Cet article sur les questions d'introduction au livre de Malachie traite de son auteur, de son époque, de son plan, de ses caractéristiques, de son message et de son lien avec le Nouveau Testament.

Source: Introduction à l'Ancien Testament. 5 pages.

Introduction au livre de Malachie

  1. Auteur
  2. Époque
  3. Plan
  4. Caractéristiques
  5. Message
  6. Lien avec le Nouveau Testament

1. Auteur🔗

Cette section et le début de la suivante sont tirés de la Bible Annotée (Introduction à Malachie).

Nous sommes dans l’ignorance la plus complète sur l’auteur de l’écrit canonique appelé du nom de Malachie. Ni son père ni son lieu d’origine ne sont indiqués. Tandis que le livre d’Esdras mentionne le ministère d’Aggée et de Zacharie, Néhémie, dont Malachie doit avoir été le contemporain, ne parle pas de lui dans ses mémoires. Nous avons bien certaines données sur son compte dans quelques écrits des temps postérieurs. Quelques Pères de l’Église rapportent que Malachie était lévite, habitant la tribu de Zabulon, originaire du bourg de Supha. Mais il est impossible de vérifier de telles données.

Cette ignorance totale sur la personne de l’auteur de ce livre a conduit plusieurs à douter complètement de l’existence d’un prophète du nom de Malachie. On a rapproché ce nom du terme Maléachi (« mon messager »), qui est employé dans le sens usuel en Malachie 3.1.

Le mot Maléachi peut fort bien être un nom propre, car, d’après certaines analogies, on peut l’envisager comme une abréviation de « Maléachia », « l’envoyé de l’Éternel », et, par conséquent, comme le nom réel de l’auteur. Il se pourrait même que, comme plusieurs prophètes (par exemple Sophonie et Michée) qui font allusion dans leurs prophéties au sens de leur propre nom (Mi 7.18; So 2.3), notre prophète eût voulu dans Malachie 3.1 rappeler le sien. Il n’est pas fait mention du père et du lieu d’origine comme dans le cas d’Abdias et d’Habacuc. Quant à Néhémie, rien ne l’obligeait à parler du ministère d’un prophète dont l’influence ne pouvait être comparée à celle d’Aggée et de Zacharie. L’identification de l’auteur du livre avec Esdras n’est pas raisonnable, si l’on mesure toute la distance entre un scribe et un prophète.

Tout ce que nous devons savoir de lui, nous le déduisons de son discours prophétique. Il fut un prophète au sens plein du mot. Il prononça les oracles de Dieu avec autorité; à son tour, il aurait pu déclarer comme d’autres : « Ainsi parle l’Éternel ». Il donne la preuve d’un amour intense envers le peuple de Dieu, il a une haute conception du sacerdoce autant que de la tradition et des obligations des prêtres. Nous remarquons que, si d’autres prophètes ont souligné l’importance de la morale et de la religion intérieure, Malachie, quant à lui, insiste sur le culte correctement célébré. Cela ne l’empêche cependant pas de rappeler également les obligations morales du peuple de l’alliance, car à ses yeux le rite n’est pas une fin en soi, mais l’expression de sa foi au Seigneur.

Malachie utilise un style simple et direct, et il est marqué par la fréquente occurrence des mots « pourtant vous dites ».

2. Époque🔗

L’époque des prophéties renfermées dans ce livre peut se déterminer d’une manière assez précise. Il ressort du contraste entre Jacob et Ésaü (Ml 1.1-5), qu’il a été composé après le retour de la captivité, et de Malachie 1.10 et 3.1 que le temple et le culte étaient déjà rétablis. Malachie a donc prophétisé un certain temps après le ministère public d’Aggée et de Zacharie. Malachie reproche aux Juifs revenus de l’Exil leur négligence dans le paiement de la dîme du temple (Ml 3.8-10) et les mariages qu’ils contractent avec des femmes païennes (Ml 2.11-16). Ces mêmes reproches leur sont adressés par Néhémie (chapitre 13). On peut conclure de là, avec une grande vraisemblance, que ces deux hommes ont été contemporains. Et comme Néhémie s’est éloigné pendant cinq à dix ans de Jérusalem pour retourner en Orient auprès du roi de Perse (dès 432), il est possible que l’activité publique de Malachie se soit précisément exercée en son absence, dans l’intervalle entre les deux périodes de son administration, ce qui expliquerait plus facilement encore le silence du livre de Néhémie relativement au ministère de ce prophète. (Bible Annotée).

