Cet article a pour sujet la vie d'Aaron Kayayan (1928-2008), qui a été pasteur en France et qui a exercé un ministère à la radio pour l'Europe, le Québec et l'Afrique, en compagnie de son épouse Carmen Kayayan (1931-2011).

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Aaron Kayayan et Carmen Kayayan

Aaron R. Kayayan🔗

1928 – 2008

Le pasteur Aaron R. Kayayan est né le 24 janvier 1928 dans la banlieue d’Athènes (Grèce), troisième enfant de rescapés du génocide perpétré par les Turcs ottomans envers le peuple arménien entre 1915 et 1922. Les propres études de théologie de son père dans un séminaire américain protestant en Turquie avaient été interrompues par ces événements tragiques pendant lesquels onze membres de la famille furent brutalement assassinés. Le jeune Aaron grandit dans une famille chrétienne, ayant reçu la vocation missionnaire dès l’âge de 5 ans et ne s’en étant jamais départi, comme il l’a dit plus tard à sa famille à plusieurs reprises. La Seconde Guerre mondiale et l’occupation de la Grèce par les armées allemandes interrompirent à leur tour ses études secondaires et il ne put bénéficier d’une scolarité normale, malgré ses grandes aptitudes et sa soif intense de lectures. Immédiatement après la guerre, un coup d’État communiste perpétré au nord de la Grèce, où la famille Kayayan s’était réfugiée pour échapper à la famine durant ces années de guerre, réduisit à néant ses espoirs de retourner à l’école.

Ce n’est que vers 1950 qu’il réussit à passer l’équivalent du baccalauréat (diplôme d’études collégiales en Europe), ayant appris l’anglais, puis le français, par lui-même. Il parvint à se faire inscrire dans un institut biblique situé dans les environs de Lausanne en Suisse, où il suivit une formation de trois ans, complétée par un séjour d’un an dans une faculté protestante de théologie à Zurich. C’est à Lausanne qu’il rencontra celle qui allait devenir sa compagne et collaboratrice fidèle, Carmen Garrofé, venue elle-même de Catalogne (au nord-est de l’Espagne) pour étudier au sein du même institut. Mariés en 1956, ils poursuivirent leurs études de théologie en France, à la faculté libre d’Aix-en-Provence, où ils découvrirent l’œuvre de Jean Calvin et adoptèrent la foi réformée grâce aux théologiens néerlandais qui y enseignaient.

Après un premier et bref poste pastoral auprès d’une communauté arménienne en banlieue de Marseille, le pasteur A.R. Kayayan desservit plusieurs paroisses réformées dans le sud de la France (Pyrénées puis vallée du Rhône), avant de monter à Paris en 1966 avec sa famille (deux garçons, Alain et Éric, étaient nés entre 1958 et 1960; Alix, leur fille, naîtrait à Paris en 1971). Il fut pasteur de l’Église réformée de Paris-Belleville entre 1966 et 1976, et s’engagea très vite dans une action de renouveau réformé pour contrer les tendances libérales croissantes au sein du protestantisme français. Il multipliait aussi les contacts avec des réformés étrangers, notamment néerlandais, américains et sud-africains, assistant à de nombreuses conférences réformées internationales.

Dès 1969, il avait été approché par l’organisme missionnaire américain The Back To God Hour (L’heure du retour à Dieu) en vue de produire des messages radiophoniques destinés à la province francophone du Québec, au Canada. En 1976, le BTGH, chapeauté par l’Église chrétienne réformée en Amérique du Nord (CRCNA), lui demandait d’entrer à plein temps dans ce ministère et il accepta cet appel, tout en restant à Paris. Le ministère radiophonique en langue française s’étendit à la France, puis progressivement, par la voie des ondes courtes, à l’Afrique francophone, notamment grâce au soutien de réformés sud-africains. Des organismes radiophoniques chrétiens internationaux tels que Trans World Radio, Radio Feba et Radio Elwa devenaient de fidèles partenaires de Perspectives Réformées pour la diffusion de l’Évangile en Afrique centrale, de l’Est et de l’Ouest.

La production régulière et intense de documentation destinée à équiper les pasteurs, anciens, évangélistes et tous les croyants, de nombreuses visites en Afrique — notamment dans l’ex-Zaïre — complétaient ce ministère mené conjointement par Aaron et Carmen Kayayan. En 1982, les Kayayan, accompagnés de leur fille, rejoignaient l’équipe du BTGH en banlieue de Chicago aux États-Unis afin d’y continuer le ministère de Perspectives Réformées au sein même de l’Église chrétienne réformée en Amérique du Nord (CRCNA). La correspondance avec les auditeurs et les visites en Afrique s’intensifiaient, de même que la production d’émissions pour la télévision. Un des fruits de cette activité intense et visionnaire fut, en 1984, la fondation de l’Église réformée confessante au Zaïre, avec le soutien de la RCUS (Reformed Church in the United States). D’autres Églises réformées verraient le jour en Afrique francophone en réponse à ce ministère, notamment au Bénin et au Togo.

