Cet article a pour sujet la résurrection du Christ, sa réalité, son rapport aux souffrances et à la mort du Christ, ses fruits pour nos vies, et quelques erreurs sur la façon de comprendre sa résurrection.

Source: Christologie - La personne et l'oeuvre du Christ (AK). 3 pages.

Christologie (25) - La résurrection du Christ

L’état d’exaltation commence par la résurrection. Il ne faut cependant pas établir de distinction trop nette. L’apôtre Jean nous indique que l’exaltation commence déjà, dans un certain sens, sur la croix (Jn 3.14; 8.28; 12.32) parce que la mort de Christ produit des fruits (Jn 12.24). L’apôtre Paul lie étroitement la croix et la résurrection. Elles ont un rapport indissoluble. Paul peut écrire que c’est par la croix que Christ a obtenu notre salut (Ga 3.13). Mais il écrit aussi que la prédication serait vaine sans la résurrection (1 Co 15.14).

Quel est le rapport entre la croix et la résurrection? D’abord, on peut dire que, par la résurrection, il a été montré que Christ est le Fils de Dieu en puissance (Rm 1.4). La résurrection fait comprendre aux disciples le sens de la croix. Ainsi sont-ils régénérés pour une espérance vivante par la résurrection (1 Pi 1.3). La résurrection enlève le scandale et fait comprendre toute la vie précédente de Jésus. La résurrection n’a pas seulement une place importante dans les épîtres du Nouveau Testament. Les Évangiles n’auraient pas été écrits non plus sans la résurrection. La résurrection rend clair aux apôtres que Christ s’est soumis à la souffrance et à la mort pour vaincre la souffrance et la mort, pour pouvoir donner aux hommes la vie et l’abondance (Jn 10.10). La résurrection fait comprendre le sens de la vie et de la mort de Jésus. Tout cela ne veut cependant pas dire que la résurrection n’a pour but que de faire connaître le sens de la croix.

L’affirmation de Paul selon laquelle la prédication serait vaine sans la résurrection (1 Co 15.14) montre suffisamment que l’on ne doit pas restreindre le sens de la résurrection à sa valeur noétique. La résurrection n’est pas seulement nécessaire pour nous faire connaître l’œuvre de Christ. Elle a une place nécessaire dans cette œuvre elle-même. La résurrection est le résultat nécessaire de l’œuvre de Christ sur la croix. Il doit ressusciter parce qu’il a entièrement achevé son œuvre d’abaissement. Christ n’est pas seulement ressuscité pour se faire connaître comme notre Réconciliateur. Étant le véritable Réconciliateur, il ne pouvait pas rester mort. Christ ne pouvait pas être retenu par la mort parce qu’il a réconcilié le pécheur par sa souffrance et par sa mort. Ainsi a-t-il enlevé au diable et à la mort leur pouvoir et leur puissance (Rm 6.9-10; 1 Co 15.21; 2 Tm 1.10; Hé 2.14; Ap 1.18). La résurrection de Christ est le premier fruit de sa souffrance et de sa mort (Jn 12.24). Par sa mort, il a anéanti celui qui a la puissance de la mort (Hé 2.14). La résurrection et la victoire ont un rapport nécessaire. Christ ne ressuscite pas seulement pour faire connaître sa victoire.

Le Nouveau Testament peut désigner Christ, mais aussi Dieu comme le sujet de la résurrection. Nous y lisons que Christ est ressuscité activement, mais c’est aussi le Père qui le ressuscite, qui le vivifie (voir Ac 2.24). On peut considérer la résurrection aussi bien que la souffrance de Christ comme une œuvre de Christ, mais aussi comme l’accomplissement de la volonté du Père. En ce qui concerne sa résurrection, l’œuvre de Christ est aussi une œuvre messianique, qu’il accomplit par obéissance au Père. Christ est ressuscité selon les Écritures (1 Co 15.4). Dieu a fait suivre la souffrance de Christ par sa glorification qui en est l’effet. Ainsi Dieu approuve-t-il l’œuvre que Christ a accomplie pendant son état d’humiliation (Ac 2.22-36). La résurrection de Christ par Dieu prouve que la réconciliation a été obtenue.

Cela confirme donc notre thèse que la résurrection n’a pas seulement une valeur noétique. Certes, la résurrection nous fait connaître le sens de la croix. Mais elle la fait connaître parce que la croix sans la résurrection n’aurait plus été la croix sur laquelle Christ a vraiment accompli pour toujours la réconciliation de nos péchés. La résurrection de Christ prouve que le but que Christ voulait atteindre par son œuvre d’abaissement a été atteint. Si Christ était resté dans le sépulcre sous la puissance de la mort, cette œuvre n’aurait pas réussi : elle se serait arrêtée à la croix. Christ n’aurait pas pu la continuer. C’est pourquoi Paul insiste sur l’interdépendance de la résurrection de Christ et de celle des croyants (1 Co 15.12-19).

La réalité de la résurrection est essentiellement liée à celle du sépulcre vide. Christ est un homme comme nous. Sa résurrection est sa résurrection corporelle. Il s’agit naturellement du même corps qui a été dans le sépulcre. Ce corps est désormais glorifié.

