Cet article sur Hébreux 13.7-16 a pour sujet la continuité de la foi des croyants des générations passées, rompue par les enseignements étrangers à l'Évangile, mais qui fonde une vraie adoration ancrée dans la foi transmise une fois pour toute.

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Hébreux 13 - Foi et adoration

« Souvenez-vous de vos anciens conducteurs qui vous ont annoncé la Parole de Dieu. Considérez l’aboutissement de toute leur vie et imitez leur foi. Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui, et pour toujours. Ne vous laissez pas entraîner par toutes sortes de doctrines qui sont étrangères à notre foi. Ce qui est bien, en effet, c’est que notre cœur soit affermi par la grâce divine et non par des règles relatives à des aliments. Ces règles n’ont jamais profité à ceux qui les suivent. Nous avons un autel, mais les prêtres qui servent dans le sanctuaire n’ont pas le droit de manger ce qui y est offert. En effet, le sang des animaux offerts en sacrifice pour le péché est apporté dans le sanctuaire par le grand-prêtre, mais leurs corps sont brûlés en dehors du camp. C’est pourquoi Jésus lui aussi, est mort en dehors de la ville pour purifier le peuple par son propre sang. Allons donc à lui en sortant du camp, et acceptons d’être méprisés comme lui, car, ici-bas, nous n’avons pas de demeure permanente : c’est la cité à venir que nous recherchons. Par Jésus, offrons donc en tout temps à Dieu un sacrifice qui consiste à célébrer son nom. Ne négligez pas de pratiquer la bienfaisance et l’entraide : voilà les sacrifices auxquels Dieu prend plaisir. »

Hébreux 13.7-16

  1. Le témoignage de la foi des croyants du passé (Hé 13.7)
  2. Des enseignements étrangers à l’Évangile (Hé 13.9-12)
  3. Une véritable adoration de Dieu (Hé 13.13-16)

Un ancrage solide dans la foi qui a été transmise de génération en génération, et une véritable adoration du Dieu vivant, voilà deux aspects indissociables qui doivent être vécus ensemble. Je voudrais vous parler de ces deux aspects de la foi chrétienne à la lumière d’un texte particulier du Nouveau Testament, le chapitre 13 de la lettre aux Hébreux.

1. Le témoignage de la foi des croyants du passé (Hé 13.7)🔗

Reprenons ensemble les différentes sections de ce passage en commençant par le verset 7 : « Souvenez-vous de vos anciens conducteurs qui vous ont annoncé la Parole de Dieu. Considérez l’aboutissement de toute leur vie et imitez leur foi. » Le thème des croyants qui nous ont précédés et laissé un héritage de foi est courant dans le Nouveau Testament. Il se réfère en particulier aux apôtres que Jésus a envoyés pour annoncer l’Évangile. Il s’agit à la fois de leurs paroles et de l’exemple qu’ils ont laissés. Dans bien des cas, cela signifie qu’ils n’ont pas hésité à renoncer à leur propre vie pour la cause de leur Roi et Sauveur Jésus-Christ.

Pensez par exemple au disciple Jacques, le frère de l’évangéliste Jean, qui a été mis à mort vers l’an 44 de notre ère par le roi Hérode Agrippa, comme on le lit au chapitre 12 du livre des Actes des apôtres. Un peu auparavant dans la lettre aux Hébreux, l’auteur a conclu par ces mots un long passage sur les témoins de la foi, depuis Abel, tué par son frère Caïn :

« C’est pourquoi, nous aussi qui sommes entourés d’une telle foule de témoins, débarrassons-nous de tout fardeau, et du péché qui nous cerne si facilement de tous côtés, et courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée. Gardons les yeux fixés sur Jésus, qui nous a ouvert le chemin de la foi et qui la porte à la perfection » (Hé 12.1-2).

