Cet article sur les questions d'introduction à l'épître de Jude traite de son auteur, des circonstances de sa composition, de ses particularités, de son message et de l'analyse de son contenu.

Source: Introduction au Nouveau Testament. 5 pages.

Introduction à l'épître de Jude

  1. Auteur
  2. Circonstances de composition
  3. Particularités
  4. Message
  5. Analyse du contenu
  6. Questions
  7. Thème principal de la lettre

1. Auteur🔗

Le Nouveau Testament mentionne plusieurs personnes portant le nom de Juge :

  • Judas Iscariote qui trahira le Seigneur;
  • Jude, l’un des frères de Jésus et de Jacques, Joses et Simon (Mt 13.55; Mc 6.3);
  • Jude, fils de Jacques, un apôtre qui n’est pas l’Iscariote (Lc 6.16; Jn 14.22);
  • Judas le Galiléen (Ac 5.37);
  • Judas, qui a reçu Paul chez lui après sa conversion (Ac 9.11);
  • Jude, appelé Barsabbas (Ac 15.22,27,32).

De quel Jude s’agit-il ici? De l’avis unanime, il s’agit du frère de Jésus et non de l’apôtre. Car il se nomme modestement « serviteur de Jésus-Christ » et d’après le verset 17 il ne semble pas appartenir au collège apostolique. La précision qu’il offre comme « frère de Jacques » fait pencher encore davantage vers la solution du « frère de Jésus ».

Au début de la carrière publique de Jésus, aucun de ses frères selon la chair ne crut en lui (Jn 7.5). Plus tard, Jude, comme Jacques, vint à la foi (Ac 1.1). Nous n’avons guère d’autres renseignements sur sa personne, excepté ce qui est dit dans 1 Corinthiens 9.5, où il apparaît comme un homme marié et comme missionnaire itinérant. Plus que sur sa personne, les témoignages recueillis sont tous relatifs à son écrit. Les grands théologiens de l’Église primitive, dont Tertullien, Origène et Jérôme, le mentionnent. D’après ce dernier, cette brève lettre ne fut pas d’emblée reconnue comme canonique, du fait qu’on pensa qu’elle contenait des citations des livres apocryphes (Assomption de Moïse, Livre d’Hénoch; voir les versets 9, 14 et 15).

Selon le témoignage des anciens que Jude confirme ou rappelle, il emploie un langage remarquablement similaire à celui que l’on trouve dans ces deux livres apocryphes. Bien entendu, cela ne veut pas dire que Jude cite l’un ou l’autre de ces apocryphes comme source de son propre enseignement. Il est fort possible qu’une tradition orale, entièrement fiable, soit la source de ces trois écrits. Nous ne savons pas exactement d’où Jude tient ses informations, mais cela n’a aucune importance. Il suffit d’admettre son écrit comme un livre inspiré et canonique pour la foi de l’Église.

2. Circonstances de composition🔗

L’épître de Jude fait partie des sept lettres du Nouveau Testament appelées « catholiques », c’est-à-dire universelles. Elle ne s’adresse pas à un particulier ou à une Église locale, mais à l’ensemble de l’Église de Jésus-Christ (Jude 1.1).

On peut ajouter à son sujet que la prophétie de Pierre fut réalisée alors que Jude rédigeait sa lettre.

L’auteur ne dit rien au sujet du lieu où se trouvent ses destinataires. Étaient-ils d’origine juive ou païenne? Nous ne le savons pas davantage. D’après les fréquentes allusions faites à des passages de l’Ancien Testament, on peut supposer qu’il s’agissait plutôt de lecteurs ou destinataires d’origine juive. Sans doute vivaient-ils en Asie Mineure, auxquels sont également adressées les deux lettres de Pierre. Certains pensent que la lettre de Jude précéda la 2lettre de Pierre. Nous suivrons plutôt l’avis des spécialistes (dont Th. Zahn et S. Greidanus) qui ne souscrivent pas à cette idée (comparer par exemple 2 Pi 3.3 à Jude 1.17-18 et 2 Pi 2.1 à Jude 1.4).

L’intention de l’auteur est claire, d’après les versets 3 et 4. Elle est double :

  • Instruire en ce qui concerne le salut commun à tous.
  • Exhorter à garder la vraie foi en la protégeant contre les faux docteurs et contre les perversions doctrinales qui aboutissent à une morale relâchée.

Quant à la date de sa rédaction, il n’existe pas davantage d’unanimité. Certains la situent avant l’an 70 après J.-C., car les versets 5 et 7 auraient pu mentionner la destruction de Jérusalem si elle avait été rédigée après cette date-là. D’autres penchent pour une date tardive, en émettant l’hypothèse de la fin du premier siècle. Ils se fondent sur les versets 17 et 18 qui laissent entendre que les apôtres avaient appartenu à la génération précédente.

