Cet article sur Jérémie 23.3-4 et Luc 15.1-7 a pour sujet les brebis qui sont encore en dehors de l'Église (des chrétiens attristés ou des non-chrétiens élus au salut) que le Berger cherche et que nous devrions avoir le désir de chercher.

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Jérémie 23 - Luc 15 - Des brebis dehors

« Et je rassemblerai le reste de mes brebis de tous les pays où je les ai chassées; je les ramènerai dans leur enclos; elles seront fécondes et multiplieront. J’établirai sur elles des bergers qui les feront paître; elles n’auront plus peur, elles ne trembleront plus, et il n’en manquera aucune, dit l’Éternel. »

Jérémie 23.3-4

« Tous les péagers et les pécheurs s’approchaient de Jésus pour l’entendre. Les Pharisiens et les scribes murmuraient et disaient : Celui-ci accueille des pécheurs et mange avec eux. Mais il leur dit cette parabole : Quel homme d’entre vous, s’il a cent brebis et qu’il en perde une, ne laisse les 99 autres dans le désert pour aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la trouve? Lorsqu’il l’a trouvée, il la met avec joie sur ses épaules, et, de retour à la maison, il appelle chez lui ses amis et ses voisins et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé ma brebis qui était perdue. De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de repentance. »

Luc 15.1-7

« Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera. […] Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières. […] Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés. »

Actes 2.39, 42, 47b

  1. Qu’est-ce que cela signifie?
  2. Voyons la parabole de la brebis perdue
  3. Chez Paul, un mot traduit ce désir ardent : le mot « tous »
  4. Quelqu’un dira : Mais comment le savoir?
  5. L’Église est menacée par deux écueils

J’ai donné 20 heures de cours sur la prédication à Ouagadougou, cet automne. En 20 heures, on dit des choses! Une de ces choses est celle-ci : Toute prédication devrait pouvoir être résumée en une phrase claire, facile à retenir. Quelques fois, à la fin du message, le prédicateur ne sait pas lui-même ce qu’il a dit! Mais, normalement, un enfant de 12 ans devrait pouvoir le dire.

Alors, cette phrase-résumé, je vous la donne tout de suite. Elle ressemble à un cri d’alarme : Il y a des brebis du Seigneur qui sont encore dehors. Presque, je pourrais m’arrêter là et demander à Dieu de parler au cœur de chacun, de montrer à chacun ce qu’il doit faire, ayant entendu cela… Il y a des brebis du Seigneur qui sont encore dehors!

1. Qu’est-ce que cela signifie?🔗

Nous allons nous pencher dans quelques instants sur la parabole de la brebis perdue, mais auparavant, je voudrais mentionner cette affirmation frappante de Jean Calvin : « Il y a beaucoup de loups dans l’Église, et beaucoup de brebis dehors. » C’est évidemment troublant. Paul a déjà parlé des loups aux anciens de l’Église d’Éphèse : « Il s’introduira parmi vous des loups » (Ac 20.29-30). Dans ce passage, il demande aux anciens de prendre garde au troupeau que Dieu s’est acquis, sur lequel le Saint-Esprit les a établis comme gardiens. On voit que Dieu est très directement concerné. C’est son Église! On voit que nous aussi, nous sommes concernés : « Prenez garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau… » (Ac 20.28).

Quand Calvin écrit qu’il y a beaucoup de loups dedans et beaucoup de brebis dehors, il dit d’abord qu’il en sera toujours ainsi : l’Église visible et organisée ne correspondra jamais exactement au peuple des rachetés que Dieu seul connaît exactement. Mais il dit également qu’il est bien dommage qu’il en soit ainsi, et que c’est à cause de la faiblesse des pasteurs et de l’Église. Et donc qu’il faudrait y remédier sans chercher toujours des excuses : qu’il y ait moins de loups dedans, et moins de brebis dehors!

Par contre, nous sommes infiniment rassurés quand nous entendons ce que Dieu dit par le prophète Jérémie : « Je rassemblerai le reste de mes brebis, je les ramènerai dans leur pâturage, elles n’auront plus de crainte, et il n’en manquera aucune, dit l’Éternel » (Jr 23.3-4). Il n’en manquera aucune. Que c’est beau!

