Cet article sur 2 Thessaloniciens 1.4 a pour sujet les tribulations, les épreuves et les souffrances qui peuvent devenir des tentations qui nous ébranlent. Mais la foi confiante et active en Jésus nous procure la victoire.

Source: Le chrétien et la souffrance. 3 pages.

2 Thessaloniciens 1 - Tribulation et foi

« Aussi nous glorifions-nous de vous dans les Églises de Dieu à cause de votre persévérance et de votre foi, dans toutes vos persécutions et les afflictions que vous supportez. »

2 Thessaloniciens 1.4

Parlons aujourd’hui de la tribulation au sens de mésaventure, voire de tourment, qui assaille parfois la foi chrétienne. Selon l’écrit apostolique, elle lui fait courir un grand danger. L’apôtre Paul écrivait à l’Église de la ville de Thessalonique, en Grèce, pour signaler à ses membres le danger que cette épreuve, que cette aventure négative, faisait courir à leur vie chrétienne.

 

D’ailleurs, toute vie, sous toutes ses formes, est en péril. Nous pouvons donc entendre l’avertissement apostolique comme nous étant aussi adressé. Il existe une fausse idée selon laquelle le danger fortifierait la foi et la tribulation, en tant que telle, la rendrait plus pure, plus résistante. Cette opinion, généralement répandue, prétend que la souffrance en soi serait le lieu de la purification de notre foi, l’instrument et le moyen à travers lequel nous pourrions atteindre la sainteté parfaite…

Quelle illusion! Aucune douleur ne produit automatiquement une bonne santé spirituelle et aucune souffrance ne nous rend nécessairement meilleurs. La tribulation peut même devenir la voie la plus sûre menant au désespoir. Le malheur peut aboutir à la révolte, à la tourmente et à l’abîme où peut sombrer l’être le plus confiant. Le mal, sous sa forme physique ou morale, au lieu d’affermir notre courage, peut le briser et blesser mortellement notre âme. Ce serait une grave erreur que de penser que la tribulation et la tourmente qui s’abattent sur nous personnellement ou qui semblent engloutir le monde — la crise universelle dans laquelle se débat l’humanité déboussolée — soient l’œuf d’où ressurgirait une vie meilleure, un monde apaisé et une humanité régénérée. Admettons les réalités telles qu’elles sont : la tribulation dont fait état l’apôtre peut devenir une tentation.

La tentation n’est pas une épreuve. L’épreuve, elle, est l’œuvre de l’Esprit de Dieu; la tentation est le stratagème et la ruse de l’ennemi de nos âmes, l’adversaire de Dieu, Satan lui-même. On peut en sortir vainqueur, mais aussi vaincu. C’est un précieux avertissement; durant la tempête, secoués et ballottés, nous risquons d’être ébranlés. Ne nous croyons pas forts parce que la tribulation survient sur nous, qu’elle soit de nature physique ou spirituelle. Prenons conscience du danger que nous courons. Veillons donc et prions, afin que la prière adressée à Dieu nous empêche de succomber à l’heure où nous subissons les assauts de l’ennemi.

Voici encore une deuxième facette de la tentation : elle peut ébranler notre personnalité de croyants tout entière. « Ne vous laissez pas promptement ébranler dans votre bon sens », avertit encore l’apôtre (2 Th 1.2). L’affliction et la détresse peuvent atteindre parfois le croyant sous des formes particulièrement graves. Mais ce n’est qu’ébranlement et non pas démolition, écroulement. On vacille, on passe par des hauts et des bas; on est « au creux de la vague ». On s’interroge avec angoisse : « Dieu est-il vraiment tout-puissant et contrôle-t-il chacun des événements? » On peut crier sa soif de Dieu et éprouver un doute lancinant. L’incrédulité, cette absence d’une foi confiante en Dieu, n’est pas réservée aux seules âmes fragiles. Le plus vigoureux et le plus résistant parmi nous l’ont éprouvée un jour ou l’autre.