Tout le chapitre 11 concernant les héros de la foi dans l’Ancien Testament a eu pour but de fortifier les lecteurs dans l’ancrage de leur foi et de leur espérance en Jésus-Christ. Du reste déjà dans l’Ancien Testament, le peuple d’Israël se voit enjoint de prêter attention aux paroles qui ont été prononcées dans le passé par un dirigeant spirituel, en particulier Moïse.

Alors quelle est la place, dans la vie des croyants, de ceux qui nous ont précédés dans la foi et de l’exemple qu’ils ont laissé? Voyez-vous, Dieu rassemble pour lui un peuple au cours des siècles. À travers l’histoire, il adresse sa parole à un peuple particulier, Israël. Ensuite, à un moment de l’histoire humaine qu’il a déterminé de toute éternité, il envoie dans une chair semblable à la nôtre son Fils éternel, qui appartient lui aussi au peuple d’Israël puisqu’il est descendant du roi David. À travers l’histoire de l’Église, en commençant par les apôtres, Dieu envoie des messagers, des serviteurs, des dirigeants à son peuple. Il y a une continuité dans son plan de salut pour les hommes, et cette continuité doit être saisie, gardée et retransmise par chaque génération de croyants.

Voilà donc pourquoi la Bible commande de nous souvenir de nos anciens conducteurs qui nous ont annoncé la Parole de Dieu et de suivre l’exemple qu’ils nous ont laissé. Nous vivons dans une communion fraternelle avec eux, dans des liens œcuméniques, si vous voulez, pas seulement avec la génération présente des croyants. Un jour, nous serons réunis avec eux dans le royaume éternel de Dieu, et nous gouvernerons la terre avec eux, c’est la promesse faite par Jésus à ses disciples.

Très souvent, de nos jours, on cherche à oublier l’héritage précieux du passé, comme s’il n’avait aucune importance. On se soucie tant du présent et du futur qu’on pense que les générations passées n’ont rien à nous transmettre. Mais si vous considérez les grands textes que l’Église a produits et qui expriment sa foi, ils nous viennent de très loin dans l’histoire. Par exemple, le Symbole des apôtres, qui est utilisé comme confession de foi par tant de chrétiens par le monde, date du premier millénaire après Jésus-Christ. Le fait qu’il soit une confession de foi exprimée universellement encore aujourd’hui montre bien que l’héritage de nos conducteurs dans la foi a de l’importance pour nous.

Souvenons-nous que l’Église, qui est le corps spirituel du Christ, est composée de toutes les générations de croyants depuis le premier couple humain, Adam et Ève. Or, ce corps vit de la même source : Jésus-Christ seulement! La promesse originelle adressée au premier couple humain, selon laquelle leur ennemi — le serpent, qui les avait induits dans la tentation et fait chuter — serait un jour totalement défait, sa tête étant écrasée par la descendance de la femme, cette promesse est adressée à toutes les générations de croyants, notre génération présente y compris. Le combat contre le serpent dure toujours, même si nous savons qu’au moment de la crucifixion de Jésus à Golgotha, il a été mortellement blessé, puisque Dieu était justement en train d’opérer le salut de ses élus par le sacrifice volontaire de son Fils unique.

Il y a donc une unité de toutes les générations de croyants dans la même foi et dans la même espérance, celle du salut provenant exclusivement de Dieu. C’est d’ailleurs ce qui fait dire à l’apôtre Paul, au quatrième chapitre de sa lettre aux Éphésiens :

« Il y a un seul corps et un seul Esprit; de même, Dieu vous a appelés à une seule espérance lorsqu’il vous a fait venir à lui. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous qui règne sur tous qui agit par tous et qui est en tous » (Ép 4.4-6).

Notre ancrage dans la foi est donc caractérisé par notre participation à un même corps auquel ceux qui nous ont précédés dans la foi appartiennent eux aussi.