Mais pour le moment, il en manque!

2. Voyons la parabole de la brebis perdue🔗

« Les publicains et les gens de mauvaise vie s’approchaient de Jésus » (Lc 15.1). On ne voit pas tellement Jésus aller chercher ces personnes, mais elles viennent vers lui. C’est intéressant. C’est également ainsi pendant les temps de réveil : Dieu envoie ceux qui ont soif. S’il y a de l’eau fraîche, de l’amour, de la lumière dans nos cœurs, dans nos maisons et lors de nos rassemblements, alors nous verrons le Seigneur envoyer ceux qui ont soif.

Le berger de la parabole a cent brebis. Ce nombre est connu, c’est un nombre sûr. Une chose importe pour le berger : qu’il n’en manque aucune1.

Ce berger désire-t-il agrandir son troupeau? Pas du tout. Il désire que ses brebis soient toutes là, ni plus ni moins. Or, il en manque une. Ce n’est pas beaucoup; mais il n’ira pas se coucher : il la cherchera jusqu’à ce qu’il la trouve. C’est une brebis de son troupeau, et elle manque : le berger et le troupeau sont en deuil. Pour le berger, c’est comme s’il lui manquait un membre. Quand il l’a trouvée, alors il y a de la joie jusque dans le ciel. Comme au retour du fils « prodigue ».

Il ne s’agit donc pas d’un berger qui se promène pour voir si, par hasard, une brebis qui n’appartient à personne traînerait par là. Pas du tout. C’est sa brebis. Elle porte sa marque. Il la connaît par son nom avant même qu’il l’ait trouvée. Et elle manque!

Ce que je rappelle ce matin, c’est normalement le fardeau de tous les pasteurs. C’est aussi le fardeau des évangélistes, qui ont un ministère différent, mais qui ont le même objectif : que toutes les brebis soient avec le troupeau. Rien de plus. Qu’il n’en manque aucune. C’est aussi le fardeau de chaque chrétien, même s’il n’est pas pasteur ou évangéliste. Nous avons là le signe d’une Église mature, quelle que soit sa grandeur. C’était en tout cas le fardeau du Seigneur Jésus et celui de Paul, bien visible dans toutes ses lettres.

3. Chez Paul, un mot traduit ce désir ardent : le mot « tous »🔗

On le voit par exemple au début de sa lettre aux Philippiens : « Dieu m’est témoin que je vous chéris tous avec la tendresse de Jésus-Christ » (Ph 1.8). Tous, c’est qui? Il le dit au verset 1 : « Tous les saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes. » Il ne s’agit donc pas de tous les habitants de la ville! Certains font pourtant cette lecture. C’est sympathique, mais ce n’est pas ce que dit Paul. Il s’agit de ceux qui appartiennent à Jésus-Christ, que Paul aime d’un amour semblable à l’amour qu’il a pour Jésus-Christ2! C’est la dimension du corps de Christ (1 Co 12.12) : tous, mais seulement eux; seulement eux, mais tous!

Seulement eux, car c’est du corps de Christ qu’il est question, c’est-à-dire de Christ et de ses membres3. « Comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il de Christ » (1 Co 12.12). Il appelle le corps Christ! C’est incroyable! Seulement eux.

Mais tous! Pas seulement ceux qui sont gentils. Pas seulement ceux qui vont bien. Pas seulement ceux de mon Église locale. Pas seulement ceux qui sont au culte le dimanche matin (c’est l’aumônier hospitalier qui parle…). Tous, y compris ceux qui sont encore dehors, pour une raison ou pour une autre. Et je vais ajouter une chose étonnante : Y compris ceux qui ne sont pas encore chrétiens et qui le seront un jour, et que le Seigneur connaît déjà4!

4. Quelqu’un dira : Mais comment le savoir?🔗

Le Seigneur le sait! Il n’y a qu’à se laisser conduire. Qui donc a dit : « Je bâtirai mon Église »? Qui donc a dit : « Vous serez mes témoins »? Qui donc tisse l’enfant dans le sein de sa mère (Ps 139.15). C’est lui qui tisse son Église, maille par maille. La mère elle-même est témoin de ce qui se passe en elle. Cela la dépasse complètement. Je ne vous dis pas le père!

