Cette prédication sur Galates 6.1-2 a pour sujet la responsabilité du chrétien de redresser avec douceur son frère ou sa soeur qui pèche pour aider sa restauration. Nous devons porter les fardeaux les uns des autres dans la communion des saints.

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Galates 6 - Redressez-le avec un esprit de douceur

« Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur. […] Portez les fardeaux les uns des autres. »

Galates 6.1-2

  1. Redressez-le avec un esprit de douceur
  2. Portez les fardeaux les uns des autres
  3. N’ayons pas une trop haute opinion de nous-mêmes

« Men anpil chay pa lou. » Proverbe créole qui signifie : « Beaucoup de mains, charge pas lourde » Ou si vous préférez : « L’union fait la force. » C’est une belle devise qui s’harmonise très bien avec le texte biblique qui est devant nous.

Il est facile de parler d’amour de façon générale et abstraite; il est plus difficile de démontrer notre amour les uns pour les autres dans des situations concrètes, pratiques, tangibles. C’est pourquoi l’apôtre Paul développe au chapitre 6 de la lettre aux Galates certaines de ces situations, où il décrit de quelle façon nous devons nous conduire ou ne pas nous conduire envers les autres si nous laissons l’Esprit diriger notre vie dans l’amour de Dieu.

1. Redressez-le avec un esprit de douceur🔗

Au verset 1, nous lisons : « Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que toi aussi, tu ne sois tenté. »

L’homme nouveau, ayant encore en lui des restes de la vieille nature pécheresse, peut être surpris en quelque faute. Cela arrive. Nous sommes des enfants de Dieu, rachetés et habités par l’Esprit de sainteté, oui, mais nous n’en demeurons pas moins aux prises avec notre nature pécheresse. Le fait que nous soyons membres de la famille de Dieu ne nous empêche pas de tomber, de chuter, d’être surpris en quelque faute. L’apôtre Paul est réaliste : les chrétiens ne sont pas parfaits, ils ne sont pas immunisés contre les chutes. Ils font tous, tôt ou tard, un mauvais pas, ils ont des défaillances, ils tombent. Si vous vous croyez immunisés contre tout péché, c’est l’orgueil qui vous étrangle.

Les Canons du Synode de Dordrecht disent :

« Les vrais fidèles, ceux qui sont convertis, peuvent être entraînés par la chair, le monde et Satan à des péchés même graves et horribles, ce que montrent assez les tristes chutes de David, de Pierre et d’autres saints personnages mentionnés dans l’Écriture » (5.4).

Puisqu’il en est ainsi, quand un frère ou une sœur est surpris en quelque faute, qui doit intervenir? Pour faire quoi? Et comment?

Premièrement, qui doit intervenir? Paul dit : « Vous qui êtes spirituels ». Le mot « spirituel » est l’adjectif du mot « Esprit ». Les spirituels, ce sont ceux qui se laissent conduire par l’Esprit. Paul parle ici de ceux qui marchent par l’Esprit et qui sont conduits par l’Esprit, ce qui devrait être le cas de tous les chrétiens.

Deuxièmement, quel est le but de l’intervention de ceux qui sont spirituels à l’égard de la personne qui a succombé à la tentation et commis une faute? Paul dit : « Redressez-le ». Le mot grec signifie réparez-le, guérissez-le, ramenez-le à son ancienne condition de santé ou de vérité, restaurez-le, mettez-le en ordre, rétablissez-le dans sa condition première, dans laquelle il était avant de tomber, remettez-le sur pied. Évidemment, la Parole de Dieu jouera un rôle clé dans ce processus. Rappelons-nous 2 Timothée 3.16 : « Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice. » Les chrétiens spirituels interviennent donc pour redresser le fautif.

Troisièmement, comment redresser? Paul dit : « avec un esprit de douceur ». Le chrétien spirituel est conduit par l’Esprit. Nous voyons dans les versets 22 et 23 du chapitre 5 que le fruit de l’Esprit est douceur. « Redressez-le avec un esprit de douceur. »

L’Esprit Saint peut nous en rendre capables. Laissés à nous-mêmes, nous n’avons pas toujours envie d’y aller avec douceur, particulièrement si la faute de la personne vient bousiller quelque chose dans notre vie. Notre première réaction peut alors être la colère, un esprit de jugement et de condamnation. Nous enrageons, nous pointons du doigt, nous nous livrons à des bavardages malveillants, nous avons envie de mépriser la personne dans notre cœur, parfois même nous allons jusqu’à dire : « Laissons-la mijoter dans son jus! » Toutes ces attitudes sont pécheresses. Il faut les combattre en nous et les vaincre par l’Esprit.

