Cet article a pour sujet le bien-être de l'homme voulu par Dieu, qui ne doit pas être recherché en priorité, mais qui est le fruit de la communion avec Dieu, dans la recherche de sa volonté, de son honneur et de la sainteté, qui est signe de maturité.

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Bien-être et spiritualité

  1. Le bien-être
  2. En premier, Dieu
  3. La maturité

Ces deux mots ou expressions sonnent aujourd’hui comme un slogan publicitaire. On pourrait les trouver sur les boîtes de tisane, sur les emballages de légumes bio, avec la promotion pour des vêtements de sport, des voitures ou des stages de remise en forme.

Bien-être et spiritualité, personne n’est contre, même les athées. Mais que met-on derrière ces mots? Peu importe, diront certains. Cela sonne bien, c’est l’essentiel. On est dans l’ère du ressenti. Mais que d’amères déceptions, ensuite! Les champignons vénéneux ont parfois de belles couleurs…

La question, quand on est chrétien, est celle-ci : Est-ce qu’il est suffisant que les mots sonnent bien? Quand le diable a dit à Ève : « Vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux » (Gn 3.5), cela sonnait bien. Quand le diable, encore lui, dit à Jésus : « Ordonne que ces pierres deviennent des pains » (Mt 4.3; Jésus n’avait pas mangé depuis 40 jours), cela sonnait bien aussi (le diable cite même une parole de l’Écriture, à ce moment). Mais Jésus a dit « non ».

Est-ce que la Bible est contre le bien-être et la spiritualité? Non! À condition qu’on ne mette pas n’importe quoi derrière. Boire de l’alcool procure du bien-être et exacerbe une forme de spiritualité (la Bible met plusieurs fois en parallèle le vin et le Saint-Esprit). Vous connaissez le résultat… De quelqu’un qui dit des blagues du matin au soir, on dit aussi qu’il est spirituel; mais de quelle spiritualité parle-t-on?

Ne nous laissons pas bercer par la douce musique des mots. Tout ce qui brille n’est pas de l’or.

1. Le bien-être🔗

Dieu n’est pas contre. Quand Dieu créa l’homme et la femme, en Genèse 1, il les plaça dans un jardin, et « tout était très bon » (Gn 1.31). Quand Dieu crée l’homme, en Genèse 2, il vit qu’il était seul et créa la femme. C’était pour leur bien-être, c’est sûr.

Quand Dieu donna les dix commandements, après la sortie d’Égypte : « Tu ne te feras pas d’image taillée, tu travailleras six jours et te reposeras le septième, tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas d’adultère… » (Ex 20), était-ce pour leur faire du mal ou pour préserver leur bien-être? Quand Dieu dit : « Honore ton père et ta mère », il ajouta : « Afin que tu vives longtemps dans le pays que Dieu te donne » (Ex. 20.12).

Dans le même sens, je lis dans le Nouveau Testament : « Si quelqu’un veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu’il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses » (1 Pi 3.10). Ce verset révèle bien l’intention de la loi de Dieu : c’est une loi de vie et de bien-être. Un jour, une femme a dit à Jésus : « Heureux le sein qui t’a porté. » Et Jésus a répondu : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent » (Lc 11.28; voir Jn 13.17).

Tout cela est dit 176 fois dans le Psaume 119 : « Combien j’aime ta loi; elle est tout le jour l’objet de ma méditation. Elle est pour moi plus douce que le miel, plus précieuse que mille objets d’or et d’argent »… Cela ne fait-il pas envie? On est impatient que cette réunion se termine pour aller se replonger dans la lecture de la Bible, dans ce face-à-face avec Dieu et avec sa parole.

On pourrait parler sur ce registre jusqu’à demain soir sans s’arrêter. Une dernière parole pour la route : « Désirez, comme des enfants nouveau-nés, le lait spirituel et pur de la Parole, si vous avez goûté que le Seigneur est bon » (1 Pi 2.2-3). Et encore cette merveilleuse confidence de David dans le Psaume 131 : « J’ai l’âme calme et tranquille comme un enfant sevré dans les bras de sa mère; j’ai l’âme comme un enfant sevré. » Est-ce que je suis dans le sujet? Il me semble que oui.

Dieu est-il contre le bien-être? Nous pouvons répondre « non », sans hésitation. C’est important de le dire (et d’abord de le penser nous-mêmes), car un doute peut exister, qui va créer une retenue. Rappelons-nous qu’Adam et Ève ont eu peur de Dieu : après avoir péché, ils se sont cachés. Cette peur peut demeurer aujourd’hui, et en un sens, cela est normal. Est-ce parce que Dieu est méchant? Non! C’est parce que notre conscience n’est pas tranquille; à juste titre. Mais ce que Dieu désire, c’est notre bien.

