Cet article a pour sujet les épreuves et les souffrances qui sont dans le plan de Dieu et qu'il peut transformer en bien pour ses enfants, à l'exemple de la vie de Joseph, de Paul et même de Jésus.

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Dieu peut-il changer le mal en bien?

Dieu peut-il changer le mal en bien? Il arrive tellement d’événements négatifs dans la vie quotidienne, tellement de souffrances sont causées par toutes sortes de facteurs, qu’on peut à bon droit se demander à quoi tout cela rime. Dieu est-il en contrôle des événements, et si oui, pourquoi laisse-t-il arriver tant de malheurs? Cette question, chacun se la pose, ou se l’est posée. Le mal qui m’arrive a-t-il un but particulier et peut-il en sortir à plus ou moins long terme quelque chose de bon?

La réponse chrétienne à cette délicate question est certainement oui, mais elle a besoin d’être expliquée. Car d’un point de vue purement humain, on ne voit jamais très bien le but de la souffrance a priori. La tendance naturelle de l’homme est de se révolter contre Dieu, voire de nier son existence à cause du mal que l’on voit autour de soi. Mais comme en toutes choses, lorsque nous parlons de Dieu, il nous faut nous demander si c’est bien lui la mesure de toutes choses, ou bien si c’est nous, les humains, qui sommes cette mesure. Or, nous pouvons bien dire que Dieu est la mesure de toutes choses, puisqu’il est omnipotent, c’est-à-dire tout-puissant, et omniscient, c’est-à-dire qu’il sait par avance tout ce qui va se dérouler dans notre histoire et celle du monde. Si tel n’était pas le cas, nous n’aurions aucune raison de l’appeler Dieu; il serait une créature supérieure, tout au plus. En fin de compte, notre vie personnelle entre dans son plan, un plan bien plus grand que nous ne pourrions jamais l’imaginer. Or, saisir cette réalité ne peut se faire que par la foi au Dieu qui se révèle comme omnipotent et omniscient. Il contrôle même les étapes de notre vie qui ne se sont pas encore déroulées, car il est au-dessus du temps et le gouverne.

Accepter ceci par la foi ne veut pas dire que nous comprendrons sans problème comment des événements ressentis comme très négatifs et douloureux pourraient finalement contribuer à un bien quelconque. D’abord, peut-être ne verrons-nous jamais de notre vivant en sortir quelque chose de positif. Bien des générations plus tard, on pourra peut-être voir apparaître des effets inattendus et bénéfiques. Ensuite, il est tout aussi vrai que certains événements négatifs le resteront à toujours et ne produiront jamais de fruits positifs. Se placer dans la perspective de la foi c’est accepter que Dieu ait bel et bien le pouvoir de changer toutes choses, de faire toutes choses nouvelles. En recherchant sa volonté révélée, en vivant par la foi en Jésus-Christ, on peut bien souvent soi-même se rendre compte, après coup, que l’épreuve que Dieu a amenée sur notre chemin avait un but particulier positif qu’il avait lui-même déterminé d’avance. « Tout concourt au bien de ceux qui l’aiment », écrit Paul au chapitre 8 de sa lettre aux chrétiens de Rome (Rm 8.28). Paul savait bien de quoi il parlait, lui dont la vie était remplie d’épreuves de toutes sortes, et pas des moindres. Mais il parlait animé d’une foi indestructible en Jésus-Christ.

Or, considérons justement ensemble le sacrifice de Jésus-Christ sur la croix de Golgotha. Sur le plan humain, il n’y a rien de plus terrible que la mort injuste de Jésus-Christ, en qui tant d’hommes et de femmes avaient mis leur espoir l’ayant suivi pendant les trois années de son ministère sur terre. Ils étaient absolument choqués et abasourdis qu’un tel désastre ait pu se produire. Or, si l’on mesure les conséquences positives de sa résurrection pour l’humanité, on peut bien dire qu’il n’y a jamais eu rien de pareil dans l’histoire du monde. Il fallait donc bien la croix avant la résurrection. Et cette transformation de la chose la plus vile et la plus abjecte en l’événement le plus glorieux ne pouvait être accomplie que par Dieu.

Prenons un autre exemple dans l’histoire du Nouveau Testament. Avant sa conversion miraculeuse à la foi chrétienne, Paul avait persécuté les chrétiens de manière très violente. Au chapitre 8 du livre des Actes des apôtres, nous lisons : « Il cherchait à détruire l’Église, allant de maison en maison pour en arracher les croyants, hommes et femmes, et les jeter en prison » (Ac 8.3). Mais la conséquence positive et inattendue de cette persécution nous est donnée immédiatement après, au verset suivant : « Les croyants qui s’étaient dispersés parcouraient le pays en proclamant le message de la Bonne Nouvelle » (Ac 8.4). Paul cherche à détruire l’Église, et en fin de compte la persécution qu’il instaure aboutit au résultat contraire. Qui d’autre que Dieu pourrait accomplir un tel renversement?

Posons-nous maintenant la question suivante : les vertus les plus respectées telles que le courage, l’endurance et la persévérance, le sacrifice de soi-même, pourraient-elles se manifester autrement qu’au milieu des épreuves, des souffrances et de grands dangers? Certainement pas, n’est-ce pas? Or, ce sont justement ces vertus qui font admirer le degré d’humanité de ceux qui les pratiquent. La souffrance forge le caractère, elle aide aussi à distinguer ce qui est essentiel de ce qui ne l’est pas, ce qui est durable de ce qui est passager. Ceux qui l’ont connue et en sont sortis grandis peuvent servir d’exemple à d’autres qui vivent des moments similaires. Mais pour cela, il faut accepter par la foi que ce qui nous arrive fasse partie d’un plan bien plus étendu que ce que nous percevons au moment de notre épreuve.

