Cet article a pour sujet le bouddhisme qui prétend résoudre le problème de la souffrance, mais ne peut procurer une paix véritable. Il s'est répandu dans toute l'Asie et a du succès en Occident, tout en subissant l'influence du christianisme.

Source: Discerner les esprits. 4 pages.

Introduction au bouddhisme

  1. L’intérêt occidental envers le bouddhisme
  2. Le renouveau bouddhiste

1. L’intérêt occidental envers le bouddhisme🔗

En face de nous, des gens bien sympathiques et même tout à fait éveillés nous interpellent : « Qu’ai-je besoin de devenir chrétien? Ne peut-on pas aussi être bouddhiste ou musulman? » Ils sont des milliers. Ils nous interpellent. Non seulement dans des tête-à-tête, mais encore dans la grande presse, dans les ouvrages de religions comparées, sur le petit écran, dans les débats publics. Ils nous montrent la vie religieuse en Inde; ces gens-là se tromperaient-ils? Aussi, c’est par des milliers qu’ils se convertissent à ces religions exotiques de l’Extrême-Orient ou encore à telle religion monothéiste du Moyen-Orient…

En France, par exemple, selon les statistiques, les adeptes de ces religions non chrétiennes dépassent le nombre des protestants! En Europe, les cercles où l’on préconise et souhaite l’amalgame du christianisme et du bouddhisme prennent de l’importance, de même que se multiplient parmi nous les hommes qui ne parlent plus d’une connaissance comparée, mais syncrétiste des religions. On entend par là que les différentes religions, y compris le christianisme, devraient être considérées comme formant un ensemble.

Mais il y a davantage; il y a la répudiation pure et simple de la foi chrétienne, vingt fois séculaire en Occident.

Le Concile Vatican II parlait du bouddhisme dans les termes suivants :

« Dans le bouddhisme, selon ses formes variées, l’insuffisance radicale de ce monde changeant est reconnue et on enseigne une voie par laquelle les hommes, avec un cœur dévot et confiant, pourront soit acquérir l’état de libération parfaite, soit atteindre l’illumination suprême par leurs propres efforts ou par un secours venu d’en haut.1 »

Un ancien évêque de Rome (Jean-Paul II), s’adressant aux responsables bouddhistes et confucéens de Corée, faisait la déclaration suivante :

« L’Église catholique cherche à entrer en dialogue fraternel avec toutes les grandes religions qui ont guidé l’humanité à travers l’histoire. Plus que jamais, les religions ont un rôle vital à jouer dans une société en rapide évolution comme celle de la Corée. […]
Le profond respect pour la vie et la nature, la recherche de la vérité et de l’harmonie, le renoncement à soi-même et la compassion, l’effort incessant pour se transcender : voilà quelques-unes des nobles caractéristiques de votre tradition spirituelle qui a guidé et continue à guider la nation et le peuple au port de la paix, malgré les périodes de turbulences.
Notre diversité de croyance religieuse et morale est pour nous tous une invitation à cultiver un véritable dialogue fraternel et à avoir en particulier estime à ce que tous les êtres humains ont en commun. Un tel effort de concorde créera certainement un climat de paix dans lequel pourront fleurir la justice et la compassion.
Quand l’Église catholique proclame Jésus-Christ et entre en dialogue avec d’autres croyants d’autres religions, elle le fait pour témoigner de son amour pour tous les hommes de tous les temps. C’est dans cet esprit que l’Église catholique cherche à promouvoir une communauté de vues plus profonde entre tous les peuples et les religions » (Séoul, 6 mai 1984).

En Occident, le succès récent du bouddhisme s’explique largement par son immense potentiel d’adaptation. Il s’agit d’une doctrine plus spécifiquement de l’école de mahayana, une capacité du bouddhisme d’adapter son enseignement aux conditions culturelles et psychologiques des hommes. En termes modernes, on peut parler de contextualisation du bouddhisme, de son acculturation moderne. Il ne cherche pas, affirme-t-il, à remplacer les religions existantes qu’il rencontre à son passage, mais plus modestement (?) à les modifier par sa méthode du Dharma (enseignement, vérité) et à se considérer alors en position de supériorité par rapport à elles. (C’est une modestie dont on semble bien fier!). Ce n’est pas très souvent qu’il a pu tenir ce contrôle, mais cette adaptabilité et son potentiel à se développer expliquent l’énorme variété qui rend toute définition précise impossible.

Le bouddhisme se réfugie dans les trois joyaux (triratna) que sont le Bouddha, le Dharma et le Sangha (l’ordre). Il est à peine nécessaire d’ajouter que les interprétations émotionnelles et doctrinales sont extrêmement variées. Ainsi on peut diviser le bouddhisme en trois formes principales : le theravada, le mahayana et le bouddhisme lamaïste (au Tibet et en Mongolie).

Le rôle principal d’un Sangha consiste à enseigner la doctrine. Il administre également les temples, foyers de piété populaire. Quel est le contenu de l’enseignement? Sous une forme ou une autre, le système bouddhiste s’imposa à des millions de personnes du continent le plus peuplé de la planète. Comment expliquer un tel succès? C’est en admettant que le bouddhisme s’occupe d’un problème humain réel et universel : celui de la peine et de la souffrance. Là où les hommes ignorent Jésus-Christ, le bouddhisme prétend offrir l’explication et l’interprétation de ce problème. Il prétend fournir à l’âme une paix certaine. Pourtant, les mêmes souffrances et angoisses ressenties par des millions d’Asiatiques sont celles que ressentent des millions de gens sur l’hémisphère occidental.