2. En premier, Dieu🔗

Notons bien ceci, dans tous les versets déjà mentionnés, chaque fois, le bien-être évoqué est en lien étroit avec la présence sainte et pure de Dieu, en accord avec sa volonté. Cela apparaît on ne peut plus clairement au Psaume 37.4 : « Fais de l’Éternel tes délices, et il te donnera ce que ton cœur désire. »

Là intervient une notion capitale, malheureusement souvent oubliée, la notion de sainteté : le bien-être n’est jamais une fin en soi. Il est le fruit d’une communion retrouvée avec Dieu. Le fruit est excellent, mais il est second. Ce qui est premier, c’est l’honneur de Dieu.

Cela est dit très clairement dans la prière que Jésus nous a enseignée : les trois premières demandes et les trois dernières affirmations de cette prière ont Dieu pour objet : ton nom, ta volonté, ton règne; ton règne, ta puissance et ta gloire! La priorité n’est pas mon bien-être; la priorité, c’est Dieu et sa sainteté, son règne et sa gloire. Est-ce contre nous? Non. Je peux recevoir de ce Dieu le pain, le pardon et la protection contre les pièges du diable, c’est-à-dire mon bien-être. Mais celui qui vient en premier, c’est Dieu. Le premier des dix commandements le dit très bien : « Tu n’auras pas d’autre dieu devant ma face » (Ex 20.3).

On pourrait le dire ainsi : le bien-être de l’homme passe par Dieu. Et plus précisément encore, par Jésus-Christ : « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ » (Rm 5.1). « Et tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Christ » (2 Co 5.18).

Ce mot « réconciliation » est vraiment important, car il associe justement ma volonté et celle de Dieu. Et là, il faut se rappeler une vérité capitale : nous avons été créés pour Dieu. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta force, de toute ta pensée », ce n’est pas une loi ajoutée, une loi en plus…; c’est une loi créationnelle, pourrait-on dire. C’est la loi initiale qui est rappelée : cette loi est faite pour nous et nous sommes faits pour elle! C’est cela la notion de sainteté (il ne s’agit pas avant tout d’une « morale »). C’est cela la véritable spiritualité.

3. La maturité🔗

Jésus nous en montre — on pourrait dire : nous en démontre — le chemin tout au long de sa vie. Je pense à cette parole : « Que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne, qui soit faite » (Lc 22.42). En prononçant ces mots, Jésus sanctifie son Père : c’est sa volonté qui importe plus que tout, car elle seule est juste et bonne; et il se sanctifie lui-même. Que lisons-nous juste après? « Alors, un ange lui apparut du ciel pour le fortifier » (Lc 22.43). Et après? Après, c’est la trahison de Judas, le procès, les crachats, les coups, la croix…

Et le bien-être? Le bien-être, je l’ai dit, est le fruit de la communion avec Dieu. Il n’est donc pas premier, il est second. La maturité, c’est de comprendre cela. Si je dois choisir entre la volonté sainte de Dieu et le bien-être, je choisis la volonté de Dieu. L’apôtre Pierre le dit dans sa première lettre : « Car il vaut mieux souffrir, si telle est la volonté de Dieu, en faisant le bien qu’en faisant le mal » (1 Pi 3.17).

J’ai appelé cette partie : la maturité; vous comprenez pourquoi. Je l’illustre souvent avec cette parole d’un chrétien âgé et souffrant sur son lit, qui m’a dit quand je l’ai quitté : « Ne priez pas pour que j’aille mieux; priez pour que je sois fidèle. » C’est la maturité.

On peut encore le dire ainsi : Mieux vaut souffrir avec Dieu qu’être bien sans Dieu. Êtes-vous d’accord avec cela? En dehors de la foi, c’est une folie. Dans la foi, c’est une grande sagesse.

Cette sagesse, reconnaissons-le, n’est pas aisée à vivre. D’abord parce que notre nature est dissipée, vite séduite, très préoccupée d’elle-même… Ensuite parce que nous sommes entourés de personnes qui ignorent ce que signifie aimer la volonté de Dieu. C’est pour cela qu’il est important, non seulement de lire la Bible et de prier seul chez soi, mais aussi de se réunir avec d’autres chrétiens fidèles chaque fois que cela est possible. Et pas seulement pour le culte le dimanche matin.

Enfin, non seulement ceux qui nous entourent connaissent assez rarement la volonté de Dieu, mais ils courent après de faux dieux, de fausses promesses, de fausses spiritualités, séduits qu’ils sont par tous les mensonges que les médias véhiculent à profusion tous les jours… Ce monde est « sans espérance et sans Dieu », dit Paul (Ép 2.12). Son mot d’ordre se réduit souvent à ce slogan (cité par Paul) : « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons » (1 Co 15.32). Ce n’est pas nouveau. Notre slogan est différent, déjà cité par David : « Mieux vaut un jour dans tes parvis que mille ailleurs! » (Ps 84.10).