Ce qui a été dit au verset 7 du chapitre 13 de la lettre aux Hébreux repose sur un fondement que nous ne devons jamais oublier : Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui, et pour toujours. C’est ce que dit immédiatement après le verset 8. Jésus-Christ ne change pas selon les circonstances historiques, les modes, les idéologies du moment. Il demeure le même pour toute éternité. Comme je viens de le dire, c’est en lui que sont sauvées toutes les générations de croyants du passé depuis Adam et Ève, c’est en lui qu’elles sont unies en un même corps vivant.

Il arrive souvent aujourd’hui qu’on tente de reconstruire une image de Jésus qui est plus une figure mythique que le Jésus des Évangiles, une image adaptée aux idées du moment. On dit facilement qu’il faut adapter le message de la croix à chaque contexte, à chaque situation, pour le rendre plus vivant, plus actuel. Mais l’Écriture sainte, la Parole vivante de Dieu, n’a pas à être adaptée, elle doit simplement être appliquée avec discernement à chaque contexte, afin d’apporter sur chaque situation particulière la lumière de l’Évangile. Et dans cette optique, les croyants ont beaucoup à apprendre de l’exemple qu’ont laissé les générations passées de chrétiens qui ont été fidèles à la Parole divine révélée en Jésus-Christ. Comment ont-ils vécu l’Évangile, comment ont-ils persévéré, à quel genre d’épreuves ont-ils été soumis? Tout cela permet de se réjouir dans la continuité de la ligne que Dieu trace pour le peuple de son alliance, et dans l’unité de son plan de salut. Ce plan de salut trouve sa source et son but uniquement dans la personne de Jésus-Christ qui et le même hier, aujourd’hui et pour toujours. Car, comme nous l’avons lu au chapitre précédent de la lettre aux Hébreux, c’est lui qui nous a ouvert le chemin de la foi et qui la porte à la perfection.

2. Des enseignements étrangers à l’Évangile (Hé 13.9-12)🔗

Nous avons insisté jusqu’à maintenant sur l’unité qui caractérise toutes les générations de croyants depuis les origines jusqu’à aujourd’hui, unité qui trouve sa source et son aboutissement en la personne de Jésus-Christ seulement. Car il est le même hier, aujourd’hui et pour toujours. Il y a donc une continuité manifeste dans le plan de salut de Dieu pour l’humanité, et cette continuité est fondée en la personne de Jésus-Christ. Mais la continuité peut hélas! être remplacée par une discontinuité lorsque des enseignements étrangers viennent se mêler ou même remplacer l’enseignement transmis une fois pour toutes aux croyants. Et c’est ce que les versets 9 à 12 de notre texte nous signalent, sous forme d’avertissement très sérieux. Une telle discontinuité brise l’unité du corps du Christ. Elle nous met en porte à faux avec la tête du corps — Jésus-Christ lui-même — et avec son corps, qui comprend naturellement les générations de croyants du passé qui nous ont transmis la Parole de Dieu.

C’est d’ailleurs un thème qui se trouve adressé dans d’autres passages du Nouveau Testament. Pour l’illustrer, je voudrais vous citer deux autres passages, l’un tiré de la seconde lettre de Pierre, et l’autre de la lettre de Jude. Dans tous les deux, on voit qu’il y a un rapport entre l’ancrage dans la foi qui a été transmise par les apôtres, l’éloignement par rapport à cet ancrage en raison de doctrines étrangères à la foi, et le caractère éternel de Dieu. Voici ce que Pierre écrit à ses correspondants :

« Mes chers amis, voici déjà la deuxième lettre que je vous écris; dans l’une comme dans l’autre, je cherche à stimuler en vous une saine manière de penser en vous rappelant l’enseignement que vous avez reçu. Souvenez-vous en effet des paroles dites autrefois par les saints prophètes, ainsi que du commandement du Seigneur et Sauveur que vos apôtres vous ont transmis. Sachez tout d’abord que, dans les derniers jours, des moqueurs viendront, qui vivront au gré de leur propre désir. Ils tourneront votre foi en ridicule en disant : Eh bien, il a promis de venir, mais c’est pour quand? Nos ancêtres sont morts et depuis que le monde est monde, rien n’a changé! » (2 Pi 3.1-4).

