Christologie (28) - La richesse et l'unité de l'oeuvre du Christ
Christologie (28) - La richesse et l'unité de l'oeuvre du Christ
1. La richesse de l’œuvre du Christ
Nous avons parlé de l’œuvre de Christ de deux points de vue : nous l’avons considérée en tant qu’une œuvre ministérielle (triple office) et nous l’avons étudiée dans son progrès (humiliation et exaltation). Enfin, nous l’examinerons du point de vue de son contenu et de son résultat.
La Bible parle de l’œuvre de Christ de plusieurs points de vue : Elle dessine Christ comme le fondateur du Royaume de Dieu, comme le vainqueur de Satan, comme celui en qui Dieu nous réconcilie avec lui, comme celui qui nous affranchit, comme celui qui nous justifie et sanctifie, etc. Cela nous montre la richesse de l’œuvre de Christ que nous ne pouvons pas embrasser d’un coup d’œil. L’un des auteurs du Nouveau Testament insiste surtout sur tel aspect, un autre sur tel autre aspect. Cela dépend de son caractère et de la situation. Nous ne voulons pas dire qu’il s’agit des descriptions contradictoires de l’œuvre de Christ. Les différentes conceptions se complètent et nous montrent la plénitude de l’œuvre de Christ.
Nous serons amenés à étudier l’œuvre de Christ de différents points de vue. Nous la considérerons d’abord en son unité essentielle. Car l’œuvre de Christ est essentiellement une seule œuvre d’obéissance ministérielle. Notre point de départ dans cette partie est ce que saint Paul écrit dans un passage central de ses épîtres, à savoir que Christ est le second Adam ayant délivré la nouvelle humanité dont il est le Chef par un seul acte d’obéissance. Nous nous occuperons également dans cette partie de la notion du corps de Christ exposée dans les épîtres de Paul et par laquelle l’apôtre conçoit la relation entre Christ et les croyants. Ensuite, nous nous occuperons de la variété et de la richesse dans la seule œuvre de Christ. Nous considérons cette seule œuvre d’abord en tant qu’elle est entièrement une œuvre prophétique, ensuite nous étudierons l’aspect sacerdotal qui appartient aussi à toute cette œuvre. Nous examinerons ce que la Bible dit de la réconciliation. Enfin, nous parlerons de l’aspect royal de l’œuvre de Christ et donc du fait que Christ a fondé par son œuvre le Royaume de Dieu. Alors nous examinerons les dimensions cosmiques de son œuvre1.
2. L’œuvre du Christ en son unité
Nous prendrons notre point de départ dans la conception de saint Paul selon laquelle Christ est le second Adam (Rm 5.12-21; 1 Co 15.21-22,45). L’humanité a été soumise à la colère de Dieu, au péché, à la malédiction de la loi et à la mort par la désobéissance du premier Adam. L’acte de désobéissance du premier Adam fut décisif pour tous les hommes. Ainsi, l’acte d’obéissance de Christ fut-il décisif pour beaucoup d’hommes. Car « comme par une seule offense la condamnation a atteint tous les hommes, de même par un seul acte de justice la justification qui donne la vie s’étend à tous les hommes » (Rm 5.18). L’obéissance de Christ met fin à la domination de la colère de Dieu (Rm 5.1-11), à celle du péché (Rm 6), à celle de la loi comme provocatrice des transgressions et comme fonction de soumettre l’homme à la malédiction divine (Rm 7) et à celle de la mort (Rm 8; 1 Co 15.55).
Cette obéissance de Christ est concrètement l’obéissance jusqu’au sacrifice de la croix. Christ a été crucifié pour nos offenses et il est ressuscité pour notre justification (Rm 4.25). À cause de cette puissance et de cette valeur de la mort et de la résurrection de Christ, Paul peut dire que les croyants sont morts et ressuscités comme des hommes nouveaux ensemble avec Christ (Rm 6.7-11; Ép 2.5-6). Celui qui a la paix avec Dieu, qui est libre vis-à-vis du péché et de la mort, est ressuscité avec lui.