3. Particularités🔗

L’une des curiosités relevées dans cette lettre est la prédilection de son auteur pour l’emploi des triades. En effet, la lettre contient six parties principales, arrangées en trois groupes. Les deux premières introduisent la pensée, la seconde discute de l’hérésie et les deux finales donnent la conclusion. Sa bénédiction apporte à ses lecteurs la miséricorde, la paix et l’amour. Il y a d’autres triades que l’on peut découvrir grâce à une lecture attentive. Cependant, cette particularité du style de l’auteur ne comporte aucune signification importante pour son message.

En revanche, ce qui est important à cet égard, c’est l’existence, à l’époque de la rédaction de cette lettre, d’un bon corps doctrinal déjà établi. La formulation doctrinale a suivi un lent processus de développement. Il est même certain qu’à ce jour tous les points doctrinaux n’ont pas été fixés de manière définitive. Reconnaissons enfin le fait que si des « modèles » théologiques ont surgi, ils sont tombés en désuétude. On serait tenté de conclure que de telles variations sont sans conséquence pour la vie de l’Église. Pourtant, le Nouveau Testament pose des critères et des règles assez rigides, même si notre ignorance, voire le péché des chrétiens, explique certaines fluctuations dans la pensée chrétienne et dans la formulation de l’enseignement biblique.

4. Message🔗

Jude met en garde ses lecteurs, et toute l’Église de Jésus-Christ, contre le danger de l’apostasie. Celle-ci, dénoncée au verset 4, n’est pas simplement de nature doctrinale, mais encore morale. Selon les propagateurs de ces erreurs, ce qui est accompli dans la chair n’affecterait nullement l’esprit! L’idée se fonde sur un dualisme païen spéculatif, qui divise l’homme en deux parties : le « corps » et « l’âme » considérés comme des substances opposées. Cette théorie leur permet de se livrer à une anarchie totale et de tomber dans tous les excès du péché.

L’erreur doctrinale réussit à changer la grâce libératrice de Dieu en dissolution de mœurs. Ce qui, en dernier ressort, devient la négation même de la seigneurie du Christ. L’activité des apostats est décrite à plusieurs reprises (Jude 1.8, 12, 13, 16, 19). Quoiqu’âpre, le style de l’auteur n’est pas dénué de beauté (Jude 1.12-13).

C’est de l’Ancien Testament que Jude tire une série d’illustrations frappantes. À cause de son incrédulité, Israël se précipita dans un désastre religieux et national. Les anges déchus, rebelles, sont enchaînés perpétuellement dans les ténèbres; Sodome et Gomorrhe, à cause de leur impudicité, subissent une peine terrible, celle du feu éternel; Caïn et Balaam sont dévorés par la convoitise; Koré est un rebelle arrogant… Or, dans chacun de ces cas, un jugement divin irrévocable frappe les hommes. C’est pourquoi Jude compare ses contemporains apostats à ceux de l’Ancien Testament.

Son vocabulaire qui définit l’hérésie qu’il dénonce s’accorde avec celui de Pierre. L’erreur antinomienne, c’est-à-dire le refus de la loi et de la morale biblique, change la liberté chrétienne en licence et répudie alors la seigneurie même de Jésus-Christ. Si jusque là l’hérésie d’ordre doctrinal — le légalisme des judaïsants — menaçait l’Église, à partir de maintenant c’est l’immoralité qui devient la menace, celle qui ne reconnaît aucune règle fixe pour la conduite chrétienne. Elle est le fruit d’une spéculation intellectuelle oiseuse accompagnée d’une libre fantaisie à l’égard de toute obligation et méprisant le sens de la responsabilité éthique du chrétien.

Il faut réagir contre l’impiété sous toutes ses formes, la combattre par la foi (Jude 1.3), non seulement de manière théorique, mais encore par une vie conforme à la révélation et à la connaissance du salut. C’est seulement ainsi que les adversaires seront confondus, c’est-à-dire par la conduite correcte (l’orthopraxie) des fidèles témoins de Jésus-Christ.

Si on aime Dieu, la foi sera mise en pratique. Remarquons qu’il s’agit ici de se maintenir dans cet amour et non d’y entrer par ses propres efforts. Il s’agit également de s’édifier sur la très sainte foi, prier par l’Esprit et attendre l’ultime consommation, l’achèvement final du salut (Jude 1.20-21). Il ne faut pas oublier qu’on ne saurait combattre pour la foi par ses propres forces et surtout sans penser à autrui.

