Cet article a pour sujet la mission auprès des musulmans, souvent difficile et peu fructueuse, mais qui doit se poursuivre et s'intensifier, fondée sur l'autorité du Christ qui envoie son Église vers toutes les nations incluant l'islam.

Source: Connaissance de l'islam. 3 pages.

Connaissance de l'islam - Dieu veille sur son oeuvre

La mission chrétienne a œuvré d’ordinaire dans des champs qui lui ont rapporté plus rapidement que d’autres champs une récolte qui l’a réconfortée. Qu’en sera-t-il des champs qui semblent rebelles, ne laissant apparemment aucun espoir de moisson? Il est à craindre que, par un découragement précoce, des missionnaires les aient soit abandonnés, soit œuvré en moindre nombre et avec un moindre zèle! Le souci, parfois légitime, de voir son œuvre couronnée de succès, et par moments aussi une préoccupation excessive d’aboutir immédiatement à des résultats tangibles, a faussé la perspective et la vision missionnaire des chrétiens dans les champs réputés rocailleux. Actuellement, il y a une certaine convergence vers tel ou tel pays, où l’on dit que l’Esprit agit avec une efficacité sans précédent, tandis que dans tel autre pays, à prédominance musulmane, on compterait les convertis sur les doigts des mains.

La négligence d’un tel champ missionnaire se justifie-t-elle? Une telle politique nous rappelle les politiques de marketing commercial. Là où la productivité est élevée, là on investit! À la mentalité de marché, s’ajoute souvent une pseudo-connaissance ou conviction chrétienne d’après laquelle, si durant une certaine période de temps, voire des siècles, on n’a pas cueilli de fruits, l’explication en serait que Dieu ne cherche pas à convertir tel pays ou telle société. Actuellement, ce même prétexte est également mis en avant pour expliquer le peu de rendement des sols rocailleux et stériles de l’Europe qui, dit-on, serait définitivement rayée des plans salvateurs de Dieu. Certains songeraient même à l’abandonner! II semble que Jésus-Christ, à qui toute autorité a été accordée dans les cieux et sur la terre, et qui confie à son Église le mandat missionnaire tous les jours et jusqu’à la fin du monde, ne compte plus dans de telles stratégies. Il semble que ce soit plutôt la géopolitique bureaucratique poussée par des considérations extrabibliques qui préside à la pensée et à la stratégie de la missiologie moderne! Les succès faciles semblent dicter actuellement bien des vocations missionnaires…

J’ai la conviction absolue que l’effort missionnaire parmi les musulmans devrait non seulement ne pas s’arrêter, mais qu’il conviendrait encore de le décupler et d’y consacrer un très grand effort. Je viens indirectement de mentionner l’une des raisons d’une telle stratégie missionnaire; l’ordre que le Ressuscité a donné à ses disciples d’aller évangéliser et la promesse d’être présent chaque jour, jusqu’à la fin, avec eux. Cet ordre n’est pas exclusif ou particulariste, favorisant certains, excluant les autres! Il ne faudrait pas prendre à la lettre une recommandation de Jésus à ses disciples, dans un autre contexte, d’abandonner telle ville ou tel village hostile à leur ministère en secouant même la poussière de leurs pieds. Cette recommandation avait un caractère purement temporaire. Elle devait s’appliquer durant la mission provisoire au milieu d’Israël, mais non à la mission mondiale de l’Église après Pâques.

À cette raison, il convient d’en ajouter une autre. Il est triste de constater que certains chrétiens ne sont jamais aussi hargneux contre des non-chrétiens que lorsqu’il s’agit des musulmans! On prêche l’amour envers son ennemi (surtout celui qui, lointain, ne nuit guère à vos intérêts), mais il semble particulièrement difficile d’aimer le musulman, surtout s’il est Arabe!

Or, la mission chrétienne et l’amour du prochain sont indissolublement liés. L’amour envers les musulmans devra aussi jaillir de nos cœurs parce que l’islam est une religion qui n’offre aucune réponse adéquate aux besoins de l’homme à la recherche de la vraie spiritualité, pour ne rien dire du salut divin. Aucune de ses doctrines n’est en mesure de répondre aux grandes questions posées par l’intelligence humaine au sujet de la vie et de la mort, de la destinée de la personne humaine, homme ou femme, ou de la paternité divine. L’islam est incapable de se prononcer sur ces sujets de manière satisfaisante. Non seulement il est inadéquat, mais encore il est faux.