Nous devons chercher à rétablir le fautif en le remettant dans le droit chemin. Écoutez bien comment le réformateur Martin Luther applique cette instruction de Paul : « Courez vers lui, prenez-lui la main, relevez-le, réconfortez-le avec douceur et entourez-le de vos bras comme si vous étiez sa mère. »

La douceur requise naît de la conscience de notre propre faiblesse. C’est ce que Paul écrit dans la deuxième partie du verset 1 : « Prends garde à toi-même, de peur que toi aussi, tu ne sois tenté. » Nous ne devons pas agir envers celui qui est tombé de façon hautaine, avec un sentiment de supériorité, parce que nous savons que la capacité de commettre le péché, quel qu’il soit, se trouve en chacun de nous. Nous ne devons jamais oublier que nous sommes nous-mêmes des pécheurs en besoin continuel de grâce! Tout chrétien peut tomber. Trop souvent, nous regardons les autres de haut lorsqu’ils tombent. Cependant, ce n’est pas ainsi que nous agissons lorsque nous marchons par l’Esprit. Nous voulons alors plutôt aider le pécheur avec la même compassion que nous aimons qui nous soit manifestée quand nous-mêmes nous tombons.

« Que celui qui pense être debout prenne garde de tomber! » (1 Co 10.12). « Soyez sobres. Veillez! Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer; résistez-lui, fermes en la foi » (1 Pi 5.8-9). Personne n’est à l’abri d’une chute. Personne!

Un chrétien qui est tombé dans le péché n’a pas besoin d’être écrasé, il a besoin d’être restauré avec douceur. La bonne chose à faire est de l’aider à confesser ses péchés et à trouver le pardon en Jésus-Christ, et, ensuite, de lui souhaiter à nouveau la bienvenue dans la communion de l’Église.

Parce que nous ne sommes pas tous tentés dans les mêmes domaines que la personne qui est tombée, parfois nous n’avons pas de sympathie pour elle. Nous devons nous rappeler que nos frères et nos sœurs font face à des types de tentations que nous n’aurons peut-être jamais. Le type d’emploi que nous occupons peut être propice à telle tentation plutôt qu’à telle autre. Si, par exemple, vous manipulez de l’argent à longueur de journée dans votre travail, la tentation d’en prendre sera plus forte que si votre travail n’a rien à voir avec la manipulation d’argent.

Aider à nettoyer la vie d’un autre est une tâche très délicate. Il nous faut par-dessus tout éviter tout sentiment de supériorité, sinon nous risquons de faire plus de tort que de bien.

Un jour, un jeune garçon a rapporté des poissons rouges de l’école. Le père a acheté un aquarium usagé. Il a nettoyé scrupuleusement l’aquarium et l’a rempli d’eau fraîche. Puis, il a mis les poissons dans l’aquarium. Après quelques jours, tous les poissons étaient morts. La raison? On lui a expliqué que le savon qu’il avait utilisé pour nettoyer l’aquarium avait empoisonné les poissons! Sans le savoir et sans le vouloir, il avait utilisé un savon mortel. N’utilisez pas le savon mortel des accusations et des condamnations pour essayer de restaurer un frère; ça ne fera pas de bien. Utilisez plutôt la douceur.

2. Portez les fardeaux les uns des autres🔗

Au verset 2, Paul dit : « Portez les fardeaux les uns des autres et vous accomplirez ainsi la loi du Christ. »

Que faisaient les légalistes quand ils surprenaient quelqu’un à pécher? Accusation, condamnation, lapidation! Nous en voyons un exemple en Jean 8, où les Juifs étaient prêts à lapider la femme adultère. Le légaliste est plus dur pour autrui qu’il ne l’est pour lui-même.

Le chrétien conduit par l’Esprit agit tout autrement. Le chrétien conduit par l’Esprit sera plus exigeant envers lui-même qu’envers les autres. Le chrétien conduit par l’Esprit aide les autres à porter leurs fardeaux.