L’apôtre ne néglige pas la distance temporelle entre Christ et nous en parlant de notre mort et de notre résurrection « avec Christ ». Il ne s’agit pas de la simultanéité d’un contemporain. Il s’agit de la valeur décisive de l’œuvre de Christ. Ceux qui furent encore des ennemis de Dieu au moment de la crucifixion de Christ et qui se sont maintenant donnés à Christ par la foi et par le baptême savent que l’œuvre réconciliatrice de Christ « au temps marqué » (Rm 5.6,8) fut toujours l’œuvre que Christ a accomplie pour eux personnellement. La foi et le baptême ne sont pas la cause du salut, ils ne font pas du salut que Christ aurait obtenu comme un salut en général, un salut pour nous personnellement. La foi et le baptême sont le chemin vers le salut que Christ a préparé en tant que notre salut personnel « au temps marqué » longtemps avant notre foi et notre baptême. Alors la décision a été prise dont dépend entièrement notre paix avec Dieu et notre vie en liberté vis-à-vis du péché et de la mort. C’est ce que Paul veut dire quand il parle de notre mort et de notre résurrection avec Christ.
Nous trouvons une pensée semblable dans Colossiens 2.12-13. Paul mentionne de nouveau le fait que nous avons accès à la réalité nouvelle que Christ a obtenue, par la foi et par le baptême, mais il écrit aussi que celui qui croit et qui a été baptisé peut dire qu’il est mort avec Christ au moment où Christ a donné sa vie à la croix. Comparez aussi Colossiens 3.1-4 et 2 Corinthiens 5.14-17 : Christ est mort pour tous. Alors, il est permis de dire que nous sommes tous morts et que nous tous, qui sommes en Christ, nous sommes de nouvelles créatures. Voir aussi Galates 2.20 : J’ai été crucifié avec Christ et maintenant je vis par la vie que Christ m’a obtenue. Quel est le moment auquel Paul pense lorsqu’il parle ici de notre crucifixion avec Christ? Il me semble que Galates 3.13 prouve que nous avons dans Galates 2.20 la même pensée que dans Colossiens 2 et 3 et dans Romains 6. Nous pouvons nous dire crucifiés avec Christ au Calvaire. Galates 3.13 dit que la grande décision qui a changé notre vie a eu lieu au moment de la mort de Christ. Éphésiens 2.6 et Colossiens 3.4 ne parlent pas seulement de notre mort et de notre résurrection « avec » Christ, mais même de notre ascension avec lui. Toute l’œuvre médiatrice de Christ nous concerne personnellement.
Tous ces passages insistent donc sur le caractère décisif de l’acte de celui qui nous a représentés devant Dieu et qui, de ce point de vue, ressemble à Adam. La pensée de Paul devient très claire si nous pensons à notre relation avec Adam. Nous ne sommes pas ses contemporains. Cependant, nous pouvons dire que nous sommes tous tombés « avec Adam », parce que la chute d’Adam concerna notre propre vie personnelle. Dans le même sens, tous ceux qui croient et qui se font incorporer dans l’Église par le baptême peuvent dire qu’ils sont morts et ressuscités avec Christ. L’œuvre de Christ leur donne la certitude absolue de leur paix avec Dieu et de leur vie nouvelle. Par la foi et par le baptême, nous recevons la réalité que Christ nous a obtenue « au temps marqué ».
Tous les passages mentionnés parlent de la certitude totale qui peut être la nôtre, si nous participons par la foi à l’œuvre accomplie par Christ. Tout le salut pour toute notre vie en tous ses aspects est devenu certain par la croix. Paul insiste sur cette certitude aussi en rapport avec les tentations que la situation dans laquelle nous vivons entraîne : Nous ne voyons pas encore la puissance de l’œuvre de Christ. Notre vie est encore cachée avec Christ en Dieu (Col 3.3). Paul parle longuement de ces tentations dans Romains 5 à 8. Est-ce que l’on peut être certain de la paix avec Dieu, de la liberté vis-à-vis de la colère divine dans le jugement dernier (Rm 5)? Est-ce que nous sommes vraiment libres en ce qui concerne le péché (Rm 6), la loi (Rm 7) et la mort (Rm 8)? Dans chacun de ces chapitres, Paul nous rappelle la perfection et la valeur décisive de l’œuvre de Christ dont il parle dans Romains 5.12-19 en mettant en parallèle la signification de l’œuvre de Christ avec celle de l’œuvre d’Adam (Rm 5.10-11; 6.23; 7.25; 8.2,35-36). Notre vie est encore cachée, mais elle est quand même très réelle.