La principale mission chrétienne consiste à porter un témoignage véridique à la personne du Christ. Dès l’origine, les apôtres s’appliquèrent à cela, ce qui leur occasionna mille tribulations, et l’on se souviendra que la mort du premier martyr Étienne en fut le prix exorbitant que paya l’Église apostolique juste à sa naissance. Or, l’islam nie ce témoignage rendu au Christ, sa mort sacrificielle sur la croix et sa résurrection, son rôle d’unique Médiateur entre Dieu et les hommes. C’est en soulignant sans concession la suprême autorité du Christ que la mission chrétienne s’acquittera de sa tâche. C’est d’abord pour son honneur que l’on devient missionnaire.

Nous pourrions faire intervenir dans nos arguments des considérations d’une certaine actualité, par exemple la résurgence et le renouveau de l’islam et de son caractère agressif, qui inquiètent tellement nos contemporains. Nous passerons outre ces considérations pour demeurer dans le cadre strict de notre conception biblique de la mission.

L’amour de Dieu nous contraint, écrivait saint Paul; amour contraignant qui l’engageait à parcourir terres et mers pour réconcilier les hommes avec Dieu. L’amour de Dieu est l’un des facteurs déterminants de notre mission. Cet amour se révèle envers tout homme, car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance du salut en Jésus-Christ.

Faut-il exclure de son amour divin et suprême un cinquième de la population mondiale?

Dieu ne se contente pas d’aimer les hommes vaguement; il fait également une promesse. « Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin » (Mt 24.14). La fin ne viendra que lorsque toutes les nations auront entendu la Bonne Nouvelle. Prêcher l’Évangile ne signifie donc pas s’adonner à quelques exercices faciles de témoignage chrétien qui ne coûtent rien, distribuer des autocollants, faire d’anodines affiches publicitaires, voire se promener sur la planète tel un globe-trotter, portant une croix, d’ailleurs montée sur des roulettes! (Nous parlons en connaissance de cause, ayant vu un jeune Américain évangélique sur la place de Dam à Amsterdam dans cette position). Prêcher nous engage corps, âme et esprit pour enseigner correctement tout le conseil de Dieu.

L’Esprit de Dieu œuvrera dans la mesure où nous sommes disposés à œuvrer comme de fidèles ouvriers; il n’effectuera rien automatiquement si les ouvriers qu’il a appelés à labourer le champ se croisent les bras et s’attendent à ce que la semence soit magiquement semée et que la moisson s’assemble sans qu’ils doivent verser la moindre goutte de sueur. Dieu a un dessein merveilleux et notre labeur y est inclus. Comment croiront-ils si on ne leur prêche pas, s’interrogeait saint Paul (Rm 10.14). Enfin, ne perdons pas de vue qu’il y a eu et qu’il y a des conversions aussi parmi les musulmans. Ces conversions ne sont-elles pas les prémices de la vaste moisson eschatologique que nous attendons?

Dans l’intervalle, nous savons que la prédication de l’Évangile produit de tels effets que même là où l’Évangile n’est pas totalement accepté, de lourdes traditions séculaires réputées intangibles craquent; les effets bénéfiques de l’Évangile se font sentir sur les mœurs, les coutumes sociales, les habitudes éducatives, les recherches culturelles, voire les modes mêmes de gouvernement politique. D’énormes changements ont été constatés dans certains pays non chrétiens à cause de la présence de fidèles missionnaires. Ceci est vrai même là où l’islam prédomine.

La mission parmi les musulmans requiert autant, sinon plus qu’ailleurs, la foi en Dieu pour qui rien n’est impossible, l’espérance en ses promesses, la conviction de son amour rédempteur, la certitude que le jour vient, et il est proche, où tout genou fléchira devant le Christ exalté et où toute langue le confessera comme Seigneur universel.

Nous ne sommes pas aveugles devant les difficultés. Nous avons aussi la conviction que lorsque nous nous confions, nous et nos œuvres, aux mains divines, le Seigneur Dieu tout-puissant, qui est le Seigneur de son Église missionnaire, saura transformer la situation la plus décourageante en une occasion exceptionnelle de service missionnaire.

Il fera tout pour la seule gloire de son saint nom. Rien ne saurait s’opposer à la réalisation de ses desseins bienveillants. Il ôtera l’obstacle pour faire avancer son règne et établir sa cause. Il possède les moyens pour parvenir à ses fins. Nous pouvons lui faire confiance. Alors serons-nous à même de faire des disciples de toutes les nations, même celles soumises à la loi implacable de l’islam.