Le légaliste n’aime pas porter des fardeaux. Ça ne l’intéresse pas. Au contraire, il alourdit ceux des autres. L’apôtre Pierre demande aux légalistes en Actes 15.10 : « Pourquoi mettez-vous sur le cou des disciples un joug que nos pères et nous-mêmes nous n’avons pas été capables de porter? » Du temps de Jésus, c’était l’un des péchés des pharisiens. Jésus a dit d’eux :

« Ils accumulent des prescriptions, ils les lient ensemble et en font des fardeaux pesants, puis ils les chargent sur les épaules des autres, mais ils ne bougeraient même pas le petit doigt pour les aider à les porter » (Mt 23.4).

Rien ne révèle mieux l’iniquité du légalisme que la manière dont les légalistes traitent ceux qui ont péché.

Quel contraste avec le chrétien rempli de l’Esprit qui, lui, aide les autres à porter leurs fardeaux! Mais de quels fardeaux s’agit-il au juste? Une tentation oppressante et persistante est un des fardeaux les plus pesants qui soient pour un chrétien. Prier avec et pour quelqu’un qui vit un tel combat est une manière concrète et pratique de porter les fardeaux les uns des autres.

Les fardeaux dont Paul parle ici représentent toutes sortes de problèmes et de difficultés. Être surpris dans un péché est un gros fardeau, mais il y en a bien d’autres, par exemple la peine, les inquiétudes, le doute, l’échec, la pauvreté, la solitude, la maladie, les difficultés financières, la dépression, les tentations, un mal physique, un désordre mental, une crise familiale, une période de chômage, une oppression démoniaque, les fragilités, les infirmités, les faiblesses de toutes sortes.

Nous avons tous des fardeaux et Dieu ne désire pas que nous les portions seuls. Certains essaient de les porter seuls; ils pensent que c’est un signe de courage de ne pas importuner les autres avec leurs fardeaux. Une telle attitude n’est pas chrétienne. Cette autosuffisance est de l’orgueil.

Quelqu’un pourrait objecter ici en disant : « Jésus a dit : « Venez à moi vous tous qui êtes fatigués de porter un lourd fardeau et je vous donnerai du repos » (Mt 11.28). Il faudrait donc aller à Jésus avec nos fardeaux et non pas vers les autres. Le Seigneur est parfaitement capable de porter tous nos fardeaux; ce serait un signe de faiblesse que de rechercher une aide humaine. »

Attention! Oui, bien sûr, notre plus grand fardeau — le fardeau de notre péché et de notre culpabilité — est un fardeau que seul le Fils de Dieu a pu porter. Il l’a fait à la croix. Là se trouvent notre salut, notre paix et notre repos. On pourrait alors se dire : « Puisque Dieu a porté le plus grand fardeau qui soit, il est sûrement en mesure de porter nos fardeaux plus légers. Dieu a les épaules assez larges pour porter tous les fardeaux. »

Ceci étant dit, il reste que, souvent, la façon dont le Seigneur nous décharge de nos autres fardeaux, c’est en envoyant un frère ou une sœur dans la foi pour nous aider.

Un exemple frappant de ce principe nous est donné dans le ministère de l’apôtre Paul lui-même. À un stade de sa vie, Paul était accablé d’un lourd fardeau. Il était terriblement inquiet concernant l’Église de Corinthe, en particulier concernant leur réaction à une lettre qu’il leur avait écrite. En proie à l’anxiété, son esprit ne connaissait aucun repos. Il écrit : « Nous avons connu toutes sortes de détresses, conflits au-dehors, craintes au-dedans. Mais Dieu, qui réconforte ceux qui sont abattus, nous a réconfortés par l’arrivée de Tite » (2 Co 7.5-6). Vous voyez : la consolation divine n’a pas été accordée à Paul par le fait qu’il ait prié tout seul dans son coin, mais au moyen de la présence d’un frère qui lui a apporté de la consolation.

La compassion des frères et des sœurs qui aident à porter les fardeaux les uns des autres fait partie du bon plan de Dieu pour son peuple. « Un frère est là pour aider dans la détresse » (Pr 17.7).

En portant les fardeaux les uns des autres, écrit Paul au verset 2, nous accomplissons la loi du Christ. Paul vise discrètement les judaïsants. Les judaïsants cherchaient à imposer aux Galates le fardeau de l’observance de la loi dans le but d’être acceptés par Dieu. Paul indique qu’au lieu d’imposer aux autres le fardeau de la loi, ils feraient mieux de les aider à porter leurs fardeaux et ainsi accomplir la loi du Christ.