Le tableau dressé aussi bien par Néhémie que Malachie est le suivant : une vie spirituelle déclinante, violation du sacerdoce, mariages mixtes, infidélité dans le paiement des dîmes. Juda était revenu de captivité; le temple avait été reconstruit, mais le peuple s’était allié avec des femmes étrangères et était tombé dans le formalisme et l’indifférence religieuse. Dieu lui envoya plusieurs hommes pour le rappeler à l’ordre, parmi lesquels Malachie, qui fut pour Néhémie ce qu’Aggée et Zacharie avaient été pour Zorobabel et Josué.

Politiquement, le pays est toujours placé sous la souveraineté incontestée de la Perse, en dépit des signes de décadence qui se manifestaient par ailleurs dans l’immense empire. C’est en effet à cette époque que les Perses subirent les grandes défaites consécutives à leur offensive contre la Grèce (l’année 480 est la date de la bataille des Thermopyles et du désastre naval de Salamine).

3. Plan🔗

1. Introduction : L’amour de Dieu méprisé et méconnu - 1.1-5
2. Reproches et menaces - 1.6 à 2.16
    a. Contre les sacrificateurs - 1.6 à 2.9
    b. Contre les divorces et les mariages mixtes - 2.10-16
3. Message d’espérance - 2.17 à 4.16
    a. Venue de Dieu et de sa justice - 2.17 à 3.6
    b. Reproche concernant les dîmes - 3.7-12
    c. Venue du jour du Seigneur - 3.13 à 4.3
    d. Apparition du nouvel Élie - 4.4-6

4. Caractéristiques🔗

Dans nos Bibles, Malachie est le dernier livre de l’Ancien Testament et le dernier des douze petits prophètes. La voix de Malachie est la dernière voix prophétique qui se soit fait entendre avant Jean-Baptiste. Après elle, Dieu est resté 400 ans dans le silence. Avec Ésaïe, Malachie est le « messager », l’envoyé de l’Éternel, le précurseur du Messie. Le Nouveau Testament ne mentionne pas son nom.

« On ne trouve pas en général, dans le livre de Malachie, l’élan oratoire ou lyrique au même degré que chez les anciens prophètes, quoiqu’il renferme des passages d’une grande beauté (Ml 4.1-3). Ce livre se distingue par la forme dialoguée qui y règne d’un bout à l’autre. Chaque déclaration du prophète, pour ainsi dire, amène une réplique du peuple, à laquelle Dieu répond par la bouche de son défenseur. Le langage du prophète est remarquablement énergique et pur pour l’époque de décadence où il vivait » (Bible Annotée, Introduction à Malachie).

Seuls trois passages du livre sont cités dans le Nouveau Testament : ce sont Malachie 1.2; 3.1; 4.5. Le premier qui dit « J’ai aimé Jacob, mais j’ai haï Ésaü » sonne quelque peu choquant à nos oreilles; pourtant, c’est l’un des passages qui précisément fonde l’élection divine, corroborée d’ailleurs par d’autres passages de la Bible. Il est exact que très souvent l’un est pris et l’autre laissé (voir Rm 9.13).

5. Message🔗

Le livre de Malachie termine la série des livres prophétiques. Cela ne signifie pas que cet ultime maillon de la chaîne soit d’une importance secondaire.

Voici les caractéristiques les plus marquantes des prophéties de Malachie :

C’est la forme dialoguée qui donne à ces prophéties leur cachet particulier. Le message de Malachie, qui forme un tout continu, contrairement à celui d’Aggée et de Zacharie, est un plaidoyer en faveur du Dieu de sainteté outragé par l’impiété du peuple. Le prophète se présente en avocat de Dieu et accusateur du peuple. Il dénonce avec autorité les péchés dont ses contemporains se rendaient coupables : Dieu est déshonoré. Des sacrifices indignes lui sont offerts. Le sacerdoce est profané. Les commandements de Dieu ne sont pas observés. La loi est enseignée avec un motif impur. Les hommes répudient leurs femmes pour épouser des étrangères. Les dîmes et les offrandes ne sont pas payées. L’immoralité règne partout.

La culpabilité du peuple est augmentée par un esprit de suffisance. Mécontent de Dieu, satisfait de lui-même, il conteste les accusations portées contre lui : En quoi l’Éternel nous a-t-il aimés? (Ml 1.2). En quoi avons-nous méprisé son nom? (Ml 1.6). En quoi avons-nous profané l’autel? (Ml 1.7). Pourquoi l’Éternel n’agrée-t-il pas nos offrandes? (Ml 2.14).

