempé, comme le montrent ses années de ministère. Se comparant aux ministres rivaux de Corinthe, il déclare :

« Sont-ils serviteurs de Christ? — je parle en termes extravagants — je le suis plus encore : par les travaux, bien plus; par les emprisonnements, bien plus; par les coups, bien davantage. Souvent en danger de mort » (2 Co 11.23).

Mais pour que personne ne pense qu’il se vante, la liste de ses souffrances se termine ainsi :

« À Damas, le gouverneur du roi Arétas faisait garder la ville des Damascéniens, pour se saisir de moi, mais on me descendit par une fenêtre, dans une corbeille, le long de la muraille et j’échappai à ses mains » (2 Co 11.32-33).

L’histoire est familière. Après avoir embrassé la foi chrétienne, Paul a immédiatement couru le danger de perdre la vie, et les croyants de Damas l’ont aidé à s’enfuir. Ils l’ont mis dans une grande corbeille et l’ont fait descendre hors de la ville. Cette anecdote est mémorable, mais elle semble curieuse dans 2 Corinthiens. Qu’est-ce que cela signifie? Lorsqu’il parle de ses souffrances, pourquoi mettrait-il cet événement comme le point culminant de la liste? Si l’on me donne le choix, je préfère l’évacuation dans une corbeille à la flagellation!

L’apôtre veut montrer qu’il n’était pas un héros. En mentionnant cela, il pense probablement à une pratique de l’armée romaine. Lorsque les légions assiégeaient et attaquaient une ville, le premier soldat qui montait l’échelle et franchissait le mur était honoré. C’était un bel acte de bravoure! Le premier à franchir le mur — s’il survivait, en tout cas — pouvait recevoir une petite couronne en guise de récompense.

Mais Paul? Il n’était pas le premier à monter, il était le premier à descendre! Il n’est pas monté à l’assaut d’une échelle en faisant preuve d’audace; on l’a fait descendre dans une corbeille par la fenêtre! Certes, Dieu l’a délivré ce jour-là. Mais aux yeux de Paul, comme tant d’autres événements de sa vie, il s’agissait d’un exemple de vulnérabilité personnelle. Il a été jeté hors de la ville comme un vulgaire fugitif.

Ce n’était pas son heure de gloire, et cela n’avait pas d’importance! En effet, Paul se glorifiait des choses qui montraient sa faiblesse. Ses rivaux auraient pu être extérieurement impressionnants, mais lui célébrait sa médiocrité. Il le faisait parce que la gloire de Dieu était alors plus manifeste. Sa faiblesse signifiait que les gens devaient attendre la victoire du Christ seul, et non de ses serviteurs humains!

Cela sonne bien, mais c’est difficile à accepter. En effet, il est naturel de regarder les choses comme le faisaient les Corinthiens, qui étaient attirés par le charisme et l’éloquence. Nous voulons des orateurs captivants, des personnages attachants, des histoires personnelles fascinantes.

Toutefois, la seule force et la seule sagesse véritables viennent du Christ et de sa suprématie. Nous essaierons toujours d’être forts et de nous imaginer en train de faire de grandes choses pour Dieu. Nous voulons être le héros. À tout le moins, nous voulons être respectables! Cependant, si nous sommes des disciples du Christ, nous devons d’abord être couverts de honte. Une personne qui admet qu’elle a besoin d’être secourue a l’air d’un perdant. Pourtant, Dieu dit que l’humilité apporte de bonnes choses. Paul était peut-être faible, voire un cas désespéré, mais Dieu a béni son travail pendant de nombreuses années.

Connaissant la certitude de la force de Dieu, nous pouvons nous aussi nous vanter de notre faiblesse. Nous pouvons enfin admettre que nous n’avons pas la capacité de convertir notre voisin. Nous ne pouvons pas sauver notre famille. Et ce n’est pas à nous de construire l’Église. C’est à Dieu que nous pouvons confesser notre vide, car alors nous serons prêts à lui faire confiance.

C’est ce que le Christ a dit à Paul lorsque celui-ci a prié pour que son « écharde » lui soit enlevée. L’écharde gênait l’apôtre dans son travail. Cependant, au lieu de l’enlever, le Christ a dit : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplir dans la faiblesse » (2 Co 12.9). C’est tout ce que le Seigneur avait à dire : « Appuyez-vous sur ma grâce ».

Car c’est là que se trouve la force de tout chrétien faible. Lorsque nous cessons enfin de nous concentrer sur ce que nous pouvons accomplir et que nous reconnaissons que nous ne pouvons pas le faire par nous-mêmes, Dieu commence à montrer sa grâce de manière nouvelle et surprenante.

C’est alors que nous disons avec Paul : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Co 12.10). C’est notre heure de gloire.