Le grand Pasteur des brebis est ramené d’entre les morts par la résurrection (Hé 13.20). Il continue son œuvre. Il distribue le salut de la Nouvelle Alliance qu’il a fondée par sa souffrance et par sa mort (voir Ac 5.31). C’est pourquoi le Ressuscité répand le Saint-Esprit (Ac 2.33). Par l’Esprit, il distribuera le salut qu’il a obtenu pendant la période de l’abaissement. Christ ressuscite comme notre grand Pasteur, comme le Messie. C’est pourquoi sa résurrection n’est pas seulement sa justification (1 Tm 3.16), mais aussi la preuve de notre justification (Rm 4.25). La justification de Christ, l’approbation de son œuvre par le Père, est le gage et le fondement de notre acquittement qui est maintenant reçu par la foi et que Dieu prononcera publiquement au jugement dernier (Rm 5.10). De même, la résurrection de Christ est le gage de la résurrection du nouvel homme en nous (voir Rom. 6.11), de notre vie éternelle (Jn 11.25; 1 Jn 3.14) et de la résurrection de notre « chair » (Rm 8.11; 1 Co 6.14; 15.13; 2 Co 4.14; 1 Th 4.14).

Christ est la résurrection et la vie (Jn 11.25). Croire en son nom veut dire avoir la vie éternelle. Christ est appelé le premier-né d’entre les morts (bien qu’il ne soit pas le premier ressuscité selon la Bible), parce que sa résurrection est le fondement de la résurrection des autres (Ac 26.23; 1 Co 15.20; Col 1.18; Ap 1.5). N’oublions pas qu’il ne s’agit dans la résurrection de Lazare et d’autres que d’un signe et que ces résurrections n’étaient pas encore définitives. Christ se manifeste encore pendant quarante jours sur la terre après sa résurrection. Il n’est plus reconnu comme avant sa mort. Une modification importante a eu lieu, bien qu’il ait le même corps qu’avant la crucifixion (Jn 20.20,27). Christ se trouve dans une situation intérimaire. Il ne peut pas rester sur la terre (Jn 20.17).

Les quarante jours entre la résurrection et l’ascension ont cependant été d’une très grande importance. Pendant cette période, Christ constitue définitivement l’apostolat. Les apôtres sont envoyés dans le monde comme les témoins de Christ (Mt 28.19; Mc 16.15-16; Lc 24.47-48; Jn 20.21-23; 21.15-17). C’est pourquoi Jésus n’est pas apparu à tout le peuple, mais à ceux qui étaient destinés à être ses témoins (Ac 10.39-42; 13.31-32). Il s’agit des témoins oculaires. Le Seigneur s’est montré vivant à eux. Certes, tous ceux qui ont vu le Ressuscité ne sont pas des apôtres. Mais un apôtre doit être un témoin oculaire du fait de la résurrection (Ac 1.22; 1 Co 15.5-8). Le Seigneur enseigne ce qui concerne le Royaume de Dieu (Ac 1.3), ce qui concerne le sens de sa mort et de sa résurrection, etc. (Lc 24.45-48).

Nous nous opposerons aux opinions contraires telles que les suivantes :

1. L’histoire de la résurrection serait une légende. Nous faisons remarquer que les sentiments des disciples après la mort de Christ prouvent déjà l’impossibilité de telles légendes sans une base objective dans la résurrection tout à fait inattendue de Christ.

2. Certains parlent du Seigneur vivant sans qu’ils reconnaissent ce que nous pouvons appeler « le mystère du tombeau vide ». On admet que quelque chose d’objectif a eu lieu. Certains pensent à une vision « subjective », d’autres à une vision « objective », un phénomène parapsychologique de l’apparition d’un décédé. Mais le corps de Christ serait resté en tout cas dans le tombeau. Cette opinion est aussi en opposition à ce que les évangélistes veulent nous dire. Pour eux, il n’y a pas de continuation de la vie de Jésus possible sans que le tombeau soit vide.

3. L’opinion de ceux qui parlent ainsi du Seigneur vivant et qui n’acceptent pas l’explication parapsychologique des histoires de la résurrection est à peu près la même que celle de Bultmann. Selon Bultmann, la croix est encore pour nous le signe de l’amour de Dieu et l’indication de notre peccabilité qui doit nous appeler à la conversion. C’est pourquoi il veut dire que le Seigneur qui fut crucifié vit encore. Cela n’implique pas qu’il accepte la résurrection corporelle de Christ après trois jours. Selon lui, cela ne veut pas dire que cette foi des disciples manque de sens. Cette foi qui mène à la proclamation (au kérygme) du Seigneur vivant est une expression mythologique de la signification de la croix. Elle a pris une forme mythologique parce que les apôtres ont lu leur foi au Seigneur vivant dans une construction de sa résurrection corporelle que nous ne pouvons plus accepter. Mais, soutient Bultmann, nous devons avoir cette même foi au Seigneur vivant sans la forme mythologique. Selon lui, le chrétien d’aujourd’hui peut encore confesser que le Seigneur vit, parce que la croix lui parle encore de l’amour de Dieu et de la nécessité de l’abandon total à lui.