Les espérances que les prophètes Aggée et Zacharie avaient attachées à la construction du temple ne s’étaient pas réalisées comme on l’avait attendue. Le découragement avait émoussé la foi. On retombait dans les anciennes fautes : Malachie réagit vigoureusement. Il place chacun, prêtre et « laïc », devant ses responsabilités envers le Seigneur et le prochain. Il aura de la sorte joué un double rôle. En une période capitale où va se fixer le visage définitif du judaïsme après l’Exil, il sera le réformateur de la vie cultuelle et morale et le guide de la communauté tout entière.

En cette période de décadence, le prophète proclame le miracle de l’alliance, fondement de l’élection divine (Ml 2.10; 4.4-6). La caste des prêtres est spécialement appelée à vivre dans l’étroite dépendance de cette alliance. Les promesses de Dieu demeurent, même si le zèle et la fidélité de l’homme se relâchent, même si toute la vie de la communauté est menacée de se pétrifier (Ml 3.6-7). Mais l’auteur des promesses reste hors de la portée de l’homme; l’assimiler à un idéal de piété ou de justice humaine, c’est rendre son alliance inutile et vaine l’élection. La communauté, à condition de renoncer à ses prétentions religieuses, peut sans crainte affronter la présence de ce Dieu caché qui, dans son amour, consent à lui donner un signe du jour qu’il prépare. Il lui enverra le prophète Élie, précurseur et messager d’une alliance nouvelle.

Mises ainsi au centre de tout, cette promesse et l’espérance qu’elle suscite jettent une lumière impitoyable sur les transgressions dont la communauté est le théâtre, et le prophète ne manque pas de les dénoncer avec toute la clarté désirable. L’abandon du culte indique qu’on est en train d’abandonner l’amour qui lie les croyants au Dieu de l’alliance. La dissolution du droit, comme aussi le latitudinarisme doctrinal, atteste indubitablement que l’on ne respecte plus les limites que Dieu assigne à l’homme. L’exploitation des faibles et l’escroquerie pieuse montrent que l’on ne prend plus au sérieux ni la souveraineté de Dieu ni l’annonce de sa venue. Enfin, le relâchement des liens du mariage est, à intérieur de la communauté des fidèles, l’indice d’une altération profonde des relations humaines qui ne fait que souligner la rupture déjà existante entre Dieu et l’homme.

Malachie prend donc tout à fait au sérieux les manifestations extérieures de la vie sociale. Tout en luttant contre la dissolution arbitraire des institutions qui régissent les hommes, il indique à l’Église de son temps et de tous les temps ses vraies limites; pour le passé, il la renvoie à l’alliance; pour l’avenir, il la met en face du jour de Dieu qui vient. Par ce dernier trait, notre auteur se rattache nettement aux anciens prophètes.

Plus tard, certains seront surtout frappés par le contenu messianique du livre et reconnaîtront en Jésus de Nazareth celui qui était attendu par le prophète.

6. Lien avec le Nouveau Testament🔗

Cette section est tirée de la Bible Annotée (Introduction à Malachie).

Malachie, le dernier prophète de l’Ancien Testament, se rapproche aussi le plus du Nouveau Testament par les traits suivants :

1. Nous surprenons pour la première fois, dans le tableau qu’il nous trace du peuple, cette double disposition : une présomptueuse satisfaction de lui-même et un mécontentement amer de la position inférieure où Dieu le laisse comparativement aux puissances païennes qui dominent sur lui. Ce sont là les germes de l’état moral qui se présente à nous plus accentué dans le pharisaïsme du Nouveau Testament.

2. Le second trait se lie étroitement au premier. Malachie, à la vue des dispositions du peuple qui l’entoure, annonce d’une manière précise et positive la nécessité d’un précurseur que le Seigneur, au moment de sa venue, enverra devant lui pour préparer le peuple à cette crise dernière et empêcher qu’elle n’aboutisse à sa ruine. Ce sera un nouvel Élie qui s’efforcera de convertir le peuple de l’Ancienne Alliance, bouffi d’orgueil. Par cette prophétie le dernier prophète de l’Ancienne Alliance tend la main au premier prophète de la nouvelle, Jean-Baptiste, par-dessus l’intervalle des quatre siècles qui les séparent.

3. La conception du Messie lui-même atteint chez Malachie la hauteur où nous la trouvons réalisée dans le Nouveau Testament. Nous remarquons deux lignes dans la révélation prophétique relative à la personne du Messie, l’une ascendante, l’autre descendante : l’attente d’un fils de David élevé à l’état divin et celle de l’Éternel apparaissant lui-même ici-bas dans sa gloire. Ces deux lignes, après s’être constamment rapprochées, s’unissent enfin complètement dans la prophétie de Malachie 3.1-2. Ce que promet cet oracle trouve son pendant dans l’histoire à travers la venue de la Parole faite chair.