3^e jour du 9^e mois

Lecture : Ésaïe 6

Ce qui nous trompait merveilleusement sous l’ombre de sagesse se montrera extrême folie; ce qui avait apparence de vertu se déclarera être misérable faiblesse, tant s’en faut que même ce qu’il semble avis d’être très parfait en nous réponde à la pureté qui est en Dieu. De là vient l’horreur et étonnement desquels l’Écriture souvent récite que les fidèles ont été frappés toutes fois qu’ils sentaient la présence de Dieu.

Pour ce, quand nous voyons que ceux qui, en l’absence du Seigneur, consistaient comme fermes et assurés, sont ainsi ébranlés et épouvantés lorsque celui-ci leur manifeste sa gloire, jusqu’à être quasi engloutis de l’horreur de la mort et presque rédigés à néant, de cela on peut apercevoir que l’homme n’est jamais assez touché de la connaissance de son infirmité sinon après qu’il s’est comparé à la majesté de Dieu. Et de cet épouvantement, nous avons plusieurs exemples tant aux juges comme aux prophètes; tellement que cette sentence était fort vulgaire entre le peuple de Dieu : Nous mourrons, puisque le Seigneur nous est apparu (Jg 13.22). Par quoi aussi l’histoire de Job, pour abattre les hommes par la reconnaissance de leur folie, faiblesse et pollution déduit toujours le principal argument de la description de la sagesse, puissance et pureté de Dieu; et ce, non sans raison. Car nous voyons comment Abraham se reconnaît mieux être terre et poussière d’autant plus qu’il est approché de contempler la gloire du Seigneur, comment elle ne peut attendre sa présence à face découverte, telle crainte il a de regarder! Et que ferait l’homme, qui n’est que corruption, quand même il faut que les chérubins couvrent leur face de grande crainte et révérence? Et c’est ce que dit le prophète Ésaïe, que le soleil aura honte et que la lune sera confuse quand le Seigneur des armées régnera (És 24.23). C’est à dire quand il aura élevé et mis en avant sa clarté, que tout ce qui est autrement le plus reluisant au prix d’elle sera obscurci. Néanmoins comment que ce soit que la connaissance de Dieu et la connaissance de nous soient ensemble mutuellement conjointes, si est-ce que l’ordre requiert que nous mettions celle de Dieu premièrement; puis après que nous descendions à l’autre.

Prière

Sois, ô grand Dieu, ma garde et mon appui,
Car en toi seul j’ai mis mon espérance,
Et toi, mon âme, à tout instant dis-lui :
J’espère en toi, Seigneur, en ta clémence;
Car, de moi-même et devant ta justice,
que suis-je, hélas! si tu ne m’es propice?