Les moqueurs tournent en dérision la continuité du plan divin de salut et en particulier la promesse du retour du Christ. Mais que répond l’auteur à cela? Au verset 8, il dit ceci :

« Mais il y a un fait que vous ne devez pas oublier, mes chers amis : c’est que, pour le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour » (2 Pi 3.8). Cette réponse de Pierre n’est-elle pas dans la même veine que ce que nous dit la lettre aux Hébreux? « Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et éternellement » (Hé 13.8).

Dans la courte lettre de Jude, qui est l’avant-dernier livre du Nouveau Testament, nous lisons également ceci :

« Mais vous mes chers amis, rappelez-vous ce que les apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ ont prédit. Ils vous disaient : À la fin des temps viendront des gens qui se moqueront de Dieu, qui vivront au gré des désirs que leur inspire leur révolte contre Dieu » (Jude 1.17-18).

Eh bien! Il s’agit de ces gens-là! Ils sont livrés à eux-mêmes et n’ont pas l’Esprit de Dieu. Mais vous, mes chers amis, bâtissez votre vie sur le fondement de votre foi très sainte. Priez par le Saint-Esprit. Maintenez-vous dans l’amour de Dieu en attendant que notre Seigneur Jésus-Christ, dans sa bonté, vous accorde la vie éternelle. On retrouve des avertissements similaires dans bien des lettres de l’apôtre Paul, en particulier dans ses deux lettres à Timothée.

Mais, pour revenir à Hébreux 13.9-12, à quels enseignements étrangers avons-nous affaire? Il s’agit ici d’une doctrine qui place l’accent sur des règles alimentaires strictes liées aux sacrifices d’animaux selon les rites de l’Ancien Testament; comme si Jésus-Christ n’avait pas amené tout cela à sa perfection sur l’autel de la croix. Ces gens soutiennent qu’en fait ce sont eux qui maintiennent la continuité de la religion de l’Ancien Testament, en insistant sur le maintien de certaines pratiques rituelles. Mais en fait, ils nient la valeur du sacrifice parfait accompli par Jésus sur la croix, et le fait qu’en lui Dieu a manifesté pleinement sa grâce. Ils veulent s’en tenir aux sacrifices qui avaient cours du temps du tabernacle, alors que ce n’était qu’une ombre, un signe précurseur de l’offrande de Jésus sur la croix qui allait tout parfaitement accomplir. En cela, ils nient la continuité de la révélation divine qui trouve son origine, son but et son accomplissement exclusivement en Jésus-Christ. Par leur insistance sur des rites qui ont trouvé leur fin lorsque le signe a fait place à la réalité de l’œuvre du Christ, ils rejettent donc complètement l’enseignement de la grâce.

Et c’est ce que dit l’auteur aux versets 9 et 10 :

« Ce qui est bien, en effet, c’est que notre cœur soit affermi par la grâce divine et non par des règles relatives à des aliments. Ces règles n’ont jamais profité à ceux qui les suivent. Nous avons un autel, mais les prêtres qui servent dans le sanctuaire n’ont pas le droit de manger ce qui y est offert. »

De quel autel parle donc l’auteur au verset 10? De l’autel de la croix, bien sûr. Jésus a été crucifié en dehors du Temple, où se déroulaient les sacrifices d’animaux, et même en dehors de la ville de Jérusalem, sur la colline de Golgotha. Cela a eu lieu afin qu’aucun sacrifice d’animaux dans la ville et dans le Temple ne soit désormais nécessaire. Car c’est en effet en dehors de la ville que Jésus a été totalement abandonné de son Père, exclu, banni, afin de porter sur lui les péchés du monde, comme le bouc émissaire rejeté de son peuple. C’est par ce sacrifice offert en dehors de la ville que le salut des croyants a été effectué.