La loi du Christ consiste à s’aimer les uns les autres comme il nous aime (Jn 13.34; 15.12). S’aimer les uns les autres nous conduit, non pas nécessairement à des actes d’abnégation héroïques, mais au ministère humainement banal et peu spectaculaire qui consiste à porter les fardeaux les uns des autres, un ministère extrêmement important.

3. N’ayons pas une trop haute opinion de nous-mêmes🔗

Pour conclure, Paul dit aux versets 3 à 5 :

« Si quelqu’un pense être quelque chose, alors qu’il n’est rien, il s’illusionne lui-même. Que chacun examine son œuvre propre et alors il trouvera en lui seul, et non dans les autres, le sujet de se glorifier, car chacun portera sa propre charge. »

Ce verset semble indiquer que, si nous ne voulons pas porter les fardeaux les uns des autres, c’est parce que nous avons une trop haute opinion de nous-mêmes. Nous ne voulons pas nous abaisser à un tel acte; ce serait indigne de nous. Mais nous voir de cette façon revient à nous tromper nous-mêmes. En vérité, nous ne sommes nullement des personnes d’exception, mais au contraire, nous ne sommes rien du tout. Cette affirmation est-elle exagérée? Non, car le Saint-Esprit a ouvert nos yeux pour que nous nous voyions tels que nous sommes : des rebelles envers Dieu qui nous a créés à son image, ne méritant de sa part rien d’autre que le châtiment éternel. Quand nous réalisons ce fait et le gardons à l’esprit, alors nous cessons tout de suite de penser que nous sommes meilleurs que les autres, que nous sommes le numéro 1, et nous ne refusons pas de les servir ni de porter leurs fardeaux. Descendons de notre piédestal et reconnaissons que nous ne sommes pas meilleurs que ceux que nous aidons.

Le fameux boxeur Mohamed Ali a un jour refusé de boucler sa ceinture dans un avion. Il a dit : « Superman n’a pas besoin de s’attacher dans un avion. » L’hôtesse de l’air a répondu : « Superman n’a pas besoin d’avion! »

L’importance de soi est détestable chez quiconque, mais chez le croyant, elle est un véritable reniement de l’Évangile. Il est certain que l’enseignement légaliste des judaïsants, qui donne de l’importance aux œuvres de l’homme, est un sol fertile pour la croissance de la justice de soi.

Quand nous sommes chrétiens, rachetés par Dieu grâce à l’œuvre de Jésus-Christ, nous ne nous comparons pas aux autres, comme Paul dit aux versets 4 et 5. Personne ne mérite une seule goutte de louange. Toute la gloire revient au Seigneur seul.

C’est facile de trouver quelqu’un de plus mauvais que soi, de telle sorte que notre comparaison nous fasse paraître meilleur que nous ne sommes en réalité. L’amour chrétien nous incite à ne pas mettre en lumière les défauts et les faiblesses des autres, même si cela devait nous faire paraître meilleurs.

« Chacun portera sa propre charge », dit Paul. Il n’y a pas de contradiction entre le verset 2 et le verset 6. Nous devons porter les fardeaux des autres lorsqu’ils sont trop lourds à porter pour une seule personne. En revanche, il existe une charge que nous ne pouvons pas partager : notre responsabilité envers Dieu au jour du jugement. En ce jour-là, vous ne pourrez pas porter ma charge et je ne pourrai pas porter la vôtre. Chacun aura à répondre pour lui-même de ses propres actions. Chacun sera jugé d’après ce qui sera trouvé être en lui-même et non pas d’après ce qu’il sera en comparaison des autres. Chacun rendra compte à Dieu pour lui-même.

En conclusion, dans ce passage, nous avons la réponse du Nouveau Testament à la question irresponsable de Caïn : « Suis-je le gardien de mon frère, moi? » (Gn 4.9) Si quelqu’un est mon frère, oui, je suis son gardien! Je dois veiller sur lui par amour et me sentir concerné par son bien-être. Je ne dois ni affirmer ma supériorité imaginaire sur lui et le provoquer, ni éprouver de l’amertume à cause de sa supériorité par rapport à moi et l’envier. Au contraire, je dois l’aimer et le servir. S’il est accablé de lourds fardeaux, je dois l’aider à porter ses fardeaux. S’il tombe dans le péché, je dois chercher à le ramener avec douceur. C’est ainsi que la loi d’amour du Christ est accomplie.

« Men anpil chay pa lou. » « Beaucoup de mains, charge pas lourde. » Amen!