Le Seigneur Jésus-Christ est passé par une souffrance indescriptible lors de sa passion : cette souffrance a signifié l’abandon total par son Père céleste, c’est-à-dire l’enfer proprement dit. Sa victoire sur la mort et l’enfer n’a pas été acquise à un prix vil, mais au prix le plus précieux, celui de sa vie même. Or, c’est aussi Jésus-Christ qui a dit :

« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Car celui qui est préoccupé de sauver sa vie la perdra; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera » (Mt 16.24-25).

Perdre sa vie à cause de Jésus-Christ cela veut dire passer par ce processus d’élagage, de purification de notre foi par une épreuve qui a un sens, afin qu’un être renouvelé spirituellement se dégage de l’homme ancien.

Rappelez-vous des deux dernières béatitudes prononcées par Jésus :

« Heureux ceux qui sont opprimés pour la justice, car le royaume des cieux leur appartient. Heureux serez-vous quand les hommes vous insulteront et vous persécuteront, lorsqu’ils répandront toutes sortes de calomnies sur votre compte à cause de moi. Oui, réjouissez-vous alors et soyez heureux, car une magnifique récompense vous attend dans les cieux. Car vous serez ainsi comme les prophètes d’autrefois : eux aussi ont été persécutés avant vous de la même manière » (Mt 5.10-12).

Voyez également comment l’apôtre Pierre s’adresse à ses lecteurs dans la lettre qu’il leur adresse alors qu’ils sont persécutés et dispersés un peu partout :

« Loué soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ. Dans son grand amour, il nous a fait naître à une vie nouvelle, grâce à la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour nous donner une espérance vivante. Car il a préparé pour nous un héritage qui ne peut ni se détruire, ni se corrompre, ni perdre sa beauté. Il le tient en réserve pour vous dans les cieux, vous qu’il garde par sa puissance, au moyen de la foi, en vue du salut qui est prêt à être révélé au moment de la fin. Voilà ce qui fait votre joie, même si, actuellement, il faut que vous soyez attristés pour un peu de temps par diverses épreuves : celles-ci servent à éprouver la valeur de votre foi. Le feu du creuset n’éprouve-t-il pas l’or qui pourtant disparaîtra un jour? Mais beaucoup plus précieux que l’or périssable est la foi qui a résisté à l’épreuve. Elle vous vaudra louange, gloire et honneur, lorsque Jésus-Christ apparaîtra » (1 Pi 1.3-7).

Dans la Bible, il n’y a sans doute pas de meilleur récit qui illustre comment Dieu peut changer le mal en bien que celui de Joseph et ses frères, tous fils du patriarche Jacob. Détesté par ses frères et vendu par eux comme esclave, il se retrouve bien plus tard, après de nombreuses pérégrinations et épreuves, l’intendant du pharaon d’Égypte, ayant en main l’administration de tout le pays. Or, la famine qui sévit non seulement en Égypte, mais dans le pays voisin où résident son père et ses frères amène ceux-ci à venir chercher des vivres à la cour du pharaon, où ils sont reçus par Joseph lui-même qu’ils ne reconnaissent pas, tandis que lui les reconnaît. Après plusieurs aller-retour, et des moments dramatiques durant tout cet épisode, Joseph en sanglots découvre son identité à ses frères :

« Je suis Joseph, leur dit-il, votre frère, que vous avez vendu pour être emmené en Égypte. Et maintenant ne vous tourmentez pas et ne vous accablez pas de remords de m’avoir vendu comme esclave. C’est pour vous sauver la vie que Dieu m’a envoyé devant vous. Car voici deux ans que la famine sévit dans ce pays et pendant cinq ans encore, il n’y aura ni labour ni moisson. Dieu m’a envoyé devant vous pour vous faire subsister sur la terre et vous garder la vie, par une très grande délivrance. C’est pourquoi ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, c’est Dieu. Et il m’a élevé au rang de père pour le pharaon, faisant de moi le maître de toute sa cour et le dirigeant de toute l’Égypte » (Gn 45.4-8).

Plus tard, alors que ses frères redoutent que peut-être il cherche à se venger de ce qu’ils lui ont fait, Joseph les rassurera encore :

« N’ayez aucune crainte! Suis-je à la place de Dieu? Vous aviez projeté de me faire du mal, mais par ce que vous avez fait, Dieu a projeté de faire du bien en vue d’accomplir ce qui se réalise aujourd’hui, pour sauver la vie à un peuple nombreux » (Gn 50.19-20).

L’assurance que Dieu peut changer le mal en bien, à sa manière et en son temps, ne devrait pas nous pousser à témoigner d’une sympathie à bon marché lorsque nous rencontrons quelqu’un qui passe par une grande épreuve. Dans un tel cas, notre responsabilité consiste non pas à tâcher de minimiser la douleur de celui qui est affligé, mais à l’aider avec sensibilité à mettre sa confiance et sa foi en Dieu seul, afin que cette épreuve devienne pour lui purificatrice et mène à son affermissement spirituel.