Quand Christ, notre vie, paraîtra, alors nous paraîtrons aussi avec lui dans la gloire (Col 3.4). Alors, ce que nous avons en Christ se révélera. Tout notre salut a donc son fondement dans l’œuvre médiatrice de Christ : la justification, l’adoption par Dieu, la sanctification, la libération de la souffrance et de la mort, la gloire, etc. On peut conclure de ce que nous avons dit que Christ a obtenu notre salut en tant qu’un don personnel. Il n’a pas obtenu le salut comme « un trésor de mérites » en général qui ne serait reçu personnellement que plus tard. Une telle conception suppose l’idée catholique de la grâce infuse. Christ aurait donné à son Église le trésor de cette grâce qu’elle peut distribuer par ses sacrements. Alors, le baptême reçoit une fonction que la Bible ne lui attribue pas. Selon les catholiques, le baptême fait du salut général un salut pour nous personnellement. Christ aurait obtenu une possibilité générale. L’Église en fait par ses sacrements une réalité actuelle pour tel ou tel de ses membres. Paul n’attribue cependant pas cette fonction au baptême. Il nous semble que la fonction du baptême selon Romains 6 et selon Colossiens 2 est de nous assurer de notre communion avec Christ qui a obtenu par sa croix le salut pour nous personnellement, de sorte que celui qui croit et qui est baptisé puisse dire qu’il est mort et ressuscité avec Christ.
La foi n’a pas plus que le baptême une fonction créative vis-à-vis du salut. Nous recevons par la foi le salut qui est déjà entièrement prêt comme un salut pour nous personnellement. Le croyant peut donc dire : je suis mort et ressuscité avec Christ au Calvaire. Il s’agissait de moi personnellement dans la croix de Christ. Alors, tout a été décidé pour moi. Je reçois par la foi cette décision prise pour moi au Calvaire. L’œuvre du Christ concerne les siens aussi personnellement que la chute d’Adam. C’est pourquoi nous réfutons la conception arminienne de la foi selon laquelle Christ n’aurait obtenu qu’une possibilité de sauver, une possibilité qui devrait être actualisée par la foi. Selon cette conception, la foi aurait donc une fonction créative vis-à-vis du salut. Il ne dépendrait pas seulement de Christ, mais aussi de moi, si je suis sauvé. Nous croyons que notre foi a une fonction purement réceptive vis-à-vis de l’œuvre de Christ.
Toutefois, le baptême et la foi sont nécessaires pour le salut selon Romains 6, Colossiens 2 et le Nouveau Testament en général. On ne peut recevoir le salut que si on le reçoit par la foi en la communion avec l’Église en laquelle on est incorporé par le baptême. Dans ce sens, on parlera du caractère décisif de la foi. Notons cependant que « décisif » ne veut pas dire « créatif ». La foi est décisive comme reconnaissance du fait que tout a été accompli pour nous en Christ. Ainsi, le baptême est-il nécessaire comme le moyen par lequel Christ nous assure que nous étions « en lui » au Calvaire. On peut comparer la relation entre le baptême et la foi d’une part et le salut obtenu par Christ d’autre part avec la relation entre notre naissance et notre chute en Adam. Il est nécessaire d’être né pour pouvoir dire que l’on est tombé en Adam. Cependant, notre naissance n’est pas la cause de notre chute. La cause de notre chute est uniquement la désobéissance d’Adam. La naissance est la voie nécessaire par laquelle le malheur entre dans notre vie. Ainsi, la foi et le baptême sont-ils le moyen indispensable par lequel la justice et la vie, obtenues par Christ, sont reçues. En ce sens, on peut dire que l’on est mort et ressuscité avec Christ par la foi ou par le baptême, comme Paul le dit en Romains 6 et en Colossiens 2.12-13.