Qui a dit à Philippe de se diriger vers le désert? Le Saint-Esprit. Pourquoi? Justement, un ministre éthiopien est en train de repartir dans son pays. Il lit le prophète Ésaïe sans comprendre ce qu’il lit. « Comment comprendrai-je si personne ne m’explique? », dit-il (Ac 8.31). Il sera baptisé peu après.

Comment savoir où sont les brebis du Seigneur? Le Seigneur le sait! Cela suffit. Ensuite, laissons-nous conduire. Renonçons à nos plans et à nos désirs personnels, à nos schémas trop petits ou trop grands. Vous vous souvenez quand Samuel va oindre un des fils d’Isaï pour le faire roi d’Israël. Il voit l’aîné et dit : Il est grand et fort, c’est sûrement lui. Mais Dieu lui dit : Ce n’est pas lui. Dieu avait choisi un autre : David qui gardait quelques brebis derrière la colline (1 S 16.6-9).

De même, l’apôtre Jacques écrit :

« S’il entre parmi vous quelqu’un avec un beau manteau, vous lui dites de venir s’asseoir devant, tandis que vous laissez celui qui est sans apparence au fond de la salle. Vous faites acception de personnes, c’est-à-dire que vous jugez selon les apparences, selon la chair » (Jc 2.1-4).

Or la chair est sûre de se tromper dans ce domaine. Comme dans tous les domaines, d’ailleurs.

5. L’Église est menacée par deux écueils🔗

L’Église est menacée par deux écueils : soit se prendre pour un club, soit se confondre avec la société. Les deux sont injustes. Aujourd’hui, on parle de fraternité (et même de communion) dans tous les sens; on ne sait plus de quoi on parle. La fraternité chrétienne n’est pas celle d’un club d’amis; elle est beaucoup plus large. Ce n’est pas non plus la fraternité sociale ou républicaine dont les hommes politiques et certains religieux nous parlent en ce moment, en évoquant le vivre ensemble ou la convivialité5. Dans les deux cas, on a perdu la réalité de l’Église centrée sur la personne de Christ!

Il y a encore des brebis dehors, vers qui le Seigneur veut nous envoyer. C’est différent! Est-ce pour qu’on soit plus nombreux le dimanche matin au culte? Est-ce pour qu’on dise que cette Église marche bien? Est-ce pour que les finances aillent mieux? Non. C’est pour qu’il y ait moins de brebis du Seigneur dehors. Or, les brebis et le Seigneur, c’est un. Le corps, les membres et la tête, c’est un tout!

Quand Paul écrit aux chrétiens de Colosses, il dit : « Nous avons été informés de votre foi en Jésus-Christ et de votre amour pour tous les saints » (Col 1.4). C’est la double marque de fabrique de l’Église véritable. « À l’amour que vous aurez les uns pour les autres, tous sauront que vous êtes mes disciples », a dit Jésus en parlant à ses disciples (Jn 13.35). Cette priorité est-elle au détriment de ceux qui sont au dehors? Loin de là. Elle est la démonstration que Christ est au milieu de nous, la démonstration que notre message n’est pas une théorie, mais qu’il est porté par un vécu. Qu’importe la théorie sur l’eau, l’amour ou la lumière, si on ne le vit pas!

Frères et sœurs, il y a encore des brebis dehors : des chrétiens attristés et de futurs chrétiens. Dieu sait combien. Ils ont déjà leur place dans son cœur. En ont-ils une dans le nôtre? En ont-ils une au milieu de nous? Si c’est le cas, le Seigneur les enverra, ou nous permettra de les rencontrer, là où ils se trouvent. Préparons-nous!

Notes

1. On lit dans l’Apocalypse : « … jusqu’à ce que fût complet le nombre de leurs compagnons de service » (Ap 6.11).

2. « Je rends grâce à Dieu au sujet de vous tous, de ce que votre foi est renommée… » (Rm 1.8).

3. Pensons à la déclaration de Jésus : « Je suis Jésus que tu persécutes » (Ac 9.5).

4. « … pour amener à l’obéissance de la foi tous les païens » (Rm 1.5) = tous les élus parmi les païens.

5. Quand le pape s’exprime urbi et orbi (à la ville et au monde), il encourage cette confusion.