Cet article a pour sujet les différentes façons de pratiquer le chant des Psaumes: récitatif, paraphrase et versification des Psaumes sur une mélodie structurée, dérivé des Psaumes, chant responsorial et autres pratiques.

Source: Réflexion sur le chant des Psaumes. 4 pages.

Différentes façons de chanter les Psaumes

  1. Le récitatif du texte
  2. Chanter une paraphrase sur une mélodie structurée
  3. Chanter un dérivé des Psaumes sur une mélodie structurée
  4. Le chant responsorial
  5. Autres pratiques concernant le chant des Psaumes
    a. L’usage des Psaumes dans la liturgie
    b. Pratiques de diverses Églises
    c. Autres pratiques

Nous avons déjà examiné l’exhortation apostolique à chanter les Psaumes en Éphésiens 5.19 et Colossiens 3.161. Nous avons également apprécié le caractère universel du chant des Psaumes et la pratique de les chanter hier et aujourd’hui2. Nous constatons maintenant que, dans l’histoire de l’Église, les Psaumes ont été diversement chantés ou récités par le peuple de Dieu. Voici un survol de ces différentes façons de les chanter et d’une brève évaluation de chacune de ces pratiques.

1. Le récitatif du texte

Les paroles des Psaumes sont récitées sur une même note marquée d’intonations, d’accentuations ou de flexions.

Par exemple, le clergé et les ordres monastiques ont développé ce style pour la messe, les offices religieux, le chant des Psaumes, etc.

Avantages :

  • Conserve mieux le contenu du texte original.
  • Conserve mieux la structure parallèle de la poésie hébraïque.

Inconvénients :

  • Lenteur et monotonie.
  • Ne permet pas d’harmoniser le rythme et le style de la mélodie avec le contenu du texte.
  • Difficile à chanter par l’assemblée, convient mieux à des chanteurs spécialisés (chorales).
  • De toute façon, la saveur poétique de l’original ne peut jamais être parfaitement traduite.

2. Chanter une paraphrase sur une mélodie structurée

Les paroles des Psaumes sont légèrement adaptées ou paraphrasées de manière à pouvoir les chanter sur une mélodie structurée en respectant des règles de versification précises

Les réformés et les presbytériens ont développé cette façon de chanter les Psaumes. L’œuvre de Clément Marot et de Théodore de Bèze (Psautier de Genève du 16s.) est l’un des meilleurs exemples.

Avantages :

  • Conçu pour être chanté par toute l’assemblée, facile à apprendre et à chanter par l’assemblée.
  • Facile à mémoriser.
  • Permet d’harmoniser le rythme et le style de la mélodie avec le contenu du texte (louange, lamentation, confession, tristesse, joie, détresse, espérance, combat, victoire, etc.).
  • Une traduction et versification bien faite peut demeurer fidèle au contenu du texte original.
  • Une forme métrique assez souple peut rendre le sens du texte très compréhensible.
  • Une joie à chanter quand le texte est bien traduit et mis sur une mélodie appropriée.

Inconvénients :

  • Une forme métrique trop rigide peut rendre le texte de façon étrange.
  • La forme poétique hébraïque peut parfois être perdue (par exemple les lignes parallèles).
  • Dans une paraphrase, des mots ou des idées sont parfois ajoutés, amplifiés.

3. Chanter un dérivé des Psaumes sur une mélodie structurée

Les paroles des Psaumes servent de base au contenu des chants, mais peuvent être considérablement modifiées pour des raisons pratiques ou théologiques.

Nous pensons par exemple à l’œuvre d’Isaac Watts (1674-1748). Il estimait que la compréhension religieuse de David n’était pas à la hauteur de la vérité révélée en Jésus-Christ. Il pensait qu’il fallait remettre à neuf les Psaumes et « transformer » David en chrétien. Il a « christianisé » les Psaumes, estimant qu’il ne convenait pas que les chrétiens chantent le contenu original de plusieurs Psaumes (imprécations, jugement, etc.) et qu’il fallait y incorporer des éléments du Nouveau Testament.

Nous pensons également à d’anciens Psautiers, par exemple celui de Genève, dont les paroles avaient autrefois été légèrement paraphrasées tout en demeurant fidèles au texte inspiré, mais qui ont maintenant été modifiés plus en profondeur, en particulier les Psaumes contenant des paroles jugées un peu trop « abrasives » au goût de sensibilités modernes plus libérales.

Problèmes :

  • S’éloigne trop du contenu original.
  • A tendance à ne pas reconnaître que toute Écriture (incluant les Psaumes) est utile pour enseigner, convaincre, redresser, éduquer dans la justice.
  • A tendance à ne pas reconnaître que Jésus-Christ est déjà au cœur des Psaumes.

4. Le chant responsorial

Le peuple chante de courts refrains en réponse au récitatif ou à l’invitatoire du ou des chantres solistes.

Il s’agit d’une forme musicale du répertoire liturgique chrétien primitif. Cette forme fut reprise par exemple par le « chant Gélineau » développé par le jésuite français Joseph Gélineau au 20siècle.

Avantages :

  • Une façon de restaurer le chant des Psaumes en Église.
  • Permet de mettre en valeur le rythme de certains Psaumes (refrains, répons, etc.).

Inconvénients :

  • Nécessite le service d’un chantre ou d’une chorale spécialisée.
  • L’assemblée se limite souvent à chanter le refrain et, du coup, s’approprie moins toute la richesse des Psaumes.
  • Comporte les inconvénients des Psaumes versifiés sans les avantages de chanter à l’unisson.

5. Autres pratiques concernant le chant des Psaumes

a. L’usage des Psaumes dans la liturgie

  • Expression des actes successifs d’adoration, repentance, consécration, reconnaissance.
  • Un Psaume choisi en lien avec la prédication.
  • Un Psaume choisi en lien avec le temps liturgique de l’année ou une fête particulière.
  • Usage d’un lectionnaire (ordre préétabli) dans le but de chanter tous les Psaumes.

b. Pratiques de diverses Églises

Certaines Églises ne chantent pas du tout les Psaumes.

  • D’autres chantent seulement certains Psaumes et beaucoup d’hymnes (OPC, PCA3).
  • D’autres chantent tous les Psaumes et seulement certains hymnes non inspirés (CanRC).
  • D’autres chantent exclusivement les Psaumes (RPCNA, FRC, FCS, PCEA).

c. Autres pratiques

  • Chanter seulement une ou deux lignes d’un Psaume.
  • Avoir les Psaumes versifiés au complet, mais chanter seulement 1 à 3 strophes.
  • Avoir un Psautier complet, mais ne chanter qu’un certain nombre de Psaumes (parce que les autres ont des paroles ou des mélodies trop difficiles).
  • Chanter chaque Psaume au complet (du moins ceux qui ne sont pas trop longs).
  • Chanter l’ensemble des Psaumes de façon systématique au cours de l’année.

Ces diverses pratiques ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients. Afin de profiter au maximum de toute la richesse des Psaumes de la Bible, il est nettement préférable d’avoir un Psautier complet contenant la totalité des 150 Psaumes, qui sont à la fois fidèles au texte original et sous une forme qui permet à toute l’assemblée de tous les chanter.

Notes

2. Voir mon article intitulé Le chant des Psaumes hier et aujourd’hui.

3. OPC : Orthodox Presbyterian Church.
PCA : Presbyterian Church in America.
CanRC : Canadian Reformed Churches.
RPCNA : Reformed Presbyterian Church in North America.
FCS : Free Church of Scotland.
PCEA : Presbyterian Church of Eastern Australia.