Faut-il croire non seulement en Dieu, mais faire encore le bien pour lui obéir? Vaut-il la peine d’agir avec amour, d’œuvrer sans relâche, d’espérer contre toute espérance? À quand donc des temps meilleurs, une société nouvelle, une humanité meilleure?

N’en restons pas à ce stade qui fait, certes, partie du parcours, mais qui n’en est pas le terme. Il est seulement une halte accidentelle. Lorsqu’elle est prise dans le tourbillon de la tribulation, la foi peut l’emporter, triompher de celle-ci; la foi non pas en tant que sentiment subjectif ou assurance en sa propre valeur, mais en tant que confiance totale en celui qui déclarait : « Vous aurez des tribulations dans le monde; mais prenez courage, moi, j’ai vaincu le monde » (Jn 16.33). Le risque de succomber et le danger d’ébranlement deviendront des réalités terribles si nous ne faisons que tourner autour de nous-mêmes comme le chien tourne pour mordre sa propre queue, si j’ose m’exprimer à travers cette image prosaïque.

Saint Paul ne reste pas en arrière des avertissements du Seigneur Jésus-Christ. « C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu » (Ac 14.22). La tribulation est inévitable. De toute manière, nous aurions tort d’idéaliser notre vie chrétienne, dans le temps et durant notre expérience terrestre. Nous vivrons dans une contradiction interne et, immanquablement, dans une tension permanente. La victoire du Christ est devenue notre victoire, mais nous partageons désormais aussi sa souffrance, nous vivons dans « la communion de ses souffrances », comme l’écrit l’apôtre (Ph 3.10). Notre espérance est lumineuse, mais que d’ambitions déçues! Nous avons une vie nouvelle dans l’Esprit, mais que de survivances douloureuses de notre vieille nature, de cet homme que saint Paul appelle l’homme animal ou psychique! Une paix qui surpasse toute intelligence, mais que de heurts et combien de blessures quotidiennes! Ce conflit, vécu de façon permanente, doit faire éclater à nos yeux le triomphe, la victoire du Christ. Il ne sera pas accepté dans la passivité de notre paresse.

Cette paresse sera vaincue à chacune de nos résistances, chaque fois que nous refuserons de nous laisser ébranler par l’adversaire et de tomber dans la tentation. Luther, le grand réformateur allemand, avait raison de dire : « On ne peut pas empêcher que les oiseaux voltigent autour de sa tête; mais certainement, on peut les empêcher d’y bâtir leur nid! » La foi doit être active, non pas résignée, elle résiste au lieu de subir. Elle est tendue vers l’avant de tous ses muscles et ne recule jamais. « Le Royaume des cieux est soumis à la violence et ce sont les violents qui le ravissent », disait Jésus (Mt 11.12). Ce sont les dynamiques, les convaincus, ceux qui s’exercent au dur combat.

Un mot pour conclure. Le cœur ardent de ce grand lutteur pour les âmes que fut saint Paul priait avec insistance en faveur de ces gens, ses amis de Thessalonique. Il ne se contentait pas de leur adresser les avertissements les plus urgents, de leur donner des conseils d’une gravité exceptionnelle. Il priait afin qu’ils ne fussent pas ébranlés et que la tribulation ne les submergeât pas dans la ruine et les décombres.

Oui, prier pour sortir vainqueur. Mais la prière suppose celui à qui sont adressées les prières. Et dans le cas du chrétien, il ne peut s’agir que de Jésus-Christ le Sauveur, celui qui a subi la tribulation et qui est passé par la mort; celui dont la souffrance a dépassé toute la somme des douleurs humaines et dont la mort fut un enfer total. C’est celui-là qui entend la prière et recueille nos requêtes. C’est lui qui a appris l’obéissance par la souffrance et qui a subi le châtiment afin que nous soyons définitivement guéris. En définitive, ce n’est ni notre épreuve ni notre force qui comptent. Ce qui compte, c’est qu’il nous préserve de tout danger. Et dans la vie comme dans la mort, dans la force comme dans la fragilité, il demeure le Refuge le plus sûr et le Soutien tout-puissant.