On n’a donc pas le droit de dire que l’on est une nouvelle créature sans la foi en Christ, sans se faire incorporer dans l’Église par le baptême. On ne peut dire que Christ a justifié tous les hommes sans exception par sa croix et par sa résurrection, que tous les hommes reçoivent la vie éternelle par lui. Le Nouveau Testament n’affirme pas l’apocatastase (rétablissement de toutes choses, selon Origène). Ce ne sont que les croyants qui peuvent dire qu’ils sont morts et ressuscités avec Christ. C’est pourquoi la foi réformée dit que Christ a réconcilié son Église, son corps. Elle rejette l’idée de la réconciliation générale qui implique soit l’idée de l’apocatastase (du salut général), soit une conception selon laquelle Christ n’a obtenu qu’une possibilité générale devant être actualisée par le baptême ou par la foi. La première pensée contredit ce que la Bible dit de la nécessité de la foi, la deuxième contredit ce que la Bible dit du caractère réceptif de la foi. Le baptême peut être appelé nécessaire d’un côté. C’est pourquoi nous réfutons la pensée selon laquelle Christ n’aurait ouvert que la possibilité de recevoir le salut, mais non pas ce salut tout entier et actuel.
Cette pensée du caractère nécessaire et purement réceptif de la foi se lit clairement dans cette parole : « Tout cela vient de Dieu qui nous a réconciliés avec lui par Christ » (2 Co 5.18). La foi est donc réceptive. Mais aussi : « Nous vous en supplions au nom de Christ : Soyez réconciliés avec Dieu! » (2 Co 5.20). La foi est donc nécessaire. Il s’agit ici de la nécessité de la foi en tant que reconnaissance de la perfection et de la souveraineté de l’œuvre réconciliatrice de Dieu en Christ. Paul exhorte à vivre de la réconciliation accomplie entièrement. Cependant, il est nécessaire que nous abandonnions aussi l’inimitié de notre côté. Ce dernier fait n’est cependant pas autre chose que la réponse reconnaissante à l’Évangile de la grâce souveraine. Notre réponse nécessaire ne fonde pas cette grâce, mais elle la reconnaît.
Nous pouvons maintenant répondre à la question de savoir qui sont les « beaucoup » dont Paul parle dans Romains 5.12-19. Il s’agit de ceux dont Christ est le Chef, de l’Église qui est son corps. Paul pense aussi à eux quand il parle de « tous » ceux que Christ a sauvés (Rm 5.18) et de tous ceux qui sont morts avec Christ (2 Co 5.14-15). Paul ne veut pas contredire ici sa doctrine selon laquelle ce ne sont que les croyants qui sont sauvés. Christ a obtenu le salut pour l’humanité nouvelle qu’il représente, pour son Église (Ac 20.28, Ép 5.23-26), pour ceux qui sont sa propriété (Rm 7.4; 8.9; 14.8,9; 1 Co 7.22; 2 Co 5.15), pour ceux qui peuvent dire qu’ils sont « en Christ » par la foi (2 Co 5.17; Ép 1.3-14), pour ceux qui se sont revêtus du Seigneur en se faisant baptiser.
Le sacrifice de Christ comme tel suffit pour tous les hommes. Cette pensée est aussi importante, comme nous avons montré dans la doctrine de la prédestination. Les réformés ont toujours reconnu que Christ est mort « sufficienter » (suffisamment) pour tous les hommes, mais ils y ajoutèrent qu’il est mort « efficacitor » (de manière efficace) pour son Église. Tout en reconnaissant le caractère coupable de l’incroyance par laquelle l’homme se place en dehors du salut, ils ont veillé à ne pas parler de l’efficacité de l’œuvre de Christ d’une manière qui contredit la nature réceptive de la foi vis-à-vis de la grâce.