Après sa retraite officielle du BTGH en 1992 (à l’âge de 64 ans), le pasteur Aaron Kayayan allait se tourner vers son propre peuple, les Arméniens, et commencer un ministère d’évangélisation réformée dans sa langue natale : Havadk Yev Guiank (Chrétiens pour l’Arménie). À l’aide de collaborateurs fidèles et compétents à Gyumri (seconde ville de la République d’Arménie) et d’un comité de soutien réformé interconfessionnel basé aux États-Unis, de nombreuses émissions radiophoniques ainsi que plusieurs publications — en particulier une revue trimestrielle de grande qualité — allaient être produites, accompagnées de visites régulières sur cette terre chère à celui qui ne l’avait jamais visitée avant l’âge de 65 ans (son dernier voyage sur la terre arménienne datant de 2005, il avait alors 77 ans). Jusqu’à l’âge de 80 ans, et en dépit de problèmes de santé de plus en plus préoccupants, Aaron Kayayan a travaillé sans relâche à la propagation de la foi réformée sur la terre de ses ancêtres, accomplissant une œuvre importante reconnue par de nombreux Arméniens, aussi bien en Arménie même que dans la diaspora, en particulier dans le Caucase et en Russie.

Durant toute la durée de son ministère, le pasteur Kayayan a brûlé d’une intense passion de partager l’Évangile du Royaume avec ceux qui ne le connaissaient pas, étant animé jusqu’au bout d’une grande énergie pour accomplir cette tâche urgente.

Le 12 mai 2008, dans les premières heures de la matinée, le pasteur Aaron Kayayan a été rappelé à Dieu, étant décédé des suites d’une hépatite contractée quelque trente ans auparavant, lors de l’un de ses voyages missionnaires au Congo. Il laissa derrière lui son épouse Carmen, sa sœur aînée, ses trois enfants et plusieurs petits enfants.

Il est enterré au cimetière Winchester de la ville de Grand Rapids, dans l’État du Michigan aux États-Unis.

Soli Deo gloria : À Dieu seul la gloire!

Carmen Kayayan🔗

1931 – 2011

Carmen Kayayan (née Garrofé) est née en 1931 dans un petit village catalan situé non loin de Lérida, au sein d’une des très rares familles d’Espagne qui avaient déjà embrassé la foi évangélique, et ce depuis deux générations déjà. Cet ancrage confessionnel fut pour sa famille la source d’une véritable persécution par le clergé catholique romain de l’époque, en particulier après la fin de la guerre civile espagnole (1936-1939) qui vit le village partiellement détruit, les parents réfugiés dans Barcelone assiégée et bombardée, puis séparés, et la petite Carmen provisoirement envoyée dans un camp de réfugiés pour enfants au sud de la France. Sous le régime du général Franco, elle fut interdite de scolarité dès l’âge de douze ans, et ce malgré ses remarquables aptitudes.

Ce n’est qu’au début des années cinquante qu’elle réussit à entreprendre des études à l’étranger en se rendant à l’Institut biblique d’Emmaüs, près de Vevey en Suisse romande, où elle rencontra Aaron Kayayan, lui-même venu de Grèce. Mariés quelques années plus tard en France et poursuivant leurs études de théologie à la Faculté de théologie réformée d’Aix-en-Provence, ils travaillèrent ensemble entre 1958 et 1976 comme couple pastoral dans plusieurs paroisses réformées des Pyrénées, de la vallée du Rhône puis de Paris.

Entrée dès 1976 au service de l’organisation missionnaire The Back To God Hour de l’Église chrétienne réformée en Amérique du Nord, Carmen se dédia cœur et âme au travail missionnaire de son époux, consistant en un ministère radiophonique et de documentation en langue française, alors connu sous le nom de Perspectives Réformées. Elle s’occupa très particulièrement de correspondre avec des femmes africaines — leur prodiguant de manière inlassable conseils et encouragements chrétiens — et d’organiser l’envoi de matériel écrit aux correspondants de Perspectives Réformées. En 1982, le couple Kayayan, accompagné de leur fille Alix, déménagea en banlieue de Chicago afin de rejoindre toute l’équipe du BTGH. Carmen s’occupa alors également de préparer la documentation visuelle des programmes télévisés en français qui commençaient à être produits de manière régulière. Elle travailla à plein temps au BTGH jusqu’au début des années 90.

Après l’installation des Kayayan à Grand Rapids dans le Michigan en 2001, Carmen s’attela à la rédaction de ses souvenirs d’enfance et de jeunesse dans l’Espagne franquiste, parus en espagnol dans un tirage limité sous le titre Sombras de una paz (Les ombres d’une paix). Peu avant son rappel à Dieu (le 29 janvier 2011), elle eut la satisfaction de savoir que la traduction de ses souvenirs dans une édition soignée en catalan — sa langue maternelle — était reçue avec émotion et enthousiasme dans sa province natale, contribuant à l’affermissement dans la foi évangélique de la génération suivante.

Soli Deo gloria : À Dieu seul la gloire!