Comment venir en aide à ceux tombés dans l’erreur? Il s’agit de les reprendre, exhorter les uns pour le salut, entourer les autres par une ferme compassion fraternelle. La force pour mener ce combat viendra d’en haut, de la part de celui qui peut nous conserver de toute chute (Jude 1.24) et qui peut nous faire paraître devant lui irréprochables. Mais si nous le renions, il ne pourra pas nous préserver de la chute. De toute manière, un tel combat spirituel ne peut se concevoir que par l’assistance du Saint-Esprit (Jude 1.20).

Ajoutons que, malgré la rudesse du style, nulle part l’auteur n’invite les fidèles à persécuter les déviants. Ceux-ci disparaîtront d’eux-mêmes. Mais il a soin d’insister sur l’amour envers ceux qui s’égarent par esprit de faiblesse. L’épître se termine par l’une des plus belles et des plus remarquables bénédictions de toute la littérature biblique.

Nous savons que notre persévérance dans la foi est possible parce que le Christ nous maintient dans notre très sainte foi.

« C’est un langage étrange que celui de Jude. Cette lettre n’est pas très populaire de nos jours. Elle ne cadre pas avec la pensée moderne. Elle n’est pas dans le vent. Et pourtant, son actualité devrait nous saisir. Certaines de ses expressions pourraient sortir de la plume d’auteurs contemporains ou des pinceaux d’artistes modernes. Comparez par exemple ce qu’il écrit au sujet des nuées sans eaux, emportées par le vent, au sujet d’arbres sans fruit en automne, deux fois morts, sans racine, et au sujet des vagues sauvages de la mer qui jettent leur écume, ou encore au sujet des étoiles errantes auxquelles ont été réservées pour toujours les ténèbres de la nuit (Jude 1.12-13). C’est là un tableau d’un paysage sur lequel dominent la stérilité et la mort. Or, nous estimons que la raison de l’impopularité de la lettre de Jude ne réside nullement dans l’âpreté de son langage, mais dans la vérité et la fermeté de son passage. L’auteur ne parle pas en des termes vagues, mais montre du doigt des péchés spécifiques. Il dénonce et il avertit du danger mortel. Or, précisément, les modernes n’apprécient guère de telles dénonciations.1 »

5. Analyse du contenu🔗

a. La salutation (1.1-4)

L’auteur se dit frère de Jacques et serviteur de Jésus-Christ. Ses lecteurs sont aimés de Dieu et préservés par le Christ. Écrivant sur un large sujet concernant le salut, il devient plus précis et il exhorte ses lecteurs à combattre pour la foi transmise une fois pour toutes et contre des dangers imminents.

b. Jugement prononcé contre les malfaiteurs (1.5-10)

Il cite trois exemples de jugement : Israël sauvé d’Égypte, mais par la suite détruit à cause de son infidélité dans le désert; les anges rebelles du début, dont la chute ne fut pas suivie du salut; Sodome, inique et débauchée. Ces apostats qu’il appelle « des gens pleins de convoitise, rebelles et blasphémateurs » souffriront aussi du même sort. Le Seigneur les reprendra et les châtiera.

c. Ceux qui développent le mal (1.11-16)

Par analogie ils sont comparés à Caïn, un meurtrier. Balaam l’hérétique n’est intéressé que par l’argent. Qoré, un rebelle, contre l’autorité établie. De manière figurée, ils sont décrits comme des pollueurs dans des festivités d’amour, des nuages sans eau, dépourvus de toute utilité, arbres sans fruits, étoiles errantes. Le jugement sur ces rebelles, ces flatteurs et ces convoiteurs avait déjà été prononcé par Hénoch, le premier prophète.

d. Exhortations (1.17-23)

Les lecteurs doivent se rappeler ces prédictions, s’édifier sur la très sainte foi, prier avec ferveur et se maintenir dans l’amour de Dieu. Quant aux rebelles, ils doivent les réprimander, les conduire dans le droit chemin et avoir compassion d’eux.

e. Doxologie (1.24-25)

La doxologie finale s’adresse à Dieu, qui est capable de les préserver de tout mal et de les garder sans reproche jusqu’au jour du jugement, car il est notre Sauveur.

6. Questions🔗

  1. Qui est l’auteur de la lettre; que savons-nous de lui?
  2. Quelle est l’occasion de la rédaction de la lettre?
  3. De quelle manière les exemples des jugements de l’Ancien Testament se présentent-ils?
  4. Décrire l’apostasie de Caïn, de Balaam, de Qoré.
  5. Quel est le quadruple avis donné personnellement?
  6. Résumer l’enseignement principal de la lettre.
  7. De quelle manière la foi et sa pratique sont-elles liées?
  8. Apprendre par cœur la doxologie finale.

7. Thème principal de la lettre🔗

Attention aux faux prophètes!

Note

1. C. Vanderwaal.