Sa force semble apparemment résider en la promesse de relever et d’affranchir l’homme de ses infinies misères. Hélas, ce n’est là qu’une promesse sans garantie et, en fait, elle n’apporte que pure désillusion.

En dépit de ses aspects séduisants, le bouddhisme paraît comme un faux système de délivrance qui ne tient pas ses promesses. Car il s’occupe d’un faux problème, celui de la souffrance, au lieu de se pencher sur le mal en tant que péché, en tant que rébellion éthique et, par là, cause réelle de souffrance. La foi chrétienne pense au salut par rapport au péché; le bouddhisme, lui, promet le soulagement de la peine. Notons aussi que le bouddhisme n’a pas d’idée véritablement claire ni même vraie de Dieu. Or, sans connaître le Dieu vrai, nul ne peut prétendre acquérir une paix vraie et durable. Ainsi que l’a écrit le grand Augustin : « Seigneur tu nous as créés pour toi, et nos cœurs sont inquiets à moins de se reposer en toi. »

Il faudra dire que, dans sa forme originelle, le bouddhisme est une psychologie athée, mais dans ses développements ultérieurs, il est devenu polythéiste et idolâtre au-delà de toute attente.

2. Le renouveau bouddhiste🔗

Le renouveau bouddhiste est un aspect très important dans la vie de l’Asie nouvelle. Hormis le christianisme, le bouddhisme, sous telle ou telle forme, a été la seule religion qui s’est répandue dans toute l’Asie. Il prétend en être la lumière, « la lumière de l’Asie ». Aussitôt que le Ceylan a recouvré son indépendance, pour s’appeler ensuite le Sri Lanka, le bouddhisme s’y est solidement implanté et propagé. On peut le considérer comme le foyer même du bouddhisme orthodoxe moderne. Il est fondamentalement athée, contrairement au bouddhisme tibétain ou japonais. De même que le communisme prêche un matérialisme athée, le bouddhisme sri lankais prêche un moralisme sans Dieu.

Si l’on regardait à ce renouveau superficiellement, on pourrait conclure hâtivement que l’Évangile chrétien a connu l’échec dans ces îles de l’Est asiatique. Cependant, une vraie connaissance du bouddhisme révélera l’influence profonde de la foi chrétienne; c’est elle qui en explique le réveil actuel. Le levain de l’Évangile a pénétré et a fait lever la pâte dans la pensée et la manière de vivre des bouddhistes. Si, à ses origines, comme nous le verrons plus loin, le bouddhisme est un immense système de renoncement au monde qui nie la vie, le bouddhisme moderne, lui, se présente comme une religion universelle qui souligne la vie. La réponse à ce phénomène surprenant se trouve en l’Évangile. L’Église chrétienne a réussi à façonner aussi les mentalités non chrétiennes. Des organisations chrétiennes ont trouvé des imitateurs chez des bouddhistes, et ces derniers interprètent leur vie et action selon les modèles chrétiens.

Le bouddhisme est déchiré en deux facteurs : d’un côté, il existe un besoin moral, de l’autre un besoin spirituel, mais hélas aucune combinaison des deux n’est possible à moins que Bouddha ne devienne Dieu! Mais s’il le devenait, alors le bouddhisme cesserait d’être du bouddhisme… Nous verrons qu’aussi excellent que soit le système moral bouddhiste, il est impuissant à répondre aux besoins de l’homme et à satisfaire l’esprit inquiet. Si un enseignement moral avait suffi pour sauver l’humanité, cela se serait produit il y a fort longtemps déjà.

Il faut peut-être se féliciter de ce que le bouddhisme vient en Occident, car il est certain qu’il se transformera davantage au contact de la foi chrétienne. Il est inévitable que « la lumière de l’Asie » ne puisse succomber et se subordonner à « la Lumière du monde », et l’humanité errante rencontrer Jésus-Christ, son Sauveur, qui est « la Voie, la Vérité et la Vie ».

Dans notre étude sur l’hindouisme, nous avons déjà précisé l’attitude que le chrétien devrait adopter vis-à-vis des autres religions. Ici même, ajoutons qu’en consacrant ces quelques pages, nous tenons à éviter, délibérément au moins, ce qui voisinerait, même de loin, à un compte rendu journalistique qui pourrait blesser par une polémique maladroite. Ce n’est point parce que nous croyons fermement au caractère unique de Jésus-Christ, en sa divinité et en sa mission rédemptrice, que nous devrions nous permettre d’afficher une attitude méprisante vis-à-vis des autres religions, desquelles nous sommes pourtant séparés comme le sont deux planètes distinctes. L’objectivité scientifique, l’honnêteté intellectuelle, le respect même vis-à-vis de ceux qui professent une foi diamétralement opposée à la nôtre nous sont commandés par l’Évangile du Christ, qui n’est pas venu jeter l’anathème, mais sauver les égarés.

Note

1. Déclaration Nostra aetate sur l’Église et les religions non chrétiennes, no 2, 1965.