Ceux qui ne veulent pas venir en dehors de la ville pour être mis au bénéfice de ce sacrifice-là, ceux qui continuent d’insister sur les rituels et les pratiques alimentaires liées au service du Temple et à ses sacrifices d’animaux, ceux-là n’ont pas accès à l’autel de la croix et ne sont donc pas au bénéfice de la grâce divine. Car ces gens disent en fait qu’ils sont en état d’offrir par eux-mêmes les sacrifices nécessaires à l’expiation des péchés et d’accomplir leur propre purification. Ils prétendent le faire par leurs propres moyens. Ils ne reconnaissent donc pas que, sur la croix, Jésus a été à la fois le Sacrificateur ultime (puisqu’il s’est offert volontairement) et l’Agneau parfait de Dieu, la victime sans tache qui seule pouvait être offerte en rançon. C’est dans ce sens qu’il faut donc comprendre les paroles suivantes : « Nous avons un autel, mais les prêtres qui servent dans le sanctuaire n’ont pas le droit de manger ce qui y est offert. » La vie, en effet, nous vient de Jésus-Christ seulement, nous vivons d’un aliment spirituel qui est le don de son corps, et nous buvons à une seule source, qui est le sang qu’il a versé pour nous sur la croix. C’est d’ailleurs le sens des signes du pain et du vin qu’il offre lui-même lors du repas de la sainte Cène.

3. Une véritable adoration de Dieu (Hé 13.13-16)🔗

Cette étude nous a conduits à estimer la valeur du témoignage de foi laissé par les générations passées de croyants. Elle nous a aussi fait voir comment la continuité de la foi transmise au cours des générations au sein du peuple de l’alliance de Dieu peut malheureusement laisser la place à une discontinuité destructrice lorsque des enseignements qui minent l’Évangile à sa racine s’infiltrent dans la vie et les pratiques des croyants.

À partir de là, l’auteur de la lettre aux Hébreux va montrer à ses lecteurs ce qu’est une vraie adoration ancrée dans la foi transmise par les conducteurs fidèles du passé, et qui ne s’en laisse pas détourner. Il revient sur un passage de sa lettre qui a trait en particulier à un couple de croyants du passé : Abraham et Sara. Au chapitre 11, il a écrit ce qui suit à leur propos :

« C’est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises, mais ils les ont vues et saluées de loin, en confessant qu’ils étaient étrangers et résidents temporaires sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu’ils cherchent une patrie. Et s’ils avaient eu la nostalgie de celle qu’ils avaient quittée, ils auraient eu l’occasion d’y retourner. Mais en réalité, ils aspirent à une patrie meilleure, c’est-à-dire céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu; car il leur a préparé une cité » (Hé 11.13-16).

Le thème de la cité vers laquelle les croyants sont en route est donc repris au cours du chapitre 13, en fait il fait l’objet des versets 13 à 16 du passage sur lequel nous nous penchons. De même que Jésus est mort en dehors de la cité de Jérusalem, sur l’autel de la croix, de même nous devons spirituellement nous y rendre, afin d’entreprendre notre pèlerinage vers notre demeure éternelle. Celle-ci n’est bien sûr pas la ville de Jérusalem, à propos de laquelle se disputent continuellement des peuples ennemis aujourd’hui, mais la nouvelle Jérusalem qui descendra du ciel avec la venue en gloire du Seigneur Jésus-Christ. Il s’agit de rien de moins que des nouveaux cieux et de la nouvelle terre!