Il est apparu que Paul ne veut pas parler de la mortification du vieil homme et de la résurrection de l’homme nouveau dans la sanctification quand il parle de notre mort et de notre résurrection avec Christ. Il s’agit dans ces passages de la décision sur notre vie prise une fois pour toutes au moment de la mort et de la résurrection de Christ. Nous reconnaissons par la foi en Christ cette décision comme une décision qui nous concerne. Cela ne veut pas dire que le changement produit dans notre sanctification n’a rien à faire avec cette décision « au temps marqué ». Au contraire, l’œuvre de Christ doit déterminer toute la vie des croyants. Notre vie d’aujourd’hui est la vie que Christ a obtenue pour nous (Ph 1.21). Paul exhorte à montrer dans la vie pratique notre foi en la puissance de la victoire que Christ a remportée pour nous sur la mort (Rom. 6). Nous devons faire déterminer toute notre vie quotidienne par notre foi en la puissance de la croix et de la résurrection, même la manière de manger et de boire (Rm 14.6). Ces exhortations de Paul ne nous montrent pas seulement nos obligations, mais encore la puissance de la croix qui les supposent. Nous devons montrer que nous appartenons au Seigneur, parce que nous ne sommes plus la propriété du diable, mais celle du Seigneur, tant dans la vie que dans la mort (Rm 14.8; 1 Co 15.18; 1 Th 4.16). Notre vie n’est plus la nôtre, car elle est la vie de Christ, qui se manifeste en nous par la foi. C’est Christ qui vit dans les croyants (Rm 8.10; 2 Co 13.5; Ga 2.20; Ép 3.17).
Ce que nous appelons dans la sanctification la mortification du vieil homme et la résurrection du nouvel homme est donc certes étroitement lié avec ce que Paul nous dit sur notre mort et notre résurrection avec Christ. Car notre sanctification est la manifestation du fait que nous étions avec Christ en sa mort et en sa résurrection. Notre communion à la souffrance historique de Christ et notre participation à la résurrection historique de Christ se révèlent par le fait que le péché meurt en nous par le renouvellement de notre vie (2 Co 4.10; Ph 3.10). Nous faisons remarquer que Paul pense aussi quelquefois à la souffrance qui nous arrive à cause de notre communion avec Christ, quand il parle de notre communion à la souffrance de Christ. La résistance que Christ a rencontrée arrive aussi aux chrétiens (2 Co 1.5; 4.10-11; Ga 6.17). Philippiens 3.10 parle de notre communion à la souffrance de Christ à la fois dans le sens de notre participation à la croix historique de Christ et dans le sens de la souffrance qui nous arrive à cause du fait que nous suivons Christ.
Ce caractère tout déterminant de l’œuvre de Christ qui est apparu si clairement jusqu’ici se montre aussi quand Paul identifie, d’un certain point de vue, Christ et l’Église (1 Co 12.12). La vie de l’Église est entièrement une vie ayant son origine dans la croix et dans la résurrection de Christ, dans l’ensemble de son œuvre d’obéissance. Cette pensée fait aussi que Paul appelle l’Église le corps de Christ et les croyants ses membres. On pourrait quelquefois penser à une simple comparaison si on lit que Paul appelle l’Église « corps de Christ ». Mais d’autres passages établissent clairement qu’il s’agit plus que d’une métaphore. Paul ne veut pas simplement dire que l’Église ressemble à un corps quand il appelle l’Église le corps de Christ. En tout cas, il ne s’agit pas toujours d’une simple comparaison. Paul appelle l’Église le corps de Christ pour désigner l’unité de vie de Christ et de son Église. L’anthropologie du Nouveau Testament parle de « soma » (corps) pour désigner l’homme en sa manifestation extérieure. Quand Paul appelle l’Église le corps de Christ, il veut toujours ou en tout cas souvent dire que la vie de Christ qui s’est obtenue par son obéissance prend forme dans l’Église. L’Église fait connaître Christ comme le second Adam.
Les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens comparent la relation entre Christ et son Église avec celle entre la tête et le corps. Nous ne parlerons pas ici de l’origine de cette idée. Nous insisterons seulement sur le fait que cette manière de parler confirme encore une fois que tout le salut de l’Église a son origine en Christ. Christ est la Tête qui remplit le corps avec lui-même (Ép 1.22). Christ pouvait créer ce corps qui dépend entièrement de lui, par la croix (Ép 2.13-16).
Enfin, nous observons que Christ a obtenu le même salut essentiel pour tous ses « membres »; la justification, la vie, etc. Mais cela n’exclut pas la variété des dons dans l’Église (Rm 12.3; 1 Co 12.11; Ép 3.7; 4.7). Ces dons ont naturellement aussi leur origine dans Christ et dans son œuvre d’obéissance.
Note
1. Voir mes trois articles intitulés L’œuvre prophétique du Christ, L’œuvre sacerdotale du Christ, L’œuvre royale du Christ.