Donc ce pèlerinage trouve son point de départ à Golgotha, là où Jésus a offert son propre corps en sacrifice parfait. Il s’agit d’un chemin de pèlerinage qui comprend bien des épreuves, sur les traces du Seigneur Jésus-Christ. Le livre bien connu de l’auteur anglais John Bunyan, intitulé Le Voyage du Pèlerin, décrit de manière frappante ce chemin et les épreuves qu’on y rencontre. Ce pèlerinage est un voyage durant lequel une autre offrande que des sacrifices d’animaux est requise : celle de notre vie tout entière dédiée et consacrée à Dieu. Les versets 15 et 16 nomment les deux éléments centraux de cette offrande : la louange qui doit être apportée à Dieu par des lèvres qui confessent son nom, qui le reconnaissent en public pour qui il est; et la bienfaisance et l’entraide. En d’autres termes : une confession qui aboutit à des œuvres bonnes.

Comme le déclare clairement le livre suivant dans le Nouveau Testament, à savoir la lettre de Jacques, en continuité avec celle aux Hébreux qui la précède : nos lèvres ne doivent pas dire du mal des autres, mais plutôt, nous devons travailler à aider ceux qui sont dans le besoin.

« Si quelqu’un croit être religieux, alors qu’il ne sait pas tenir sa langue en bride, il s’illusionne lui-même : sa religion ne vaut rien. La religion authentique et pure aux yeux de Dieu, le Père, consiste à aider les orphelins et les veuves dans leurs détresses et à ne pas se laisser corrompre par ce monde » (Jc 1.26-27).

Cette religion authentique et pure dont parle Jacques se situe en fait en droite ligne de ce que Dieu demande de son peuple dans l’Ancien Testament. Il y a là encore parfaite continuité dans la révélation de Dieu. Au Psaume 50, nous entendons le Dieu d’Israël qui se présente contre son peuple pour lui reprocher la fausse religion qu’il exerce en se croyant juste et sans reproche, parce qu’il lui offre de nombreux sacrifices d’animaux. Et pendant ce temps, ce même peuple désobéit aux prescriptions de justice contenues dans la loi divine, il n’accomplit pas le bien. Mais Dieu demeure un Dieu de grâce dont on peut invoquer le nom au moment de la détresse, car il répondra favorablement à tous ceux qui l’invoquent d’un cœur pur.

Je vous cite, en conclusion, une partie du Psaume 50, qui nous montre donc la continuité de l’enseignement de la Bible sur ce qu’est la véritable adoration de Dieu, celle qu’il réclame de son peuple :

« Écoute, mon peuple! Et je parlerai, Israël! Et je témoignerai contre toi. Je suis Dieu, ton Dieu. Ce n’est pas pour tes sacrifices que je te fais des reproches. Tes holocaustes sont constamment devant moi. Je ne prendrai pas un taureau de ta maison ni des boucs de ta bergerie. Car tous les animaux de la forêt sont à moi, toutes les bêtes des montagnes par milliers; je connais tous les oiseaux des montagnes, et tout ce qui se meut dans les champs m’appartient. Si j’avais faim, je ne te le dirais pas, car le monde est à moi, et tout ce qui le remplit. Est-ce que je mange la chair des taureaux? Est-ce que je bois le sang des boucs? En sacrifice à Dieu, offre la reconnaissance, accomplis tes vœux envers le Très-Haut, invoque-moi au jour de la détresse; je te délivrerai, et tu me glorifieras. Et Dieu dit au méchant : Quoi donc! Tu énumères mes prescriptions, et tu as mon alliance à la bouche, toi qui détestes l’instruction, et qui jettes mes paroles derrière toi! Si tu vois un voleur, tu te plais avec lui, et ta part est avec les adultères. Tu livres ta bouche au mal, et ta langue tisse la tromperie. Tu t’assieds et tu parles contre ton frère, tu diffames le fils de ta mère. Voilà ce que tu as fait et je me suis tu. Tu t’es imaginé que j’étais comme toi, mais je vais te faire des reproches et tout mettre sous tes yeux. Comprenez donc cela, vous qui oubliez Dieu, de peur que je ne déchire, sans que personne ne délivre. Celui qui, en sacrifice, offre la reconnaissance me glorifie, et à celui qui veille sur sa voie je ferai contempler le salut de Dieu. »